Le feux aux poudres
Le miroir ne reflète plus rien de mes émotions. Je ne vois que mes parents et quand je tente de les effacer, ils deviennent plus présents. Ils ont l’âge auquel je l’ai avait quitté après un concert Sixtineman, un groupe de jazz. Mes oreilles vibrent, mes yeux pleurent et mon cœur saigne.
— Alors comment ça on préfère rester une pauvre humaine au lieu de se soumettre ?
Son fouet en flamme raye ma vision nostalgique. Ai-je donc rêvé ? En tout cas, c’est la désillusion pour mes dons. Mise à part mes projections, Gorgin bloque mes capacités égales à Suza.
Je suppose qu’il m’a empoissonné lors du dîner, il y a deux semaines. Il m’avait gentiment invité dans son petit salon privé pour fêter la victoire de Taurin. La nuit, j’ai vomi du sang jaune, Zok avait cherché de l’aide d’Azé.
Mon fils est resté inquiet toute la journée durant mon repos qui aura duré trois jours. Il avait joué l’infirmier, m’avait montré ce qu’il avait appris en cours et raconter des histoires. « Maman était juste malade mon cœur, tout va bien ».
Si j’ai surtout su que le vin avait provoqué un changement, c’est que pour m’en assurer, j’ai tenté tout ce que moi aussi j’avais acquis. Rien, il me reste rien d’invisible, de transformation ou de paralysie. Tout comme l’intrusion rarissime dans l’esprit tortue de ce malade !
— Tu es si belle à trop penser.
Sa main, son baiser dans ma nuque me donne des frisson. Je commence à vouloir le repousser, il prend son fouet pour le transformer en laisse. En quelques secondes, je suis :
— Ma poupée, tu sais très bien que j’ai purger ton âme ce soir-là. Tu pensais vraiment pouvoir me battre en étant le sosie de cette maudite sorcière !? Désormais, tu seras ma compagnie de mes désirs quand j’en aurais envie ! Ce qui m’excite chez toi, c’est le plaisir de te baiser pendant que ton mari s’amuse en héros dans l’arène !
— Tant que vous laissez en vie mon fils…
— Ce petit vaurien n’est pas ma priorité ! Tu sais quoi ma jolie ? Dans six mois, j’ai décidé d’ouvrir un grand tournoi dans ma nouvelle arène. Au sein de Tantos, une sélection des meilleurs combattants de tous les mondes dont Taurin, se feront fasse. Un seul survivra et tu l’entendra ici même, s’il gagne, je lui laisse la vie sauve. Et vous devriez quitter le désormais plus grand royaume, Gorginias, pour vivre au sein des Naturias, des êtres qui n’ont aucune utilité autre que danser dans les champs de pitris. Et pendant les festivités qui dureront deux mois, je finirais de raser et récupérer mes dernières terres. Des questions ?
— Il gagnera et vous tuera.
— Mon temps est du plaisir. Plus il s’engage dans des jeux sanglants, plus je vois mieux son comportement, ses manières de manier les mots, les armes. Son seul don, c’est sa carrure.
Des légers coups de bec le distrait. Il avait commencé à sortir queue. Pendant qu’il ouvre la fenêtre, je respire mieux, me masse et mon œil remarque, un passereau. Félinda ! Je crois qu’elle me fait un clin d’œil, je glousse, Gorgin reporte son attention un instant fou de rage avant qu’un aigle laisse tomber une bougie pour enflammer le lit.
— Sales oiseaux maudits ! Gardes ! Éteignez moi ça et chasser chaque volatile de toutes régions ! Ni rat, ni…Tout doit être recensés ! Le reste qui n’appartient à personne, une balle !
— Oui Maître et la fille ? Demande l’un pendant que l’autre éteint l’incendie.
— Elle connait sa place autant qu’être stupide pour mourir et laisser son pauvre fils ! Dans son appartement ! Et ramène moi Ode à mon bureau ! Il va superviser la grande purge !
Je me lève dignement pour le narguer avant que le garde me pousse de force dehors. De retour dans le calme, au balcon, la ville ne montre rien d’alarmant. S’ils sont là, c’est qu’ils sont vivant ? Où étaient-ils pendant ces derniers mois ?
— Psitt, Dorine ? On est là !
Férin m’interpelle depuis la salle de bain. Zok, dors paisiblement d’un lourd sommeil et je me faufile discrète pour les enlacer. Eux aussi émues, ils me repoussent gentiment avant de tout me raconter :
— Suza va donc mourir ?
