Chapitre 2 - La voie du silence
La recherche frénétique sur mon téléphone n'a pas duré. L'épuisement, le vrai, celui qui avait gagné la guerre contre l'adrénaline, a fini par réclamer son dû. Mes yeux se sont fermés malgré moi, le téléphone glissant de ma main pour atterrir mollement sur la couette. Je me suis effondré dans un sommeil lourd, brutal et, heureusement, vide de tout rêve, de tout musée et de tout visage de porcelaine. Un sommeil noir, un véritable black-out.
Quand mes paupières se sont de nouveau ouvertes, c'était face à une lumière douce qui filtrait à travers les lattes de mes volets. Pas de sursaut, pas de cœur affolé, pas de sueur froide. Juste la sensation familière de mon propre oreiller sous ma tête et le calme plat de mon appartement. Un sentiment de sécurité, simple et total, s'est installé en moi. J'étais chez moi. Loin. En sécurité.
J'ai pivoté, posé les pieds sur le parquet qui a grincé doucement, et j'ai traversé la pièce pour ouvrir la fenêtre. L'air frais du matin m'a caressé le visage. En bas, le son que j'aimais tant : le tintement délicat des tasses à café que le serveur du bistrot alignait sur sa terrasse. C'était ça, la vraie vie. Une mélodie simple, prévisible, réconfortante. Mon antidote.
Après une douche rapide, je suis descendu. Je sais que beaucoup de mes collègues, obsédés par la performance et les corps d'athlètes, sautent le petit-déjeuner. Pas moi. Ma petite douceur du matin, c'est sacré. C'est ma rébellion personnelle contre la tyrannie de l'efficacité. En poussant la porte de la boulangerie, la clochette a tinté et Sarah, derrière son comptoir, m'a gratifié de son sourire habituel.
— Un pain au chocolat et un café à emporter, Léo ? Comme d'habitude.
J'ai hoché la tête, un peu trop vite.
— Ouh là, t'as les traits tirés, toi, ce matin, a-t-elle ajouté en me tendant mon gobelet. Les nuits sont courtes ?
Son ton était joueur, un léger scintillement dans ses yeux. C'était une perche tendue, une invitation à une plaisanterie, à une connexion humaine. Mon cerveau a paniqué.
— Faut... faut bien travailler, ai-je bafouillé en lui tendant ma carte bancaire. La réponse la plus nulle de l'histoire de l'humanité.
Son sourire s'est fait un peu plus doux, presque compatissant. J'ai attrapé mon pain au chocolat et je me suis esquivé, sentant une vague de chaleur me monter aux joues. Dehors, j'ai soupiré. Un jour, peut-être, j'arriverais à avoir une conversation normale.
Le trajet vers le bureau était la dernière étape de ma thérapie matinale. J'ai longé la rue. L'odeur d'ail et de sésame grillé du petit restaurant coréen flottait déjà dans l'air, une promesse de saveurs pour le déjeuner. J'ai levé les yeux, détaillant les façades haussmanniennes, les lignes des balcons en fer forgé, la façon dont la lumière dorée du matin sculptait la pierre de taille. C'était un monde ordonné, logique, magnifique.
Ce sentiment de paix m'a accompagné jusqu'au porche monumental de mon agence. J'ai poussé la lourde porte en bois sculpté, et en franchissant le seuil, j'ai laissé derrière moi la chaleur de la ville pour entrer dans la lumière froide et le silence climatisé du bureau. Le réconfort était terminé. La journée pouvait commencer.
***
Le contraste était toujours aussi violent. En passant la porte de l'agence, je laissais derrière moi un monde de pierre de taille chaleureuse et de détails ouvragés pour entrer dans un aquarium. Un immense plateau en open-space, sol en béton ciré, cloisons de verre et bureaux blancs alignés avec une précision chirurgicale. L'éclairage des panneaux LED était froid, impitoyable, il ne laissait aucune place à l'ombre ou à l'imperfection. C'était l'esthétique de l'efficacité, un espace conçu pour la performance, pas pour les humains qui l'occupaient.
