Chapitre 19 : Une crise étrange

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Alors qu'un couple de mortel se prouvait leur amour, sur l’Olympe, Vénus rentra en son palais, satisfaite de ce qu'elle avait accompli. Arrivée, elle vit que Mars l'attendait sur le seuil, une question aux lèvres, et se mit à ses côtés. Le couple divin resta ainsi, à regarder les étoiles de la nuit, jusqu’à ce que le dieu de la Guerre n’y tienne plus :

« Où étais-tu ? Demanda-t-il.

— J'étais au palais des prières répondit-elle. Les enfants sont couchés ?

— Oui, ils dorment. Ils étaient épuisés. Pourquoi es-tu allée là-bas ce soir ?

— J'étais tellement heureuse que la cérémonie se soit bien déroulée, malgré ce qui s'est passé avec Vulcain, que j'avais senti le besoin, et l'envie de me montrer généreuse. J'ai exaucé le vœu d'une mortelle.

— Ah oui, répliqua Mars, en l'enlaçant par derrière, et en déposant son menton contre son épaule. Et qu'as-tu exaucé ?

— Une jeune femme de la famille Junius Silanus désirait concevoir un enfant avec son mari. Je lui ai donné juste un petit coup de pouce, répondit Vénus qui l'embrassa la joue tendrement.

— Mmm..., fut sa seule réponse.

— Mais je suppose que ce ne soit pas exactement de ce sujet que tu désires m’entretenir, n’est-ce pas ?

— Tu as raison, soupira Mars, reconnaissant qu’elle avait vu juste. Vénus, j'ai besoin de savoir... Vas-tu tenir la promesse que tu m'as faite avant de tomber enceinte de Himéros ?

— Mars, rétorqua son amante, qui avait senti l'angoisse de son compagnon. Je t'aime, et rien ne changera cela. Je sais que j'ai été volage, mais toi aussi, tu as préféré partir de bataille en bataille avant d'envisager, ou de ressentir le besoin de te poser.

— Je sais, je suis désolé. Je t'ai délaissée, s'excusa Mars. Mais comprends-moi. Tu étais mariée à mon frère, et c'était douloureux pour moi de te voir lier à un autre que moi. Je le reconnais. J'ai fui, mais j'avais besoin de ça, malgré tout, pour comprendre que la douleur était plus forte quand tu étais loin de moi,…, et je sais que Cupidon en a payé le prix.

—J’ai aussi mes tords, avoua-t-elle.

— Alors ? Pour ta promesse... ?

— Oui, Mars, je compte la tenir. Je te l'ai promis, » déclara Vénus.

Cette dernière se retourna dans ses bras, et embrassa à pleine bouche son amant. Embrasé en quelques secondes, le fils de Jupiter l'emmena à l'intérieur, et lui prouva toute la profondeur de ses sentiments, y mettant toute son énergie, et son savoir millénaire. Dans cette douce nuit d'été, deux couples, l'un divin, l'autre mortel, s'unirent dans l’espoir de ne plus jamais se quitter. Le lendemain, lorsqu’Hélios, sous l’ordre d’Apollon-Phébus, leva l'astre solaire pour réchauffer de ses rayons la terre des Mortels et celle de l'Olympe, la végétation l'accueillit en se dressant à son passage, telles les fleurs ouvrant leurs pétales pour le saluer. Chaque être vivant ouvrit leurs yeux pour recevoir sa lumière. De sa vue omnipotente, il assista même au réveil d'un couple endormi et enlacé. L'homme possédait une chevelure doré, alors que des cheveux ambres couronnés la tête de son amante. Les deux ouvrirent les yeux pour apercevoir le visage de l'être aimé. Le représentant du sexe masculin, embrassant sur le front sa compagne reposée sur son épaule, la salua :

« Bonjour, mon amour.

— Bonjour, Mars chéri. Répondit son amante. As-tu bien dormi ?

— Oui, toujours avec toi, Vénus. Auprès de toi, je suis toujours bien..., mais je vais devoir me lever. J'ai promis aux garçons de commencer leur entraînement.

— Tu veux donc leur apprendre à se battre. Es-tu sûr que cela soit nécessaire ? Demanda étonnée la déesse de la Beauté.

— Oui. Je ne veux plus revivre ce à quoi j'ai assisté avec Vulcain. Cupidon être à la merci de son adversaire. Certes, à cause de son corps d'enfant, il ne faisait pas le poids, mais maintenant la donne va changer. Et puis, comme tu le sais, il existe dans le royaume du Tartare, voire du Chaos, des ennemis encore plus terribles que Vulcain. Je veux que mes deux fils soient prêts à se défendre face aux Titans, au cas où les entraves qui les enferment viennent à se rompre, argumenta Mars. C’est primordial, surtout pour Cupidon.

