43

13 minutes de lecture

Sous le réverbère, nous reconnaissons Domenico, vieilli par le temps, aminci et voûté. Un bandeau masque l’orbite vide de son œil gauche. Un affranchi, imposant et tout en muscle, l’accompagne. Vient le tour d’Antonio, tremblant, jetant des regards apeurés dans tous les sens. Enfin, Emilio. C'est devenu un individu maigre. Il n’a que la peau sur les os. Son crâne rasé, son nez crochu, ses gros sourcils et ses yeux meurtriers dessinent son visage de tueur dérangé. Vêtu d’un simple t-shirt blanc de l’US Navy et d’un pantalon noir, il me fait flipper. Je ne rigole pas du tout. Il s’approche, les mains dans les poches, en riant comme une hyène. Il sort un petit sac en tissu, qu’il balance à mes pieds. En tombant sur le sol, le sac s’ouvre, dévoilant son contenu : des yeux humains.

— Y en a neuf là-dedans, chantonne Emilio. Il m’en manque un.

Il penche sa tête de côté, d’un regard diabolique.

— Il me manque le tien !

Merde, ça craint. Il a bien l’intention de s’en prendre à moi. J’avais bien dit de ne pas y aller ! Marco m’a encore foutu dans un sacré pétrin ! J’avoue que là, j’ai peur. Je me place en position de combat. Marco et Renato sortent leurs armes. Ils les pointent sur leurs adversaires.

Alberto et Antonio restent pétrifiés chacun de leur côté. Je crispe la mâchoire, serre mes poings, fronce les sourcils, et le scrute de mon regard noir. Emilio se met à rire, brisant le silence de la nuit brumeuse de la jetée de The Embarcadero, comme une bête sauvage tournant autour de sa proie. Marco tire plusieurs coups de feu dans sa direction. Son affranchi n’hésite pas une seule seconde à se mettre en travers de son chemin. Il se prend toutes les balles à sa place. L’homme tombe à terre.

— Pas d’armes à feu ! exige Emilio. Ni d’armes blanches !

— Rien à foutre de tes règles ! hurle Marco, en pointant de nouveau son arme sur Emilio.

À cet instant, une balle lui frôle la main. Une entaille s'ouvre sur son index. Il lâche son arme.

— Pas d’armes à feu ! répète Emilio.

Je distingue un homme caché en haut de l’entrepôt. Il pointe son fusil sur nous. Ça se complique. Marco sort un mouchoir de sa poche pour réaliser un bandage autour de sa main. Puis, il fixe Domenico, qui ne bouge pas d’un poil depuis le début de la rencontre, pétrifié par les réactions incontrôlables de son propre fils.

— Pas d’aide ! s’emporte Emilio.

— Nous étions quatre contre quatre que je sache ! lance Alberto. Tu triches !

— C’est faux ! Ton frère a fait appel aux flics ! Deux ! J’ai donc moi aussi fait appel à deux gars de l’ombre pour contrôler le déroulement cet affrontement !

— T’es bien rancunier ma parole, dis-je. T’as vraiment un problème paranoïaque pour être obnubilé à ce point par notre rencontre de gamins. N’oubliant aucun détail à ce point, t’es bien perturbé. T’as mal vieilli.

— Arrête de le provoquer ! grogne Alberto.

— Approche, mon cher Jack. On va finir ce qu’on a commencé, ici et maintenant !

J’analyse la situation, vite fait. L’affranchi éliminé, il ne reste qu’eux quatre contre trois, sans compter les deux hommes de l’ombre. S’il reproduit les actions de l’époque, normalement ces deux hommes n’engageront rien. Mais est-il réglo ? Le ricanement d’Emilio me sort de mes pensées. Ses épaules tremblent, son rire devient de plus en plus fort, puis Emilio relève la tête vers le ciel pour rire aux éclats, un rire diabolique glaçant le sang. Il me fait grave flipper ! Si je pouvais déguerpir d’ici, je le ferais tout de suite ! Je suis pris au piège. Je le savais bon sang ! Il baisse lentement la tête, arborant un large sourire. Il dévoile des canines pointues, me fixe de ses yeux fous.

— Je vois que c’est toi qui a trouvé les cartes. Tu n’as pas hésité à plonger ta main dans le cadavre.

Je les avais oubliées celles-là. Je les ai toujours en main. Je regarde mes doigts couverts de sang, tenant les quatre cartes. Je les balance en direction de mon adversaire.

— Ce n’était qu’un jeu ! T’as vraiment un sacré problème pour en faire une obsession revancharde !

— Jack, arrête ça, marmonne Marco entre ses dents.

— Moi ? Obsessionnel ? s’étonne Emilio calmement.

— Exactement.