Je me suis assis à ma place, mon ordinateur s'éveillant d'une veille qui semblait avoir été plus reposante que ma propre nuit. Autour de moi, le léger bourdonnement de la climatisation et le cliquetis des claviers formaient une mélodie de productivité à laquelle mon cœur n'était pas. Je fixais mon écran, où les plans d'un futur centre commercial attendaient mon attention. Des lignes droites, des angles droits, une âme aussi vide que le regard des Agents de mon cauchemar.
C'est là que Thomas a déferlé dans l'open-space. Il n'a pas marché, il s'est traîné jusqu'à son bureau, qui faisait face au mien. Ses cheveux étaient en bataille, sa chemise froissée portait encore les stigmates de la veille. Il s'est effondré sur sa chaise dans un grognement de douleur.
— Pfiouu... J'suis mort, a-t-il lâché en se massant les tempes. Mort et enterré. Il a levé vers moi des yeux cernés. — Salut Léo. Conseil d'ami : ne jamais accepter un dernier verre de saké à deux heures du mat'. Jamais. J'ai l'impression que mon cerveau a été remplacé par du coton sec.
Je me suis adossé à mon fauteuil, un sourire en coin que je n'ai pas cherché à retenir. Je l'observais se masser les tempes avec l'application d'un démineur. Sa fatigue à lui, elle avait un nom : Saké. Une cause, un remède. Une histoire qu'il pourrait raconter à la machine à café pour faire rire les autres. C'était presque rassurant dans sa banalité. La mienne n'avait pas de nom.
J'ai quitté la sécurité de mon fauteuil. Je me suis levé. J'ai traversé l'open-space silencieux. Personne n'a levé la tête. J'ai rempli un gobelet en carton au distributeur d'eau. En revenant vers son bureau, j'ai fait un léger détour par le mien pour attraper la boîte de Doliprane que je gardais dans mon tiroir.
J'ai posé le gobelet et la boîte sur le coin de son bureau, à côté d'une pile de plans en attente.
Il a levé la tête, d'abord vers les objets, puis vers moi. Une lueur de surprise reconnaissante a éclairé ses yeux cernés. C'est à ce moment-là que j'ai tenté ma chance, avec un sourire qui se voulait léger.
— T'es un warrior, Thomas. Rien ne t'arrête. Toi, même pas besoin de Doliprane pour survivre à ça.
Il a esquissé un sourire douloureux, attrapant le gobelet d'eau.
— Un warrior avec une sérieuse envie de vomir, ouais. Merci, Léo. Je vais me chercher un café, ou plutôt une perfusion de caféine. Tu veux quelque chose ?
— Non merci, ça ira.
Il s'est levé avec la lenteur d'un vieillard et s'est dirigé vers la machine à café, son corps entier criant les regrets de la nuit passée. Je l'ai suivi du regard. Et le sentiment d'isolement m'a frappé avec une force inattendue. Sa fatigue était un sujet de conversation, une anecdote à partager. La mienne était à la fois ridicule et inquiétante.
Je ne pouvais plus rester seul avec ça.
Mon regard a balayé l'open-space. Mon chef était en réunion, la porte de son bureau vitré était fermée. Les autres étaient absorbés par leurs écrans, casques sur les oreilles. C'était le moment. Mon cœur s'est mis à battre un peu plus vite. J'ai ouvert une nouvelle fenêtre de navigateur, puis, par réflexe de prudence, j'ai cliqué sur le menu et sélectionné "Nouvelle fenêtre de navigation privée". L'interface est devenue noire. Un espace secret, à l'abri des regards et de l'historique. Mon propre petit local technique dans l'architecture du web. La quête pouvait commencer.
