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New-York, 1937

Lorsque Kate sort pour des entretiens ou pour des rendez-vous shopping avec des amies, je me rends à Central Park pour courir et faire des exercices de maintien en forme. Ce matin-là, sous les rayons lumineux du soleil, je traverse les allées bordées d’arbres majestueux, de buissons ronds et touffus, passe près des parterres de tulipes et de pivoines, et flâne sur des ponts en fer forgé, ici et là. Les promeneurs profitent de ce ciel bleu et de cet air frais, en couple, entre amis, avec leurs enfants ou avec leur chien. D’autres, comme moi, font leur jogging matinal. Si Marco me recherche, il faut que je me tienne prêt à l’affronter.

Soudain, je suis heurté par un passant. Je tombe à plat ventre. Je tourne la tête derrière moi et vois l’homme jambe tendue, pied levé. Il m’a volontairement fait un croche pied le salaud ! Il ricane le bougre. Je me relève, essuie mes mains moites sur mon pantalon de survêtement pour retirer le gravier collé. Je constate qu’il est troué au niveau du genou.

— Ah non ! Il est déchiré… Kate venait tout juste de me l’offrir.

— Hey, toi ! Tu n’as rien à faire ici !

— Pour quelle raison ? demandé-je, même si je connais la réponse.

— Ta sale gueule ! Retourne dans ton quartier !

Nous y voilà… Encore. Je le fusille du regard.

L’homme est brun, la quarantaine, avec des yeux bleus écartés. Quelle sale gueule. Il n’est pas seul, un type plus petit l’accompagne.

— Je suis américain, dis-je.

— Ben voyons, et moi je suis le Roi d’Angleterre !

Son ami éclate de rire. Je fourre mes mains dans les poches.

— Tu n’es pas plus américain que moi.

— Quoi ? Comment oses-tu ?

— Et bien…

Je hausse les épaules, le regarde à moitié derrière mes mèches de cheveux noirs humides, tête haute.

— Si on regarde l’histoire des États-Unis, ce pays appartient aux natifs, c’est-à-dire aux amérindiens. Tes ancêtres sont des coloniaux qui ont volé la terre des indiens d’Amérique. La colonisation européenne, ça te dit quelque chose ? Un événement central et dramatique pour tous les peuples amérindiens. Vous les avez réduits en servitude ou en esclavage, chassés de leurs territoires, victimes d’épidémies apportées par les colons, confrontés à la disparition de leur organisation sociale et leur mode de vie, et à la transformation des paysages, de l'occupation des sols, de l'architecture urbaine ou rurale autochtone.

— Autoch-quoi ? Tu te fous de moi ? P’tit con prétentieux ! Moi je suis un pur américain, c’est clair ? Toi t’es issu d’une sale race, ça se voit sur ta gueule ! Alors tu dégages. Tu ne nous arrives pas à la cheville ! T’es qu’un raté !

— Monsieur, vous n’avez visiblement pas écouté mon petit cours d’histoire…

— Retourne dans ton pays !

— Lequel ?

Lui et son ami me regardent d’un air dédaigneux.

— En Italie !

— Vous n’écoutez rien ou quoi ?

— Ne nous parle pas sur ce ton, le rital !

— Les moins que rien n’ont pas leur mot à dire, ajoute l’autre homme. Ta race de criminel et de dictateur n’a rien à faire ici !

Je fronce les sourcils.

— Quel aplomb pour oser affirmer une chose pareille.

L’homme lève le poing, râlant en onomatopées. Je sors calmement ma carte d’identité, la tiens en l’air, bien en évidence. Il scrute intensément le document, passant du nom « Marc Anderson » inscrit sur la carte à mon visage. Ils semblent pantois.

— Marc Anderson, né le 2 novembre 1906, à San Francisco…

— Je peux ? dis-je en montrant le chemin vers lequel je souhaite partir.

— Euh ouais, bien sûr.

Je repars en trottinant, souris en coin, et me retiens de rire. Quels piètres individus. Je ralentis. La montée en puissance du fascisme en Italie par Benito Mussolini n’arrange en rien l’image déjà ternie des italiens. Les préjugés sont tenaces. À l’angle de rue, je croise Evan Miller et sa femme, aussi ronde et petite que lui.

