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New-York, 1937

J’aide Kate à réviser pour passer son examen écrit. Assis sur le canapé, cours entre les mains, je l’interroge.

— Après sept années d’études à apprendre le droit de l’Art et de la Culture, j’en vois enfin le bout ! Ça me stresse cet examen !

— Allez, courage ! Dernière ligne droite et tu seras avocate.

— Si je réussis l’examen !

— Arrête de te mettre la pression, tu connais tout ce qu’il faut savoir sur le droit public, le droit privé, les enjeux juridiques, la propriété intellectuelle, la propriété littéraire et…

— Aaah mais je mélange tout ! râle Kate, les bras ballants.

— Faisons une pause !

Elle sautille, tourne sur elle-même.

— Non, non, non, je suis motivée, je ne dois pas perdre cette flamme !

Elle stoppe au milieu du salon.

— Reprenons ! Pose-moi des questions !

J’inspecte les notes.

— Alors voyons voir… Tu préfères une question sur les articles de lois à propos des contrefaçons, du parasitisme, du faux artistique, de la spoliation, du trafic d’œuvres d’art ou des modes de financement et de soutien à la création, du statut social de l’auteur et de l’artiste ?

— Ça t’ennuie de me faire réviser ? Je te fais perdre ton temps avec ça !

— Absolument pas. Ça me fait plaisir de pouvoir t’aider et puis… j’apprends pas mal de choses comme ça. J’enrichis mon lexique des termes juridiques. C’est très instructif.

— T’as vraiment eu ton diplôme toi ? doute Kate, mains sur les hanches.

Je me mets à rire.

— Je t’admire tu sais. J’adore te regarder pendant des heures réciter tes cours.

Elle rougit, je la scrute avec mon regard de braise.

— Arrête de me regarder comme ça ! se tortille-t-elle, gênée.

— Comme quoi ? dis-je en souriant, les bras croisés sur mes genoux.

Je l’observe avec des yeux perçants et un regard charmeur. Je sais que ça la déstabilise.

— Tu le sais très bien, Marc ! reproche-t-elle, devenant rouge comme une tomate.

— Je n’ai pas le droit de regarder ma chérie ?

— Si, bien sûr que si, mais pas là, pas comme ça. Je révise sérieusement !

— Je t’écoute, je ne vais pas regarder mes pieds, ce ne serait pas correct.

Je m’étire, plaque mes mains derrière la tête, me pose dans le fond du canapé, les jambes croisées en équerre, et lui envoie un clin d’œil. J’aime bien la taquiner.

— Marc ! Tu n’es pas sérieux !

— Qu’est-ce que j’ai fait encore ?

Kate me fixe. Elle s’avance vers moi pour me chevaucher. Tant pis pour les cours, je lui agrippe les fesses, l’embrasse dans le cou, puis glisse mes mains sous son haut pour lui dégrafer son soutien-gorge. Elle se laisse emporter dans cet ébat tumultueux.

Arrive le moment où Kate passe enfin son examen. Elle réussit brillamment, malgré les dernières semaines d’angoisse et d’inquiétude sur sa capacité à passer cet écrit du barreau. C’est l’occasion aussi pour moi de rencontrer ses parents lors de la remise des diplômes de leur fille unique.

La cérémonie se déroule le 20 mai 1937 au matin. Le père de Kate vient à ma rencontre.

— Bonjour jeune homme ! dit-il en me serrant la main.

— Bonjour, Monsieur, ravi de vous rencontrer.

La mère s’avance à son tour.

— Oh ! Bonjour ! Vous êtes encore plus beau que ce que nous a décrit notre fille. Elle nous a tellement parlé de vous, vous savez.

— Mamaaaaan ! bougonne Kate, devenue rouge écarlate.

