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En me dirigeant vers Little Italy, je croise un homme aux cheveux noirs mi-longs, bouclés, la peau mate, avec un nez aquilin, de grands yeux noirs, et un cache-œil. Nous ralentissons, nous nous scrutons, intrigués, puis nous nous arrêtons l’un en face de l’autre. Je le reconnais et lui aussi.

— Alfonso ? dis-je.

— Jack ?

— Oui.

Il me fait une accolade. Qu’est-ce qu’il fout ici ? Je ne lui rends pas son geste, je reste méfiant.

— Qu’est-ce que tu fiches ici ? interroge-t-il, enjoué.

— Je peux te retourner la question.

— Allez viens, on va discuter tranquillement dans un café, ricane-t-il en posant sa main sur mon épaule.

Nous nous asseyons autour d’une petite table ronde en fer forgé, dans un café du nom de « Caffè di Mario » à la décoration voyante : les murs sont couverts de drapeaux italiens, de photographies en noir et blanc de paysages montagneux et de monuments, d’étagères de spaghetti mis dans des bocaux en verre et de boîtes de café. Les percolateurs s’activent, frémissent autour des clients installés au bar, journal à la main. Il faut être aveugle pour ne pas voir qu’on se trouve dans un café italien. Son commerce donne sur Mulberry Street. Nous discutons en italien bien sûr, avec chacun une tasse d’espresso à la main.

— Alors ? commence Alfonso. Ça fait un bail dis donc ! C’est quoi cette allure d’employé de bureau ?

— J’ai… j’ai changé de vie.

— Pourquoi ?

— Je ne voulais plus de ça… Et toi ?

— Je ne voulais plus bosser pour ta famille.

Je souris en coin, en jetant un œil sur le liquide noir et fumant de ma tasse de café.

— C’est pour ça que tu as fui à New-York ?

— En fait, mon oncle s’est fait descendre par un Giacomuzzi.

— Tiens donc…

— Emilio a tué mon Zio ! Puis il s’en est pris à ma Zia et à mes cugini !

— Que s’est-il passé ?

— Au lieu de travailler pour ta famille, il s’est allié aux Giacomuzzi. Mais Emilio est devenu taré. Mon oncle ne vendait pas assez vite la came de Domenico, alors son fils s’en est débarrassé, puis il a éliminé le reste de la famille…

— Tu l’as vengé ? dis-je en regardant par la fenêtre du coin de l’œil les passants.

— Oui, bien sûr. En rage, j’ai foncé direct chez Emilio. Mais il a réagi de manière… imprévue. Il m’a sauté dessus et m’a arraché l’œil gauche avec ses mains.

Il me montre l'orbite vide. Je grimace.

— C’était devenu son rituel depuis sa sortie de prison.

— Je n’étais pas assez préparé. Je me suis échappé en courant. Puis j’y suis retourné quelques semaines plus tard, accompagné de mes hommes de main. Mais trop tard, ce fumier s’est fait tuer avant que je ne puisse me venger.

Alfonso se penche vers moi, avec un regard noir.

— Je sais que c’est toi.

— Il nous a tendu un piège. Je me suis défendu.

— Comme toujours.

Je bois une gorgée de café, puis fixe Alfonso.

— Qu’es-tu venu faire ici ?

Alfonso se redresse.

— Moi et mon père, nous avons tout perdu. Alors nous sommes venus ici. Il ne me reste plus que mon père comme famille, tu comprends ? Et la communauté italienne est plus importante à New-York qu’à San Francisco. Je travaille pour Luciano maintenant.

— Mais, il n’est pas en taule celui-là ?

— Il donne ses ordres depuis sa cellule. Il sait comment y faire avec les flics.

— Tu te mets en danger pour rien.

— Tu vas me faire la morale ? Toi ?

— Non, fais ce que tu veux. Après tout, ça ne me regarde pas.

Je finis mon café d’une traite, puis commence à me lever, mais Alfonso me retient pas le bras.

— Hey, attends ! Et toi alors ? Il t’est arrivé quoi ? Ta balafre ? Ton allure ?

Je me rassois, croise les bras.

— Tu ne devines pas ? La cicatrice… cadeau d’Emilio.

— Merde, siffle Alfonso. Grave dérangé ce mec… Et le reste ?

— Je suis avocat. J’ai déci…

Alfonso éclate de rire.

— Toi ? Avocat ? Oh putain !

— Arrête de te marrer ! J’ai décidé de changer de vie et alors ?

— Jack, t’es un mafieux napolitain. Qui est-ce que tu crois pouvoir duper ?

— Je réussis pas trop mal.

— Hey, j’ai une idée ! Tu pourrais devenir l’avocat de notre clan, libérer nos gars !

— Je ne suis pas venu ici pour devenir l’avocat de criminels.

