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San Francisco, 2012

À cet instant, j’entends des bruits de pas dans l’escalier menant au grenier. Je me redresse, prise de panique. Mon cœur se met à battre à tout rompre, chargé d’une angoisse troublante. La porte s’ouvre brusquement, c’est Matthew. Je suis soulagée. Devant mon regard livide, il s’interroge.

— Est-ce que ça va ?

— Oui, oui, ça va. Tu m’as fait peur. Je m’imaginais… enfin … bref, il s’est passé quelque chose ?

— Tu peux le dire.

Matthew me tend le journal, nerveux. Je regarde le gros titre : « Une juge déterre de vieux cadavres ».

— Quoi ?!

Je manque de m’étouffer en avalant ma salive de travers.

— Qu’est-ce que c’est que ce cirque ?!!

Les journalistes ont la manie de tout déformer. C’est pas vrai, laissez-moi régler cette affaire tranquillement !

À cet instant, nous entendons un fracas de vitres se briser. Nous courons vers le salon, les fenêtres ont volé en éclats. Nous trouvons des morceaux de verre jonchant le sol et deux grosses pierres. Matthew court à l’extérieur. Trop tard, la personne a pris la fuite. J’éclate en sanglots et m’agenouille au sol mains plaquées sur la bouche. Matthew vient près de moi, me rassure comme il peut.

Je dois découvrir la vérité le plus vite possible, sinon ma crédibilité et ma notoriété vont en prendre un coup au sein de ma profession. Je ne peux pas me le permettre.

Suite à cet incident, l’inspecteur Brad me place sous protection policière.

Lorsque je retourne le lendemain en voiture à la maison de ma mère pour réparer les dégâts, je découvre des journalistes agglutinés devant la porte d’entrée, comme des vautours prêts à me dévorer jusqu’à la moelle. Mince, les dossiers sont restés au grenier. Je ne peux pas y retourner tout de suite.

Je décide alors de faire demi-tour et de me rendre au centre de détention pour mineurs, le Juvenile Probation Department, pour rendre visite au jeune Miguel.

Nous nous retrouvons face à face, assis autour d’une table de deux personnes, surveillés par deux gardes. Miguel baisse la tête, visiblement mal à l’aise. J’essaye de détendre l’atmosphère.

— Écoute, je ne t’oublie pas d’accord ? Je vais analyser plus profondément ton dossier pour trouver une solution.

— Vous perdez votre temps.

Étonnée par sa réaction, je me redresse en fronçant les sourcils.

— Pourquoi ça ?

— Je connais le verdict. Vous allez me foutre en taule à vie, comme tous les autres.

Miguel relève la tête et me fixe droit dans les yeux. Je l’observe. Ses lèvres tremblent et ses yeux brillent. Je décide de ne pas répondre à sa provocation.

— Qu’aimerais-tu faire ?

— Hein ? s’étonne le jeune garçon.

— Qu’est-ce que tu aimerais faire dans la vie ?

— Je… hésite-t-il. Je ne sais pas.

— Le trafic de drogues, est-ce cela ton avenir ?

— Euh… non…

— Tu veux continuer à faire ça ?

— Pas vraiment…

— Si tu avais le choix, qu’aurais-tu choisi de faire ?

Le garçon marque une pause, relève la tête, inquiet et confus.

— On ne m’a jamais posé la question.

— Tu n’as pas une petite idée ?

— Non… je ne sais pas…, répond-il timidement.

— Réfléchis, d’accord ?

Miguel approuve de la tête, perturbé par cet entretien. Je le regarde se lever et être emmené par les policiers. Ma vision se brouille et je vois mon grand-père à la place de ce garçon. Son image apparaît devant mes yeux, celle de l’article du journal. Je tremble sans m’en rendre compte.

J’imagine son angoisse et son sentiment d’injustice d'être rejeté par la société. Je secoue la tête et reprends mes esprits.

Je ne pense plus de la même façon depuis la lecture de ces notes. Mon jugement n’est plus aussi sûr. Pour la première fois de ma carrière, je doute.

Je sors du centre de détention, repensant au sort de ce jeune garçon. Je reprends la voiture et file vers mon domicile. En rentrant, je vois l’inspecteur Brad en compagnie de mon mari.

— Que faites-vous ici ?

— Je peux vous poser la même question, Madame Walker. Nous sommes censés vous protéger. Où étiez-vous passée bon sang ?

— Euh… rien, je prenais juste l’air.

— N’y allez plus seule, c’est dangereux. Compris ?

— Oui…

Je baisse la tête comme une petite fille qui vient de se faire gronder par ses parents.

— Il s’est passé quelque chose ?

