Guerre

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Quelque chose d’insidieux est en marche, encore en marge et, derrière les murs marmoréens, myriades d’oreilles, de murmures marmonnés, de rumeurs morbides, tintamarre mortifiant d’armures et de claymores. Et tandis qu’en coulisse s’ourdissent avec malice ces manigances dévastatrices, que les puissances se tancent avec violence, les peuples dansent et font bombance, se remplissent la panse de délices. Ils sont sans méfiance face à l’obsolescence de leur paix factice, leur armistice sans substance. Souffrance, cicatrices, démence et supplices seront leur pénitence pour leur indifférence face aux indices, leur ignorance des haruspices, leur décadence complice.

La paix se meurt sous le marteau martial. Paix moribonde et morcelée, qu’il faut pourtant préserver. Guerre qu’il faut prévenir plutôt que guérir mais que d’autres préfèrent quérir, chérir, poussant les peuples à l’abattoir, tels des caricatures d'équarrisseurs. La guerre, comme naguère ? Vulgaire affaire de militaires en manque d’adversaires, de sanguinaires légionnaires en colère, de fer, d’attaques éclair, d’éclats de chair. La guerre. Sombre présage du fond des âges, mirage de visages pleins de rage. Sang noir. Armes blanches. Vendange de hanches et de mâchoires. Déjà la mémoire flanche face à l’histoire. La victoire appelle la revanche, pour quelques territoires, un peu de gloire dérisoire.

La guerre. Cet air froid aux échos de tonnerre qui souffle sur les plaines, cette haleine pleine de haine et de colère, promesse de peine et de misère. Car entre guerre et paix, en cette période charnière, la frontière n’est guère épaisse, barrière précaire, comme de verre ou de porcelaine. Et le troupeau perd son instinct grégaire à toute vitesse sous les mots amers et pervers de quelques brebis galeuses. Traîtresses avides de richesses, coupant la laine sur le dos offert de leurs frères, elles prennent le mohair et offrent le mot haïr en échange. Et voilà que s’agitent les cimeterres, avant que ne se creusent les cimetières. Et nous, pauvres belluaires, face aux bêlants et belliqueux bellicistes, aux béliers belligérant, cherchant dans la prière le dénouement de cet enfer, rien qu’un apaisement éphémère. Espérant que la guerre, si vile au loin, ne se fasse civile en nos frontières, fratricide conflit de familles fracturées, affreuse et frénétique frayeur, affolant effroi, frisson néphrétique d’être forcé d’affronter frères ou fréquentations.

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