Mes doigts ont tapé les mots dans la barre de recherche « rêve visage de porcelaine ». Entrée. La première page de résultats était un désert. Des articles psychologiques, des liens commerciaux. Rien. C'était décourageant. J'ai ajouté « forum ». Et là, au cinquième ou sixième lien, un titre a attiré mon attention. Un fil de discussion sur un subreddit dédié aux expériences paranormales, intitulé : « [Sérieux] Rêves récurrents de PNJ avec filtre insta ? ». PNJ. Personnage Non Joueur. Le jargon du jeu vidéo. Le cœur battant, j'ai cliqué.
Le fil de discussion était un mélange de témoignages et de moqueries. Mais quelques utilisateurs parlaient avec une familiarité terrifiante. L'un d'eux a mentionné un forum ultra-privé, « Cosmics », comme « le seul endroit où l'on peut parler des 'Gardiens en Sucre Glace' sans se faire traiter de fou ». Un autre a demandé un lien. La réponse n'a pas été un lien, mais une image. Une photo minuscule, de mauvaise qualité, postée sans aucun commentaire.
J'ai cliqué dessus pour l'agrandir. La photo montrait un mur en pierre ancienne, baigné dans une lumière de fin de journée. Sur ce mur était fixée une plaque rectangulaire, de couleur marron foncé. Le texte était un brouillard de pixels illisible, à l'exception de deux fragments de mots que je pouvais à peine deviner. J'ai plissé les yeux, me penchant vers l'écran. Le premier fragment semblait être "...AMEL". Le second, plus bas, "PERN...".
N'importe qui aurait laissé tomber. Mais j'étais un amoureux de Paris. Je connaissais ces plaques. Leur forme, leur couleur... c'était une plaque "Histoire de Paris". L'indice n'était pas la plaque elle-même, mais les mots qu'elle contenait. J'ai ouvert un nouvel onglet, ma recherche devenant soudainement d'une précision chirurgicale. Je n'ai pas tapé les fragments. J'ai tapé ce que mon intuition avait déjà assemblé.
plaque "histoire de paris" flamel
Entrée. Le premier résultat. Un article de blog de passionné d'histoire : "La demeure de Nicolas Flamel, 51 rue de Montmorency". L'article montrait une photo nette de la plaque. Le texte complet y était. Mes fragments y figuraient bien. J'avais trouvé. J'avais une adresse. Mais je n'avais pas de porte d'entrée.
J'ai tapé l'adresse du forum "Cosmics". La page d'accueil était un cul-de-sac. Une simple animation d'étoiles qui pulsaient lentement. La frustration m'a serré la gorge. J'ai tenté les approches les plus évidentes, comme un cambrioleur novice qui essaie de forcer une serrure. J'ai ajouté /login.html à l'adresse. "Erreur 404 - Le vide vous contemple en retour." J'ai essayé /register.html. "Erreur 404 - Il n'y a rien ici pour vous." C'était plus qu'une simple page d'erreur ; c'était un message.
Mon esprit d'architecte a pris le relais. Un site, c'est un plan. Une structure. J'ai tenté d'accéder au plan du site en tapant cosmics.com/sitemap.xml. J'ai trouvé quelque chose. Une liste de pages aux noms étranges : /nebula, /nova, /event-horizon. J'ai cliqué sur chacune d'elles. Toutes menaient à des animations astronomiques, de magnifiques impasses. Une fausse piste, conçue pour faire perdre du temps.
Je me suis adossé à ma chaise, fixant l'animation des étoiles sur la page d'accueil. Et si cette porte avait été ouverte, par le passé ? J'ai eu une idée. J'ai ouvert un nouvel onglet et j'ai tapé l'adresse de l'Internet Archive, la "Wayback Machine". J'ai soumis l'URL de "Cosmics". L'archive avait plusieurs captures, la plus ancienne datant d'un an. J'ai cliqué.
