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San Francisco, 1932

— Tu as bien entendu. Elle est née le 12 octobre. Je suis tombée enceinte en Janvier.

— C’est ce que je calculais…

Lisa commence à peser sur mes bras. Je m’écarte légèrement pour la remettre à sa mère, mais elle s’agrippe encore plus fortement. Je n’ose rien faire de plus, de peur de lui faire mal. Elle se colle à moi comme un koala à son arbre. Ça semble amuser Linda. Je la soulève pour la replacer.

— Dis-moi, tu vas continuer la mainmise sur le quartier ?

— Pas moi, Marco.

— En immigrant ici, tu ne pouvais pas faire autre chose que d’affronter des gangs pour obtenir le pouvoir du quartier ?

— Qu’est-ce qui te prend tout d’un coup ?

— Rien… c’est juste que… je m’inquiète pour toi…

— C’est Marco qui a immigré aux États-unis, tu sais. Moi je suis né ici. C’est lui qui a quitté son pays et pris tous les risques dans les activités criminelles. Moi je ne suis que son ombre. Je n’ai pas eu à me battre pour me nourrir ou pour survivre. Mon rôle consiste à défendre ma famille.

— C’est ça qui m’inquiète… Tellement d’enfants meurent des mains de familles rivales pour se venger ou intimider le chef.

— C’est pour cette raison que Lisa ne doit pas être mêlée à tout ça.

— Je parle de toi…

— Ah… Je suis bien entraîné, ne t’en fais pas.

Linda jette un coup d'œil vers la mer, puis se tourne vers moi, les yeux larmoyants.

— Je te remercie de m’avoir sortie de cet enfer. Grâce à toi, je peux vivre normalement.

— Tu arrives à t’en sortir convenablement ?

— Oui, je t’assure, ne t’en fais pas pour moi. Je bosse comme femme de ménage dans les quartiers Ouest de San Francisco. Bien sûr, il y a des hauts et des bas, mais je fais avec, pour Lisa.

Je fronce les sourcils. Du ménage ? Je me souviens bien de ce qu’elle m’avait dit à l’époque.

— Et la coiffure ? Le nouveau poste ?

Linda plaque une main sur sa bouche, confuse d’en avoir trop dit.

— Tu te souviens de ça ? demande-t-elle, honteuse.

Je souris en coin, levant un sourcil pour l’inciter à s’expliquer.

— Je… J’ai menti… Je n’ai pas obtenu le poste au sud de San Francisco. Y avait un poste de libre, mais ils m’ont refusé, car ils ne voulaient pas de femme enceinte.

— C’est pour ça que tu m’as renvoyé gentiment, tu le savais déjà… Je n’ai pourtant rien vu…

— Tu ne pouvais pas le savoir, je n’en étais qu’au troisième mois de ma grossesse. J’ai menti aussi à Cesca, lui faisant croire que je partais là-bas. En réalité, je suis partie vivre chez ma mère, le temps d’accoucher. Je t’ai menti aussi en disant que je ne savais plus où vivait ma famille.

— Tu cherchais à te cacher…

— Je voulais éviter de devenir un fardeau pour… toi, pour eux. Puis, j’ai trouvé ce travail de femme de ménage, qui m’a permis de subvenir moi-même à mes besoins et à ceux de ma fille.

Je me tais. Sa vie n’est pas aussi simple qu’elle le prétend.

— Si tu as des ennuis, préviens-moi.

— Jack, je n’en ai pas avec la Mafia, et cela me convient très bien !

— D’accord, d’accord.

— J’y arrive. Ne t’inquiète pas.

Bah si je m’inquiète ! C’est ma fille tout de même ! Ça me fait drôle de dire ça… Le corps de Lisa devient soudainement plus lourd. Je la sens glisser. Je la regarde. Elle commence à s’endormir sur mon épaule. Linda la reprend dans ses bras. Elle se met à râler. C’est mignon.

Avec Linda, nous prenons une décision. Celle d’éloigner Lisa de moi. Ce choix n’est pas simple, mais elle semble le meilleur à nos yeux. Je ne veux pas qu’il lui arrive quoi que ce soit. Mon but est de la protéger du milieu de l’organisation. Et pour ça, je dois la laisser vivre seule avec sa mère. Ma priorité est de l’épargner de ce monde de violence et de peur.

