Elise

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Lorsque je m’étais réveillée dans mon lit, je n’avais pas tout de suite compris.

Il m’avait fallu du temps pour remettre toutes les pièces du puzzle dans l’ordre.

Trop tard pour m’enfermer dans la salle de bains, seule pièce munie d’un verrou intérieur.

Cela aurait-il changé quelque chose ? Je ne crois pas.

Toujours est-il que je ne comprends pas pourquoi il m’avait porté la première fois jusqu’au lit.

Une pensée me glaça. Pour abuser de moi ?

Un frisson me parcourut. Je n’y avais pas prêté attention au sortir de mon cauchemar tant mon corps était perclus de douleurs. Soudain le doute m’étreignit.


Il m’avait déjà forcé plusieurs fois à avoir des rapports lorsque je n’avais pas envie sans vraiment de violence. Simplement par chantage moral. Ce n’était pas un viol entre mari et femme même si la loi avait récemment changé. C’était mon obligation maritale comme il me l’avait dit plusieurs fois.

Lui donner du plaisir unilatéralement.

J’aurais pu aller vérifier sur ma culotte s’il y avait des traces suspectes mais cela aurait servi à quoi ?

Alors que j’en étais à ces pensées, le téléphone se mit à vibrer. Elise.
J’hésitais un instant à faire la morte et à ne pas répondre pourtant je décrochais.

La connaissant, elle se serait déplacé jusqu’à la maison et il aurait été encore plus difficile de décliner son offre face à sa ténacité.

Surtout, je ne voulais pas qu’elle me voit, elle aurait pu faire le parallèle avec les femmes dont elle s’occupait.

Sans compter que j’avais vraiment besoin d’une marque de tendresse immédiate.

Son ton enjoué et lumineux me réchauffa un peu le cœur.

« Coucou ma belle ! Comment vas-tu ? Alors c’est bon pour jeudi ? Je passe te chercher à quelle heure ? »

Elise dans toute sa splendeur, une vraie tornade, pas le temps d’en placer une.

Si je laissais faire, je ne pourrai plus faire machine arrière.

« Oh, je suis désolée mais j’ai chopé la crève. J’ai 39 de fièvre depuis ce matin, et j’ai mal à la gorge. On se rappelle la semaine prochaine. Tu veux bien ? »

C’était sorti tout seul. Mentir était devenu un art que je pratiquais au quotidien avec Evan. Il fallait ça pour éviter tout ce qui pouvait le contrarier ou l’énerver.

Ma voix s’était brisée sur les trois derniers mots. C’était une supplique plus qu’une question.

J’avais besoin d’elle. Elle avait été ma confidente, mon rempart, ma sœur de cœur. Des larmes se mirent à couler de mes yeux.

« Stéph. Tu es sûre que ça va ? »

Le diminutif de mon prénom me bouleversa. Elle ne l’utilisait que lorsqu’il y avait quelque chose de grave.

Je reniflais et essuyais du dos de la main mes yeux et mes joues.

« T’es bête. Je te dis que je suis malade. »

Il fallait que je mette le ton de ma voix et mes larmes sur le fait mon état grippal. Fidèle à elle-même, elle tenta.

« Je vais passer t’amener de la soupe bien chaude et m’occuper de... »

« NON ! » J’avais crié.

Déglutissant, les mains tremblantes, le téléphone avait failli m’échapper des mains. Je repris précipitamment.

« Je suis désolée, mais je suis peut être contagieuse. Je ne voudrais pas que tu amènes ça à l’association. Ce n’est que partie remise, je t’assure, mais là il faut vraiment que j’aille me reposer. J’ai un mal de tête épouvantable. »

Après un silence, Elise baissa les armes et me fit promettre qu’en cas de besoin je la contacte.

J’acceptais. C’était le mieux que je pouvais obtenir.

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