Je me passe une main dans les cheveux, gêné. Kate ressemble énormément à ses parents. Tous deux blonds, de taille modeste, la peau blanche parsemée de taches de rousseur, comme leur fille. Je les dépasse tous les trois d’une tête, contrastant avec mes cheveux noirs et ma peau dorée par le soleil. La remise des diplômes se déroule avec enthousiasme et soulagement. Au loin, le Directeur de l’université fait un discours, puis remet le diplôme aux étudiants ayant réussi l’examen du barreau. Assis dans l’assemblée au dernier rang, j’observe la cérémonie, bras et jambes croisés. Deux femmes, la cinquantaine, assises à côté, me scrutent. Elles ne sont pas discrètes ! Elles chuchotent entre elles, puis détournent le regard pour applaudir les nouveaux diplômés. Je lance un bref regard de biais, puis soupire. J’applaudis aussi la fin du discours. Les parents de Kate se trouvent au premier rang. La cérémonie terminée, chaque étudiant rejoint sa famille. Je me lève, me dirige vers Kate et ses parents. J’aperçois Margaret accourir vers nous.

— Kate ! appelle Margaret.

Margaret arrive essoufflée devant Kate. Elle pose ses mains sur les hanches, pour reprendre son souffle. Elle me jette un coup d’œil, devient rouge et timide. Elle détourne le regard vers son amie. Je vois bien qu’elle est mal à l’aise en ma présence. Évidemment, avec ce qu’elle pense de moi… J’espère juste qu’elle ne fera pas de connerie. Pourvu qu’elle continue de faire confiance à Kate… Je les regarde toutes les deux se prendre dans les bras.

— Félicitations ma belle ! s’exclame Margaret. Je savais que tu y arriverais !

— Merci ! Et toi, ça va ? Pas trop déçue ?

— C’est pas grave, je l’aurai la prochaine fois !

Kate lui lance un sourire de compassion.

— Je te laisse, mes parents m’attendent ! Bisous à tous !

Ses parents saluent Margaret, qui repart en courant.

— Félicitations ma fille ! dit le père. Te voilà diplômée !

— Bravo ma chérie ! ajoute la mère. Nous sommes si fiers de toi !

Je souris en les regardant tous les trois. Je ressens un pincement au cœur. Je n’ai jamais eu ce genre de relation avec mes parents. Suis-je jaloux ? Peut-être bien. J’ai en face de moi le comportement d’une vraie famille unie. Je m’approche de Kate, lui prends la main.

— Ça y est, tu es avocate. Tu vois, tu as réussi !

Kate agrippe mon bras, se colle à moi.

— C’est grâce à toi mon chéri, sans ton soutien et ton aide précieuse, je n’y serais jamais arrivée…

— Tu as obtenu ton diplôme haut la main, toute seule, Kate, grâce à ta ténacité et ta persévérance. Tu peux être fière de toi !

— Merci, pleure-t-elle de joie.

— Oh, viens là ma puce, appelle sa mère en prenant sa fille dans ses bras.

— Ma femme a préparé un repas pour fêter ça, m’annonce le père. Vous venez avec nous, n’est-ce pas ?

— Et bien, je ne voudrais pas vous déranger…

— Tsss, bien sûr que non ! Tu vis avec notre fille unique depuis plus d’un an ! Il est grand temps que nous fassions connaissance !

Kate me sourit.

— Ne sois pas timide.

— Vous êtes le bienvenu ! me rassure la mère.

— Vous êtes venus en voiture ? me demande le père.

— Oui, nous sommes garés là-bas, dis-je en montrant le parking du doigt.

— Marc a pu s’acheter une voiture au bout de cinq mois de salaire seulement ! lance Kate.

— Vraiment ? s’étonne le père. Ça rapporte bien le métier d’avocat !

— Papa…

Les parents montent dans leur voiture, une Ford Rack truck rouge. Moi et Kate les suivons, au volant d’une Ford Deluxe Fordor noire. Ils habitent à White Plains, à une heure de route d’ici, une petite maison dans un quartier résidentiel d’une ville du comté de Westchester. Nous arrivons pour le repas du midi, devant une petite maison à étage au toit anthracite et au bardage bleu ciel. Nous descendons de voiture. Nous sommes accueillis par Paddy, un Bluetick coonhound, un grand chien à la robe blanche mouchetée de noir, très affectueux. Une famille normale. Je soupire, ce pincement ne veut toujours pas partir. J’étais curieux de découvrir une famille anglo-saxonne, mais j’avoue que je me sens gêné, pas à ma place en fait… L’accueil est cordial et poli. Nous entrons, puis nous installons autour de la table, située au centre d’une pièce aux murs bleus ciels et aux encadrés de portes bleu marine. Sur les commodes en chêne massif trônent des cadres avec des photos en noir et blanc. L’odeur des petits-fours à la viande éveillent les papilles. Sa mère dépose une dinde grillée et fumante au centre de la table accompagnée de divers légumes bien verts. L’odeur de ce repas me donne faim. Les verres en cristal et les assiettes en porcelaine agrémentent le tout.

