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San Francisco, 1926

Grâce à Sofia, je ne me sens plus seul. J’ai appris à discuter avec les filles. C’est tout naturellement qu’à quatorze ans, nous sommes devenus plus proches, elle et moi. On peut dire que Sofia est ma première petite amie. Elle a confiance en moi. Je lui en suis reconnaissant en me comportant de manière douce et attentionnée. Je ressens de l’amour pour cette jeune fille aux yeux de biche couleur noisette avec ses longs cheveux sombre aux reflets argentés.

Je l’admire lorsqu’elle s’avance vers moi, vêtue de sa jolie robe bleutée à grosses fleurs blanches. Un sentiment nouveau s’empare de moi. Du désir. Main dans la main, tels deux tourtereaux amoureux, nous quittons l’école.

Elle me guide vers un long bâtiment de quatre étages. C’est la première fois qu’elle m’emmène chez elle. Elle hésitait à m’inviter, pas par peur de ses parents, elle n’en a pas. Mais par inquiétude. Elle avait peur que je m’éloigne en apprenant qu’elle est orpheline. Sur le bâtiment est inscrit en grosses lettres : « Foyer d’accueil ».

Nous croisons des filles de tous âges qui me regardent avec de grands yeux comme des soucoupes dans le hall principal. Nous esquivons les adultes en blouse grise pour ne pas nous faire remarquer. Je n'ai pas le droit d'être ici, dans ce batiment réservé aux filles. Sofia me tient fermement la main et me tire vers le premier étage. Elle déverrouille la porte de sa chambre, au confort spartiate.

Elle lâche ma main, puis sautille au centre de la pièce. Elle tournoie sur elle-même, sa robe virevolte. Je suis hypnotisé. Elle s’arrête face moi en ouvrant les bras.

— Voilà ! C’est chez moi !

Je me passe une main dans les cheveux. Le simple fait de relever mes mèches tombantes, la fait craquer.

— Tous les orphelins sont placés dans cet établissement.

Sofia sautille, puis s’assied sur son lit.

— Quand as-tu perdu tes parents ?

— Ça va faire déjà cinq ans qu’ils sont morts. Mais… Ne pose pas de questions, viens plutôt là !

J’avance vers Sofia avec un sourire séducteur en coin. Elle rougit et commence à déboutonner mon pantalon. Je lui retire sa robe, dégrafe son soutien-gorge, enlève sa culotte, je m’allonge sur elle et la pénètre, doucement. Quelque chose bloque, puis d’un coup, ça passe, l’hymen se déchire. Sofia et moi perdons notre virginité ce jour-là. Nous passons la nuit ensemble, puis allons à l'école, enfin, pour être exact, le centre social éducatif, au matin, tous les deux.

Dans la cours de récréation, Sofia et moi nous nous embrassons. Lorsque j’ouvre les yeux, je vois Marco marcher vers moi à grandes enjambées. Qu’est-ce qu’il fout ici ?! Il tire en l’air trois coups de feu pour éparpiller les gosses. Il est malade ! Qu’est-qu’il lui prend ? Les enfants courent dans tous les sens, en criant. Personne ne surveille. Ils n'ont que faire des enfants issus de l'immigration.

Mon pouls bat à tout rompre. Je réfléchis vite. J’attrape la main de Sofia. Je l’entraine avec moi dans le hall de l’école, en courant. Elle tremble tellement qu’elle se laisse guider, la tête basse. Les professeurs se cachent dans leur classe. La secrétaire appelle la police. Arriveront-ils à temps ?

— Qu’est-ce qui se passe ? interroge Sofia, les yeux embués de larmes.

— C’est mon père, il est furieux.

— Pourquoi ?

— J’en sais rien ! Mais faut pas rester là !

Qui lui a dit ? Merde. Un professeur qui souhaite juste la vie sauve et éviter les ennuis, indique à Marco où je me trouve.

— Ils sont là !

Et à moi :

— Désolé, mais nous ne voulons pas d’ennuis ici.

Je me retrouve au centre du hall face à l’escalier qui mène à l’étage des salles de classes. Nous n’avons pas été assez rapides. Mon père approche, revolver dans sa main droite. Je m’apprête à monter les marches, lorsqu’il hurle, bras tendu, arme pointée sur Sofia.

