Épisode 2 : celui qui veut devenir influenceur

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Rachel se demandait ce qu’elle faisait là – et pourquoi elle avait appliqué cette tonne de mascara pour… ça. Pendant des années, elle avait écumé les bars les mieux cotés de Paris. Toujours au top de la mode. C’était son boulot après tout. En quelques minutes – soyons réalistes, en quelques heures sans doute – elle se métamorphosait en Cendrillon 2.0. Veste Chanel sur un pantalon déchiré à 3000 dollars – rien de plus chic que le faussement négligé. Et ses chaussures Louboutin. Si elles lui avaient ruiné les pieds à vie, elles avaient au moins attiré les regards… et les "propriétaires" de ces regards. Propriétaires qu’elle pouvait habiller – et parfois déshabiller, si l’occasion se présentait – à l’envi. Elle avait même croisé Brad Pitt une fois – pourquoi avait-il été si froid avec elle, elle ne le saurait jamais. Mais elle l’avait rencontré sur un bar en terrasse au top des lieux les plus tendance.

Alors, oui. Vraiment. Que fichait-elle ici dans sa tenue impeccable… qui ne le resterait pas bien longtemps? Bon sang, elle avait toujours aimé cet endroit pourtant. Le café, les rires, le canapé orange. Mais là… Elle avait peut-être changé… Mais l’odeur n’était quand même pas faite pour la séduire. Beurk, cette odeur. Elle fronça le nez, se demandant comment Phoebe avait pu transformer le Central Perk en… ça.

- Alors, tu en penses quoi ? lui demanda Phoebe en sautant sur place, à côté d’elle.

- C’est… je… je ne trouve pas les mots. C’est…, balbutia Rachel, le nez froncé.

- Incroyable ? Exceptionnel ? Indescriptible ?

- Indescriptible. C’est ça… indescriptible… répondit Rachel en parcourant le bar du regard et en se passant délicatement le poignet sous le nez pour tenter de masquer l’odeur.

- Indescriptiblement pourri, oui, lâcha Emma d’un air de dégoût.

- Emma s’il te plaît… souffla Rachel en se laissant choir dans le fond du fauteuil. Ça suffit avec tes rem…

Dans son dos, une masse chaude se mit à bouger. Pendant quelques secondes, elle crut que c’était le bras de Joey, avant de se rendre compte que ce dernier était de l’autre côté de la pièce. Elle sursauta alors en hurlant.

- T’inquiètes, c’est Nestor. Il ne ferait pas de mal à un rat, dit Phoebe en saisissant le chat. En revanche, je te conseille de faire attention à Bouli. Il est assez ronchon et ne supporte pas les nouvelles têtes. Enfin, les nouveaux pieds surtout.

C’est le moment que choisit ledit Bouli pour sauter, toutes griffes dehors, sur les bottes de Rachel.

- Mes bottes, mes bottes ! Phoebe ! Reprends ton chat !

- Je suis désolée, mais celui-là, quand il a une cible, il ne la lâche plus…, répliqua Phoebe en haussant les épaules. Enlève tes chaussures, c’est mieux pour ton aura !

- Que je… ? Tu plaisantes, j’espère ?

- C’est bon Rachel… ce ne sont que des bottes. Et puis tout ce cuir… Tu n’as pas honte ? Dis-toi que, tout ce qui t’arrive, c’est peut-être le Karma. Tu connais le Karma ? C’est super intéressant comme …

- Ça va, ça va ! Fiche-moi la paix avec ton fichu Karma, lâcha Rachel tout en se contorsionnant pour éviter les griffes de Bouli.

Et c’est pieds nus et humiliée, qu’elle regarda ces perles venues tout droit d’Italie être déchiquetées par ce satané monstre à poils.

- D’enfer ! s’exclama Emma en filmant sa mère sous toutes les coutures. Au moins, ça fera quelque chose à raconter sur mon vlog. Je garantis les centaines de vues en quelques heures. #WelcomeBackNY #BarÀChats #FaitesPlaceÀEmma #LeRidiculeNeTuePas.

