Le lien de sang

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Le petit groupe y parvint en même temps que Mars et Vulcain. Ce dernier, penaud, décida de se mettre à l'écart le temps de la cérémonie, alors que son frère alla voir Himéros pour poser ses mains sur ses épaules, avant de le serrer également dans ses bras. Ce spectacle lui réchauffa le cœur. Il ne pouvait que le reconnaître. Voyant son oncle s’isoler dans la solitude, Cupidon fit un geste de paix à son encontre. Il ordonna ensuite à des faons d’aller le chercher, et de l’inviter à prendre sa place dans l'assemblée des Dieux. Au début, Vulcain résista, mais quand une idée habitait la tête de ces créatures aux jambes de bouc de l’Olympe, rien ne pouvait s’y opposer. Il se laissa donc mener à la baguette et rejoignit ses compères. Ceux-ci, bien que surpris, acceptèrent l'initiative du dieu aux ailes blanches, et l'accueillirent timidement. Eole lui désignant le responsable de cette bonté, Vulcain se sentit reconnaissant. Il regarda son neveu et pencha la tête en signe de remerciement. Un sourire de l’Amour en fut la réponse. Pendant ce temps, Jupiter monta sur une estrade installée au centre d'une grande prairie entourée d'arbres d'or et d'argent et faisant face au soleil couchant. Il prit alors la parole :

« Dieux et Déesses, faons, nymphes, muses, naïades et autres habitants de l'Olympe, vous voici réunis pour assister à une célébration importante pour tout le monde. En premier lieu, nous fêtons la naissance de ...

— Attendez ! Interrompis Cupidon. J'ai quelque chose à dire avant de commencer. Je sais que le temps nous est compté, mais je me dois de demander quelque chose à mon frère. »

Cupidon fit face à Himéros, et après lui avoir souri, continua :

« Vous savez tous qu'il y a à peine une heure, nous avons vécu un événement qui a été pénible pour bon nombre de personnes. »

A ces mots, Vulcain baissa la tête, avant d’entendre son neveu poursuivre :

« Ce qui s'est passé a pu avoir lieu, car Himéros a ressenti des doutes sur son existence. Tout être passe par cette phase de questionnement. Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je venu au monde ?

—…

— En réalité, et beaucoup seront surement d’accord avec moi, il n’existe pas de réelles réponses à ces questions. La vie nous a été donnée, et ce n’est pas forcément pour réaliser un exploit quelconque. Vivre en est déjà un, car elle est remplie de joie, mais aussi d’épreuves. En fait, la seule chose qui nous incombe est de vivre seulement comme nous pouvons, et comme nous le désirons, en améliorant nos qualités et en contrôlant nos défauts. Nous ne pouvons que vivre avec les opportunités et les chemins qui s’ouvrent devant nous. Il n’est pas nécessaire de se torturer l’esprit. Toutefois, je comprends la détresse qu’a pu ressentir Himéros, surtout au vu des circonstances qui ont entouré sa naissance. A cause d’elles, il a douté… Il a douté des sentiments que nous lui portions. C’est pourquoi je suis déterminé à tenir la promesse que je lui ai faite.

—…

— Mon cher frère, tu m'as demandé une preuve, et je tiens à te la donner. Si tu doutes de moi, de nous, je suis prêt à annuler la cérémonie. Ce sacrifice sera la preuve que je ne te considère pas juste comme un remède et que nous t’aimons.

— Cupidon, fit Himéros, touché.

— Mais que dis tu là, Cupidon ? Interpella Vénus. Bien sûr que nous aimons Himéros.

— C'est moi, Vénus, qui lui ai fait croire que vous l'abandonnerez après la cérémonie, quand vous auriez obtenu ce que vous vouliez. Je lui ai fait croire que vous aviez menti pendant cinq ans, avoua Vulcain. Je suis vraiment désolé.

— Oh Himéros, mon chéri, s’émeut la déesse de la Beauté, les larmes aux yeux, face à cette confession, et s’agenouillant devant ses deux garçons. Il est vrai que ta naissance permettra à Cupidon de sortir de sa malédiction, mais ce n'est pas la seule raison à ta venue au monde. Il faut que vous sachiez que j'avais désiré depuis des siècles un autre enfant de Mars, un enfant qui puisse être un vrai frère pour toi, Cupidon. Je suis bien consciente qu’avec Deimos et Phobos, aucun amour fraternel ne vous lie, et je sais que j’en suis responsable.

— ...