— En effet. Fanny Tucker est venue au poste de police, furieuse de la tournure de l’enquête. Elle ne vous porte guère dans son cœur.

— Elle fouine partout…

— J’ai besoin des notes de votre mère, des archives, des documents, des coupures de journaux, tout ce que vous possédez à son sujet pour constituer le rapport d’enquête.

— Mais… je n’ai pas encore tout lu ! Et puis, je ne peux pas retourner chez ma mère, des journalistes sont postés devant la porte d’entrée…

— Quoi ?! C’est pas possible ! Ils ne peuvent pas rester à leur place ceux-là !

Brad fait les cent pas dans le salon, agacé par la situation.

— Bon, dites-moi où sont les documents. Je vais aller les chercher et les ramener ici. Nous les étudierons ensemble.

Je jette un œil à Matthew pour qu’il m’envoie un signe, une réponse. Je ne sais pas quoi répondre. Pour seule réaction, il hausse les épaules.

— C’est plus prudent comme ça, finit-il par dire. La présence de l’inspecteur est plus rassurante.

— D’accord. Je vous accompagne.

— Je peux y aller seul.

— Non, vous ne trouverez pas. Je tiens à tout récupérer moi-même.

— Très bien, soupire Brad.

En nous rendant à la maison de ma mère, l’équipe de police disperse les journalistes et les badauds pour nous frayer un chemin. L’inspecteur me recouvre la tête de son blouson en cuir. Je ne pensais pas que cela me ferait peur à ce point. J’entends des chuchotements, des questions en fond sonore. Mais je ne distingue pas les mots. Arrivés devant la porte d’entrée, je reçois une cannette de soda sur la tête. Je me retourne et j’aperçois Fanny Tucker.

Elle m’insulte :

« Salope ! » me hurle-t-elle. « Va pourrir en enfer ! Menteuse ! Voleuse ! Tu vas payer pour le meurtre de Robert ! Sang impur ! Celui des voleurs ! Saleté de rital ! ».

Son discours attise les journalistes. Je n’entends plus que des brouhahas, des élévations de voix de stupeur et d’enthousiasme. Ils se tournent vers Fanny pour l’interviewer. Mes larmes coulent.

Nous entrons dans le hall de la maison de ma mère. Je m’agenouille au sol, tremblante de peur. Brad referme la porte à clé derrière lui. Il tente de me rassurer avec des mots apaisants. Impossible, les mots de Fanny résonnent en boucle dans ma tête. Comment peut-on encore déverser des propos aussi injurieux aujourd’hui ? Les Italiens sont bien intégrés de nos jours, non ? Ai-je tort ? Je ne sais plus où j’en suis, je n’avais jamais subi de telles injures.

— Elle est en position de faiblesse. Vous n’avez pas à avoir peur, intervient Brad. Notre enquête avance. Ça lui fait peur, car elle perd le contrôle.

— Vous croyez ?

— Sa réaction est typique d’une perdante.

En effet, Brad m’informe qu’un élément a été découvert dans le cercueil de Robert Tucker. Une balle en plomb de calibre 45 provenant d’un vieux Colt Single Action Army (SAA), un revolver avec platine simple action et un barillet de 6 cartouches. Une arme différente de celle de Jack, d’après le journal de ma mère. Lui, possédait un Colt M1911 à cette époque. La balle du cadavre ne fut pas répertoriée dans le dossier de l’enquête de 1938, car aucune autopsie ne fut réalisée sur le corps de Robert Tucker à l’époque. Étrange… L’équipe de police s’attelle donc à la recherche du criminel. D'après les interrogatoires, la famille Tucker n’eut pas connaissance de cette omission, ne sachant donc pas le nom du véritable assassin de leur grand-père. Un rapport de police s’ajoute à l’enquête.

Je souris malgré moi, essuie mes larmes, me relève, respire un bon coup, puis je me dirige vers le grenier, accompagnée de Brad. Nous récupérons toutes les affaires possibles, mettons le tout dans un carton de déménagement. Nous sortons par la porte arrière. Une équipe de police garde à l’écart le troupeau de journalistes.

Rentrée chez moi, je me blottis dans les bras de Matthew. Sa chaleur et son odeur m’ont toujours réconfortée. Il interroge du regard Brad qui lui explique l’intervention inattendue de Fanny. Lui aussi me rassure. Puis nous nous remettons au travail à la recherche d’autres indices. Au moment où j’ouvre le prochain carnet de notes, le téléphone de Matthew sonne. Je l’observe répondre. Il hoche la tête, puis me tend l’appareil.

— C’est Dylan. Il veut te parler.

