35

13 minutes de lecture

Je me dirige d’un pas pressé vers la boutique de savons. Je croise quelques sans-abris errant dans les rues. Je suis arrivé. Je me tiens face à la vitrine, plongée dans le noir. Je pose ma main sur la poignée. Fermé, évidemment.

— Je savais que je te trouverais ici.

Je me retourne en entendant la voix de Milo.

— Que fais-tu là à cette heure de la nuit ? dit-il.

— Je peux te poser la même question.

— Ouais… Qu’est-ce qu’il a fait à ta sœur ?

— Je n’en sais trop rien… Elle refuse de parler. Tout ce que je vois, c’est qu’elle est apeurée. Sa rencontre avec cet homme l’a perturbée.

— Qu’est-ce que tu vas faire ?

— Lui demander directement ce qu’il a osé lui faire.

— Quelque chose me dit que tu ne lui demanderas pas gentiment.

— Va-t’en si ça te gêne.

— Non, je vais t’aider et tu feras de même pour moi.

Je le regarde de biais, secoue la tête, exaspéré. Il s'accroche le bougre.

— Alors, c’est quoi le plan ? dit-il.

Je mets les mains sur les hanches, lève la tête vers l’enseigne : Bath & Soap. Puis je fixe la vitrine. Pour commencer, je décide de l’éclater. C’est ce que m’a montré mon père avec le bijoutier. Je fais pareil, et alors ? Oui, j’avais dit que… Mais là, je ne peux pas le laisser s’en tirer si facilement. Je sors mon arme.

— T’es pas sérieux ?! panique Milo. On va se faire remarquer !

— Tant mieux.

Je pointe mon arme sur le verre, tire plusieurs coups de feu. La vitrine se brise. Milo se plaque les mains sur les oreilles. Il regarde autour de lui, paniqué. Des lumières s’allument ici et là dans les habitations, puis une lueur apparaît dans l’appartement au-dessus de la boutique. La fenêtre s’ouvre, quelqu’un se penche pour regarder ce qui se passe. C’est le vendeur de savons.

— Hey ! Ma vitrine ! Qu’est-ce que vous manigancez p’tits merdeux ?!

J'ignore sa question, entre dans la boutique. Les débris de verre craquent sous mes pieds. Je me dirige vers la porte du fond. Elle s’ouvre d’un coup sec, avant que je n’arrive. Le vendeur se tient devant nous, couteau en main. Qu’est-ce qu’il s’imagine ? Il croit me faire peur avec son cure-dent, le type en pantoufles ? Un peu de sérieux.

— Qu’est-ce que vous me voulez ? hurle-t-il.

Je le fixe d´un regard sévère.

— Qu’as-tu fait à ma sœur ?

— Quoi ?

— Je ne le répéterai pas deux fois.

L’homme grogne. Milo reste en retrait, déstabilisé.

— Ce que mérite une garce dans son genre.

— C’est à dire ?

— Tu veux vraiment le savoir ?

— Ma sœur est une personne gentille et discrète. Elle ne ferait de mal à personne.

— Balivernes. C’est une putain de ritale, une sous-race, comme vous deux !

— Hey ! Attention à ce que vous dites ! intervient Milo.

— Vos femmes ne sont bonnes qu’à écarter les cuisses. Elles ne trouveront pas de boulot autrement. Je lui ai juste mis la main au cul à ta sœur. Mais elle m’a repoussé la salope !

Je ne peux pas me retenir. Impossible de rester calme. Je m'avance vers lui, lui choppe le poignet, lui tord. Il lâche son couteau, puis me jette sur lui, poing levé. Je le cogne avec force dans la mâchoire. Il tombe en arrière, se cogne la tête contre le mur. Il est sonné. Du sang coule de sa bouche. J’agrippe le col de sa robe de chambre, le cogne une deuxième fois au visage, l’insulte ouvertement.

— Connard ! Comment peux-tu te permettre d’insulter nos femmes comme ça ?! Va te faire foutre enflure !

