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San Francisco, 2012

À force de fouiller sur Internet, j’ai réussi à trouver des articles de journaux mentionnant l’acte de prêt que détient Fanny Tucker. L’un des articles montre un exemplaire de ce document. Je m’approche de l’écran, fronce les sourcils, il semble différent de celui présenté par Fanny. Comment puis-je les comparer, puisque Brad n’est plus là ? Je soupire, puis navigue des heures sur les différents réseaux sociaux, en particulier Facebook, comme elle l’a fait pour moi. Elle indique son frère Tyler, son père Francis et son grand-père, Robert. Je ne découvre rien de plus. Je me frotte les yeux, éteins l’ordinateur. Peut-être que je devrais demander à Dylan… Je secoue la tête, balaye cette idée pour l’instant. Je me lève, me fais un thé, puis file au grenier. Je prends le carnet de ma mère, tout en buvant une gorgée de mon thé au jasmin.

Lisa – jour 26, 2 novembre 1943.

La poupée en porcelaine… Si elle en parle dans ses notes, c’est que ce jouet lui tenait vraiment à cœur. Sa mère a dû lui relater cet épisode. Je m’interromps dans la lecture des notes et scrute le grenier. Je l’ai déjà vue quelque part il me semble. Ma mère y tenait beaucoup, elle ne voulait pas que j’y touche. Interdire à une petite fille de huit ans de toucher à une poupée, c’est comme interdire à un chiot de toucher à sa gamelle. J’ai désobéi en prenant la poupée dans mes bras, malgré l’interdiction. Je m’en souviens, car c’est le jour où ma mère m’a giflé pour la première fois. Elle a ensuite caché la poupée au grenier. Je ne l’ai plus jamais revue après ça et n’ai jamais su pourquoi elle avait réagit comme ça.

Je me lève, fouille les armoires. Je monte sur un tabouret pour scruter les étagères. Sur la plus haute, je découvre la poupée cachée sous une veste de costume pour homme, noire, poussiéreuse, et tachée au niveau de l’épaule. Je prends la veste d’une main, de l’autre je saisis la poupée, tremblante. Son visage est fait de morceaux recollés. Sa robe rose, ternie par le temps, est rongée par les mites. Il lui manque la moitié des cheveux à cette poupée, des cheveux dorés, abîmés par les années.

Puis je me rassieds au milieu des carnets de notes, l'installe assise contre le coffre rempli de souvenirs. Je dépoussière la veste, éternuant au passage, puis la dépose sur le tabouret à côté de moi. Une photo en tombe. Je tremble en la prenant. Je plaque une main sur ma bouche en la regardant. C’est une photo du visage de mon grand-père, jaunie et cornée. Il n’a pas sa cicatrice. Je retourne le cliché, pas de date d’inscrite. Il a la tête d’un lycéen. Je suppose qu’il doit avoir aux alentours des seize, dix-sept ans. J’expire nerveusement pour contenir mes larmes. Ah, j’y repense, Les aventures de Pinocchio, réalisé par Luigi Comencini, était le film préféré de ma mère. Elle ne se lassait pas de le voir. Je n’avais jamais compris pourquoi, jusqu’à ce jour.

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