Je passe un agréable moment, au début du moins, car au milieu de ce repas de famille, la question tant redoutée me tombe dessus, comme un cheveu sur la soupe. Une de ces questions embarrassantes sur mon physique qui ne colle pas à l’image conventionnelle d’une personne habitant sur les terres américaines.

— Marc, cela m’intrigue, mais vous avez tout de même la peau et les cheveux…foncés, comme… ces immigrés italiens que l’on croise à New-York…, bafouille la mère.

— Maman ! Je t’en avais déjà parlé ! Sa mère est d’origine italienne et son père est américain, n’est ce pas Marc ?

— Oui, ma chérie, c’est bien ça, dis-je.

— Laisse-le tranquille voyons, on ne pose pas ce genre de questions, s’interpose le père.

Je prends sur moi comme à mon habitude, gardant mon malaise au fond de moi.

— Ce n’est rien, réponds-je avec un léger sourire. J’ai visiblement hérité de beaucoup de traits du côté de ma mère…

— Et pour la…

La mère trace du doigt un trait sur son propre visage.

— … la cicatrice ?

Le fond de teint atténue la marque, mais ne peut pas faire de miracle en la faisant disparaître.

— Oh, ça, une altercation avec un délinquant ayant volé un de mes clients, inventé-je.

— C’est dangereux le milieu d’avocat. Fais attention Kate, mon bébé.

— Maman ! Tu t’inquiètes trop !

— Ne vous en faites pas, je ferai attention aux clients dont elle se chargera, qu’elle ne tombe pas dans de sales affaires.

Paddy vient au moment opportun. Il pose sa tête sur mes genoux. Je profite de l’occasion pour caresser le chien, détournant ainsi l’attention. À cet instant, l’injure du vendeur du savon me revient, « interdit aux chiens et aux italiens ». Ma poitrine se serre. Pourquoi maintenant ? C’est à cause de ce chien ? Ses yeux sont larmoyants comme s’il compatissait à mon mal-être. Étrange…

La famille se tait, accepte mes explications, et ne s’attarde pas sur mon léger accent. Kate détend l’atmosphère en blaguant sur la décoration de sa mère et en dévoilant des anecdotes un peu gênantes sur son enfance. Je me conduis comme un vrai gentleman, réponds aux questions de ses parents, et invente pour l’occasion une vie en tant que Marc Anderson. Je n’entre jamais dans des détails qui peuvent compromettre ma couverture. Je jette un coup d’œil à la pendule du salon. Déjà 17h30. Nous décidons de rentrez chez nous.

— C’est un bon garçon, garde-le celui-là ! lance la mère au creux de l’oreille de Kate.

Si elle savait comme elle se trompe… Mais je ne peux rien leur dire. Je ne veux pas perdre Kate.

— Et bien Marc, ravi de vous avoir enfin rencontré ! déclare le père. Revenez quand vous voulez !

— Merci pour votre accueil chaleureux et ce repas succulent.

— Quel flatteur ! lance la mère.

— Rentrez bien ! Attention sur la route !

— Ne vous inquiétez pas, bisous maman papa ! Au revoir Paddy !

Kate parle de cette journée tout le long du trajet, heureuse que je plaise à ses parents. Ce qui m’arrange, car je n’ai pas la moindre envie de discuter. Notre relation est basée sur des mensonges, j’en ai bien conscience. Mais qu’est-ce que je peux faire ? Lui dire que ma famille fait partie d’une organisation criminelle ? Non. Je l’aime et pour ça, je continuerai d’être Marc Anderson. Je ne peux pas lui dévoiler mon identité, car j’ai bien trop peur de la perdre…


***

Quelques mois plus tard, une photo de moi, Jack Calpoccini, apparait dans le New York Times, le numéro de juillet de l’année 1937, un petit article à la quatrième page m’est consacré. C’est Kate qui découvre l’article en question lors d’un dîner au restaurant.