Je le frappe encore avec mon poing. Milo observe la scène, tétanisé et chamboulé. Le visage du gars gonfle, se couvre de sang au fur à mesure des coups. Son nez et sa bouche saignent abondamment. Ma main s’écorche par les coups. J’arrête, essoufflé. Il gémit de douleur. Il se redresse péniblement. Il me fixe de ses yeux bouffis.

— Pourriture.

Je fronce les sourcils, en rage. Personne n’a le droit de me traiter de « pourriture ». Personne ! Tu piges ? Je sors mon arme d’un geste vif, la pointe sur son front et tire sans attendre. La balle transperce son crâne. Le sang gicle sur la tapisserie verdâtre. Son corps glisse sur le sol. Je me retourne vers Milo. Il se tient la tête entre les mains.

— Pourquoi t’as fait ça ?! Tu deviens comme ton père ! hurle Milo.

J’observe avec dédain le corps meurtri et sans vie de l’homme.

— Il n’aurait pas dû s’en prendre à Maria, ni l’insulter, ni me cracher tout ça à la figure. Il est allé trop loin.

— C’est pas une raison pour…

Soudain, des sirènes de police résonnent.

— Jack, t’entends ? s’angoisse Milo.

— Oui, j’entends. Les flics arrivent.

— Qu’est-ce qu’on va dire ?

— Rien. On se casse d’ici, c’est tout.

— Mais…

— Tu veux te faire arrêter ?

— Non…

— Alors viens !

Mais Milo reste planté devant le cadavre. Les bruits des sirènes de police sont de plus en plus forts.

— Milo ! Bouge-toi !

J’attrape son bras et le tire avec fermeté.

— Faut partir !

Nous sortons de la boutique. Milo se laisse guider. Je regarde à droite, j’aperçois les gyrophares. Je cours alors à gauche sur Kearny Street, puis tourne sur Washington Street. En allant dans cette rue, je tombe nez à nez avec Kenneth et un collègue. Et merde ! Surpris, je ne fais pas attention à ce flic qui me passe une menotte au poignet. Je regarde ce bout de ferraille, penaud, puis constate que l’autre menotte est accrochée, au bout d’une chaîne, au poignet de Kenneth.

— J’te tiens, lance le lourdaud, satisfait.

Je tire violemment sur la chaîne. Il est attiré en avant. Il se cogne contre son collègue. Les deux policiers tombent au sol à quatre pattes. Je profite de ce laps de temps pour sortir mon arme à l’arrière de mon pantalon et la donner discrètement à Milo. Machinalement, il prend l’arme d’un geste rapide et la cache sous sa veste. Je lâche son bras.

— Va-t’en !

Milo, angoissé, me regarde, puis Kenneth, puis moi. Enfin, il s’enfuit en courant. Je le surveille. Il s’arrête. Mais qu’est-ce qu’il fabrique ? Les deux policiers se relèvent. Le collègue s’apprête à le courser, mais je le stoppe à temps en lui faisant un croche-pied. Il tombe à plat ventre.

— Qu’est-ce que t’attends ?! Cours ! Ne te préoccupe pas de moi !

Milo reste paralysé, ne sachant pas quoi faire. Kenneth en profite pour me donner un coup de poing dans la mâchoire. Du sang gicle de la commissure de mes lèvres.

— On va le choper aussi ton copain !

Je donne un coup de pied dans le ventre du flic à terre pour l’empêcher de se relever. J’agite ma main libre.

— Allez ! Enfuis-toi ! Cours !

Milo se met enfin à bouger. Il s’échappe, disparaît au détour d’une ruelle.

— Saloperie, lance Kenneth. Tant pis, on tient Jack, c’est déjà ça.

Son collègue se relève. Furieux, il m’envoie son poing dans la mâchoire.

— Stop ! grogne Kenneth. Aide-moi plutôt à l’emmener au poste.

Kenneth retire sa menotte. Ils s’y prennent à deux pour m’attacher les deux mains dans le dos. Ainsi maîtrisé, ils me font monter en voiture. Ils m’embarquent au poste.

Debout dans la pièce, son collègue procède à une fouille au corps. Kenneth fronce les sourcils, renfrogné, bras croisés.