- Emma ! hurla Rachel avant de s’asseoir à nouveau. Oh, et puis flûte, fais ce que tu veux… Super. Je suis devenue officiellement un même. Voilà ma carrière…

Joey, jusque-là absorbé par son café, releva soudain les yeux.

- Tu fais quoi, là, Emma, au juste ?

- Mon vlog, marmonna la jeune fille.

Joey hocha la tête, très sérieux.

- Pour info, quand il fait cette tête-là, c’est qu’il n’a rien compris, lâcha Rachel à sa fille.

- Beh… pas du tout, enfin…

- OK, alors explique-moi ce qu’est un vlog ?

- C’est, c’est… un « valgo shmilbilg poussa poussa », tenta-t-il d’articuler.

- Pardon ?

- Tu ne peux pas comprendre, c’est de l’espagnol. C’est Phoebe qui me l’a appris.

Phoebe haussa les yeux au ciel.

- Je t’avais aussi appris à prendre une grande inspiration avant de parler, Joey. Apparemment, ça non plus, tu n’as pas retenu.

Emma se leva du fauteuil qui, de toute façon, la démangeait – un fauteuil en poils d’alpaga, sérieusement, quelle idée ! Puis se dirigea vers « tonton Joey » - malgré son côté décalé, il avait toujours été son préféré – pour lui expliquer le principe de son vlog, #welcomebackNY.

Cette fois, c’est de stupéfaction que Joey écarquilla les yeux.

- Tu veux dire qu’il y a des milliers de personnes qui regardent tes vidéos ?

- Ouaip… Mais j'dois encore travailler pour développer mon nombre de Followers. Faut que je trouve un concept hyper innovant, tu vois.

- Et, tu peux me filmer ? Ça pourrait me faire de la pub, ça !

- Euh, en soi, les... stars hasbeen, c'est à la mode donc…

- Has-quoi ? l’interrompit Joey.

- Hasbeen… C’est ce qu’on dit pour les acteurs qui… reviennent au top, répondit Emma en improvisant pour ne pas le vexer.

- Trop bien ! Je fais quoi ?

- J’en sais rien, mais… sois original et naturel à la fois.

Joey se redressa, excité par cette nouvelle expérience. Après quelques minutes d’ajustements capillaires, il se déclara prêt. Emma soupira – ce tournage allait être long. Elle activa la caméra de son smartphone et Joey fit semblant de boire son café avant de pivoter la tête vers l’écran et de lâcher en souriant :

- Salut, toi !

- Joey ! hurla Rachel. Ça ne va pas de parler comme ça à Emma ?

- Mais pas du tout, se défendit-il, confus. Ce n’est pas à elle que je m’adresse, mais à toutes celles qui verront cette vidéo. Ce truc est génial pour draguer. Je commence à avoir fait le tour du quartier – et pas qu’une fois. Faut que j’élargisse mes horizons !

Des cris et hurlements se firent entendre de l’autre côté de la pièce.

- Attention, laissez passer ! J’ai dit : laissez passer ! Apple, Kiwi, dégagez le chemin ! Peach, laisse madame tranquille, voyons !

- Mais c’est parce que Félix s’est accroché à sa jambe et que…

Un bruit de vaisselle cassée retentit, suivi de jurons. Mike était à terre, entouré de tasses et de soucoupes brisées. La carafe de café se renversa sur une cliente qui, dans un réflexe désespéré, tenta d’agripper la table où trônait un chat. Celui-ci, visiblement ravi par la situation, bondit avec élégance… directement sur le malheureux Félix, qui miaula de frayeur et planta ses griffes dans les jambes de la dame.

Effarée, celle-ci se mit à hurler de toutes ses forces – Hulk lui-même aurait sans doute été impressionné – et à secouer son pied pour essayer de se débarrasser du félin qui s’accrocha encore davantage à cet arbre à chats géant, avant d’entamer un vol plané digne des plus grands superhéros.

Mike, toujours à terre, releva la tête vers la cliente, et tenta, dans un demi-sourire :

- On vous offre le dessert ?