— On a mis trois mois pour venir avec, on est navré que des nouvelles peu rassurante. On est bien caché avec Bonin, Vikia et Nayla. C’est rude et…
— Félinda, par pitié, que faite vous là ? Vous avez provoqué votre arrêt de mort ! Vous avez entendu ce que Gorgin va commettre ?
Ils me sourient, je souffle en m’asseyant au bord de la baignoire.
— La majorité des gens sont attachés aux bêtes, venus de Terre ou d’ailleurs. Tous savent qu’on a besoin de manger et sans viandes, ni poissons, ni œufs ni rien, tout va se dérégler. Demain, des premières rebellions.
— Elle oublie de préciser que malgré une stagnation des luttes, beaucoup désire le renverser. Ils ont peur, ils sont menacés et pourtant, ils attendent une petite flamme pour embraser.
— Il va empoissonner, il me reste que les songes à partager avec mon fils. D’ailleurs, il va bien, il apprend à être un Miris. Taurin va bien aussi, il est le chef des autres gladiateurs. Et, dans six mois…
— Des affiches sont déjà placardés pour promouvoir ces jeux grandeurs natures. On est désolé pour tes dons ma belle mais tu n’as pas besoin de grands pouvoirs pour te battre.
— Je dérange une réunion non ?
Azé, j’ai oublié qu’elle passe à cette heure là pour déposer les serviettes propres. Les deux se figent, je l’invite à refermer derrière elle. Je la présente, elle rassure sur son ancien corps en montrant son dos et Férin s’illumine.
— Le volcan de Ozaika, on est ici et à ma connaissance, connu abriter des Miris.
— Mon cœur, ne t’emballes pas trop vite. Qui peut nous dire que cette jeune femme est digne de confiance ?
— Moi ! Et Taurin !
Je me place de suite devant ma nouvelle protégée. Félinda hésite avant de proposer :
— Ok, j’attends de voir. Tu veux une nouvelle allié ?
— Mon espèce existe certainement, je peux comprendre la méfiance, étant donné que je ne sais pas grand-chose de capacité. Une sorcière m’a déchue pour le compte du Maître. J’ai qu’une envie, m’envoler et rendre la paix. Si on s’échange des lettres, je pourrais de suite vous indiquer un endroit sûr où personne ne vous verra. Et si, je dois en mourir, c’est avec plaisir. Enfin, je pourrais faire des échanges avec Taurin, je suis là seule qui passe le voir.
— On fait le pacte ? On n’a peu de temps ma chérie.
Il tends la main, on la saisit rapidement.
— Bien, on retourne à la base et on ira chercher les Miris. Ils sont connus tu penses pour aller se frotter aux combats ?
— Jeune homme, j’en ai pas la moindre idée. Si mon cœur est pour, sans doute qu’ils le sont. Lac des sols, panier de la Farmier, c’est disons, mon jardin secret. Au sud de la tour ouest, à côté d’un poulailler.
— Avant que tu partes Azé, tu es autorisé à avoir ça ?!
— Chut, oui. Les nuits, je dors là. C’est un cour intérieur, j’ai les clés et le Maitre me l’a donné sans surveillance en cadeau de confiance. Il considère que j’ai le droit de repos.
Elle s’en va heureuse, moi, je me rince à l’eau glacé pour m’assurer que tout est vrai. La main de mon amie sur mon dos m’apaise :
— Pardonne moi ma méfiance, on est jamais trop prudent. Au fond, si c’était une traite, jamais elle n’aurait parlé de la sorte, elle aurait plutôt alerter les gardes.
— Ne t’excuse pas. Ici, ce n’est pas pire en termes d’horreurs que sur la Terre. On ne lâche rien, Taurin, préparer en cachette une guerre mais il attend le signal. Zok grandi si vite, il développe des muscles et son esprit d’analyse. Et moi, je veille à être discrète, grappiller des points pour repartir. Je vous conseille de réduire les courriers. On attaquera quoi qu’il se passe, avec tout ce que vous pourrez ramener, j’espère les Miris aussi. Surtout pendant les premiers jours à Tantos. Allez-y, embrasser les autres de notre part. Bientôt, on se reverra.
Pas de réponses inutiles et ils s’envolent dans une nuage discret. Je pleure seule, si longtemps que la pression n’était pas si haute.
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