— Malheureusement, j'avais peur que cet enfant soit touché par le même mal que Cupidon, ou qu’il souffre comme Harmonie, continua Vénus après avoir fait une pause avant de s’adresser à Himéros. Je ne voulais pas que tu vives la même douleur. C'est une véritable torture pour une mère de voir son enfant souffrir. Je ne souhaitais pas vivre avec ça une troisième fois. Alors j'avais abandonné mon rêve jusqu'à ce que Justitia m'informe d'une solution, qui combinerait mes deux désirs. Avoir un autre bébé et soigner Cupidon... Je vous aime tous les deux de la même manière. »

Leur mère les serra fort après cet aveu. Vénus regretta alors la décision qu'elle avait prise après la naissance de Himéros. Latone l’avait bien informée de ses inquiétudes, mais elle avait fait la sourde oreille. La déesse de la Beauté lui avait même interdit d'en parler avec Cupidon et Mars. Elle n’avait jamais voulu les perturber avec toute cette histoire. La situation était déjà assez compliquée comme ça. Latone n’avait pas été d’accord, mais avait été obligée d’obtempérer. La seule chose, qu’elle avait pu faire, avait été de la prier d’en discuter elle-même avec eux. Elle avait craint qu'une personne malintentionnée en profite pour blesser Himéros. Pour avoir la tranquillité, Vénus lui avait affirmé qu'elle leur en parlerait un jour. Malheureusement, elle ne le fit jamais, et maintenant, elle se rendait compte qu'elle aurait dû suivre les conseils de son amie. Cette dernière avait eu raison, et ses craintes s'étaient réalisées. Mars, qui ignorait les pensées de sa compagne, se pencha vers elle en mettant un bras autour de ses épaules, afin de la soutenir. Himéros, le regardant, fit part d’une de ses plus grandes peurs, des sanglots dans la voix :

« Mais Mars, je ne suis pas son fils. Il doit surement préférer Cupidon à moi… Je n’aurai jamais de père.

— Himéros, il est vrai que mon sang ne coule pas dans tes veines, répondit le dieu de la Guerre. Cependant, sache une chose, dès la première fois que je t'ai vu, mon cœur s'est rempli d'amour, et de fierté pour toi, tout comme lors de la renaissance de Cupidon. Tu viens de la femme que j'aime, et tu vas sauver ton frère. Je t'en suis reconnaissant, et je t'aime comme si nous étions liés par le sang tous les deux.

— Je peux t'appeler papa, alors ? Demanda timidement le garçon aux cheveux de jais.

— J'en serai honoré, et le plus heureux des Dieux, mon grand, » répondit Mars, le sourire aux lèvres.

Himéros, à ces paroles, laissa ses larmes couler, et pleura dans les bras de ses parents, car oui, maintenant il pouvait les considérer comme tel. De son côté, heureux de ce dénouement, Cupidon reprit :

« Mon frère, je ne te forcerai pas. Ainsi, je te pose la question. Veux-tu poursuivre la cérémonie pour me permettre de grandir ? »

L'interpellé quitta l'étreinte et essuyant ses larmes, acquiesça d'un signe de tête. Face à cet accord, la voix déformée par l’émotion, Jupiter revêtit à nouveau le rôle de maître de cérémonie :

« Bon, puisse que tout est réglé. Je reprends... Je vais écourter les choses, car le soleil commence à se coucher.

— Oui, j'essaie de le ralentir, mais je ne peux pas aller à l'encontre de la nature plus longtemps, fit remarquer Apollon. Hélios résiste à mes commandements. »

A ces mots, Cupidon et Himéros se mirent face à l'astre solaire couchant. Ils tendirent chacun une main vers Jupiter. Ce dernier prit un poignard, et entailla la paume des deux frères, la droite pour Cupidon et la gauche pour Himéros. Puis, les garçons se serrèrent la main mélangeant ainsi leur sang. Il ne se passa rien pendant quelques secondes. Sous le regard de l'assemblée des Dieux, qui retenaient leur souffle, une lumière blanche commença à apparaître au niveau de la jonction des deux mains. Elle grandit de plus en plus, jusqu'à envelopper Cupidon et Himéros. Les deux garçons fermèrent les yeux, afin de laisser cette énergie les submerger. Ils rentrèrent ainsi en résonance avec elle. A ce moment précis, un vent se mit à souffler sans qu’Eole en soit pour quelque chose, et fit gonfler les ailes des deux frères. La puissance de ce souffle les souleva du sol. Arrivés à quelques mètres de Terra, un symbole se dessina sur le torse de Cupidon, et se propagea sur tout son corps avant de s'étaler sur celui de son frère, les liant encore plus. Grâce à ce sceau, la puissance de Cupidon fut descellée, et les connaissances de ce dernier, accumulées depuis des siècles, furent partagées avec Himéros. Quand ce fut fait, la peau des deux chérubins retrouva sa virginité, les symboles disparaissant. Leurs mains, encore liées, se détachèrent l'une de l'autre. Le halo lumineux autour d’eux commença à se disperser dans le ciel, offrant un contraste saisissant avec les couleurs du soleil couchant. Le vent divin diminua son intensité, et les deux angelots descendirent doucement, alors que la lumière continuait à baisser doucement, pour finalement ne plus apparaître. Cupidon et Himéros ouvrirent finalement les yeux et sourirent. Leurs parents se jetèrent à leur cou, heureux de voir la réussite de la cérémonie. Cupidon allait maintenant grandir normalement, au rythme de son frère. De plus, ce dernier hérita du savoir de son aîné,…, enfin s'il pouvait encore l'appeler ainsi. En effet, maintenant, ils se développeront tel des jumeaux.