— Ne me dis pas que… tu t’es repenti ?

— Non. Je ne dénoncerai pas les actes de ma famille, ni du clan.

— Alors c’est quoi ?

— J’ai juste changé de voie. Sans prévenir personne.

— Arrête, stoppe Alfonso, dubitatif. Tu ne peux pas échapper à ton destin.

— C’est possible d’être libre de choisir, non ?

— Tu ferais mieux de coopérer avec moi. Ce serait plus réaliste.

— C’est-à-dire ?

— Toi et moi, Calpoccini et Spinelli, deux fils de clans de San Francisco.

— Vous êtes vraiment bizarres, vous les Spinelli, qu’est-ce que vous avez à vous allier aux napolitains, alors que vous êtes siciliens ?

— Ah mais j’t’ai pas dit. Ma mère est napolitaine et mon père sicilien. Ouais, je sais, c’est tordu. Du coup, ça nous permet de jouer dans les deux camps.

— De foutre la merde partout, oui !

— Hey, calme-toi, on s’amusait bien ensemble à l’époque !

— Tu déconnes j’espère ?

— Allez, une alliance entre nous !

— Après tout ce qui s’est passé quand nous étions gamins ? T’es pas sérieux ?

— Mais si ! En s’alliant, nous pourrions régner sur New-York ! Ensemble ! Qu’est-ce que t’en dis ?

— Non. Je ne suis plus Jack Calpoccini ici. J’ai pris le nom de Marc Anderson, un avocat. Alors pas de gaffe.

— Tu ne peux pas renier ta famille, déclare Alfonso en fronçant les sourcils. Ni échapper à ton héritage. Réfléchis, Jack. Sans aide, tu ne peux pas sortir de la Camorra. Tu es lié par le sang. Si tu vas à son encontre, tu vas le regretter.

— Suivre les traces de nos pères, de génération en génération, c’est notre seul choix ?

— La famille avant tout. Ne l’oublies pas. Nous sommes des Italiens du Mezzogiorno.

— Je suis né aux États-Unis.

— Ça n’a pas d’importance ça.

Je détourne le regard, grimace.

— T’es un Napolitain par le sang. Changer de nom n’effacera pas ce que tu es au fond de toi.

Alfonso se lève, dépose des pièces de monnaie sur la table pour payer les deux cafés. Je le regarde sortir du café. Il se retourne.

— Si tu reviens à la raison, tu sais où me trouver.

Alfonso me salue de la main, puis sort. Je le regarde par la fenêtre, reprendre sa marche, se noyant dans la foule et des voitures circuler, d’un air triste et songeur. Je sors d’ici à mon tour.

Je regarde ma montre, 18h30. Je marche mains dans les poches, ne prêtant pas attention aux passants que je croise. Je suis né aux États-Unis, mais rien de ce que j’entreprends ne fait de moi un américain aux yeux du peuple. Je soupire de lassitude. À l’intersection de Houston Street et Mulberry Street, j’aperçois une vieille dame italienne, usée par la fatigue et le temps. Elle choisit des fruits et des légumes à l’étalage, essaye de se faire comprendre, se dépêtre dans une langue qui lui est inconnue, inaccessible pour elle. Avec difficulté et anxiété, elle montre ce qu’elle veut. L’épicier joue avec ses nerfs, s’amuse de son ignorance. Je m’approche discrètement. La vieille femme achète des bottes de carottes, des haricots verts, 1kg de pommes de terre, des aubergines, des pommes rouge et des poires. L’épicier lui réclame 3 dollars et 53 cents. La femme lui tend un billet de cinq dollars. L’épicier ne lui rend pas la monnaie, abusant de la faiblesse et de l’incompréhension de cette vieille femme italienne.

Je ne laisse pas passer. Et de quoi je me mêle en fin de compte ? Tout m’énerve en ce moment, je réagis de façon impulsive. J’attrape la femme par le bras pour l’arrêter, puis fixe l’épicier droit dans les yeux, je parle dans un anglais impeccable.

— Pardon de vous importuner, mais il me semble que vous ne lui avez pas rendu sa monnaie.

Tout d’un coup, les clients s’immobilisent, nous observent, écoutent notre discussion.

— Qu’est-ce que vous me racontez ?! Bien évidemment que je lui ai rendu !

— J’étais à côté, elle vous a donné un billet de 5 dollars, par ailleurs que vous avez toujours en main, et vous ne lui avez rien rendu sur son billet pour payer ses courses d’un montant de 3,53 dollars.

— Ah ça ? Rien.

— Et la monnaie ? Elle n’a absolument rien dans son portefeuille.

