Chapitre 33 Le noyer au fond du jardin
J’ai eu la chance de vivre toute mon enfance dans une jolie maison entourée d’un grand jardin, dans un village, ni trop à la campagne ni trop à la ville.
Les arbres fruitiers ont fait partie de ma vie dès le début : cerisiers, pruniers, pommiers, poiriers…
Mais l’arbre qui m’a le plus marquée est le noyer du fond du jardin.
C’est dans ses branches que j’ai appris qu’on pouvait regarder dans le vide sans avoir peur de tomber.
C’est dans ses branches que j’ai passé de longues heures à jouer avec mes deux petits frères et la petite voisine.
J’y ai pleuré. J’y ai ri.
Je me souviens de journées d’automne à faire des grimaces aux vaches du champ d’à côté, ou à leur donner les pommes vertes tombées à ses pieds.
Il a aussi été témoin de quelques tragédies : mes premières expériences de harcèlement « faussement bienveillant », les crises d’ado de mon frère et de ma sœur aînés, particulièrement violentes, de graves disputes, des prises de tête…
Il a vu aller et venir toute ma famille, grandissant et vieillissant d’année en année, sans jamais changer d’un pouce. Ou presque.
Il restera toujours pour moi un rappel vivant que la vie passe, vite.
Que la nature nous précède et nous survit.
Qu’une vie humaine, si courte, peut être belle…
Que je serai toujours reconnaissante à mes parents de m’avoir offert ces racines…
Ce joli coin de Bourgogne, de Côte-d’Or, cette maison mouvante au fil des naissances et des départs…
Et le jardin, toujours soumis aux quatre saisons.
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