Nous nous mettons d’accord pour nous revoir, pour Lisa… Pour me fixer rendez-vous, elle passe par Bianca. Je n’ai plus qu’à aller prendre des verres dans son bar, tous les vendredis soirs. Je la regarde s’éloigner avec Lisa dans ses bras. Pourquoi me sens-je si mal ? Cette petite fille m’a bouleversé.

***

Cet après-midi, Giovanni débarque dans ma chambre, paniqué. Je le fixe avec des yeux ronds.

— Qu’est-ce qui t’arrive ?!

— Y a… y a une…

Je me lève, je pose mes mains sur ses épaules pour le calmer. Il est essoufflé le pauvre.

— Reprends-toi, souffle un bon coup.

Giovanni s’exécute. Il se redresse.

— Ça va mieux ?

— Ouais.

— Alors, qu’est-ce qui t’arrive ?

— Y a une gamine qui te cherche.

— Pardon ?

— Une toute petite petiote, dit-il en mimant sa taille entre ses deux mains.

— Quoi ? Mais c’est…

Je réfléchis, j’angoisse. C’est impossible, elle n’a que deux ans et demi ! Elle ne sait pas parler. Si ? Ou quelques mots. Je ne comprends plus rien. Je fixe Giovanni, d’un air grave.

— Où est-elle ?

— Viens, je t’y emmène. Elle se trouve sur Filbert Street, pas loin de Mason Street et de l’épicerie de Molini.

En courant vers cet endroit, Giovanni m’explique qu’il a vu cette petite fille errer seule dans les rues, tenant une poupée dans une main et une carte dans l’autre. Elle montre aux passants le papier en babillant des « buongiorno » et des « papà ». Giovanni s’est approché de cette petite italienne aux cheveux ébène. Il a vu mon visage sur ma carte d’identité. Je fouille mes poches. Rien. Linda a dû me la piquer sur la plage. Elle aurait pu me la demander ! Comment je fais si un flic m’arrête dans la rue pour vérifier mes papiers ? J’te jure, celle-là. Giovanni continue son monologue en me prévenant que les passants se contentent de secouer la tête en guise de « non ». Aucun n’a eu la présence d’esprit de la conduire au poste de police ou la sagesse de l’accompagner. J’enrage. Je crispe la mâchoire. Putain de pays de merde. Pourquoi se méfier d’une gamine de deux ans ? Les gens sont-ils insensibles à ce point ?

Giovanni m’agrippe par le bras, me stoppe net.

— C’est ta gamine, pas vrai ?

— Non… enfin… c’est…

— Jack ! C’est ton portrait craché !

— T’exagères, elle…

— Elle a la même tête que toi au même âge ! Qu’est-ce que t’as foutu ?!

J’hésite à lui en dévoiler davantage. Est-il capable de garder sa langue face à Marco ? Je ne peux pas nier qu’elle soit ma fille. Je suis coincé. Je décide de faire diversion sur le sujet pour l’instant.

— Viens, allons la voir plutôt.

Nous reprenons notre course. Arrivés sur place, j’inspecte les environs. Où est-elle ? J’entends des pleurs provenant de l’impasse Kent Street. J’y cours. Là, je vois deux hommes blonds lui tourner autour. Elle pleure.

— Tu me casses les oreilles, sale gamine ! crie l’homme.

Il la pousse d’un coup de pied. Elle tombe sur la route. L’autre se penche au-dessus d’elle,

— Vilaine marmaille. T’as pas fini de chialer ?

Lorsqu’il lève la main pour la gifler, je me rue sur lui, le plaque au sol. À califourchon sur lui, je lui administre des coups de poing au visage. L’autre tente de me contrer, mais Giovanni intervient. Il lui administre un bon coup dans les reins. Je me relève. Les deux se tortillent dans la poussière, comme des chenilles à moitié écrasées. Je regarde Lisa. Elle est recroquevillée, se cache les oreilles et ferme les yeux, les larmes coulant sur ses joues roses et la morve dégoulinant de son petit nez. Giovanni congédie les deux Américains. Ils saignent du nez et gémissent de douleur. Ils crachent au sol en partant.

— Éduque ta gamine ! Qu’elle ne remette plus les pieds ici !

