Chapitre 24 Entre compétition et harcèlement
Souvent... la vérité fait plus mal que le mensonge.
Je suis la quatrième d'une famille de huit. Quatre garçons et quatre filles. J’ai compris très tôt qu’une dynamique de compétition s’était lentement installée. Enfin… senti, plutôt que compris.
Dévaloriser les autres était un des meilleurs outils pour se mettre en valeur. Un comportement plus ou moins conscient, destiné à attirer l’attention de parents fatigués et débordés.
De mon côté... j’ai plutôt développé le syndrome du "people pleaser" : les "people pleasers" s’excusent d’exister et ont l’impression qu’on leur fait une faveur en leur octroyant une place dans la société.
Il s’agit donc de personnes en manque de considération et d’amour-propre, qui cherchent à plaire pour susciter l’intérêt.
J’ai vite été accusée d’être un caméléon, de n’avoir "aucune personnalité".
Il m’était plus facile de penser que j’étais un problème à résoudre, avec beaucoup d’efforts et de sacrifices, que d’admettre que je me sentais en manque d’affection.
Je grandis.
Avec l’adolescence vinrent les formes. Et les critiques du grand frère, suivies par les autres :
- "T’es grosse."
- "T’es moche."
- "On dirait une pute habillée comme ça."
- "Sors pas maquillée comme une putain."
- "T'as des grosses fesses."
J’en riais. Mes parents ordonnaient parfois de se taire, ou ne remarquaient tout simplement pas. J’essayais juste de ne pas y faire attention, comme mon père me l’ordonnait.
Mais les mots ont pris racine. Marqués au fer rouge dans une âme en pleine construction.
Aujourd’hui, ces voix nourrissent mes divers psychological struggles : dysmorphophobie, anorexie, syndrome de l’imposteur, anxiété.
La vérité que je me suis toujours avouée, c’est que malgré tout ce que j’ai pu souffrir, jamais je ne les ai aimés moins.
Le mensonge... C’est que je me sens coupable de leur en vouloir encore, même maintenant qu’ils ont grandi. Que nous avons grandi.
De pleurer simplement parce que mon grand frère et sa copine discutent avec moi de sujets intimes, et que je suis heureuse.
Que je voudrais qu’il s’excuse.
Que je ne suis même pas certaine qu’il soit conscient du mal qu’il m’a fait.
Que je ne veux pas qu’il ressente de culpabilité, et que c’est pour ça que je ne lui en parlerai pas.
Qu’au fond, je suis encore blessée que mes parents n’aient rien vu, rien fait.
Que mes frères et sœurs aient suivi le mouvement, et ne m’aient pas défendue.
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