—Mmmm... Je comprends pour Cupidon, mais Himéros... répliqua Vénus.

— Je veux les traiter de façon équitable, insista le dieu de la Guerre. Tu les as entendus quand Cupidon nous a parlé des doutes de son frère. Je pense que les traiter différemment n'est pas une chose à faire. Tu as vu ce que cela a donné avec Vulcain.

— Mais la situation est totalement différente et...

— Peut-être, l'interrompit-il. Mais les conséquences peuvent être plus graves. Comme tu as pu le constater, le sang de Cupidon, en rentrant en contact avec le sien, a transmis à son frère une grande force. De plus, ils sont doublement liés par le sceau que nous avons vu lors de la cérémonie. »

Après une petite pause pour que Vénus puisse assimiler les informations, Mars continua :

« Je pense qu'ils possèdent tous les deux une force identique. Si la jalousie, et la haine rentrent dans le cœur d'un des deux, nous courons au chaos, car un déséquilibre aura été créé. C'est ce qu'a voulu expliquer Jupiter en nous parlant de l'Eros et de l'Antéros.

— Tu as sûrement raison. Après tout, c'est toi qui a le plus d'expérience dans l'art de la Guerre, concéda la déesse. Je veux juste que tu fasses attention avec eux. Ce sont mes amours.

— Oui, ne t'inquiète pas. Je ferai attention à tes poussins, ma chère mère poule,» taquina son amant.

Sur ces mots, Mars se leva sous les petits coups de coussin que Vénus lui assénait à cause de sa taquinerie. Quand tout d'un coup, ils entendirent un cri terrifiant. Alors que la déesse se dépêchait de sortir de sous les draps de soie, la divinité guerrière se précipita dans les couloirs pour rejoindre le plus rapidement possible la chambre d'où venait le hurlement. Après avoir ouvert la porte au risque de la briser, il vit Himéros essayer de réveiller son frère, dont le corps en sueur, était secoué de spasmes. Il semblait que Cupidon était en prise avec un songe des plus terrifiants. Malgré les efforts de son jeune cadet, il refusait de se réveiller, s’agitant dans tous les sens, le visage torturé. Mars s'approcha et prit sa place. Il essaya d'éveiller son fils, mais sans y parvenir. Puis, d'un coup, il entendit une plainte derrière lui. Se tournant, il vit son fils adoptif s'effondrer sur les genoux, se tenant le ventre. Il paraissait souffrir. Vénus arriva là-dessus, et s’élança à ses côtés. Le dieu de la Guerre, voyant l'urgence de la situation, confia les enfants à leur mère et aux Nymphes servantes prévenues par les cris.

Il courra aussi vite que ses pouvoirs divins lui permirent. Il partit chercher la seule personne susceptible d'aider les deux garçons. Il la trouva allonger dans son hamac au sein de son palais. Cet individu abordait une coupe des plus désordonnées, et était endormi profondément. A sa grande surprise, une femme aux yeux bandés, signe de son impartialité et de son sens de la justice, se reposait tranquillement dans ses bras. Mars, ne pouvant se permettre de perdre du temps, n'y prêta pas attention, et ne fit pas dans la dentelle non plus. Il balança le hamac vers le ciel faisant tomber leurs occupants. Les dormeurs, ainsi réveillés, protestèrent avec force en essayant de se relever. Le dieu de la Guerre ne leur laissa pas le temps de se plaindre, en déclarant :

« Je n'ai pas le temps de vous entendre. C'est urgent, j'ai besoin de toi, Morphée ! Viens, dépêche-toi ! »

Voyant la panique inhabituelle de son ami, le dit Morphée ne posa pas de question, et le suivit sans tarder. Sa compagne, voulant quand même connaître la raison de ce réveil mouvementé, décida de leur emboîter le pas. Sur le chemin, Mars expliqua au dieu des Songes la situation, la crise de Cupidon et la répercussion sur Himéros. Comprenant la gravité, Morphée se prépara à intervenir sur ce qu'il semblait être un cas grave de cauchemar meurtrier. En arrivant dans la chambre de l’Eros, il vit que ce dernier était toujours plongé dans son tourment. Plusieurs personnes étaient obligées de le tenir pour éviter qu'il se fasse mal. Pendant ce temps, Vénus tenait dans ses bras son petit dernier, souffrant d'une atroce douleur. Elle tentait de le soutenir comme elle le pouvait. A cette vue, l’amante présumée de Morphée bouscula les deux dieux, et s’avança à ses côtés :

« Justitia, tu es venue aussi, » murmura la déesse de la Beauté, les larmes aux yeux.

