Folie

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Le fou gambade, ingambe, gamberge, c’est la ronde vagabonde d’un fou follet qui court, flambe, crépite. Il saute encore, il rue, il folâtre, il batifole ! Il fait bien ce qu’il veut, les ruelles sont propices aux ruades, et le fou se sent d’humeur folichonne. Ne t’en déplaise lecteur, il compte bien folâtrer et batifoler tout son soûl. Saoul, il ne l’est pas, s’il sourit, l’insoumis, c’est d’être soulagé, absous des soucis qui souillaient son libre esprit. Folie douce que voilà, comme le vol agile d’un volubile volatile, démesure de muse, amusement de musiciens musards. Oh oui, contemple les étoiles ! Contemple, lésé, toi le fou !

Car la folie, parfois, hélas, se fait féroce, le fou s’enferme dans le silence, exil salutaire du solitaire. Hier exubérant, il jette à présent sur les cicatrices de ses excès le sel exfoliant de la pénitence, il explore les délices exquis de ce supplice existentiel, exutoire démentiel dont on l’exhorte à s’extraire. Le fou s’est fourvoyé, nul besoin de souffrance et de vice, de ces artifices sans le moindre sens. Sa folie est pulsion créatrice, effervescence et malice, extravagance et caprice, non l’absence de toute forme d’intelligence. C’est une évidence ! Mais ce vide qu’il ressent ? Une simple idée, symptôme d’un esprit non pas simple mais singulier. Il est un déviant dont les pensées ne suivent nul chemin, elles courent à travers champ. Le champ des possibles. Ou celui de l’impossible. Peu importe, il n’existe pas pour lui. Son esprit rutile, subtil, versatile, fertile. Le fou est le maître du jeu, espiègle et sans règle, libre comme l’aigle dans son déséquilibre. Le fou monte dans les tours, se montre fort cavalier, il fait perdre la tête aux reines et transforme les rois en simples pions. Le fou est génie, si la folie est son alliée, cela le rend-t-il fou à lier ?

Il aime la mer le fou. Il aime ses vicissitudes si semblables à celles qui secouent son esprit insensé. Sus à l’azur, à lui les cumulus et leurs éclaboussures ! Tel le fou de bassan il s'élance, bat le busard et le balbuzard, dédaignant le danger, il danse, dantesque, dans l’ouragan. Le fou suinte et sourit, soulevé, soufflé, saoulé, sublimé, il s’essuie, s’essore, reprend son essor. YIIIIIIHAAAAAHAHAHAAAA ! Il ne peut s'empêcher de hurler. Oui, il hue les nues, il houspille la houle, il se bat l’oeil du cyclone. Le fou se hisse, la bouche ouverte comme une vasque où s’engouffrent les bourrasques, il avale les rafales, déglutit le déluge, il chante la tourmente, le ventre plein de vent, la tête pleine de tempête. Il est dans son élément dans leur folie, dans leur déchaînement. La mer s’ouvre sous lui, se creuse, furieuse, et se redresse sans cesse. Il glisse sur l’écume d’une lame, il rit, la spume au lèvres, embrasse les embruns, fronde l’onde furibonde de sa faconde.

Il a l’esprit si léger, le fou, que le vent l’emporte, silhouette solide et solitaire dans le sillage salé des alizés. Au revoir désespoir et idées noires, salut aube blanche, nuages d’ivoire et ciel pervenche, au loin les nuées incontinentes prennent la fuite vers d’autres continents. Du fou nulle trace, n’en reste hélas qu’un souvenir fugace, un écho dans l’espace et, oublié dans une glace, un reflet qui s’efface.

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