Algorta, la légende raconte qu’un jour.
1.
Je crachai par terre et m’approchai des barreaux de la cellule où j’étais enfermé. Je tendis la main à l’extérieur et sentis la chaleur de la lumière. Depuis une éternité, j’éprouvai une paix qui occupait toutes mes pensées. J’allai m’allonger sur l’épais matelas, et rabattre la couverture lorsque je crus entendre pour la première fois la voix d’Elaïa. Je respirai sa présence entre ses murs si froids. Soudain j’eus envie de son corps blotti contre ma peau, de ses mains si pures à la douceur d’un marbre blanc. De ses yeux noisette qui étincelaient, elle m’implorait d’écrire mes aveux. Elle s’approcha et je redoutai qu’elle ne fût qu’une illusion. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. L’eau, la lumière et un parterre de fleurs d’une infinie couleur façonnaient un arc-en-ciel qui l’entourait. Je baissai les paupières, lâchai un cri de douleur et pleurai.
Dans le couloir, un tourbillon de pas résonnait. Le bruit se fit plus fort. Je me redressai brusquement lorsqu’une clé déverrouilla la porte en fer qui s’ouvrit. Je gardai le silence. Celui que je ne connaissais pas encore, entra, s’avança dans ma direction, me tendit la main.
— Bonjour, commissaire Federico Royanez. Je vais vous demander de me suivre.
Comme je restai silencieux et ne bougeai pas, il s’écarta pour me présenter les deux personnes derrière lui.
— L’inspecteur adjoint Andrés Valdez et la jeune inspectrice Urbina.
Je me levai et reculai. Mon corps se raidit et la chair de poule parcourut ma peau. Les yeux de l’inspectrice cherchèrent les miens. Je souris et voulus la prendre dans mes bras.
— Isabela, c’est toi ?
Quand nous commençâmes à nous rapprocher, toute tremblante, elle me serra contre elle.
— Bixente, mon frère, il y a si longtemps.

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