Je sors mon arme et la pointe sur eux.

— Dégagez !

Ils pestent. Puis ils se tirent enfin d’ici. Ils sont bien amochés. Je sens l’affranchi poser un regard interrogateur sur moi.

— Bah alors ! Qu’est-ce que tu glandes ?

— Quoi ?

Je reste debout à la regarder pleurer de plus belle. Elle se frotte les yeux avec ses poings. Je ne savais pas qu’une si petite fille était capable de faire autant de bruit. Elle braille en continu. Comment on l’arrête ? Giovanni s’accroupit devant elle, ouvre ses bras. Elle crie encore plus fort. Il n’insiste pas. Il se relève.

— C’est toi qu’elle veut.

— Qu’est-ce que je dois faire ?

— Prends-la dans tes bras ! T’es vraiment nouille !

— Désolé de ne pas savoir m’y prendre ! Ce n’est pas comme si j’avais reçu de l’affection de mes chers parents !

— Fais un effort. T’as juste à la serrer dans tes bras.

— Tu crois ?

— Ça marchait pour toi, sourit Giovanni.

Il n’a pas tort. Je trouvais du réconfort, blotti dans ses bras d’ours. Je soupire. La voir comme ça me pince le cœur. Je m’accroupis, ouvre les bras. Elle vient vers moi d’elle-même. Elle colle son visage dans le creux de mon épaule. Je l’enveloppe de mes bras, lui caresse délicatement la tête. Elle se calme. Puis elle recule, essuie ses yeux. Ah, ma veste est tachée de… Je passe un mouchoir vite fait dessus pour la nettoyer.

— Bambola…

— Quoi ?

— T’es rouillé ou quoi ? Parle-lui en italien !

À partir de cet instant, nous échangeons en italien.

— Elle ne peut pas lui apprendre l’anglais sa mère ?

— Jack ! Sois sympa avec la p’tite.

— Okay. Te fâches pas.

Je me tourne vers Lisa.

— Alors, qu’est-ce qu’elle a ta poupée ?

Elle tend le bras vers un mur. Je plisse les yeux et aperçois un jouet. Je me lève, ramasse la poupée et les morceaux que je mets dans la poche de mon pantalon. Je reviens m’asseoir à côté d’elle. Son jouet en porcelaine est à moitié défiguré.

— Tu sais, il m’est arrivé la même chose quand j’avais ton âge.

Elle s’arrête de pleurer, ouvre grands ses yeux et ses oreilles. Elle hoquette.

— C’était un pantin de bois, un Pinocchio. Tu connais ?

Elle fait « non » de la tête.

— C’est un personnage d’un conte italien. Son nez s’allonge lorsqu’il ment.

Elle rit. J’ai réussi à la faire sourire ! J’suis trop content. Qu’est-ce qui me prend de parler aussi niaisement ? Les bambini ont un pouvoir étrange. Ils nous rendent mielleux. Ou seulement elle, parce que c’est ma fille ? Je réfléchis. Pourquoi mes parents ne se comportaient pas ainsi avec moi ? Je sens comme une inquiétude grandir en moi. C’est étrange… Je secoue la tête pour chasser ce sentiment. Puis, me penche sur Lisa.

— Pinoco ?

— Pinocchio, rectifié-je. Peut-être que ta mère te lira l’histoire… ou moi…

À cette pensée, mon cœur se serre. Je scrute la poupée, l’inspecte. Seul son visage est cassé, d’un côté. Comme le mien… Elle est réparable. Lisa grelotte.

— Tu as froid ?

Elle secoue la tête de haut en bas. J’enlève ma veste et la pose sur ses épaules. Ou devrais-je dire, l’enveloppe. Elle est si petite que ma veste est comme une couverture pour elle. J’ai les larmes aux yeux en l’observant emmitouflée ainsi dans ce vêtement. Pourra-t-on créer des liens ? Je ne sais pas comment faire… J’ai peur qu’elle s’éloigne en grandissant et de ne pas pouvoir lui venir en aide. Comme si elle ressentait ma tristesse, Lisa s'accroche à mon bras et pose sa tête dans le creux de mon coude. J’aimerais que cet instant ne finisse jamais… Les rêves sont de courte durée. Voilà sa mère qui arrive en courant et en pleurs.

