2.

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Le commissaire se servit une tasse de café avant de s’asseoir à son bureau. Il ouvrit le tiroir, empoigna un stylo, le décapuchonna, le porta à la bouche et commença à le mâchouiller.

— Bien, reprenons. L’inspecteur Andrés Valdez, ici présent et ses amis, deux officiers de la Marine, Agustín Chavez et Alejandro Castilblanco vous ont trouvé inanimé sur la plage d’Arrigunaga dans le village d’Algorta. À ce propos, Andrés, tu me dois quelques explications.

— Je…, hésita Andrés.

— Nous en discuterons plus tard.

Je ressentais un léger tremblement dans les jambes. Je tournai la tête vers Isabela pour chercher son regard. Le commissaire se redressa sur son siège et prit une certaine contenance. Il se leva pour se diriger vers une armoire au fond de la pièce. À son retour, il posa devant moi quatre dossiers. Il but une dernière gorgée de café, repoussa la tasse sur le côté et ouvrit celui au-dessus de la pile.

— Bien, qu’as-tu à me dire sur Alfred Marinetti ?

— Je ne connais pas cet homme.

— C’est curieux, tu as partagé avec lui le sous-sol du 104, rue Claudio Coello durant les mois de novembre et décembre 1973.

— C’est possible.

— Ça commence mal Bixente. Si tu refuses de coopérer, je pourrais faire invalider auprès du juge l’amnistie dont tu bénéficies.

Je serrai les lèvres, baissai la tête comme un aveu de culpabilité. Je ne me rappelai plus vraiment le jour où j’avais rencontré Julen Asian pour la première fois. Je repassai le fil de ma vie, mon enfance, Elaïa, ma souffrance, le meurtre de Diego Camacho, l’exil, mes doutes et cette triste matinée du jeudi 20 décembre 1973. Isabela s’approcha de moi et m’entoura de ses bras.

— Bixente, aujourd’hui, tu ne risques plus rien. La loi du 15 octobre 1977 a étendu l’amnistie aux prisonniers de l’ETA ainsi qu’aux auteurs d’actes terroristes. J’ignore par quel miracle tu as échappé aux hommes du colonel Ruiz Roldán, maintenant, tu dois mettre fin à tout cela et te libérer.

Un sentiment étrange m’envahissait. Bien que le soleil adoucissait la pièce de ses ardeurs, je grelottai, ne parvins pas à me réchauffer. J’accueillis mes crimes dans toute leur horreur. De façon soudaine, je m’agitai sur le siège, gigotai, tremblai. J’éprouvai de l’abjection pour le monstre que j’étais devenu. De grosses larmes coulèrent sur mon visage et les yeux ivres de remords, je livrai mes aveux au commissaire.

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