— Je protège juste ma famille. Je lui rends justice. Tu as humilié mon père ! Il a perdu sa dignité et son œil dans cette affaire ! T’as osé te défiler en cherchant les flics ! Je ne laisserai pas l’honneur de mon père bafoué par un lâche comme toi !

— Jack ! Arrête de le provoquer ! Faut s’en débarrasser ! Et tout de suite ! s’écrie Marco.

— Au fait, avez-vous aimé ma petite surprise ?

— Pardon ?

— Le meurtre de l’ancien conseiller municipal en sécurité publique.

— T’appelles ça une surprise ?! s’emporte Alberto, estomaqué. Tu déconnes ?!

— Qu’as-tu pensé de mon œuvre, Jack ?

— Pas très réussie ton araignée.

— Observateur pour avoir compris que mon œuvre est la représentation d’une araignée, sourit Emilio.

Alberto me regarde, sourcil levé.

— T’es dérangé toi aussi ?

Je soupire en jetant un œil à mon frère, puis fixe Emilio bien en face.

— Pourquoi as-tu tué ce type et pas un autre ?

— Grâce à lui, ton père a pu obtenir de nombreux contrats de chantiers publics. Sans lui, il va perdre pas mal de fric. La partie de poker est terminée.

— Ne compare pas ça à un jeu !

— Bien sûr que si. Ton père a constitué une toile d’araignée des liens existants entre les différents conseillers chargés de régler les affaires de la ville.

— Je le sais déjà.

— Tiens donc ? Tu fouilles encore dans mes affaires ?!

— Ce n’est pas le bon moment, là !

— Ce sont des liens que j’ai cultivés dans l’ombre, explique Marco à Emilio.

— Ces liens se rejoignent tous au centre, fait remarquer Emilio. En tuant ce conseiller, je détruis ces liens. Et l’araignée tombe !

— Autrement dit… toi, Marco, dis-je.

— Jack, il n’a atteint qu’une partie de mes affaires ! Ça n’a pas d’importance ce qu’il a fait ! Il ignore beaucoup de choses à notre sujet !

— C’est vrai. Mais tu vas subir quelques pertes…

— Nous y ferons face !

Pendant que nous discutons, Emilio s’approche de son père et de son frère. Il sautille d’un pied sur l’autre, pour rejoindre sa famille et leur donner des instructions. Toutefois, il ne nous quitte pas des yeux une seule seconde. Marco fait de même en nous rassemblant tous les quatre. Je n’aime pas ce moment de sursis. Il se joue de nous ! Il se croit dans une partie de poker visiblement.

— On ne montre pas ses peurs, on ne montre pas ses pleurs, on ne montre pas ses émotions. Compris ? Nous sommes les Calpoccini ! Rien ne se mettra en travers de notre route !

À la fin de cette tirade, Emilio penche la tête de côté, souriant toujours.

— Pas de problème ! lance Alberto. J’ai la devise des Calpoccini dans la peau !

— Quoi ?

— Je l’ai tatoué sur l’intérieur de mon avant-bras !

— C’est une blague ?

— Ben non, regarde !

Alberto remonte sa manche jusqu’au coude, puis me montre son avant-bras côté intérieur. Je lis l’inscription tatouée en noir, en lettres calligraphiées : No fears, No tears, No feels. N’importe quoi celui-là. Je grimace en regardant Alberto.

— Pourquoi en anglais ?

— En italien, c’était trop long, ça prenait trop de place sur le bras.

— Je rêve…

— Tu devrais toi aussi te…

— Non, pas la peine, je ne l'oublierai pas.

— C’est pour montrer que nous sommes les Calpoccini ! Notre devise quoi !

— Non ! Oralement ça suffit !

— Allez, nous sommes les frères Calpoccini et…

— Oh vous deux ! coupe Emilio, vexé. Je suis toujours là ! Vous osez vous payer ma tête ?!

— C’est vrai qu’il est encore là lui, dis-je, histoire de détendre l’atmosphère.

— Arrête ça tout de suite ! s’agace Marco.

Ah, ça n’a pas marché. Emilio grogne, serre les poings. Bras ballants, il se met à courir vers moi. Au dernier moment, il lève le poing pour me percuter. Je pare son coup en croisant mes bras devant mon visage. Avec sa vitesse de déplacement et sa force de frappe, je glisse sur mes pieds de quelques centimètres. Situés pile dans mon champ de vision, je constate la réaction de mon père et de mon frère. Ils sont abasourdis par ce qui vient de se passer. Voyant Emilio lancé dans le combat, Antonio se met à frapper Alberto. Il riposte. Mais Antonio a l’air plus faible. Les coups d’Alberto sont plus violents. Quant à Marco, il s’approche de Domenico, de toute sa hauteur, suivit par son affranchi Renato.