— Ne bouge plus !

C’est une blague ! Il compte faire quoi ? Je lève les mains, comme si j’étais en état d’arrestation. Il fait signe à Sofia d’un hochement de tête de s’éloigner de moi. Elle s’exécute. J’ai du mal à respirer tellement mon cœur palpite. Il dévie son arme pour la pointer sur moi. Je retiens mon souffle.

— Terminé. Tu viens avec moi.

Au même moment, Alberto débarque derrière moi, revolver dans sa main gauche. Depuis quand se promène-t-il avec ça ? Il copie mon père, en braquant son arme sur moi. À quoi il joue ? Il se croit plus malin avec ? Il ne me fait pas peur. Je n’ai rien à craindre. Je détourne le regard pour fixer mon père. Il baisse sa garde. Garder son calme, obéir, comme un bon picciotti et tout ira bien. C’est du moins ce que je croyais. Dans mes paramètres, j’avais oublié Sofia. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle intervienne. Elle se jette sur Alberto, en criant « Laisse-le tranquille ! ». Il se débat. Elle résiste. Ils luttent. Puis un « bang » assourdissant retentit. Elle s’écroule au sol. Du sang se répand sous son corps. Alberto est désemparé. Il répète en boucle « j’ai pas fait exprès, j’suis désolé ». Tout s’est passé très vite. Je n’ai rien vu venir. Un silence glacial s’empare de moi. Mon regard se voile. Mon corps semble emporté par une brume épaisse de désolation. Quel crétin lui a fourré une arme dans les mains ? La rage m'engloutit. Je bouillonne. Ma colère doit se voir, car je distingue sa crainte dans les yeux d’Alberto. Il tremble. Cours. Je serre les poings, laisse éclater ma colère. Il recule. Tu ferais mieux de prendre tes jambes à ton cou, mon gars. C’est ce qu’il fait, il sort de la pièce en courant. Je le pourchasse. Je le rattrape. Il est trop gros, trop lent. Je le plaque sur le sol meuble du terrain de football. Je le bloque en m’asseyant à califourchon sur lui. Je le frappe au visage. Coups de poings directs, précis et puissants. Son nez craque, ses paupières gonflent, le sang dégouline de ses narines et de ses lèvres. Il hurle de douleur, me supplie d’arrêter. Je ne l’écoute pas, emporté par ma rage. Ses arcades sourcilières éclatent. Je crispe la mâchoire, les yeux noirs, je continue de le cogner.

Marco et Fabio interviennent. Il m’attrapent par les bras, me tirent en arrière pour m’empêcher d’aller trop loin. S’ils ne m’avaient pas arrêté, je l’aurai peut-être tué. Leur action me met hors de moi, je brise mon mutisme en hurlant sur Alberto.

— Salaud ! Espèce de salaud ! Pourquoi t’as fait ça ? Pourquoi ?! Elle n’a rien fait ! Rien t’entends ?! Rien !

Marco et Fabio me retiennent. Je me débats. Marco me lâche. Il accourt vers mon frère. Je n’arrive plus à les retenir. Mes larmes se déversent sur mes joues. Alberto ne réagit pas. Il semble dans les vapes. Normal, avec les coups reçus.

Marco prend Alberto dans ses bras. Il passe devant moi sans me regarder. Fabio le suit. Ils quittent l’établissement, me laissant seul avec le cadavre de Sofia.

Je sens une brise caresser mon visage. Je frissonne. Des regards méprisants me transpercent. Les enfants épient depuis les fenêtres de l’étage. Lorsque je lève la tête vers eux, ils se cachent. Ils ont peur de moi. J’ai l’air d’un monstre. Je retourne dans le hall, les yeux fixés droit devant moi pour éviter leur regard pesant et étouffant. Je vois Sofia, allongée au sol, telle une poupée désarticulée baignant dans une mare de sang. Je tombe à genoux à ses côtés. Je la prends dans mes bras, enfoui mon visage dans le creux de son cou. Mes larmes coulent. Le liquide rouge et chaud imbibe mes vêtements, tâche mes mains et mes joues. Tout mon corps tremble de tristesse. Pourquoi ? Pourquoi n’ai-je pas pu la sauver ? C’est pareil qu’avec Madame Johnson. Le même schéma. Pourquoi les êtres auxquels je tiens meurent ? Suis-je responsable ? Je ne sais plus… Je la serre fortement contre moi. Je n’arrive pas à crier. Les sons se bloquent dans ma gorge.