Je m’impatiente, fixe l’homme d’un regard sévère. La petite bonne femme est apeurée, elle ne comprend visiblement rien de ce que nous nous racontons, mais elle ne bouge pas. C’est vrai, comment peut-elle puisque je lui tiens toujours le bras fermement ? Elle me scrute de la tête aux pieds, plisse les yeux derrière ses lunettes à gros verres. Comme elle est là, elle doit se demander si je suis italien ou non. Je lui lance un clin d’œil, avec un sourire en coin. Ses yeux s’agrandissent, pétillent.

— J’te jure que je lui ai rendu sa monnaie ! insiste l’épicier.

Je lutte pour garder mon calme.

— Vous lui devez 1 dollar et 47 cents.

— C’est pas vrai, en plus de maitriser la langue, il sait compter ce con, grommelle l’épicier à voix basse, dédaigneux.

Je t’ai entendu bouffon ! Me calmer, me calmer. La foule s’attroupe autour de nous. Oh non, manquait plus que ça… entendant nos voix qui s'élèvent, les flics rappliquent.

— Que se passe-t-il ? demande l’officier.

— Ces deux ritals me traitent de voleur ! s’écrie l’épicier en nous pointant du doigt.

— Vous ! me lance le policier.

— Oui ?

Il s’adresse à moi en appuyant chaque mot avec des gestes, me prenant visiblement pour un simple d’esprit, pour rester poli.

— Vous donner argent si vous acheter fruit. Compris ?

— Je comprends tout à fait monsieur l’agent. Par conséquent, ne vous donnez pas la peine de prendre un ton condescendant avec moi.

Des sifflements de stupéfaction se font entendre.

Son collègue sourit, sarcastique.

— Il t’a bien eu sur ce coup-là !

— La ferme John !

Le flic rabaissé ainsi, me dévisage, me regarde comme une chose abjecte dont il faut se débarrasser au plus vite. Je m’adresse à lui en articulant correctement les mots.

— L’épicier n’a tout simplement pas rendu la monnaie à cette vieille dame étrangère.

— Elle s’est trompée, tant pis pour elle !

— Alors vous admettez que vous l’avez escroqué ? dis-je.

— Je ne suis pas un voleur !

— Alors, rendez-lui sa monnaie !

— Va te faire foutre !

L’épicier commence à s’énerver et à m’insulter. Je proteste bien évidemment. Il refuse de lâcher l’affaire. Le policier intervient pour calmer les esprits. Les dents serrées, je sors ma carte d’avocat, la présente aux deux hommes de loi.

— Je ne fais que mon devoir. Voyant cette femme en détresse, il m’a semblé de mon devoir de l’aider.

Il scrute mes papiers, puis me fixe, en levant un sourcil. Ils ont tous la même réaction ! Tous le même rictus ! Ça devient vraiment pénible ! Enfin, il demande à la dame d’ouvrir son porte monnaie, et constate qu’il est effectivement vide.

— Rends-lui sa monnaie, t’as le billet de 5 encore en main, soupire le policier à l’adresse de l’épicier. Fais pas d’histoire.

Vaincu, il rend les pièces, bougon. Je baisse mon chapeau Stetson.

— Grazie mille ! Grazie ! s’exprime la vieille dame.

Elle me remercie, les mains jointes.

— Messieurs les agents, merci pour votre aimable intervention.

— Oui, oui, n’en faites pas trop tout de même, ronchonne le policier.

Je ne m’abaisse pas à saluer l’épicier. Je m’éloigne sagement avec la vieille dame au bras. Je lui porte son sac. Dès que nous sommes hors de portée de vue et d’ouïe de ces individus, je me tourne vers elle et m’exprime en italien.

— Stai bene ?

Le visage de la vieille dame s’illumine.

— Un italiano di successo negli Stati Uniti ! Vero ?

Non, non, pas vraiment. Elle se fourvoie en pensant que je suis un italien qui a réussi aux États-Unis. Je ne réponds pas, je me passe une main dans les cheveux, avec un léger sourire.

— Faites attention quand vous achetez des produits hors du quartier, bien vérifier que le vendeur vous rende la monnaie.

— Oui, oui, merci, je ferais attention dorénavant.

La femme s’agrippe à mon bras de ses mains ridées, touchée par ma bonté.

— Que Dieu vous bénisse mon fils.

Je grimace, je n’aime pas cette phrase !

— Dites-moi si je peux vous aider à mon tour !

— Eh bien, juste un petit quelque chose. Je cherche du bon café.

— J’ai ce qu’il vous faut ! Venez !

Elle me saisit la main et me guide vers une petite boutique décorée de lierre, sentant les herbes : thym, d’origan, de sauge et les grains de café. Elle me met entre les mains un sachet de café moulu espresso corsé. J’en achète quatre. Il me faut du stock. Je paye, je sors, mais elle me suis toujours.