— Tu l’as caché où ?

— Quoi donc ?

— Ton arme !

— J’en ai pas.

— C’est pas possible, s’exaspère-t-il.

Il s’avance vers moi, m’assied de force sur la chaise, située derrière le bureau. Il prend place en face de moi.

— J’en ai marre, Jack. C’est quoi cette fois ?

— Ce type a agressé sexuellement ma sœur.

— Ben voyons.

Je me lève brusquement.

— À quoi sert cette mascarade, vu que vous ne m’écoutez jamais !

Il se lève à son tour, plaque ses mains sur la table.

— T’as tué un autre innocent !

— Prouvez-le !

Il arbore un sourire cynique.

— Avec ou sans arme, je trouverai les preuves nécessaires qui te rendront coupable.

— J’attends de voir.

— Ne me sous-estime pas. Les habitants du quartier t’ont forcément vu. Ce sont des témoins clés. Ils te dénonceront sans hésiter. Ne te fais pas d’illusions ! Cette fois je te coffrerai pour de bon !

— Ils témoigneront plutôt contre ce vendeur de savons.

— Quoi ?!

— Il maltraite ses clientes.

— Mensonges ! C'était un innocent sans défense !

Son collègue, adossé au mur, prend la parole.

— Pas si innocent que ça. Nous avons déjà reçu des plaintes de femmes à propos de gestes déplacés…

— La ferme !

— Ah ! Vous voyez, dis-je, sourire en coin.

Kenneth tape du poing sur la table.

— Tu vas la boucler, oui ?! J’en ai assez de voir ta sale gueule !

— C’est réciproque.

— Qui a tué ce type ?

— À votre avis ?

— Saleté !

Il se tourne vers le policier.

— Boucle-moi ça dans une cellule individuelle.

— Ah, c’est nouveau.

— Hors de ma vue ! s’exaspère Kenneth.

Le policier m’emmène en cellule, me libère des menottes. Je me masse les poignets. Le débile arrive. Il tape sur la grille avec sa matraque.

— Ta mère ne va pas être contente, une fois de plus.

— Laissez-la tranquille. Je ne suis plus un gamin.

— Tu n’es pas un adulte non plus. Tu n’as pas encore atteint la majorité que j’sache.

Je grimace.

— Quand vas-tu crever à la fin ? dit-il.

— Vous n’avez pas honte de poser ce genre de questions ?

— Non. Et toi, tu n’as pas honte de couvrir le criminel qui a tué Lindsay Johnson, Sofia Contini et le vendeur de savon, Jeff Wilson ?

Je fulmine, je regarde ailleurs pour contenir ma colère. Il frappe d’un coup plus fort. Les barreaux vibrent.

— Regarde-moi quand j’te parle !

Je tourne à moitié la tête vers lui.

— Je n’ai rien à vous dire. Surtout pas à un type comme vous.

Il grogne entre ses dents, part d’un pas lourd et rapide. Je soupire. Je me passe une main dans les cheveux, plaque ma tête en arrière sur la grille de la cellule. Pas de lit, juste des toilettes et un lavabo douteux. Je m’allonge sur le sol froid, me recroqueville sur le côté, et m’endors à moitié.

Le lendemain matin, Kenneth débarque en trombe. Coup de matraque sur la grille. Je me réveille en sursaut.

— C’est quoi ces conneries ?! hurle-t-il.

— Pardon ? Qu… Quoi ?

— On a reçu un appel anonyme ce matin d’un habitant du quartier qui aurait vu celui qui a cassé la vitrine et tué Jeff !

— Ah bon ?… Et ?

— Il a décrit un homme baraqué comme un joueur de football américain, grand et chauve ! Chauve !

— Ah…

— Rien à voir avec ton physique ! Tu m’expliques ?!

Je me frotte l’arrière de la tête, puis me relève. Je plaque une main sur la grille, en regardant Kenneth droit dans les yeux.

— Ça veut tout simplement dire que je ne suis pas coupable.

— Foutaises !

Un jeune policier arrive en courant.