— Qu’est-ce que c’est que ce cirque ?

— Je… je suis désolé… j’ai juste obéi à mon fils…

— T’en as peur à ce point ? Tu ne sais pas éduquer ton propre fils ?

— Je ne sais pas pourquoi il a développé cette haine… Oui, je l’avoue, je n’ai plus aucune autorité sur lui. Il a toujours admiré les grands de la Mafia, comme Vito Cascio Ferro ou bien Joe Masseria. Il s’est mis en tête d’être plus fort qu’eux, de dominer le milieu, en commençant par me venger. Je me suis senti humilié après avoir perdu au poker face à ton gosse… Mais, avec le temps…, je n’en avais plus rien à faire. Malheureusement, ce ne fut pas le cas pour mon fils Emilio. Je ne savais pas qu’il nourrissait une telle rancœur au fond de lui. Pardonne-moi, je ne sais pas de qui il tient, d’où il tire cette envie meurtrière…

— Si Jack se fait tuer par ton sale gosse, je te tuerai sur le champ !

Domenico tourne son regard vers nous. J’avais vu juste. Il me déteste à cause de cette satanée partie de Poker ! Occupé à écouter leur conversation, je ne fais pas attention à Emilio. Je me prends deux coups de poings dans la mâchoire. Aïe, je dois être plus vigilant. Je riposte en administrant des coups de poing direct au visage et des coups de pied au thorax. Le sang d’Emilio gicle de sa bouche, mais son sourire ne s’efface pas. Il continue de se foutre de ma gueule ! Et v’là qu’il se met à rire ! Il est malade ce type ! Tous stoppent leurs gestes. Je sens les regards sur moi. Je grince des dents.

— Tu te débrouilles bien, remarque Emilio. Mais ce ne sera pas suffisant pour me battre.

Emilio s’accroupit d’un coup, tend sa jambe, donne un coup dans les miennes pour me faire tomber à la renverse. Emilio se jette sur moi, le poing levé. Je déplace ma tête juste à temps pour esquiver le premier coup, mais pas le deuxième venant de l’autre côté. Je me prends le coup de poing en pleine mâchoire. Assis sur mon ventre, il m’empêche de bouger. Emilio avance sa main vers mon œil gauche. J’arrête sa course avec mes mains à quelques centimètres de mon visage. Je lui donne un coup de genou dans les couilles, mais il ne bouge pas d’un pouce, ne ressentant visiblement aucune douleur. Il se penche sur moi, me murmure à l’oreille :

— Tu te fatigues pour rien, je suis eunuque.

Il est hors catégorie ce type ! Je lui donne un coup de tête. Il se cabre en arrière. Emilio rage. Il a le front en sang. Il abat sa main vers mon œil. Je l’esquive à la dernière seconde et empoigne son coude. Je le tords avec force. Emilio lâche son emprise, ce qui me permet de lui administrer des coups de poing direct dans le visage. Les dents d’Emilio éclatent, son nez saigne. Malgré cela, Emilio continue à rire.

Tous sont pétrifiés. Moi le premier. Renato se précipite pour donner un violent coup de poing dans le dos d’Emilio. Il me relâche. Je peux ainsi me relever. J’essuie le sang coulant à la commissure de mes lèvres. Les deux guetteurs n’ont pas réagi à temps. Remarquant la présence inappropriée de Renato, ils se mettent à le canarder. Il s’enfuit en direction de Marco. Il se prend une balle dans l’épaule au passage.

— Deux contre un, ce n’est pas du jeu, plaisante Emilio.

— Y a plus de règles qui comptent face à un dégénéré dans ton genre ! hurle Alberto.

— Ce n’est pas très gentil ça !

Je profite de ce court instant d’inattention, pour lancer un coup de pied fauchage du bas vers le haut, éclatant au passage sa mâchoire. Emilio tombe à la renverse. Je me jette à mon tour sur lui pour lui asséner des coups de poing direct dans le visage. Étourdi par les coups, il perd conscience. Je supplie Marco du regard pour qu’il achève cette enflure. Il s’avance, mais il est brusquement arrêté dans son élan par l’un des tireurs perchés sur le toit de l’entrepôt. Une balle le stoppe net à ses pieds. Ils sont plus attentifs cette fois. Je me retourne et aperçois le canon du fusil brillant à la lueur de la lune.

À cet instant, Emilio m’attrape les cheveux pour me projeter violemment sur le sol. Quelle stupide erreur d’inattention ! Je me maudis moi-même ! Ma tête heurte l’asphalte. Du sang se répand au sol. Je suis sonné. Emilio me retourne, il se positionne à califourchon sur moi. Il dévoile son sourire édenté et ensanglanté. J’ai la tête qui tourne, je ne vois pas bien ce qui se trame. Je sens que mes membres sont endoloris. Je n’arrive plus à bouger comme je veux. Emilio sort un couteau de sa poche. Je croyais que c’était interdit ! Il n’y a plus de règles, me dit-il, comme mon frère l’a si bien précisé. Alberto, crétin ! J’entends des bruits de pas. Ils courent.