J’entends des pas, rapides et lourds, résonner sur le sol carrelé et froid du couloir. Je lève les yeux. Derrière mes mèches de cheveux noir et rouge, je distingue des policiers et des ambulanciers. L’un des flics m’arrache des bras de Sofia. Les blouses blanches me poussent pour s’occuper de Sofia. Ils tâtent son pouls. Ils constatent sa mort. Qui peut survivre à une balle en pleine poitrine ? Ils emportent son corps, loin d’ici. Le flic me retient par le bras.

Un bruit de pas, du haut de l’escalier, nous appelle. C’est Milo. Il a tout vu. Il se cramponne au garde-corps.

— Pourriture !

Je me mords la lèvre inférieure pour retenir mes émotions. Je n’ai rien fait. C’est pas moi…

Le flic me fixe méchamment.

— C’est toi le responsable de ce massacre ?

Non ! Enfin, peut-être. Je sais pas. Tout s’est passé tellement vite. Je n’ai pas réussi à la protéger. Je l’aimais et je n’ai rien fait. Je n’ai pas pris la bonne décision en courant vers l’ecole ? Est-ce ma faute ? Je ne sais plus… Les mots refusent de sortir.

— Une pourriture, répète Milo. Tu ne vaudras jamais mieux que ça.

Milo part ensuite en courant pour rejoindre le professeur. Je ferme les yeux, me plaque une main sur le visage, et pleure en silence, tremblant de rage.

La double porte de l’entrée claque, voilà Kenneth et sa clique qui rappliquent. Faut que je me tire d’ici. Je regarde le policier qui me retient. Il est vieux et frêle. Je peux aisément m’enfuir.

Kenneth accélère le pas. Il semble m’avoir reconnu.

— Hey, mais… toi !

Pas le temps de réfléchir. Mon corps agit. Coup de pied dans le tibia du flic. Il me lâche, sautille sur une jambe. Je cours, aussi vite que je peux.

— Rattrapez-le ! hurle Kenneth.

Deux policiers me coursent. Je suis bien plus rapide. Je les distance facilement. Je me retourne, histoire de vérifier où ils en sont. Ils s’arrêtent, essoufflés. Ils reprennent la poursuite. Je m’engouffre sur Varennes Street. Je tourne la tête pour surveiller mes arrières, mais j’en oublie l’avant. Je me cogne contre un type. Par le choc, nous tombons tous les deux. Un autre m’aide à me relever. Je constate un gang de cinq jeunes adultes.

— Stai bene, ragazzo ?

Des Italiens. Ils m’aideront. Il écarquille les yeux en voyant mes vêtements tachés de sang. Je leur explique brièvement que des flics sont à mes trousses. Ils ne demandent pas de précisions. Les mecs craquent leurs os des mains. Ils se dirigent, groupés, sur Filbert Street. Ils barrent la route des deux agents. Je rentre chez moi.

Giovanni m’intercepte dans le hall d’entrée.

— Ton frère est à l’hôpital. Tes parents t’attendent là-bas.

— Je suis obligé d’y aller ?

— Ouais. Ordre de Marco.

Je suis essoufflé, en sueur. Giovanni m’embarque dans sa voiture. Pas le temps de me changer. Direction l’hôpital situé sur Potrero Avenue. Il conduit vite.

— Qu’est-ce que t’as foutu ?

— J’ai pas envie d’en parler.

— Jack, t’es couvert de sang !

— Dis-moi plutôt comment il a su pour Sofia.