— Chef ! Nous venons de recevoir trois autres appels qui corroborent la description donnée par le premier.

— Un homme chauve ?

— Exact.

Il me jette un œil désappointé, grogne, puis s’éclipse d’un pas lourd avec le jeune. Je fronce les sourcils, suspicieux. C’est quoi cette histoire ? Je m’adosse à la grille, bras croisés. Je réfléchis. Mais aucune explication tangible ne me vient à l’esprit. Je ne comprends pas ce qui se passe. Le policier revient quelques minutes plus tard pour m’ouvrir.

— Tu es libre.

Je reste sur mes gardes, sceptique. Il m’accompagne jusqu’à l’accueil du commissariat. Là, un homme m’attend, petit avec les cheveux noirs et la peau mate, mexicain sans doute.

— C’est un de tes oncles qui est venu te chercher, m’explique le flic.

Je lève un sourcil, étonné. Je ne comprends pas trop ce qui se passe, mais je joue le jeu. Je ne tiens pas à rester plus longtemps en compagnie du Chef Whisky.

— Salut tonton ! dis-je en levant la main.

L’homme fait de même.

— Salut ! Encore un malentendu de la part des flics hein ? C’est pas de bol. Allez j’te ramène chez toi.

Je le suis, tout en jetant un œil au policier derrière moi. Nous sortons du commissariat. La voiture de cet homme est garée juste devant. Lorsque j’ouvre la portière, j’aperçois Kenneth, le regard dédaigneux. Y a de quoi. Je lui file entre les doigts, alors qu’il a attrapé le coupable. Même moi je me pose des questions. Le type roule jusqu’au quartier chinois. Il s’arrête devant une épicerie. Je vois Milo, debout devant la boutique, les mains sur les hanches. Je commence à deviner.

— J’t’ai ramené ton pote comme convenu ! En un seul morceau !

— Aaah il a quand même des égratignures, ricane Milo. Un bel hématome au niveau de la mâchoire.

— Ah c’n’est pas moi !

— Je plaisante ! Merci du coup de main !

Milo lui remet une liasse de billets, puis l’homme démarre. Je regarde la voiture s’éloigner, puis me tourne vers lui.

— C’est toi qui m’as sorti de là ?

— Exact ! Avec l’aide de mes compagnons.

Il montre de la main quatre hommes : deux afro-américains et deux asiatiques. Ah ça y est, j’ai compris. Il m’explique, sans que je lui demande, que ces hommes ont appelé la police, en se faisant passer pour des habitants du quartier. Ils ont décrit le profil du tueur : le fameux homme chauve. Et les vrais témoins alors ? Pour ça, ils ont utilisé la technique de l’intimidation pour les empêcher de parler. En échange de quelques billets, ils ont acheté leur silence. J’admets qu’il s'est bien débrouillé sur ce coup-là. Il m’évite de longs jours en prison. Milo me rend mon Colt, que je range à l’arrière de mon pantalon. Mais quelque chose me turlupine.

— Pourquoi tu ne leur demandes pas de l'aide, pour te sortir de ce bourbier avec les Spinelli ?

— C'est... trop compliqué pour eux. Ils vont se faire tuer, c'est certain. Il n'y a que toi qui peut faire quelque chose. Les Spinelli travaillent pour les Calpoccini, non ? Par conséquent, t'es au-dessus d'eux. Et puis... mes potes n'ont rien à voir avec nos histoires de clans. Ils ne se mêleront pas à ces affaires de mafiosi.

Je soupire, me contente de les remercier. Je sais bien que cette aide n'est pas anodine, ça permet à Milo d'obtenir un échange de service en retour. Je le prends en aparté, puis lui avoue que j'en ai assez de tout ça.

— Quoi ? Tu veux changer de vie ? s'étonne Milo.

— Si je pouvais, oui…

— Moi aussi tu sais.

— Vraiment ?

— J’aimerais bien, mais avec le poids de la famille et du clan Spinelli sur les épaules...

— Oui…. Le sang de nos ancêtres coule dans nos veines. Il faut suivre le code d’honneur et protéger sa famille avant tout.