Les joues de la dame étaient aussi rouges qu’un homard trop cuit, mais cette question fut celle de trop.

- Mais vous êtes complètement malades ! Je ne remettrai plus jamais les pieds dans votre stupide… bar à chats. Et ne comptez pas sur moi pour faire votre publicité, hurla-t-elle en sortant à toute vitesse et laissant place à un Chandler, médusé.

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? Vous avez reçu Stéphanie de Monaco ou quoi ? demanda-t-il.

Mike, tout affairé à ramasser les débris de vaisselle, leva vers lui un regard perdu. Quel rapport Stéphanie de Monaco pouvait-elle bien avoir avec toute cette histoire ?

Et là, bras en l'air et hanches en mouvements, Chandler entonna :

- Comme un ouragan, qui passait sur moi, les chats ont tout emporté !

Fier de lui, il se tourna vers Emma :

- Ça te rappelle des souvenirs, hein ?

- M’man, il parle de quoi, là ? lâcha la jeune fille, incrédule.

- Pas la moindre idée, soupira Rachel. Avec Chandler… on ne sait jamais.

- Mais enfin ! hurla celui-ci. Vous revenez bien de France, non ? Stéphanie de Monaco ? La princesse ? C’est hyper tendance, non ?

- Ah, ça y est, j’ai trouvé, dit Emma le regard rivé sur son téléphone. Mais cette chanson date des années 80… Y avait pas encore les dinosaures, à cette époque-là ?

- Les chats ont tout emportééééé ! Ah oui, j’aime bien !

Tous les yeux se tournèrent vers Phoebe qui, guitare à la main, venait sans aucun doute de dénicher une nouvelle inspiration.

Apple s’approcha de sa mère et se mit à entamer une danse endiablée.

Le dynamisme était là. Le sourire aussi.

Le rythme, en revanche… Rachel soupira : elle tenait bien de Phoebe....

Bango et Jango accoururent pour accompagner leur sœur dans un joyeux capharnaüm.

Les clients commencèrent à applaudir, encourageant les jumeaux, qui sautèrent, survoltés, sur les fauteuils, telles des rocks star sous caféine.

Phoebe, elle, continuait de gratter sa guitare, complètement dans sa bulle.

- Oh, quelle énergie! De futures célébrités, vous ne croyez pas? demanda-t-elle, radieuse.

Apple, de son côté, ne voyait pas les choses du même œil. Déjà qu’être triplée n’était pas simple. Mais si ses frères lui volaient la vedette, là, c’était le pompon !

La colère s’empara d’elle et elle sauta sur le sofa, poussant par la même occasion Jango qui, dans sa chute, agrippa le pantalon de Bango. Ce dernier offrit ainsi à chacun la plus belle vue de son postérieur.

Après quelques secondes de flottement – juste le temps que tout le café réalise ce qu’il venait de voir – Bango se remit à se dandiner, comme si de rien n’était.

Sans pantalon.

- Regardez, c’est mon fils, s’exclama Mike, en applaudissant. Quel sens du spectacle !

Un spectacle que de nombreux clients fuyaient, gênés pour certains. Outrés pour d’autres.

Un bar à chat pour prendre un thé, oui. Mais pas assister à une représentation de chippendale miniature !

- Jango ! Euh… Bango… hurla Rachel. Remets ton pantalon tout de suite !

Le bourdonnement d’un insecte n’aurait pas eu davantage d’effet sur le garçon qui poursuivit ses gesticulations. Pire encore, son frère, trouvant la situation hilarante, décida d’imiter son jumeau.

- Mais, Phoebe, fais quelque chose… balbutia Rachel. Ils, ils…

Phoebe, toujours occupée à composer, haussa les épaules.

- Que veux-tu que je fasse ? Et puis, c’est la nature, Rachel ! Toi et ton souci des convenances… Ils sont si coincés que ça les Parisiens ?

- Les… Mais ce n’est pas qu’à Paris,… Regarde autour de toi. Chandler, tu ne penses pas…

Mais Chandler s’était levé et lancé dans une danse endiablée avec les jumeaux dans des mouvements… improbables.