— Pardon ?! dis-je, surprise. Mon fils veut me parler ?! Il refuse systématiquement mes appels depuis au moins dix bonnes années ! Pourquoi maintenant ?

— Il a vu les infos à la télé.

Ma joie s’estompe aussi vite que son apparition. Je me lève, prends le téléphone et file m’enfermer dans la chambre du bas. Je prends une grande inspiration, ma main tremble.

— Allô, Dylan ?

— Yep.

— Que me vaut cet appel ?

— Toujours aussi cinglante.

— Je ne voulais pas… je…

— Bref, j’ai vu les infos sur CNN. Alors, ça fait quoi d’être jugée à ton tour, hein ?

— Ils diffusent des absurdités. Cette femme raconte n’importe quoi.

— Ça t’ennuie de te faire juger comme ça sans preuves, pas vrai ?

Je fronce les sourcils, nerveuse.

— Où veux-tu en venir ?

— Tu as toujours jugé des enfants sans prendre le temps de les comprendre.

Je me mords la lèvre inférieure. Voilà qu’il me remet ses reproches sur le tapis.

— J’applique la loi.

— Sans rien connaître d’eux ! Et c’est pareil avec ton grand-père, tu ne sais rien de lui.

— Je suis juge, mon travail consiste à appliquer la loi, à punir les délinquants pour leurs infractions. Je fais ce qui est juste pour le bien de la société.

— Vraiment ? Et pour eux ? C’est juste aussi ce que tu fais ? Te rappelles-tu du cas de Peter.A, âgé de quinze ans, qui a reçu une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pour « felony murder » ?

— Oui, tu m’as déjà mentionné ce cas mis en lumière par l’étude nationale réalisée par Amnesty International et Human Rights Watch en 2005, je ne sais combien de fois…

— Il attendait dans une camionnette quand l’une des connaissances de son frère a bâclé le vol et a tué deux victimes. Il a dit qu’il n’avait jamais tiré sur personne ou tué quelqu’un.

— Oui, je m’en souviens…

— Mais il n’a pas été écouté ! Et Peter a été jugé responsable du double meurtre parce qu’il avait été établi durant le procès qu’il avait volé la camionnette utilisée pour se rendre à la maison des victimes.

— Où veux-tu en venir ?

— Tu fais pareil ! Tu ignores la capacité de ces gosses à changer et tu les prives de tout espoir de rédemption !

J’essuie une larme qui vient de couler par inadvertance sur ma joue. Depuis l’ouverture de ce Cold Case et la découverte des notes sur la vie de mon grand-père, je suis devenue plus émotive. Je ne sais plus où j’en suis. Je perds pieds. Je soupire.

— J’admets ne pas avoir été toujours attentive à la situation de ces enfants…

— Ah enfin ! Et alors ? Tu vas agir comment maintenant ?

— Pour l’instant, je m’occupe de régler cette affaire entre notre famille et les Tucker. Avec l’inspecteur, nous rassemblons les indices pour prouver l’innocence de mon grand-père.

— Je le sais.

— Quoi donc ?

— Que mon arrière grand-père est innocent. Je n’en ai jamais douté. Et grand-mère non plus.

Je suis abasourdie.

— Qu… D’où tu sors ça ?

— Pendant que tu bossais, c’est Mamie qui me gardait tous les soirs, j’te signale !

— Mais… Elle aussi était occupée par son travail, c’est Papi qui…

— Elle se débrouillait pour m’accorder du temps, contrairement à toi !

— Que… Je n’ai rien vu…

— Tu ne vois jamais rien.

— Mais alors, tu es au courant pour l’histoire de ton arrière-grand-père, Jack Calpoccini ?

— Évidemment ! Mamie avait besoin de parler de son passé, de se confier.

— Pourquoi ne l’a-t-elle jamais fait avec moi ?

— Tu t’en foutais ! Tu lui reprochais de trop travailler ! Tu ne l’écoutais pas !

— Arrête ! Tu fais bien ça avec moi !

— Ce n’est pas la même chose !

Je soupire, serre fortement le téléphone entre mes doigts. Je décide de dévier la conversation pour reprendre le dessus.

— Au fait, tout ce qui m’arrive est en partie ta faute. Tu es responsable de cette situation !

— Tout tourne toujours autour de toi, raille Dylan.

— C’est vrai ! Qu’est-ce qui t’as pris de mettre tous ces détails sur notre famille en me créant cette page Facebook ? Tu avais l’intention de me nuire dès le départ, n’est-ce pas ?

— Si tu étais plus attentive à ce que te racontent les gens autour de toi, ce ne serait pas arrivé.

— Tu aurais pu éviter de me causer plus de tort !

