Lettre N°10 - 18/08/20 

6 minutes de lecture

Coucou Abuelo,

Je ne t'ai pas trop écris depuis mon anniversaire, ce n'était pas l'envie qui me manquait pourtant. J'avais pleins de choses à te dire !

Tout d'abord j'ai signé le bail de mon appartement le lendemain de mon anniversaire, ca fait pas mal pour les 18 ans, je ne risque pas de l'oublier celui là. C'est un super cadeau d'anniversaire, clairement !

On a même commencé à emménager certaines petites choses sur place. J'ai déjà quelques objets pour ma salle de bains, du rangements en plus , quelques produits d'entretien, ou même des torchons de cuisine.... Ça fait tout drôle de se dire que ces choses qui paraissent peut-être anodine sont : à moi ! J'ai aussi décidé de laisser tous mes cadeaux d'anniversaire là-bas, ils attendent sagement mon retour et mon emménagement, le 29 août ! J'ai super hâte d'ailleurs !

Je travaille, oui j'ai trouvé un petit boulot. Je me souviens pas te l'avoir dit d'ailleurs. Je suis très contente c'est cool de commencer sa vie d'étudiante avec un petit salaire !

Ce qui m'amène à t'écrire aujourd'hui, et ce, de bonne humeur, je précise ! Mais tu verras après j'ai encore quelques petits trucs à te dire avant, je préfère garder le suspense.

Tom est impatient en ce moment, il va faire la nuit de survie avec papa. Tu sais le cadeau que tu lui a fait à Noël, celui de l'aventure de survie. Je te rappelle le concept au cas où : tu lui envoyais des petits colis avec des lettres — parfois codées — pour le tenir en haleine jusqu'au printemps. Dans ces colis se cachaient l'essentiel pour une bonne soirée survie dans la forêt, celle que vous feriez au printemps : kawet, bol pour mettre la nourriture, livre de survie, couteau suisse, et encore pleins d'autres supers objets. C'était et c'est le meilleur cadeau de Noël pour Tom, je crois. Il attendait ça avec tellement d'impatience. À chaque colis, il devenait fou ! Il en a fait une boite, c'est son petit trésor. Il a mis tous tes beaux cadeaux, il a également un vieux porte-vu où il a déposé chacune de tes lettres. C'est probablement ce qu'il a de plus précieux venant de toi.

Enfin bon bref, là ce n'est plus la même chose. Puisque tu es parti, Tom a voulu que cette sortie survie se fasse quand même, mais avec Papa. Il a prévu une date. Ça devient donc super concret pour Tom. Et tu n'imagines pas à quel point il es fier de te rendre hommage en quelque sorte en faisant cette sortie pleine d'aventures avec Papa. Il était tellement heureux de pouvoir le faire avec toi ce séjour en forêt, que je me dis que ça a dû le détruire de ne pas pouvoir partager ce moment avec son papi, comme prévu. Il a de la chance d'avoir Papa et de pouvoir vivre cette aventure avec lui. C'est beau comme geste, je suis contente que soit toujous d'actualité. Je ne sais pas si je me fait bien comprendre, il est tellement excité de vivre cette expérience.

Concernant Maman et Emma j'ai l'impression qu'elles vont mieux aussi. Emma pour sa part s'est réouverte à nous, à moi. Elle rigole plus, elle refait ses blagues aussi pourri que les tiennes ( et là tu m'aurais dit : « ah n'énerve pas mes nerfs ! »). Elle redevient la bonne vivante qu'elle était il y a quatre mois.

Maman j'ai toujours sû qu'elle était plus forte que nous tous ici. Je pense que le fait d'avoir déjà perdu son papa l'a forgée, elle s'est en quelques sorte mieux préparée à ta perte. Elle te pleure, j'en suis sûre mais je sens qu'en réalité elle est très lucide, justement parce qu'elle l'a déjà vécu dans le passé.