— Et bien… Marco a appris par Valentina que tu fricotais avec une orpheline. En fait, il a prévu de te caser avec Giorgia, la fille du clan Vitali. Il parait que son père t’a surpris avec ta copine, et que Giorgia a versé toutes les larmes de son corps. Le padre Vitali était furax. Il a envoyé chier Marco, littéralement. Les accords entre les deux familles n’ont pas pu aboutir à cause de toi, et s’il y a bien une chose que ton père déteste, c’est qu’on compromette ses plans. Lorsque qu’une affaire ne se passe pas comme il l’a prévu, tu peux être sûr que la situation va dégénérer. Hors de lui, Marco ne pouvait pas attendre une minute de plus. Il s’est rendu à ton école, en plein après-midi, furieux. Voilà…

Je serre les poings sur mes genoux, tête baissée. Je garde le silence. Il n’insiste pas. Nous arrivons à l’hôpital. Les infirmières que nous croisons ne me remarquent même pas. Un patient dans le couloir, lui, me voit. La bouche entrouverte, il me fixe avec étonnement, les yeux exorbités. C’en est même gênant. Nous entrons dans la chambre 125. Daniela pleure à chaudes larmes sur Alberto. Il bouge. Valentina et Maria échangent des mots. Marco rassure Daniela. Je m’avance. Dès qu’ils se rendent compte de ma présence. Ils se taisent. Tous, sans exception. Ils me fusillent du regard. C’est lui qui a tué Sofia ! Daniela se dresse devant moi. Elle me fait flipper avec ses lèvres pincées et ses longs cheveux noir. Soudain, elle entre dans une rage folle. Elle se jette sur moi, me frappe de ses mains, comme si elle pétrissait de la pâte à pain. Je croise les bras au-dessus de ma tête pour me protéger. Et là elle déblatère des injures. Je suis abasourdi.

— Sale gosse ! P’tit merdeux ! Je te déteste, t’entends ? Comment as-tu pu tabasser mon fils ?! P’tit con ! Salaud !

« Son fils », et moi alors ? Elle en a deux que je sache ! Comment une mère peut-elle parler de cette manière à ses enfants ? Mes larmes se remettent à couler. Elle me pousse violemment contre le mur de la chambre, me sermonne.

— Ne t’approche plus d’Alberto ! Tu n’as pas intérêt à t’en prendre de nouveau à lui !

Ça suffit ! J’en ai marre ! C’est quoi ce délire ? Je savais qu’Alberto était son chouchou, mais quand même, sa réaction est disproportionnée. Je hurle.

— Arrête !

Elle n’apprécie guère ma réaction.

— Tu oses me répondre ?

— Il a tué ma p’tite amie ! Il n’a que ce qu’il mérite ! C’est bien fait pour sa gueule !

Je n’ai pas pu me retenir. Les mots sont sortis spontanément. Le regard de ma mère se vide de toute raison. Elle semble possédée par un être malveillant. Je suis allé trop loin. Je le sens. Elle se jette sur moi, comme un chat. Je tombe sur les fesses. Elle me griffe les bras. Je sens du liquide suinter. Elle donne des coups de pieds dans mes jambes.

— Ne touche plus à mon fils ! Saleté de gamin ! Tu n’es pas….

Marco plaque sa main sur sa bouche pour la couper. Qu’allait-elle me dire ? Elle se débat, gesticule dans tous les sens. Giovanni et Fabio lui viennent en aide pour retenir Daniela. Ces hurlements alertent le corps médical. Deux infirmières débarquent dans la chambre. L’une d’elle lui administre un calmant à l’aide d’une seringue. Elle se calme, somnole à moitié. Marco la porte pour l’installer dans le fauteuil. J’observe mes sœurs. Elles se serrent l’une contre l’autre, apeurées, décontenancées. Je lutte pour retenir mes larmes. J’inspecte mes bras. C’est un tigre qui m’a griffé jusqu’au sang. Ça me lance. J’ai mal. Mais personne ne bouge. Marco est le premier à prendre la parole.

— Va t’excuser auprès de ton frère.

— Mais il a…

— C’est un ordre ! coupe Marco.

Tous me fixent comme si j’étais une bête sauvage. Les infirmières s’éclipsent. Je me lève, chancelant, secoué par les propos de ma mère. Je m’approche d’Alberto. Il est conscient. Il sourit, narquois. Je crispe la mâchoire.