La page qui s'est affichée était différente. Plus simple. Il y avait un champ de connexion et un forum rudimentaire avec un seul message visible, épinglé en haut. L'auteur était M4L1K. Le message disait : "Le protocole d'entrée a changé. La vieille porte est fermée pour des raisons de sécurité. Pour trouver la nouvelle, cherchez la demeure du Grand Œuvre."
Le Grand Œuvre.
Le souvenir de ma recherche précédente m'est revenu en pleine face. Nicolas Flamel, l'alchimiste. Sa quête était celle du Grand Œuvre. La plaque sur la photo. La demeure de Flamel. Tout était lié. Le message de Malik sur l'ancienne version du site était la clé pour comprendre l'indice posté sur le subreddit.
Je savais maintenant que l'adresse, 51 rue de Montmorency, était la bonne piste. Mais comment l'utiliser ? Le nom de la rue... Montmorency. C'était trop simple, trop évident pour être le mot de passe d'un forum. Mais un Discord ? Les invitations sont parfois des mots simples.
J'ai ouvert un dernier onglet, mes doigts tremblant légèrement d'excitation. J'ai tapé l'adresse de base pour rejoindre n'importe quel serveur Discord : discord.gg/. Puis, j'ai ajouté ce qui n'était plus une supposition, mais une quasi-certitude. montmorency.
J'ai appuyé sur Entrée.
Pendant une seconde, il ne s'est rien passé. Puis la page s'est rafraîchie. Et une fenêtre est apparue au centre de mon écran. Un logo simple, un cercle blanc sur fond noir. Et un texte.
Vous avez été invité à rejoindre LE BRUIT BLANC.
J'ai réussi. J'ai souri. Un vrai sourire, cette fois. J'avais forcé la porte. Mon curseur a survolé le bouton "Accepter l'invitation". J'allais enfin savoir.
J'ai cliqué. L'interface blanche de mon navigateur a été remplacée par l'application Discord, son gris anthracite familier s'affichant sur mon écran. Une nouvelle icône était apparue dans ma barre de serveurs : un simple cercle blanc sur fond noir. Le Bruit Blanc. J'étais dedans.
La fenêtre d'invitation me laissait le champ libre avant de finaliser mon entrée. Il me fallait un pseudo. Mon premier réflexe fut de taper l'identifiant que j'utilisais partout ailleurs, un vieux surnom datant du lycée. Puis mes doigts se sont figés au-dessus du clavier. Non. Stupide. Je venais de passer dix minutes à déchiffrer les codes d'un groupe ultra-paranoïaque pour finalement annoncer mon identité avec un mégaphone ? Le message de Nomad_AFK sur l'OPSEC m'est revenu en mémoire. Il avait raison. Une simple recherche Google pouvait relier ce nom à mon compte de jeu, qui pouvait lui-même être relié à d'autres profils, et potentiellement à mon vrai nom. Il me fallait quelque chose de nouveau.
D'anonyme, mais d'informatif. Un indice sur ma compétence, pas sur mon identité. Mon cerveau a commencé à tourner. "Archi75" ? Trop facile à tracer. "ConstructeurDeRêves" ? Trop prétentieux et poétique, ce n'était pas moi. Je balayais du regard mon bureau : les lignes droites, les plans sans âme, l'absence totale d'inspiration. Difficile d'être créatif sous la lumière blafarde des LEDs.
Mon regard est revenu sur l'écran, sur le canal de discussion où les autres échangeaient par texte. C'est là que l'idée a fusionné, simple et évidente. Mon métier, c'était l'architecture. Notre moyen de communication, c'était le texte. Architecture et Texte. Architext.
C'était un jeu de mots un peu facile, mais il était parfait. Il me décrivait sans me trahir. C'était sobre, technique, et ça sonnait presque comme un vrai mot. Je n'avais ni le temps ni l'envie de chercher mieux dans l'ambiance stérile de cet open-space. J'ai tapé "Architext" dans la case, j'ai validé, et je suis entré.