J'ai beaucoup pensé à toi récemment, avec la sortie de Tom et Papa, mais pas seulement. On a fait des travaux toute la semaine dernière ainsi qu'hier. On a refait le portail. Il a fallu que Papa fasse du ciment, tu peux être sûr que tu étais dans toutes les discussions. C'était drôle de se rappeler certaines choses qui faisaient de toi ce fameux bricoleur.

« Papi, il m'aurait dit : Ah mais qu'est-ce que tu fais, il faut rajouter des gravats ! » c'est la phrase que Papa a dit pleins de fois pendant qu'il faisait le ciment. C'était beau je trouve de voir qu'il faisait perdurer ton héritage, en plus il avait mis une de tes casquettes beige de travaux. Je suis sûre qu'il l'a fait exprès, car d'habitude il ne porte jamais de casquette préférant se chopper une petite insolation au passage. Il l'a sûrement fait pour sentir un peu de toi avec lui, puisque les travaux de notre maison, c'est toujours avec toi qu'il les faisaient.

À un momnt donné, il a perdu un petit pied de biche, il ne le trouvait plus. Et de manière instantané on a tous pensé : « oula tu fais ton papi craché là, on a dit qu'il fallait que tu reprennes la relève mais quand même pas au point de mettre les outils dans le ciment. »

C'était drôle d'avoir tous pensé ça, qu'on se soit tous souvenu de ce détail là en particulier. Aucun de nous n'a oublié que tu as déjà mis ton téléphone dans le béton du mur de ta cave. Les générations futurs le trouveront peut-être en détruisant la maison, qui sait ?

Bon, il est temps que je te parle de mon idée. Ce n'est pas la première fis que j'y pense à ce projet. J'y ai déjà pensé pas mal de fois depuis que j'ai commencé à t'écrire toutes ces lettres. J'y ai beaucoup repensé aussi quand j'ai réalisé que tu ne pourrais pas lire le livre que j'écris. Et cette idée a beaucoup tournée dans ma tête encore ce matin. Maintenant je suis sûre de moi, je veux que ca devienne concret.

Je souhaite que ces écrits soient le premier livre que je ferais publier. Je veux t'offrir ce que toi tu ne pourra pas m'offrir. Je trouve que c'est très approprié que ce livre soit le premier et qu'il soit pour toi. C'est un peu grâce à toi que je suis dans le monde de la lecture. C'est toi qui m'a offert mon premier gros roman, je veux donc t'offrir le premier livre que j'écris.

J'ai vraiment beaucoup réfléchi à ce sujet et franchement je suis sûre que ça pourrait se faire. Je vais tout faire pour que ces lettres soient publiées sous forme de livre. Tu imagines la fierté que je pourrais peut-être éprouvé si ça pouvait se faire.

Si je tiens autant à ce que mes lettres soient publiées c'est aussi pour montrer que la famille est la chose la plus importante qu'il puisse exister. Cette valeur était déjà précieuse à tes yeux. On ne dit jamais assez « je t'aime » à tout ceux qui comptent pour nous. Maintenant que je sais ce que c'est que de vivre la perte d'un être cher, je le regrette un peu, de ne pas te l'avoir dit plus ce « je t'aime ».

Ce livre c'est aussi les pensées honnêtes et personnelles d'une petite fille qui a perdu son grand-père. Peut-être que d'autres personnes pourraient s'y retrouver dans ces lettres.

Toi, tu n'étais pas seulement un grand père. Toi, tu étais une source d'inspiration et tu l'es encore d'ailleurs, pour moi. Mais tu étais aussi un papi confident. Mon papi confident, je pouvais toujours compter sur toi.

Voilà pour ce que j'avais à te dire aujourd'hui. Bonne nouvelle, non ? J'espère sincèrement que de là où tu es, tu es encore plus fier que d'habitude des choix que je fais et de la personne que je deviens. Moi je suis fière de dire que je représente une partie de ton héritage et que je veux te faire honneur !

Je t'aime de tout mon cœur, à bientôt Abuelo.

Ta grande,

Laure

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