La dite Justitia lui sourit faiblement, et essaya comme elle le pouvait de l’aider. Elle regarda également le dieu des Songes s'approcher de Cupidon, et se concentrer. L’ombre de la divinité se mit alors à bouger, comme si elle était indépendante, et s’étendit sur le corps du jeune souffrant, afin de l’immobiliser. Par la suite, Morphée se pencha sur lui, jusqu'à poser son front sur le sien. Il ferma les yeux. Tout le monde retint son souffle dans l'angoisse de l'attente. Au bout de quelques minutes, le dieu des Songes se releva avec quelques sueurs au coin de ses tempes. Comme s’il venait de remplacer Atlas, ou de vivre le plus grand de ses combats, il s'effondra sur le siège se trouvant à côté du lit, essoufflé. Mars s'approcha de Cupidon. Ce dernier avait repris un visage serein, et une respiration normale, le rassurant grandement. Puis, il se tourna vers Himéros, celui-ci ne souffrait plus, comme si la crise de son frère calmée avait aussi fait disparaître sa douleur. Toutefois, il s’était évanoui. Oui, comme il l'avait soupçonné, le lien entre les deux était vraiment fort. Une seule faille dans leur relation aurait, sans aucun doute, ou presque, de funestes conséquences, que ce soit pour le monde des Dieux ou pour celui des Mortels. Mars étant dans ses pensées, Vénus le coucha auprès de Cupidon. Le dieu de la Guerre se préoccupa alors de Morphée :

« Comment vas-tu ?

— Ça va. Par contre, son cauchemar a été dur à soumettre, mais on y est parvenu, répondit-il. Surtout que ce n'était pas la première fois, mais là, c'était vraiment très puissant. J'ai cru ne pas y arriver. Je pense que c'est dû au lien avec Himéros et...

— Comment ça, ce n'était pas la première fois ? S'exclama Justitia l'interrompant. Mais que se passe-t-il ?

— Pas maintenant, Justitia. Laissons-les se reposer, supplia Vénus. Allons au salon. Nous allons t'expliquer. »

Arrivés dans la dite pièce et après avoir été servis en nourriture, ainsi qu’en boisson, ils commencèrent à expliquer la situation à la déesse de la Justice. Durant les premières années après sa seconde naissance, tout s’était bien passé. Puis, un jour, Cupidon avait vécu sa première crise. Ses parents n’avaient jamais su pourquoi il avait commencé à en faire. Mercure et Esculape, après avoir examiné le jeune dieu, les avaient informés qu'ils n'y pouvaient pas grand chose. Le seul qui pouvait l'aider pour y faire face, et l’aider à sortir de ses songes cauchemardesques, était Morphée. Mercure avait tout de même une hypothèse sur la cause de ses crises. Se servant de sa capacité à lire le cœur des Mortels pour connaître leurs sentiments et leur affinité, il rentrait, dans une certaine mesure, en résonance avec eux. La joie de l’amour le remplissait d’allégresse, mais l’opposé était tout à fait possible également. Ainsi, les cœurs brisés dû à toutes formes de trahison, et les traumatismes, tels les viols, auraient le pouvoir de blesser insidieusement Cupidon. Cette souffrance, s’accumulant au fil du temps en lui, aurait alors de telles répercussions. Elle exploserait ainsi dans ses rêves, l’enfermant dans un cauchemar sans fin. A la fin du récit de Vénus et Mars, Justitia les regarda avec compassion avant de demander :

« Concernant Cupidon, je comprends. Toutefois, pourquoi Himéros a souffert, lui aussi.

— Je pense que c'est dû à la cérémonie. Le sceau les a liés au-delà de ce que nous aurions pu imaginer, expliqua le dieu des Songes. Par contre, cette fois-ci, la crise a vraiment été très importante. Je pense que le cœur de Cupidon est entré en résonance avec les doutes et les souffrances de Himéros. Certes, vous l'avez aidé à y faire face hier mais, je pense, que cela a fonctionné comme des répliques, à l’exemple d’un séisme

— Les pauvres. Ne pouvons-nous pas les aider mieux que ça ?

— J'ai peut-être une solution. Pour y arriver, je vais avoir besoin de toi, Morphée, répondit Mars. C'est pourquoi, je t'invite à rester ici. J'aimerai en parler avec les garçons aussi.

— Bien, consentit le concerné. D’ailleurs, tu ne voudrais pas me montrer un endroit où je pourrai me mettre un peu d’eau sur la figure. »

Un peu étonné par cette demande, Mars resta un peu sur la réserve avant de comprendre le message caché derrière. Morphée avait un message à lui transmettre, un message dont il devait être l’unique destinataire. Se levant dans l’intention de le guider, il l’invita à le suivre. Pendant que leurs compagnes continuèrent à parler, et après être sûr qu’elles ne les entendaient pas, le dieu de la Guerre s’enquiert de l’inquiétude de son ami :

« Que veux-tu me dire en grand secret ?