La liste des membres en ligne était minuscule. Quatre personnes, moi y compris. Leurs pseudos étaient aussi énigmatiques que le mien : M4L1K, Clara_Urbs, Nomad_AFK.
Fidèle à ma nature, je n'ai rien dit. J'étais un intrus, un observateur. J'ai commencé à faire défiler l'historique du canal de discussion principal, "#général". C'était comme écouter aux portes d'un club ultra-secret. Les messages étaient un mélange de technicité, de peur et d'une étrange forme de camaraderie.
Le premier message que j'ai lu en entier venait de Nomad_AFK. > Les gars, sérieux, arrêtez de décrire votre 'taf' en détail. OPSEC ! On sait pas qui pourrait lire. Use metaphors.
La réponse de M4L1K est tombée juste après, comme une réplique cinglante.
> @Nomad_AFK La "métaphore" est une pollution de l'information. On a besoin de faits observables, de data. Pas de poésie.
Il semblait que quelqu'un avait dû demander des exemples, car Malik a enchaîné avec deux autres messages, comme s'il présentait les pièces à conviction d'un dossier.
> Hier, j'ai testé leur 'moteur physique'. Le 'poids' virtuel d'un objet n'est pas lié à sa taille, mais à sa complexité de forme. Un simple cube était léger. Une sphère fractale était incroyablement 'lourde' à manipuler. Le système n'évalue pas la masse, il évalue la charge de traitement nécessaire au rendu. C'est une donnée exploitable.
Il a posté un second message à la suite, sans attendre de réponse.
> Pareil pour les énigmes logiques. Si tu échoues trois fois de suite, le scénario 'reboote' à l'identique. Exactement les mêmes paramètres, les mêmes contraintes. C'est une boucle d'échec, pas un test adaptatif. On a besoin d'analyser ces schémas, pas de les cacher derrière des images.
Je sentais déjà la tension entre le paranoïaque et le technicien. C'était presque drôle. J'ai continué à descendre. Et puis, je me suis arrêté. Un nouveau message venait d'être posté par Clara_Urbs. Il contenait une image.
J'ai cliqué dessus. C'était un dessin. Un croquis à la main, d'une finesse et d'une beauté à couper le souffle. Il représentait le plan d'une ville futuriste, avec des tours qui s'enroulaient sur elles-mêmes comme des coquillages et des ponts qui flottaient dans les airs, défiant la gravité. Mon cœur d'architecte a eu un pincement d'admiration pure. C'était à la fois magnifique et totalement irréalisable. Le texte qui accompagnait l'image a fini de me convaincre.
> [Image d'un croquis de ville futuriste] > Le travail de cette nuit. L'urbanisme est intéressant, mais je n'arrive pas à me faire aux 'habitants'. Leurs visages sont si lisses, comme de la porcelaine... C'est très perturbant.
Visages de porcelaine.
Les mots se sont inscrits dans mon cerveau comme une confirmation brûlante. Le souffle que je retenais s'est échappé dans un long soupir de soulagement. Une vague de chaleur a parcouru mon corps, chassant les derniers vestiges de la peur. Ce n'était pas seulement la preuve que je n'étais pas fou. C'était la vision de ce dessin, la preuve que même dans cet enfer psychique, quelqu'un arrivait à produire de la beauté.
Un sourire authentique, le premier de la journée, s'est dessiné sur mes lèvres. J'ai posé mon téléphone sur le bureau, le sentiment d'isolement qui me pesait depuis des mois commençant enfin à se fissurer. J'étais au bon endroit.
Alors que je savourais cet instant, un petit son a émané de mon ordinateur. Une nouvelle notification. J'ai baissé les yeux vers l'écran. Un nouveau message était apparu sur le Discord. Un message qui m'était adressé.
> Clara_Urbs: Bienvenue, @Architext. Rêve difficile cette nuit ?
Annotations
Versions