— Ça alors c’est incroyable ! Regarde Marc, on croirait que c’est toi dans le journal ! s’exclame-t-elle en me montrant la page du journal en question.

Surpris, je recrache l’eau que je buvais, j’avale de travers le reste et tousse, manquant de m’étouffer. Kate, paniquée, se lève pour me taper dans le dos. Une serveuse se précipite vers nous.

— Mon dieu, est-ce que ça va ? s’inquiète la serveuse. Voulez-vous que j’appelle un médecin ?

— Non, pas la peine, ça va aller, dis-je en toussant.

Je me racle la gorge, reprends ma respiration et m’excuse pour la gêne occasionnée. Les clients se remettent à leurs occupations, l’incident terminé. Kate me regarde avec des yeux ronds, inquiète.

— Marc, comment tu te sens ?

— Ça va, ça va. J’ai juste avalé de travers. Tu peux me donner le journal s’il te plaît ?

Elle me le passe, puis continue à manger. J’examine la quatrième page du New York Times. Je lis l’article, accompagné de ma photo placée sous le titre : « un dangereux criminel en fuite ». En parcourant le texte, je découvre qu’un certain Milo a donné l’alerte. Il me met sur le dos l’attaque du restaurant familial. Son père a été tué lors d’une fusillade. C’est quoi ce délire ?! Je suis abasourdi en voyant son nom. Marco a dû lui rendre une petite visite de courtoisie… Merde, si Milo lui a parlé d’Aaron… Je n’ose pas y penser. Je lis à voix basse la suite : « avis de recherche ». Je suis décris comme « un être instable et imprévisible ». Je jure intérieurement et maudis mon père. Il faut à tout prix éviter qu’il me retrouve. Si Kate a douté, il est possible que d’autres personnes fassent le rapprochement. Je pense en particulier à Evan Miller. Je la questionne pour m’assurer de ce qu’elle pense.

— Dis-moi, tu crois que c’est moi ? dis-je en tenant le journal d’une main, plié sur la page de l’article.

Elle éclate de rire.

— Bien sûr que non, jamais je ne croirai une chose pareille ! Il a un air de ressemblance, c’est vrai, mais on voit bien que ce n’est pas toi. Il n’a ni barbe, ni lunettes, ni cheveux longs, et pas de cicatrice. Ça ne peut pas être toi !

J’aime sa naïveté. Elle n’est absolument pas physionomiste. C’est un trait de caractère qui m’a séduit chez elle. Mon père n’a pas donné de photo récente.

— Tu sais, j’ai lu un article qui disait que nous avions tous sept sosies à travers le monde, explique Kate.

— Ah bon ?

— Incroyable hein ? Jack en est peut-être un pour toi...

Je suis rassuré par ses propos. Cependant je reste anxieux, car cet article n’est qu’un stratagème pour me rappeler la présence de Marco. Il est à ma recherche.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre parmi les avocats. Evan Miller est le premier averti, car il m’attend dans le hall d’entrée, bras croisés, sourire en coin et journal à la main.

— Tiens, tiens mais qui voilà, ça fait un bail que nous n’avons pas discuté tous les deux !

— Bonjour, Evan.

Evan brandit le journal et place la photo de l’article à côté de mon visage.

— Le même ! s’amuse-t-il.

— Il te faut de nouvelles lunettes.

La secrétaire, dénommée Maggie, une femme élégante de quarante ans, les cheveux blonds attachés en chignon, passe près de nous, les bras chargés de dossiers. Elle se joint à notre conversation.

— Mais non, pas du tout, tu racontes n’importe quoi, ce n’est pas notre charmant Marc !

— Bien le bonjour Maggie. Puis-je me permettre de te montrer ceci.

Evan ramène le journal vers moi pour scruter la photo de plus près. J’attends, reste de marbre, malgré mon cœur tambourinant de plus en plus vite dans ma poitrine.