Dans le brouillard, je distingue des silhouettes. Des homme empêchent Marco, Renato et Alberto d’intervenir. Je panique. Je sens le sang couler le long de ma nuque. Je lutte pour ne pas m’évanouir. Je n’arrive plus à réfléchir. Emilio plaque sa main sur ma bouche. Il pose la pointe du couteau sur le haut de mon front, dans le coin droit à la base des racines de mes cheveux. Il tient fermement l’objet à la verticale et enfonce légèrement la pointe dans ma chair. Je le regarde avec des yeux emplis à la fois de colère et de peur. Il me fixe dans les yeux, tout en maintenant son arme blanche sur mon front et son genou sur mon ventre.

— Tu es à ma merci, Jack ! Ton œil est à moi.

Non ! Pas ça ! Mon cerveau s’emballe. J’essaye de hurler, mais il m’empêche de faire quoi que ce soit. Je bouge mon bras droit, il le remarque, pose vite fait son genou dans le creux pour le bloquer. Il m’écrase le coude. Je me tortille de douleur. Mes sons d’agonie s’étouffent sous la compression de sa main. J’ai des vertiges. J’arrive tout de même à lui agripper l’épaule avec ma main gauche, mais ce n’est pas suffisant. Je n’ai pas assez de force pour le repousser. Et les autres, qu’est-ce qu’ils foutent ? Ils doivent être bloqués par les hommes de Domenico. Merde. Je dois me débrouiller seul pour me sortir de là ! Emilio se penche sur moi en enfonçant encore plus son autre genou dans mes côtes. Il grogne entre ses dents, comme une bête enragée. Il chuchote à mon oreille :

— Les sicaires de la Camorra sont des experts pour balafrer les visages d’un coup de dague. Cette sfregio, démonstration de la justice rendue, est le châtiment des réfractaires aux ordres.

Représailles à deux balles ! Je m’agite. Je n’arrive pas à me libérer. Il appuie encore plus sur mon ventre.

— Je te l’avais pourtant bien dit, que je vengerais mon père de cette abjecte humiliation. Puis que je régnerais tôt ou tard sur le milieu. Tu te rappelles de cette discussion ? Hein ? Je ne laisserai personne se mettre en travers de ma route. Et certainement pas toi !

Il s’apprête à me sectionner le globe oculaire. Putain, non ! Dans un dernier élan de force, je dévie la tête sur le côté, d’un geste vif. La peur de perdre un membre ou de mourir me donne la force de bouger. Faisant fi de la douleur lancinante. Son couteau est dévié de sa trajectoire. Il loupe mon œil, mais pas le reste. Son arme m’entaille le visage. Une fissure dans la diagonale, du haut droit de mon front jusqu’au coin gauche de ma mâchoire, en passant par l’arrête de mon nez. J’ai senti la lame passer. La sang gicle. Mon visage est comme divisé en deux. Je hurle de douleur sous la main d’Emilio, toujours posée sur ma bouche. Il est furieux d’avoir raté son coup. Il jure à voix haute. Le diable s’empare de lui, je le vois dans ses yeux. Il cherche à tuer. Faut que j’agisse ! Je n’y arrive pas. Bordel de merde ! Il se redresse, lève le couteau. Il s’apprête à me donner le coup de grâce.

Lorsque je crois que tout est perdu, j’entends un « bang » surgir. Du sang sort de sa poitrine. Une cascade rouge coule sur son torse. Il s’écroule sur moi. Quelqu’un lui a tiré dessus. In extremis. Mes cheveux noirs et sang me cachent à moitié la vue. Je reconnais Domenico et Giovanni qui s’approchent. Que font-ils ensemble ? Ils retirent le corps d’Emilio. Je roule sur le côté, me plaque les mains sur ma plaie pour stopper le liquide qui ne cesse de se déverser sur le sol. Je me tortille en gémissant de douleur, mon sang n’arrête pas de couler. Ma tête me tourne. Giovanni me secoue, pour que je me lève. Il me parle. Je ne distingue pas les mots. Je reste au sol. Mes jambes refusent de me porter. Le sang s’échappe entre mes doigts. Ma vision se brouille. J’entends la voix de Marco. Je ne distingue pas les mots. Je cligne des yeux. L’hémoglobine me gêne. Je n’en peux plus, je ferme les paupières. Je perds connaissance. Le trou noir.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire LauraAnco ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0