- Oh, et puis flûte, fais ce que tu veux. C’est ton café après tout.

- Tu m’avais dit qu’ils étaient un peu chtarbés, mais là, c’est genre pas possible…, lâcha Emma.

- Emma ! grogna Rachel, entre ces dents.

- Laisse, c’est bon, affirma Phoebe.

Puis, se tournant vers Emma.

- Il va falloir apprendre à mettre un peu de folie dans ta vie, ma cocotte. Parce que, si tu restes aussi coincée que ta mère… tu n’auras jamais de succès avec tes vidéos.

- Pas faux, répondit Emma, levant les yeux au ciel, en pleine réflexion…

Rachel secoua la tête, exaspérée, une mèche échappée lui barrant le front.

- Super, je vois que tout le monde se met contre moi…

- Oh, ça ne doit pas beaucoup te changer, ça… rétorqua Ross en entrant, les mains dans les poches.

Rachel soupira bruyamment, comme si tout le bar devait approuver son agacement.

- Ben voyons, il ne manquait plus que lui…

Elle se cala au fond du fauteuil – après avoir vérifié l’absence de chat, cette fois – et croisa les bras, décidée à ne plus ouvrir la bouche.

Phoebe pouffa, Emma aussi. Ross, lui, gardait ce petit air satisfait qui lui allait si bien quand il se sentait dans son droit. Ce qui ne l’empêcha pas de grommeler…

- Vous ne devinerez jamais la dernière…

- Non, mais j’imagine que tu vas nous l’expliquer… Par contre, je te préviens, on n’a plus de place sur le frigo pour tes petits dessins de dinosaures, rit Chandler en hochant la tête, fier de sa blague qu’il était le seul à comprendre.

Le cou tendu, Ross se redressa un instant, les sourcils froncés, avant de poursuivre.

- Bref… Vous vous souvenez de cette fonction de direction de musée qu’on me proposait ?

Avant même d’attendre une réponse – qui ne viendrait de toute manière jamais – il reprit.

- Et bien la directrice actuelle, qui devait rejoindre Tokyo… hésite. Elle n’est plus sûre de partir. Et donc, moi, d’avoir son poste… Ces gens qui changent constamment d’avis, c’est pénible, vous ne trouvez pas ?

Son regard glissa alors vers Rachel, qui ne put se contenir plus longtemps.

- Bon sang, Ross. Ça fait plus de dix ans maintenant ! Tu ne penses pas qu’il est temps de passer à autre chose ?

Rachel avait levé les bras au ciel, comme si elle suppliait l’univers de lui donner raison.

- Autre chose ? Tu m’as privé de ma fille pendant tout ce temps.

- Ross, je te signale que tu l’as vue à chaque période de vacances. Et puis, tu n’avais qu’à venir avec nous, à Paris.

Ross la fixa, les épaules raides, le ton cassant.

- Je te rappelle que j’avais un boulot ici, moi.

Furieuse, Rachel se leva en hurlant et s’avança vers lui, le pointant du doigt, sa voix montant dangereusement dans les aigus.

- Et moi ? Je devais t’attendre bien sagement, là ?

- Quelqu’un veut un lait de chèvre ? tenta Phoebe pour calmer l’atmosphère, sans succès.

- L’époque de la femme au foyer, c’est fini, Ross ! Nous avons également le droit de faire carrière, figure-toi.

- Bien parlé, m’man, les coupa Emma. D’ailleurs, moi aussi j’ai mon projet de carrière.

Ross et Rachel s’arrêtèrent net, se souvenant soudain que l’objet de leur dispute se trouvait toujours là. Chacun se rassit, tentant de se donner une contenance.

- Un projet de carrière ? s’étonna Rachel, peu habituée à voir sa fille si… mature. Tu sais, tu as le temps de…

- C’est très bien d’élaborer des plans sur le long terme, la coupa Ross.

- Des plans, des plans… Pas de doute, c’est bien une Geller, marmonna Chandler, lassé de la joute verbale entre ses deux amis.