En desserrant leur étreinte, Mars et Vénus les regardèrent avec fierté. Toutefois, une seule chose inquiétait le dieu de la Guerre, l'ombre qu'il avait aperçu derrière Cupidon. Celle-ci était apparue pendant la cérémonie, au moment de la libération du sceau, et visiblement, il fut le seul à en être le témoin. Se pourrait-il que cela provienne de LUI ? Peu de doute lui était permis. SON sang venait probablement de se réveiller. Il allait devoir faire quelque chose avant qu’il ne soit trop tard, quitte peut-être à… Non ! Non ! Il ne voulait pas y penser. Il fera tout pour que cela n’arrive jamais. Pendant ce temps, indifférents à cette inquiétude, tous les Dieux les rejoignirent et les félicitèrent. Bien sur, le plus enthousiaste fut Mercure, qui sautait dans tous les sens, accompagné par Pan. Même Morphée sortit de sa léthargie pour partager ce moment de liesse. De son côté, Cupidon se risqua à regarder vers Minerve. Cette dernière le félicita, mais peu de chaleur se dégagea de sa déclaration. Elle fut plus chaleureuse avec Himéros, tentant de l’enlacer, ce qui fit soupirer le dieu de l'Amour. Apparemment, la déesse au casque spartiate avait une préférence pour son frère. Il n’était vraiment pas certain qu’elle le prenne au sérieux malgré les changements futurs. Par contre, il sourit en voyant qu’Himéros faisait tout son possible pour s'en débarrasser. Il semblait très peu enclin à répondre à ses étreintes. A ce moment-là, Jupiter reprit la parole, en s’adressant à l’assemblée divine d’un ton solennel :

« Mes amis, nous avons assisté à la personnification et au retour de deux divinités primordiaux, Eros et Antéros, disparus dans des circonstances inconnues. Apparentés au Chaos, ces deux divinités naquirent des mêmes éléments. L’intervention d’Eros a autorisé son union avec Nyx, ainsi que toutes celles qui suivirent, permettant ainsi la création de notre monde, et celui des Mortels. Cupidon, tu inspires cette invisible et inexplicable sympathie entre les êtres, pour les unir et pour procréer. Ta puissance s'étend au delà de la nature vivante. Elle rapproche, unit, mélange, multiplie, varie les espèces animales, végétales et humaines, en un mot de toute la création. Tu es le dieu de l'union, de l'affinité universelle. Aucun être ne peut se soustraire à ton influence, ou à ta force. Tu es la réincarnation d’Eros. »

Il fit une pause avant de se tourner vers Himéros :

« Toi, Himéros, tu es l'antipathie, l'aversion. Tu possèdes tous les attributs contraires à ceux de Cupidon. Tu sépares, désunis, désagrèges. Mais rassure-toi, tu es salutaire, car aussi puissant et fort, tu empêches les êtres de nature dissemblable de se confondre. Ainsi tu empêches des êtres non destinés à se rencontrer de s'aimer et de procréer. En d'autres termes, tu aurais empêché l'épouse de Minos d'aimer un taureau, et le minotaure n'aurait jamais vu le jour. Tu interdis à un parent de s'éprendre de son enfant. Tu régules le pouvoir de Cupidon, et ainsi tu empêches le retour du Chaos. Tu es la réincarnation d’Antéros. »