— Alors, j’attends. P’tit frère.

Je n’y arrive pas. Ces mots pourtant simples refusent de sortir de ma bouche. Je contemple son visage. Je l’ai bien amoché ! Je ricane, par nervosité. Marco me frappe à la tête, puis m’agrippe le cou.

— Excuse-toi. Tout de suite !

Il a toujours le dernier mot. Je laisse mes bras glisser le long du corps, vaincu. Je sens le sang de mes plaies couler sur mes mains. Toute la famille est contre moi. Alberto a gagné. Saloperie.

Je marmonne.

— Je m’e..cu…

— Je n’ai pas bien entendu ! me hurle Marco dans l’oreille.

— Je m’excuse !

Alberto esquisse un sourire. Marco me relâche. Daniela soupire. Je grogne intérieurement.

L’une des infirmières revient dans la chambre. Elle vient pour moi.

— Faites ça dehors. Giovanni, raccompagne-le. Je l’ai assez vu pour aujourd’hui.

Toujours le mot qui réchauffe le cœur, ce Marco. Je n’ai même plus envie de l’appeler « papa ». L’infirmière me soigne dans le couloir. Elle désinfecte mes plaies avec délicatesse. Puis elle bande mes bras avec douceur. Mes larmes coulent toutes seules sur mes joues. De si petits gestes d’attention suffisent à me bouleverser. J’en ai tellement besoin. Elle me caresse la joue, de la pitié dans les yeux. Elle est blonde. C’est joli cette couleur, comme celle de la lumière. Elle a fini. Elle me laisse avec Giovanni. Il me ramène à la maison.

Seul dans ma chambre, je cogite. Je revois toute la scène dans mon esprit. C’est de la faute de Marco. C’est lui la cause de tout ça. Je bouillonne de colère.

De retour à la maison, je saute sur lui comme un chien enragé et serre de toutes mes forces le cou de mon père tombé à terre. Giovanni, Fabio et Renato se précipitent pour m’empêcher de l’étrangler.

Je me débats. Mais je n’ai que quatorze ans et donc pas assez de force pour lutter contre ces trois affranchis. Valentina et Daniela aident Marco à se relever, qui tousse presque à en vomir.

Valentina me scrute, une main sur la hanche.

— Fallait pas sortir avec Sofia. T’as fâché papa, tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même.

Elle tire une bouffée sur sa clope. Comment ose-t-elle me dire une chose pareille, alors que c’est elle qui m’a conseillé de sortir avec Sofia ! J’ai envie de la baffer. Je me contiens, sachant bien que c’est mal de frapper une femme. Je craque. Je dois évacuer cette rage qui me ronge les tripes. Je hurle des insultes à l’encontre de mon père.

— Faites-le taire bon sang ! râle Marco.

Renato, m’agrippe par derrière, me plaque une main sur la bouche et avec son autre main, me bloque les bras.

Marco lui fait un signe de tête en direction du sous-sol. Renato me soulève. Je balance les pieds dans tous les sens. Arrivés en bas, il me jette dans une cave aux parois de pierre. Il referme la lourde porte blindée, la verrouille. Il m’enferme, toute une journée, dans cette pièce froide, sombre et humide. Je ne vois pratiquement rien. Je pose les mains sur le sol rugueux. Elles glissent sur un liquide visqueux. Du sang. Mon pouls s’accélère. C’est dans cette pièce qu’il torture les types qui l’ont trahi, ceux qui brisent l’omertà. Marco me l’a martelé, ce code d’honneur. Je savais qu’il existait une pièce comme celle-ci au sous-sol, mais je ne l’avais jamais vue. Maintenant, j’y suis. De la lumière filtre à travers quelques interstices. Je distingue des armes blanches, une chaise en bois au centre de la pièce, et du sang projeté sur les parois de la cave. Mes mains tremblent. Ma respiration est saccadée. Je manque d’air, j’étouffe. Cet endroit me donne la chair de poule. Je n’arrive pas à me relever, je suis cloué au sol. J’enfouis ma tête entre mes jambes, les serre fortement, me cache de cette vision d’horreur, en attendant que Renato revienne me chercher.

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