Les Roses du Cimetière

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Matt avait toujours aimé les longues promenades. Surtout de nuit. Surtout seul. Surtout loin des villes.

Là où les étoiles brillaient le plus. Là où la lune illuminait chacun de ses pas. Là où les ombres accompagnaient son chemin.

Sans être asocial, il appréciait la solitude.

Sans être déchiré de larmes, il était mélancolique.

Sans être croyant, il espérait.

C'était sûrement pour ça qu'il aimait les cimetières. Celui dans lequel il se trouvait maintenant lui plaisait tout particulièrement. Peu fréquenté. De taille restreinte. Entouré d'arbres. Éclairé par la lune et ses milliers d'étoiles. Avec, tout près, la lancinante mélodie des vagues deferlant contre les rochers de la falaise. La puissance écrasante de la mer face à la paisible quiétude endeuillée du cimetière. Il songea que le lieu aurait inévitablement plu aux peintres et autres artistes.

Il passa la grille et s'avança parmi les tombes de pierre. Il n'avait aucun mal à comprendre où il allait. Il regardait les allées décorées de fleurs sans vraiment les voir. Il se demandait : "Est-ce que quelqu'un viendrait lui rendre visite ici ? Est-ce que quelqu'un lui apporterait des fleurs ? Quelqu'un viendrait-il lui parler ? Et, si c'était miraculeusement le cas, pendant combien de temps ?" Peu de gens. Peu de temps sûrement.

Ces questions allaient et venaient dans son esprit, se mélant, s'entremêlant avec la désuète mélancolie qui étreignait perpétuellement son âme.

Un vague sourire étira ses lèvres alors qu'il avançait, plongé dans la torpeur du ressac et du vent dans les branches des pins. Ces sentiments n'avaient jamais été bons pour lui. Il n'avait jamais été capable d'en faire quelque chose de constructif. Ils avaient causé sa perte sur de nombreux points.

Alors que la lune dans son dos déclinait, un mur se dressa devant lui. Sombre. Froid. Juste à son pied, une tombe. Elle n'avait pas l'air si vieille que ça. Un nouveau résident avait donc rejoint la paisible terre des morts, aux côtés de ses semblables. Matt frôla d'un air distrait les pétales fanés d'une rose oubliée ici, déposée bien des mois plus tôt par un visage anonyme.

De nouveau un sourire éclaira tristement ses lèvres, alors que les pétales s'effritaient sous la brise.

Il avait eu raison. Peu de gens étaient venus. Personne n'était resté.

L'aube se leva, éclairant de ses lumières claires la pierre. La silhouette de Matt s'estompa.

 Sur le marbre, un nom. Une date. Matthew Blake. 1882-1901.

Un souvenir.

Un fantôme.

Une rose fanée.

Une nuit.

Une aube.

La tombe d'un être que le temps a oublié.

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