Tous furent impressionnés par cette nouvelle, sauf peut-être Deimos et Phobos qui jugeaient avoir été désavantagés. Tous deux devinrent encore plus jaloux, mais sans avoir le courage de Vulcain de défier le Destin. Après que Jupiter finisse son discours sous les applaudissements, Eole s'avança vers Cupidon et Himéros pour les féliciter, en amenant Iphigénie avec lui. La pauvre ne savait pas où se mettre. Elle ne se sentait pas du tout à sa place au milieu de toutes ces créatures olympiennes, surtout depuis que certaines Nymphes la regardaient et chuchotaient en la fusillant d’un regard noir. D’ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi une telle attitude à son encontre. Elle ne leur avait rien fait, puisqu'elle était restée au sein du palais des Vents depuis son arrivée. Personne ne la connaissait ici. Elle ignorait, qu’une jalousie profonde s’était emparée des Nymphes. En effet, pour dire la vérité, depuis qu'elle était apparue sur l’Olympe, Eole n'était plus venu les voir pour se divertir avec elles. Les jalouses n'en avaient jamais su la raison, jusqu'à ce qu'elles aperçoivent la mortelle. Le dieu des Vents ne venait plus, car il préférait rester et surement s’amuser avec Iphigénie, plutôt qu’avec elles. A l’opposé, la voyant, Himéros s'approcha d'elle et la remercia de ce qu'elle avait fait pour lui tantôt. La mortelle rougissante lui affirma :

« Je vous en prie, seigneur Himéros, vous n'avez pas besoin de me remercier. Je n'ai fait qu'obéir au seigneur Eole, en remplissant mon devoir. C'était la moindre des choses.

— Alors c'est toi que notre dieu des Vents cache en son palais ? demanda Jupiter la regardant de bas en haut avec un petit sourire. Intéressant, très intéressant.

— JUPITER ! Menaça Junon, quand elle vit l'attitude de son époux.

— Pas touche, sale dieu lubrique. C'est chasse gardée, » prévint Cupidon, faisant un clin d'œil à Eole.

En effet, ce dernier commençait à perdre son sang froid. Il n'avait pas supporté que le dieu des Dieux pose son regard un trop intéressé sur sa protégée. Oui, au vu de sa réaction, il en était définitivement amoureux. Il ne pouvait vraiment plus en douter. Se calmant grâce aux paroles de son ami, il le remercia silencieusement pour son intervention. Bien qu’ignorant des sentiments d’Eole, Himéros appuya les dires de son frère :

« Oui, vieux pervers. Je t'interdis de t'approcher de mon amie. Elle m'a aidée. Je compte payer ma dette.

— Alors, tu as aidé ce petit chenapan ? Demanda Junon. Nous avons une dette en effet envers toi. Demande-nous ce que tu veux.

— Non, je ne veux rien. Je dois la vie au seigneur Eole. C'est moi qui lui suis redevable, affirma Iphigénie.

— Même boire le nectar et l'ambroisie ? demanda Diane interloquée.

— ... Non... Je… J’ai fait un vœu. Si mon sort funeste m'était épargné, j'étais prête à vivre une vie misérable. Je compte respecter ma parole. Le Destin m’a permis de vivre dans un univers, que jamais je n'aurais osé rêver. Ce n'est pas pour demander encore une faveur, répondit la jeune mortelle, un peu hésitante. »

Cette réponse étonna toute l'assistance. Mais...

« Tu en es sûre ? Est-ce que tu ne serais pas entrain d'essayer de jouer avec nous, et plus particulièrement avec Eole ? Ne nous caches-tu pas ton véritable objectif, en jouant la prude ? Obtenir l’immortalité et le statut de divinité par la même occasion, en épousant un dieu par exemple, » douta à son tour Minerve.

Elle fut appuyée par les Nymphes dans ses paroles. Tous les visages se tournèrent vers Iphigénie, de plus en plus apeurée. Cupidon fronça les sourcils. Il ne comprenait pas la réaction de la déesse de la Sagesse. Pour la première fois, il décida de lire dans le cœur de son amie. Il y vit jalousie et méfiance. Méfiance, il en saisissait la raison. Tous les Mortels aspiraient à l’immortalité, voire même à la divinité. Par contre, la jalousie. Pourquoi, pensa-t-il. Et là, il comprit en posant son regard sur Himéros. Elle n'avait pas supporté que ce dernier défende Iphigénie, alors qu’il n’avait eu de cesse de la fuir. Elle ne supportait pas qu’une mortelle ait plus d’importance qu’elle. Il ne voyait que ça. Pourtant, Cupidon était sûr qu’Iphigénie ne jouait aucun rôle. Lors de leur rencontre, il avait profité du contact avec sa main pour la sonder. Et là, il avait vu une flamme forte en son cœur, une flamme qui ne pouvait mentir. L’Eros décida alors de défendre les espoirs du dieu des Vents :

« Tu devrais te taire, Minerve. Malgré ton statut de déesse de la Sagesse, tu ne connais pas le cœur des Mortels. J'ai confiance en Iphigénie.