— Euh… merci, j’ai trouvé ce qu’il me fallait.

— Vous n’allez pas rentrer tout de suite ! Venez chez mon fils, il fait de très bons plats de spaghetti dans son restaurant !

— Je dois y aller…

Elle agite la main pour balayer ma remarque, puis elle m’entraîne sur Baxter Street pour m’emmener au restaurant de son fils. En entrant dans cet endroit bruyant et chantant, elle raconte à son fils et aux clients ce que j’ai fait pour elle en embellissant mon acte. Les gens semblent joyeux, certains dansent au son de la musique traditionnelle napolitaine. D’autres savourent les plats de pâtes, discutent en même temps avec de grands gestes. Les nappes aux carreaux rouge et blancs recouvrent les tables rectangulaires. Ce n’est pas la même ambiance que chez Zio… La vieille dame m’installe à une table avec des convives. J’enlève mon chapeau et le pose. Ils m’accueillent les bras ouverts, me félicitent en me donnant des tapes sur l’épaule par-ci par-là. Je me sens gêné, je n’ai pourtant rien fait de particulier. Je me contente de sourire bêtement et de triturer le pot de parmesan posé sur la table. Puis une serveuse vient vers moi pour m’apporter un plat de spaghetti. Une belle femme d’1m60, aux formes généreuses, à la chevelure ébène épaisse attachée en queue de cheval, les yeux tombant, les lèvres pulpeuses et rouge, dans une robe moulante blanche aux pois rouge. Elle me lance un magnifique sourire.

— Ciao, mi chiamo Giulia.

Même pas le temps de répondre, elle me prend les mains pour m’entraîner au centre de la salle qui sert de piste de danse. Elle se colle à moi, des « oh », des sifflements et des applaudissements au rythme de la musique, s’élèvent dans la pièce. Je me laisse entrainer par cette ambiance festive. Je n’ai jamais connu un moment pareil. Je me sens étrangement bien. Par contre, je me débrouille comme un manche, je bouge sans aucun rythme, et marche sur les pieds de ma partenaire. Je ne me suis pas amélioré depuis ma valse avec Giorgia. Tiens… Giorgia, Giulia… deux prénoms à consonance similaire. Je me fonds en excuses, quant à ma partenaire, elle se contorsionne de rire. La musique finit et enchaine sur une autre. Je m’arrête, elle me regarde de ses yeux d’un noir profond.

— Je n’imaginais pas qu’un mec aussi beau puisse être nul en danse.

Je me passe une main dans les cheveux.

— Je suis doué dans d’autres domaines.

— Ah oui lesquels ? minaude-t-elle en s’approchant de moi, dans un mouvement de hanche sensuel.

Je lui prends les mains avant qu’elle ne touche mon torse.

— Ça, je réserve mes talents à ma chérie.

— T’es fidèle ?

— Oui, ça t’étonne tant que ça ?

— Décidément, je me suis trompée sur toute la ligne alors. Mais si tu changes d’avis, tu sais où me trouver ! dit-elle en battant des cils. Je suis serveuse ici.

La vieille femme vient interrompre notre conversation, ce qui me permet d’éviter de lui donner une réponse.

— Mais laisse-le tranquille !

— D’accord ! D’accord ! Hey, beau gosse, je serai ton plan B si tu te retrouves seul, dit-elle d’un clin d’œil, une main sur la hanche.

Je me contente de lui sourire. En fait, Giulia ressemble à Lucia, en plus sexy, et à Valentina, par son comportement. Puis, je lève les yeux sur l’horloge en bois située derrière le comptoir où boissons alcoolisées et café se côtoient. Merde ! Il est déjà 23h passé ! Le temps file à une vitesse. Kate doit certainement se demander ce que je trafique…

— Pardon, mais je n’ai pas vu le temps passer, je dois vraiment rentrer chez moi. Ce fut un plaisir.

— Merci à toi jeune homme ! s’exclame la vieille femme, reconnaissante, en prenant mon visage entre ses mains.

Les clients se mettent aussi à me saluer. Toute entraide de la part d’un compatriote est la bienvenue. Les filles roucoulent et Giulia me prie de revenir. Je les salue joyeusement, puis m’éclipse. L’ambiance de la rue change radicalement de l’intérieur du restaurant. Il fait sombre, les réverbères illuminent à peine les trottoirs. Une brume se faufile entre les immeubles. J’accélère le pas, le sac contenant les sachets de café à la main. Je lève les yeux vers le ciel, puis m’arrête, j’aperçois les étoiles scintiller entre les nuages. Puis mon regard se pose sur le linge suspendu aux cordes tendues entre deux immeubles et sur les drapeaux italiens flottants aux balcons. Je souris, fourre une main dans la poche, et reprends ma route.

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