— Regarde, pointe Maggie avec le bout de son ongle recouvert d’un vernis rouge flamboyant. Il a les cheveux courts, le regard froid, pas de lunettes et pas de barbe celui-là. Ce n’est pas notre Marc à nous.

Evan reste dubitatif, mais s’avoue vaincu malgré lui.

— D’accord, je te laisse tranquille va.

Il me donne une tape amicale sur l’épaule.

— Pas de soucis, ça peut arriver à tout le monde de se tromper, dis-je, sourire forcé.

Evan s’éclipse. Mais je vois bien qu’il reste méfiant. Comme si j’avais besoin de ça ! La situation se complique.


***

Le lendemain dans le couloir du Palais de Justice, je croise un vieil homme italien, désorienté, pleurant à chaudes larmes. Quatre personnes l’entourent, deux avocats et deux agents de sécurité. Je m’arrête quelques mètres plus loin. J’écoute l’homme parler, en italien. Il supplie les mains jointes qu’une personne lui vienne en aide.

— Mi aiuti per favore ! Ho perso tutto ! Il mio lavoro ! Non sono stato pagato ! Nessuno stipendio ! Niente ! Tre mesi che non ho niente !

Il s’accroche au bras de l’agent de sécurité. Je pose une main sur le mur, tête tournée tristement vers le vieil homme. Derrière lui, je vois Evan Miller au bout du couloir, contempler la scène, un café à la main. De là où il se trouve, il ne perd pas une miette de la conversation. Je me mordille la lèvre inférieure jusqu’à en saigner. Je ne peux pas l’aider ! Pourquoi faut-il qu’Evan soit là à un moment pareil ? Ça m’agace. Je fronce les sourcils. Il me scrute le bougre ! Il attend certainement que j’agisse. Mais je ne lui ferai pas ce plaisir. Il sourit de manière cynique, puis bois une gorgée de café sans me quitter des yeux. Il me surveille de prêt, il ne lâche pas l’affaire. À cause de lui, je ne peux rien faire ! Putain de merde ! Je me ronge les ongles. Si je parle ouvertement en italien devant lui, je suis grillé.

Un des avocats situé à côté du vieil homme jette des regards aux personnes présentes dans le couloir.

— Quelqu’un ici comprend-il ce que cet homme essaye de nous dire ?

Les avocats font « non » de la tête. Evan me fixe avec ses petits yeux plissés et un sourire en coin. Je grimace. Il observe mes faits et gestes. Tiens, voilà Maggie. Elle s’approche de moi.

— Tu comprends ce qu’il dit ?

— Pas vraiment… je ne suis pas sûr…

Pourquoi devrais-je comprendre ? Ah oui, mes origines italiennes… Considérez-moi comme un américain, flûte !

Je surveille la réaction d’Evan du coin de l’œil.

— Même pas un peu ?

— Quelques mots… Un problème de paiement… pour son travail…

— Tu es sûr ?

— Je crois… J’ai cru entendre « rien depuis trois mois »… aussi… Rien de plus.

Je hausse les épaules, désolé.

— Ah… Dommage…, s’apitoie Maggie. Ce vieil homme a l’air tellement déboussolé et perdu. Et personne ne peut l’aider, le pauvre homme…

Je grince des dents, Evan ricane, toujours planté au bout du couloir à m’observer. Je croise par inadvertance le regard du vieil homme, qui commence à s’avancer vers moi. Je l’ignore en me retournant, puis je marche d’un pas rapide en direction des toilettes. J’entre, claque la porte, me place au-dessus du lavabo, et ouvre le robinet. Je m’asperge le visage. Rafraichi, je me regarde dans le miroir. Quelques gouttes d’eau ruissellent sur mon visage et mes mèches de cheveux.

— Qu’est-ce je peux faire ? L’aider en restant Marc Anderson semble impossible. Saleté d’Evan…

Je me redresse, souffle un bon coup, puis sors des toilettes. J’aperçois deux gardiens mettre le vieil homme dehors. J’en ai la gorge serrée, mais je me retiens afin de ne pas me faire remarquer. Evan me fixe toujours avec ses petits yeux de fouine.

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