11 octobre –

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J’en ai marre. Tout a l’air si simple quand c’est les autres.
T’imagines ? Je me fais ridiculiser par une gamine de neuf ans. Je suis incapable de me retourner, j’ai peur à chaque poussée. Et le pire, c’est que je sais que je pourrais y arriver. Je le sais. Si seulement j’avais pas peur.
La peur, c’est comme courir un sprint, mais avec un putain de mur à grimper avant.
Je perds un temps fou à me battre contre cette peur – et pour quoi ? Pour finir à genoux sur le sol, les bras en croix comme une conne.
Et puis… cette chute. Putain, cette foutue chute. C’était tellement pathétique que j’ai cru que la terre allait s’ouvrir pour m’avaler.
Yvan a raison : je peux pas prétendre être une patineuse si je sais même pas faire une arabesque de merde. Et puis, c’est vrai quoi : peut-être que si j’étais un peu moins grosse… enfin, un peu plus mince… j’aurais pas à me battre contre tout, tout le temps.
Je sais que ça sert à rien de penser comme ça, mais je peux pas m’en empêcher.
C’est tellement injuste. Je donne tout ce que j’ai. Tout. Mais ça suffit pas. ça suffit jamais.
J’arrête pas de me dire que si j’étais plus mince, on m’aimerait plus. Que si j’étais plus mince, je serais une meilleure patineuse.
Je sais bien que c’est faux, bordel. Je le sais. Mais j’arrive pas à m’en convaincre.
C’est con parce que je vois bien que je fais des progrès. Des trucs pas trop mal.
Je suis souple, merde ! Et surtout, j’aime ça. Je vis pour ça.
Mais c’est pas assez.
Je suis juste une incapable, grosse, moche, inutile.
Nulle quoi.
Bon, c’est vrai. Y a Tommy. Grâce à lui, j’arrive à croire un peu que je suis pas qu’une merde ambulante. Mais c’est pas lui qui va me sauver. Je peux pas me reposer sur lui à chaque fois que je me casse la gueule.
Si Yvan me dit que je dois m’améliorer, c’est que c’est vrai. Il est coach, pas psy.
C’est comme ça.
Je peux pas prétendre avoir le niveau de Léonie. Je l’aurai jamais. Mais… j’ai le droit de rêver, non ?
Même si au fond, je sais que je resterai un putain d’escargot sur un mur : un pas en avant, trois en arrière, et basta.
Ah. Et au fait : j’ai découvert une boutique qui vend des patins et des équipements.
En vrai, c’est assez cool ! Et la vendeuse… elle est chouette.

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