— Lisa !

En entendant la voix de Linda, la petite se redresse, me lâche et se met à courir vers elle, manquant de se prendre les pieds dans ma veste. Je soupire. Je me contente d’esquisser un sourire. Giovanni s’écarte, mains dans les poches, pour les laisser passer.

— Lisa, tu es blessée ? s’inquiète Linda. Est-ce que quelqu’un t’a fait du mal ?

— Non, hoquette Lisa.

— Sûre ?

— Oui.

Linda embrasse sa fille, puis se redresse. Lisa l’enlace autour de son mollet droit. Elles s’approchent de moi. Je me lève, en tenant toujours la poupée dans ma main.

— Que fais-tu là ? lance Linda. Ici, dans ce coupe-gorge ?

— C’est toi qui me fais des reproches, alors que tu laisses ta fille trainer seule dans ces rues ? T’es gonflée !

Lisa se cache derrière sa mère. J’ai dû élever trop la voix. Je ne veux pas lui faire peur.

— C’est ma faute… sanglote Linda.

— Que s’est-il passé ? dis-je sur un ton plus doux.

— J’avais un rendez-vous dans une boutique de prêt-à-porter sur Greenwich Street… pour un poste de vendeuse en magasin…

— Et ?

— Ma mère est à l’hôpital… Elle ne pouvait pas me la garder… La voisine Betty était absente… et Cesca… aussi… Sa vitrine a été vandalisée. Alors, je l’ai emmenée avec moi à mon entretien d’embauche… Je ne pouvais pas le rater, je ne veux pas faire du ménage toute ma vie, tu comprends ?

Linda se frotte les bras, les larmes aux yeux. Je me contente de l’écouter. Je jette un œil à Giovanni. Il hausse les épaules, s’allume une clope et attend sagement la fin de la discussion.

— Je lui ai dit d’attendre sur le trottoir. Je ne voulais pas que la patronne me voit avec elle. J’avais peur de louper la place à cause…

— D’elle ? Tu n’as pas honte ?

— Jack ! Je ne l’ai pas faite toute seule je te signale !

— Ouais… Et après ?

— J’ai passé l’entretien. La patronne m’a accepté. En sortant, Lisa n’était plus là…

Linda plaque une main sur sa bouche. Elle sanglote, les larmes roulent sur ses joues. Je la prends dans les bras pour la réconforter. Je vois Giovanni ricaner.

— Avec les femmes, tu sais faire. Ah ah.

Je lui lance un regard noir. Linda ne semble pas avoir entendu. Je la redresse, me penche vers son visage pour la fixer dans les yeux.

— Linda, tu aurais pu me demander. J’aurais pu la garder pendant ton rendez-vous. J’ai vu Bianca vendredi dernier. Tu aurais pu lui faire passer le message. Penses-y la prochaine fois, d’accord ?

Linda me saute au cou, m’embrasse vigoureusement sur les lèvres. Je suis si surpris que j’en oublie de fermer les yeux. Puis elle se détache brusquement.

— Pardon, je… dit-elle en remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. J’avoue ne pas avoir pensé à cette option… Marco pourrait te griller et…

— C’est une possibilité…

Sachant qu’il a des yeux partout. Mais ça, je le garde pour moi. Linda baisse la tête. L’atmosphère est tendue d’un coup.

— Je vais réparer sa poupée, dis-je en lui montrant.

— Oh, elle s’est cassée… Ne t’embête pas.

— Ça ne me gêne pas. J’ai déjà réparé un Pinocchio cassé, alors ça ne devrait pas être compliqué de recoller les morceaux.

— Et toi, qui va te réparer ?

— Pardon ?

Elle me fixe avec des yeux larmoyants, bras croisés. Elle se frotte les bras.

— Rien, oublie.

Je fronce les sourcils. Je ne vois pas trop où elle veut en venir. Je n’ai compris sa remarque que plus tard….Bien plus tard…

— J’ai besoin de trois, quatre jours et je te la rapporterai comme neuve.

— Jack.

— J’y tiens, ça n’est pas trop difficile, je…

— Jack ! Arrête d’insister ! Je ne veux plus qu’on se revoie !