— Je L’ai senti.

— Tu veux dire ?

— Oui. Alors que j'étais dans l'esprit de Cupidon, j'ai senti SA présence. Cela pourrait expliquer aussi la force de la crise.

— Je vois… Il est vraiment temps alors, dit-il songeur. Ne le révèle à personne pour le moment, sauf peut-être à mon père, mais à personne d’autres.

—Entendu, » consentit Morphée.

Le dieu de la Guerre aurait bien aimé continuer la conversation qu’il en fut empêché. En effet, deux angelots, l'un aux ailes blanches, et l'autre aux ailes noires, firent leur entrée, comme s'ils n'avaient jamais subi une crise majeure. Sans se préoccuper des autres, les deux frères s'installèrent sur leurs banquettes, et commencèrent à manger. Alors que Cupidon avait la bouche remplie à rebord, il demanda à son père quand il allait commencer à les entraîner. Inquiète pour ses deux fils, Vénus voulut s’interposer :

« Je ne sais pas si c'est une bonne idée, Cupidon. Tu viens de faire une crise importante et...

— Non, non, protesta le dieu de l'Amour. Je vais bien. Et puis je ne veux pas que les crises me dictent ma vie. Je ne me laisserai pas faire par elles. »

Himéros, entendant la détermination dans la voix de son frère, l'appuya et affirma avec force que lui aussi voulait débuter rapidement l'entraînement. Vénus, soupirant, céda, mais exigea qu'ils restent au moins la matinée à se reposer. L'apprentissage de la Guerre pouvait attendre encore un peu. Après cette négociation, Cupidon fixa Justitia et Morphée, tous deux face à face, et rougissant à essayer de se frôler des doigts en espérant ne pas être vus. Souriant et d’humeur à la taquinerie, il décida de les interpeler :

« Alors vous deux… Ça fait depuis combien de temps que vous êtes…? »

A ces mots, Justitia recracha sa boisson, qui éclaboussa le visage de Morphée :

« Quoi ! Mais ça ne va pas dans ta tête ! Je ne sors pas avec ce flemmard de première ! Contesta la déesse de la Justice se levant de son siège.

— Je n’ai jamais dit que vous sortiez ensemble. Je viens de vous griller, » sourit triomphant Cupidon.

A ces paroles, Justitia comprit qu’elle venait de tomber dans le piège de l’Amour, et se maudit d’avoir été si négligente. De son côté, le dit chenapan était tout fier, tandis que Morphée se tapait le front de la paume de la main. Il poussa encore plus son triomphe :

« De toute manière, je le savais déjà. J’avais juste besoin d’une confirmation, et tu viens de me la donner, confia-t-il. Une des Nymphes, qui vous a vu arrivés, m'a informé que vous étiez arrivés en même temps et que tu portais la même tunique qu'hier. Puis, cela fait des siècles que vous vous tournez autour.

— Galère ! Ce n'est pas la peine de le nier, Justitia. Tu oublies que ce satané garnement connait nos cœurs mieux que nous même, souffla lasse Morphée.

— Bon d’accord, nous sommes ensemble depuis la cérémonie, si tu veux tout savoir. Mais tu n'as pas intérêt à le répéter ! Sinon… » Menaça la déesse de la Justice, appuyant sa main contre la table tout en levant le poing de l'autre.

Cupidon leva les mains devant lui en signe d'apaisement, un sourire gêné sur les lèvres. Tout le monde se mit à rire. En tout cas, ce petit moment de folie détendit l'atmosphère lourde qui régnait dans la pièce depuis la discussion entre les dieux. Petit-déjeuner vite englouti, la matinée se passa doucement. Minerve rendit même visite aux deux frères, mais resta très proche de Himéros, qui semblait la trouver de plus en plus lourde. Il fallait avouer qu’elle ne le lâchait d’une semelle, à toujours lui demander s’il désirait quelque chose, ou à lui parler, ou encore à lui proposer son aide, même minime. Cette attitude agaçait de plus en plus le chérubin aux ailes noires. De son côté, Cupidon les regardait de temps en temps, ne sachant pas vraiment identifier ce qu'il ressentait. Etait-ce de l’envie, de la jalousie, de l’indifférence ? En fait, cela faisait des siècles qu'il pensait ressentir quelque chose pour la déesse de la Sagesse. Cependant, elle n'avait jamais été tendre avec lui, le traitant comme un inférieur. Alors pourquoi s'y attarder ? Pendant qu’il se posait autant de questions, Perséphone fit, à son tour, son entrée.


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