— Ton vieux te sort de ces discours...

— Les Américains ne nous laissent pas vraiment le choix non plus.

— C’est pas faux, ajoute Milo. Continuellement rejetés, on reste finalement auprès des siens. Mais tu sais quoi ?

— Non, quoi ?

— Au cas où j’aurais besoin de changer de vie ou que je veuille partir d’ici, je me suis fait des contacts. Des contacts qui peuvent m’être utiles. Et à toi aussi.

— Quel genre de contact ?

— Je vais te parler d’un gars, retiens bien son nom !

Milo lève son index pour appuyer ses propos.

— Il s’appelle Aaron. C’est un afro-américain. Il excelle dans les fausses pièces d’identité. Si un jour tu as besoin, tu peux aller le voir de ma part !

— Aaron… Et où est-ce qu’on peut le trouver ce Aaron ?

— Ah ah ça t’intéresse ?

Il me donne un coup de poing amical sur l’épaule.

— Comme toi, c’est au cas où ! dis-je.

Je lui renvoie son coup.

— Il crèche dans un entrepôt sur les docks, précise Milo. Sur The Embarcadero Pier 29. Au milieu d’une ruelle sombre, derrière une porte métallique noire.

— Tu en connais des endroits peu fréquentables.

— Je me balade, je prends tous les renseignements sur les types qui pourraient m’être utiles plus tard.

— Tu ne te fais pas remarquer ?

— Je suis hyper discret, ricane Milo. Garde ce nom en tête. Aaron ! Celui qui peut changer ta vie !

— J’ai bien mémorisé, c’est bon.

— Tu... tu m'aideras pour mon problème avec les Spinelli ?

— Je vais y réfléchir...

J´esquisse un sourire, puis lui dit au revoir, rentre chez moi.

En arrivant dans le hall d'entrée, Daniela se poste en travers de ma route. Elle est de mauvaise humeur.

— Qu’as-tu fait pour te retrouver encore prison ?

Ah je comprends mieux son ton contrarié. Kenneth a dû l’appeler. Mais pourquoi n’est-elle pas venue ? A-t-elle croisé le mexicain ?

— Tu n’es pas venue que je sache.

— Je n'en avais pas envie.

Cette remarque me blesse. Mais bon, j’ai pu sortir sans problème grâce à Milo et ses potes.

— Ne t’en fais pas pour ton image, c’est un ami qui est venu me chercher, dis-je d’un sourire forcé.

Daniela me gifle fortement. Ma tête dévie sur le côté. Mes mèches de cheveux me cachent le visage. Je reste dans cette position pour éviter son regard.

— Il me semble t’avoir déjà sermonné à propos de tes passages au commissariat ! Arrête de me causer du tort ! Ils m’ont appelée… Moi ! Et c’est déjà bien assez pour me faire honte !

Daniela m’agrippe les cheveux pour me tourner la tête vers elle.

— Regarde-moi quand je te parle !

Je la fixe avec des yeux tristes. Elle me relâche. Elle m’observe, les lèvres tremblantes, puis elle détourne la tête, part en direction du salon en claquant les talons sur le carrelage.

Je soupire. Je pose ma main droite sur le garde-corps. Les jointures sont rouge sang, abîmées par les coups administrés au vendeur. J’entends des pas dans l’escalier, lève la tête. C’est Maria. Elle serre le haut de sa robe de chambre. Elle descend les marches jusqu’à moi. Elle m'observe avec des yeux brillants. Elle a deviné.

— C’est toi qui l’a tué ?

— Oui. Ce type ne te touchera plus jamais.

Maria ne dit pas un mot, se contente d’enlacer ma taille. Elle pleure à chaudes larmes dans le creux de mon épaule. Elle aussi semble avoir rapetissé. C’est moi, j’ai grandi. Je la dépasse d’une tête désormais. À cet instant, je me sens comme le grand frère protégeant sa petite sœur du mal. Elle m’a toujours soutenu dans les moments les plus difficiles. À mon tour de la réconforter.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire LauraAnco ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0