Le vent souffle à ce moment-là, soulevant mes mèches de cheveux. Elle fixe ma cicatrice avec tristesse. La situation devient pesante. Lisa brise le silence en babillant des « mamma ». Elle tire sur la robe de Linda.

— C’est trop dangereux. Je préfère qu’on ne se revoie plus.

— Mais, tu… tu ne peux pas me priver de ma fille !

— Je ne lui ai pas donné ton nom !

Je me prends une claque en pleine figure. Son annonce me serre la gorge. Elle prend sa fille dans ses bras, évite de me regarder.

— Elle porte mon nom. Lisa Comella.

Je crispe la mâchoire, le regard triste.

— Tu ne m’as pas mentionné dans son acte de naissance ?

— Si, je l’ai fait… soupire Linda, mais c’était peut-être une erreur… C’est trop dangereux… répète Linda, larmes aux yeux, lèvres tremblantes.

— Pourquoi as-tu accepté de me voir alors ?

— À cause de Bianca… elle n’aurait pas dû vendre la mèche. Elle ne sait pas tenir sa langue. J’en suis navrée…

— Si je ne l’avais pas découvert, tu me l’aurais caché combien de temps ?

— Tu ne l’aurais jamais su…

— Mais… je suis en droit de savoir !

— Qu’est-ce que ça change ?

— Elle. C’est pour elle que je m’inquiète. Un gosse a besoin de ses deux parents.

— Pas un père comme toi. Tu l’as dit toi-même.

Sa remarque me poignarde.

— Je t’aime, Jack… Mais je suis de trop dans ta vie.

— Qu’est-ce que tu racontes ? C’est faux !

— Alors pourquoi ne m’as-tu jamais dit « je t’aime » en retour ?

Merde. Je ne lui ai jamais dit ? Vraiment ? À y penser, elle a raison. J’aimais Sofia. Mais… Linda ? C’est mon père qui a imposé notre rencontre. Je ne l’ai pas choisie. J’étais bien avec elle. Mais, ça s’arrêtait là. C’était une pute. Une barrière invisible s’est dressée entre nous. La seule chose qui me relie à Linda, c’est notre fille. Je ne veux pas la perdre. Ressens-je plus d’amour envers Lisa qu’envers sa mère ? Je suis perdu. J’ai l’impression de perdre pieds. Je m’enfonce dans le sol, comme des sables mouvants. Giovanni vient me sortir de là.

— Jack va réparer la poupée de la puce. Vous vous revoyez dans trois jours, et après, basta. Ça vous va ?

— Oui, répond Linda.

Non. J’ai envie de revoir Lisa.

— Si elle a envie de te voir en grandissant, elle te trouvera.

— Quoi ?

— Je ne lui cache pas ton identité. Elle sait et elle ne l’oubliera pas, tu es son père, Jack Calpoccini. Tu peux me faire confiance sur ce point.

— Bien…

— Rendez-vous vous au même endroit, sur Crissy Field East Beach, à 18h. D’accord ?

— Compris.

Linda part vers le sud de Mason Street. Lisa me fait des « au revoir » de la main avec le sourire. Puis elles disparaissent à gauche sur Union Street.

— Et ta carte ? intervient Giovanni.

— Merde ! J’ai complètement oublié.

— Tu la récupéreras la prochaine fois.

— Fais-moi penser à lui ramener une photo.

— De ta tronche ?

— Non, la tienne !

Giovanni éclate de rire. Puis, reprend son sérieux.

— Je garde le secret. Promis. Je te donne ma parole.

J’acquiesce. Quand un membre donne sa parole, c’est du sérieux. Il ne revient jamais dessus. Nous sommes réglo sur ce point.

— T’as oublié ta veste, me fait remarquer Giovanni, tout en marchant.

— Je lui laisse.

— En souvenir de son père…

— Eh ! Je ne suis pas mort !

— Ah ? Qui me parle ? Le fantôme de Jack ?

Je lui donne une tape sur l’épaule. Il ricane. Il a un don pour détendre l’atmosphère. Je souris machinalement. Puis je me passe une main dans les cheveux, lèvres crispées. Il pose sa main sur mon épaule.

— Hey, quand même, une pute, ah ah. Si je m’attendais à ça !

Et moi donc ?

— Arrête.

Il se marre. Heureusement qu’il est là.

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