- On t’écoute, ajouta Ross. Et on te soutiendra, bien évidemment… Tant que cela te permet de rester à New York et…

- Ross, ça suffit !

Rachel se tint droite, faisant mine d’être tout ouïe – tout en se demandant surtout comment gagner le combat du meilleur parent.

Emma se redressa et commença par lisser ses cheveux et sa jupe, comme avant une présentation officielle. Pas de doute, elle tenait de sa mère, pensa Phoebe à son tour.

Tout sourire, la jeune fille prit une grande inspiration avant de lancer :

- Je vais créer des vidéos…

Le silence tomba. Tous la fixaient, attendant la suite… qui ne vint pas.

- Des vidéos ? tenta Rachel, un sourire crispé aux lèvres. Tu peux préciser ?

- Ben des vidéos quoi… De tout. De ma vie. Des choses à faire à New York. Des vêtements stylés… Influenceuse, quoi !

- Influ… quoi ? demanda, Ross, déjà blême.

- In-flu-en-ceu-se. Je fais des visuels. Je les poste et en échange, j’ai des cadeaux, des réductions dans des supers resto, spas…

Ross prit sa tête dans les mains comme si sa tension venait de grimper en flèche.

- Mais… Emma, ce n’est pas un « vrai » métier.

- Ross, la coupa Rachel. Laisse-la terminer, tu veux ? Et puis, faut se tenir à jour, mon vieux. C’est hyper tendance depuis quelque temps… Certains en vivent comme…, oh bon sang, comment s’appelle-t-elle, déjà ? Ah oui, Kim Ficher.

- Fletcher, m’man. Kim Fletcher. Et, oui c’est à la mode. Ça fonctionne trop bien. D’ailleurs, je vais arrêter l’école pour pouvoir faire ça quand j'en ai envie.

- Ah tu vois qu’elle a un plan de… commença Rachel avant de réaliser.

Elle se figea, les yeux ronds.

- Comment ça arrêter l’école, non, mais ça va pas la tête ?

Ross et Rachel se tournèrent l’un vers l’autre, avec le même air désespéré.

- On a raté un truc, souffla Rachel.

- Ou une génération entière, ajouta Ross.

Joey leva la tête, un sandwich dégoulinant entre les mains, la bouche pleine.

- Moi, ch’trouve qu’elle a raison. Ai vu ses vidéos… top. Aurais bien aimé avoir ça à son âge. Pour draguer…

Rachel ferma les yeux dans un soupir. On ne le changera jamais. Emma en profita pour lâcher, l’air de rien :

- Ouaip… à c’propos… J’ai rencontré un mec sur Internet.

Ce fut la goutte de trop et Ross recracha le café qu’il tentait d’ingurgiter. Comme si cela pouvait calmer la situation, Emma ajouta précipitamment :

- T’inquiète, p’pa. C’est un chouette gars. Il a mon âge et… il veut te... enfin vous voir. Il sera là d’une minute à l’autre d’ailleurs.

Ross étouffait, cherchant à articuler quelques mots qui avaient bien du mal à sortir. Il aurait aimé être un « papa cool » pour cette fille qu’il n’avait quasi pas vu grandir. Mais ça faisait trop d’un coup…

- Un garçon ? Mais… mais… Comment ? Je veux dire… ça fait à peine deux semaines que vous êtes rentrées… Et tu n’as même pas quinze ans… c’est…

- Justement, c’est grâce à Internet. Et puis j’ai quasi quinze ans. C’est presque officiel, non ?

- Allez, Ross, ne sois pas vieux jeu, soupira Rachel. On a tous eu notre premier coup de foudre à cet âge-là. Les premiers baisers, tout ça…

Elle le regarda, pour mieux lui lâcher, un sourire en coin :

- Ah non, j’oubliais, certains n’ont rien connu avant… quel âge déjà ? Vingt-cinq ans, c’est ça ?

- Vingt-trois… grommela, Ross. Et ne te moque pas. Moi, au moins, je ne courrais pas après tout ce qui bouge. J’ai attendu de trouver la bonne.