— Je ne savais pas pour les Tucker ! D’accord ? Je n’étais pas au courant de cette enquête !

— Je croyais que tu savais tout ?

— Juste ce qui concerne grand-mère.

— Et tu oses me dire que je ne m’intéresse qu’à moi ?

— Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Si tu n’avais pas rejeté Mamie, tu aurais compris la situation et pris tes dispositions.

— Tu parles de ce que tu ne comprends pas ! Elle m’a tourné le dos, ne s’est jamais occupée de moi ! Je voulais qu’elle s’intéresse à moi !

— Ça marche dans les deux sens ! Elle aurait aimé que tu l’écoutes, elle aussi !

— Comment ça ?

— Tu refusais de l’écouter.

— Non, je… Elle non plus ne m’écoutait pas ! Elle aurait pu me parler de tout ça bien avant.

— Bien avant quoi ? Ça sert à rien, tu refuses d’écouter les autres.

— Tu refuses de me parler toi aussi !

— Évidemment ! Tu déblatères des conneries !

— Je ne te permets pas de me parler sur ce ton !

— Je ne suis plus un enfant je te rappelle ! J’ai bien le droit de refuser de te parler !

— Pourquoi bon sang ?!

— Parce que tu es une mauvaise juge !

Mon souffle est coupé. Je ne trouve plus mes mots. Le silence s’installe. Un long silence insupportable. Enfin Dylan brise cette attente.

— Forza Italia !

— Qu’est-ce que tu racontes ?!

— Nous avons des origines italiennes j’te rappelle ! Tu ne vas pas te mettre à renier ta famille, hein ?

— Non… bien sûr que…

Dylan me coupe la parole.

— Alors fait taire cette Fanny Tucker ! Rétablis la vérité ! Jack a peut-être tué des types dans le passé, mais certainement pas ce Robert Tucker ! Ce n’est pas un voleur, il est innocent !

— Oui, j’ai…

Dylan ne me laisse pas en placer une.

— Défends-le ! Ne me fais pas honte encore une fois !

— Comment peux-tu être aussi sûr de son innocence ?

— Tu ne crois pas non plus Mamie alors ?

— C’est diffé…

— Si on ne peut plus faire confiance à sa propre famille, alors à qui peut-on faire confiance ?

Je ne réponds pas, hébétée.

— Tu crois vraiment qu’elle se serait emmerdée à écrire tout ça pour rien ? Elle nous transmet notre histoire, nous laisse un message, à nous. Si tu n’arrives pas à comprendre ce genre de choses, alors nous n’avons plus rien à nous dire toi et moi.

Je reste muette de stupéfaction.

— Ti odio, Ciao ! ajoute-t-il, avant de raccrocher.

Qu’est-ce qui lui prend tout d’un coup de me sortir des mots en italien ? Je regarde mon téléphone, à la fois déçue et intriguée. Que signifie « ti odio » ? Je recherche la traduction sur Google. En voyant la signification, je sanglote. « Je te déteste », m’a-t-il dit. Mon fils a honte de moi. Je retourne dans le salon, penaude. L’inspecteur et Matthew m’interrogent du regard. Je décide d’agir comme s’il ne s’était rien passé. J’annonce juste que mon fils s’inquiète pour moi. Je dis ce que j’aurais aimé entendre de sa part. Je ne le mérite peut-être pas. Je ressens une pointe de jalousie, de sa complicité entre lui et ma mère, que je n’ai même pas remarqué.

Je remonte à l’étage précipitamment pour cacher mes larmes montantes. Je souffle un bon coup. Je dois trouver une explication plausible à cette fuite. J’ai trouvé ! Je prends un sac en papier bleu et je le remplis des carnets lus et des photos trouvées. J’essuie mes yeux avec l’index pour éviter d’étaler le mascara sur mes joues. Je jette un oeil dans le miroir oval terne posé sur la commode en merisier avec ses poignées en ferrures argentées. Je vérifie que les traces de mon chagrin ne soient plus visibles. Je redescends. Je transmets les carnets suivants à l’inspecteur. Il est préférable qu’il parte. Je ne veux pas qu’il me voit comme ça, apitoyée sur mon sort. Il me remercie de la confiance que je lui porte. Puis s’éclipse.

Le passé nous rattrape et nous ouvre les yeux sur les jugements que nous avons pu établir. Juger sans connaître la personne en face de nous est bien prétentieux. Les citoyens voyaient Jack comme un moins que rien, un dangereux mafieux, un simple voleur à cause de son physique et de ses origines, alors qu’il n’a pas choisi cette voie tracée par son père. Le poids des préjugés est lourd. Cette découverte bouleverse mes principes, me dévie de mes convictions.

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