— Iphigénie est avec moi depuis plusieurs années, et jamais elle ne m'a parlé d'un quelconque désir d'immortalité, bouillonna Eole. Elle a toujours vécu pour me servir, quitte à être mon esclave malgré son statut de princesse grecque. »

De son côté, la fille d’Agamemnon était attristée et horrifiée. Celui qui l’avait sauvée était sur le point de se battre pour la défendre. Il risquait d’en sortir blesser, et elle ne le supporterait pas. Elle se sentit responsable de la situation, et indigne de recevoir autant de considération. Voyant le poignard, utilisé par Jupiter, trônant sur un présentoir non loin d’elle, elle se lança vers l'avant et dans un geste vif s’en saisit. Elle l'approcha de son cou en affirmant avec force :

« Je ne veux pas que vous vous disputiez pour moi, seigneur Eole. Je ne veux pas que vous ayez des problèmes à cause de moi. Je préfère mourir qu'être responsable de votre malheur. »

A ces mots, elle commença à se trancher la gorge. Horrifié, Eole fit souffler une main de vent, qui lui attrapa le bras, et l'empêcha de continuer sa mutilation. Mercure se précipita à son tour, pour lui reprendre le poignard, pendant que le roi des îles éoliennes la prit dans ses bras, la jeune femme s’étant évanouie à cause de la douleur. Il en tomba sur les genoux. Venant à ses côtés, Esculape la soigna, avant qu'elle ne se vide de son sang. A la vue de la couleur pourpre sur cette peau blanche, le dieu des Vents, au summum de la colère, vociféra contre la fille du souverain de l’Univers :

« Minerve, que veux-tu comme autre preuve de sa sincérité ? Elle était prête à se sacrifier pour me protéger. En serais-tu capable toi-même ? Jupiter, je te demande juste de m’accorder une faveur.

— Quelle est-elle ?

— Qu’Iphigénie bénéficie de ta protection pour qu'aucun habitant de l'Olympe ne lui fasse du mal. »

Cupidon posa sa main sur l'épaule de son ami, afin de le calmer, et appuya sa requête :

« Jupiter, je connais le cœur des Mortels, et je sais que celui de cette jeune femme est pur. De plus, Eole a été présent avec moi face à Vulcain. Il a éloigné Himéros du danger, et elle l’a aidé à le mettre en sécurité. Je suis d'accord avec sa demande, afin de les récompenser. »

Vénus et Mars soutinrent leur fils, suivis par les autres Dieux. Après avoir débattu un instant avec Junon, Jupiter fit une déclaration :

« Très bien, Eole, tu as ma bénédiction pour garder Iphigénie, et je décrète que toutes personnes, ou créatures qui auront l'audace de lui faire du mal, seront sérieusement punies.

-—Merci, je vais rentrer. Il faut qu’Iphigénie se repose, conclue le dieu des Vents.

— Oui, tu as raison, Eole, continua Justitia. Les esprits se sont échauffés. Ce fut une journée remplie d'émotions. Tout le monde est fatigué. Rentrons tous chez nous. »

Aussitôt dit, aussitôt approuvé par tous. Alors que la lune s'élevait dans le ciel étoilé, tous les Dieux se dirigèrent vers leur palais. De son côté, Minerve fulminait. Elle ne supportait pas qu'on remette en cause son jugement. Toutefois, elle concéda à Eole une chose. Sa protégée semblait sincère et non intéressée. Par contre, elle ne pardonnera pas de ci-tôt à Cupidon, qui avait mis en doute sa sagesse. Loin de la colère de la fille de Jupiter, Vulcain rentra dans sa forge, et prit une décision à son tour. Il allait avancer, à partir de maintenant, sur un meilleur chemin. Celui-ci commençait par se pardonner et se faire pardonner. Il se fit la promesse d’y arriver, et débuta par analyser ses propres sentiments. Loin de toutes ces réflexions, dans son palais, Mars prit ses fils avec lui, et les informa qu'à partir du lendemain, il allait prendre en charge leur entraînement. Certes, ils étaient les dieux de l'Amour et du Désamour, mais ils se devaient de savoir se défendre. Leur expérience avec Vulcain l'avait fait réfléchir. La conclusion fut qu’ils avaient besoin de son enseignement, surtout si les Titans et les Géants s'échappaient de leur prison. Et qui mieux que le dieu de la Guerre pour les instruire dans l’art du combat. Cupidon et Himéros, en entendant leur père les informer de son programme, eurent les yeux pétillants. Ils étaient impatients de commencer.

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