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San Francisco, 2012

Nous y sommes, à New-York, là où Robert Tucker est mort. Alors c’est ainsi qu’il s’est retrouvé dans cette ville. Après une dispute violente entre père et fils. Je me ronge les ongles. Que caches-tu grand-père ?

Soudain, j’entends tambouriner à la porte d’entrée. Qui ça peut bien être en plein milieu de l’après-midi et ici chez ma mère en plus ? Je pose le carnet à l’envers, me lève et sors du grenier. Je descends les marches doucement, puis m’arrête en plein milieu. Je pose une main sur le garde-corps. Et si c’était Fanny ? Par prudence, je décide de ne plus bouger. L’individu continue de frapper à la porte.

— Madame Walker ? Vous êtes là ?

Je le reconnais, c’est l’inspecteur ! Je dévale les escaliers, ouvre la porte. Il n’est plus là. Je regarde à droite, puis à gauche. Je l’aperçois de dos, mains dans les poches, vêtu d’une gabardine beige. Son parfum boisé parvient jusqu’à moi. Il se dirige vers Wilde Avenue.

— Brad ! crié-je, main levée.

Il se retourne. Ses cheveux virevoltent au gré des brises, ses yeux me transpercent, la fumée de sa cigarette danse autour de son visage. Je rougis, je viens de me rendre compte que je l’ai appelé par son prénom. Il me répond d’un signe de la main, puis jette son mégot au sol. Il l’écrase, puis me rejoint. Il n’a pas la fibre écologique. Je laisse passer.

— Bonjour Madame Walker, je…

— Appelez-moi Chloé.

— Hum, dit-il, visiblement gêné.

Je m’étonne moi-même de mon comportement déplacé, remets une mèche de cheveux derrière l’oreille, puis le fais entrer. Il reste sur le palier, dans cet espace exiguë entre le meuble à chaussures et le porte manteau perroquet en bois.

— Votre mari a appellé l'accueil ce matin.

— Que... Vraiment ?

C'est moi qui devais appeler l'inspecteur, ça m'est complètement sorti de la tête.

— J'ai aussi eu un appel de Maître Morin.

Je fronce les sourcils, Matthew a pris les devants. Il aurait pu prévenir tout de même.

Brad jette un œil à sa montre, vieille et usée, vu l’état de son bracelet en cuir, déchiré aux coins, et du verre, fendu.

— Je ne peux pas rester plus longtemps. Tenez, dit-il en me tendant la copie de l'acte de prêt de Fanny.

— Merci.

Il me sourit timidement, puis sors de la maison. Je le regarde partir, ferme ensuite la porte d'entrée, me colle dos au mur. L’odeur de bois et d’ambre flotte dans l’air. Je ferme les yeux, pour m’en imprégner. Quelle agréable sensation. Je file ensuite dans la cuisine pour grignoter quelques cookies. Mince, j’ai oublié de lui en proposer, et un café. Je reste accoudée sur le bar de la cuisine, pensive, à contempler le document. Des ratures et des taches parsèment la feuille, un écrit realisé dans la précipitation. Je pose la copie sur la table, me frotte les mains, fais la vaisselle, monte au grenier pour lire tranquillement la suite.

Lisa – jour 36, 15 novembre 1943.

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