Rachel éclata de rire, les larmes aux yeux :

- Ah oui, ça… on voit ce que ça a donné.

Puis se tournant vers Emma, elle lâcha d’un ton sarcastique :

- Je t’en prie, ma chérie… pour ce qui est des relations amoureuses, ne demande pas conseil à ton père. Tu as le temps pour le mariage. On ne se marie qu’une fois dans la vie… normalement.

- Très drôle, répliqua Ross dans une grimace. Ça faisait longtemps qu’on ne me l’avait plus faite.

- Une fois… Tu veux dire une fois par décennie, lança Chandler, hilare, un chat tigré posé nonchalamment sur son épaule.

Ross souffla, les yeux levés au ciel, exaspéré comme à son habitude.

- Génial, même les chats se moquent de moi, maintenant ?

- Non, ils rient avec toi, ajouta Chandler, tentant de se débarrasser du félin. Enfin… je crois…

Phoebe leva la tête, derrière le comptoir.

- Attention, Chandler. Il n’aime pas qu’on le dérange pendant sa sieste thérapeutique.

- Pas de souci… J’ai l’habitude de me faire discret à la maison aussi…

Son rire résonna à travers la pièce et personne ne sembla remarquer le dépit dans sa voix.

- Elle prépare toujours son concours de pâtisserie ? demanda Rachel.

- Plus que jamais. Interdiction pour moi de mettre les pieds dans la cuisine. Jack et Erika font les cobayes, pour leur plus grand plaisir. Et moi, vous me connaissez, je suis le boulet qui va tout renverser et qui va empêcher « la créativité de trouver toute sa place », lâcha-t-il dans un demi-sourire.

De son côté, Joey, qui attaquait un nouveau sandwich, se renfrogna.

- Et pourquoi elle ne me demande pas de goûter ? Je serais bien plus efficace que les enfants. J’ai l’expérience quand même !

- Toi, t’aurais tout mangé avant même qu’elle ait fini et…

- Le voilà !

Emma, le nez sur son téléphone, sauta sur ses pieds, excitée tel un chat devant la lumière d’un laser.

- Qui ça ?

- Tom !

- Tom ? déglutit Ross… le fameux…

- Mon mec, oui !

- Ton ? ah…

Emma bondit à l’extérieur du café. Ross se leva et redressa les épaules, s’époussetant la veste de son costume.

- Ça va ? Je suis présentable ?

- Ross, c’est juste l’amoureux du moment de ta fille, respire… Et puis c’est à lui de te faire bonne impression, normalement.

À cet instant, Emma entra à nouveau dans le bar, accompagnée d’un jeune homme aux cheveux blonds. Rachel soupira. Au moins, Emma n’avait pas été choisir le bad boy du lycée. Ross serait soulagé. Le garçon avait ce côté bon chic bon genre. Chemise bien ajustée, jean sobre. Ni trop raide, ni trop prétentieux, il avait déjà l’air à l’aise au milieu des chats de Phoebe et du chaos ambiant.

Rachel s’apprêtait à l’accueillir dans un sourire quand elle aperçut Ross s’effondrer dans un fauteuil.

- Ross, lève-toi, marmonna-t-elle. Arrête de faire ta mauvaise tête. Tu pourrais au moins faire un effort pour ta fille.

Ross ne semblait pas l’entendre. Il se tenait le visage dans les mains, l’air dépité.

- C’est pas vrai… Mais dites-moi que ce n’est pas vrai…

- Quoi encore ? C’est la couleur de sa chemise qui ne se plaît pas, c’est ça ? demanda Rachel, agacée.

- Non, c’est juste que je le reconnais… C’est… oh bon sang, ce n’est pas possible.

- Bon, tu accouches, là ? Tu commences à me faire flipper !

- C’est… le fils adoptif de Suzanne et Carole.

En entendant la conversation, Mike se pencha vers Phoebe.

- Carole c’est bien… ?

- Son ex-femme, oui, soupira Phoebe.

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