— Tiens, tiens mais qui voilà ?

Une vraie fouine celui-là. Il est partout.

— Bien le bonjour, Marc.

— Bonjour Evan.

Je mets les mains sur les hanches, et observe la femme d’Evan.

— Je te présente Marc Anderson, un nouveau venu dans le milieu.

— Enchantée.

Elle répond avec méfiance, regarde de biais mon allure débraillée, mon survêtement tâché de terre, troué au genou et la sueur qui dégouline sur mes tempes.

— Moi de même, dis-je, courtois.

— Je me baladais avec ma femme, dans ce vaste et magnifique parc de notre humble et majestueuse grande ville, lorsque nous avons malencontreusement entendu votre conversation avec cet énergumène.

Selon mon habitude, je me passe une main dans les cheveux. Si je dois éviter les ennuis avec un homme, c’est bien avec lui.

— Juste un pauvre bougre, rien de grave.

— Ah. Il me semble qu’il se méprenait sur vos origines.

— Effectivement. Il s’est cru tout permis visiblement. Certaines personnes cherchent la petite bête, dirons-nous.

— Bon, nous allons continuer notre promenade, sinon nous serons en retard pour notre dîner de ce soir, dit-elle avec précaution.

— Oui, vous avez raison ma chère.

— Madame, ravi de vous avoir rencontré. De mon côté, je dois regagner mon domicile pour me changer.

Le couple s’esclaffe sur ma remarque.

— Cher confrère, nous nous verrons au travail demain.

— Exact. Et bien, à demain.

Je repars en trottinant, les yeux levés vers le ciel, soupire. Quelle manière hautaine qu’a Evan Miller de s’exprimer.

Je continue ainsi ma vie, entre mon métier d’avocat, mes exercices physiques et mon amour pour Kate. Et ce qui devait arriver, arriva…

Le 18 décembre 1937, je rentre chez moi, pose ma sacoche de travail sur la commode et accroche ma veste sur le porte manteau. Kate se tient debout dans la salle à manger. Je déboutonne mes manches pour les retrousser.

— Marc… je suis enceinte… annonce-t-elle, timidement.

Je stoppe mes gestes, marque une pause, finis de retrousser mes manches. Je suis d’abord surpris, flegmatique. Avec tous nos ébats amoureux, cet événement était inévitable. Je me passe une main dans les cheveux, une habitude inconsciente qui la fait craquer.

— Combien de mois ? dis-je.

— Trois mois.

— Bien, euh c’est… une bonne nouvelle.

— C’est vrai ? Je suis trop contente !

Kate saute dans mes bras.

— C’est pour ça que tu étais fatiguée ces derniers temps ?

— Oui… Je ne savais pas ce qui m’arrivait… J’ai toujours eu des règles irrégulières et très espacées… Alors je ne comprenais pas qu'un bébé grandissait en moi…

Elle lève la tête vers moi, les yeux brillants.

— J’étais si heureuse quand mon médecin m’a annoncé la nouvelle !

— Je suis content aussi, dis-je en prenant son visage entre les mains.

Elle arbore un large sourire, des larmes de joie coulent sur ses joues roses, son visage se ferme.

— Mais… Est-ce que ça ira ?

— Mon travail rapporte bien. Nous avons ce qu’il faut pour vivre correctement à trois. Si besoin, je prendrai plus d’affaires. Nous vivons dans un appartement confortable, nous possédons une voiture, de l’argent de côté. Nous avons une bonne situation en somme. Tout ce qu’il faut pour subvenir aux besoins d’un futur enfant.

Je lui souris, dépose un doux baiser sur ses lèvres.

— Merci Marc.

— De quoi ?

— D’être toujours là. De prendre soin de moi. Je t’aime.

— Moi aussi je t’aime.

Elle m’embrasse, puis recule, tape dans ses mains.

— Oh, faut que j’annonce la nouvelle à mes parents !

— Vas-y.

Elle se dirige vers le téléphone posé sur la commode de l’entrée. Je m’éloigne pour la laisser discuter tranquillement. Je m’approche de la fenêtre du salon, m’appuie sur le bâti. Je croise les bras, observe les passants à l’extérieur. Ça se complique. Je pensais qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants, vu les années passées ensemble sans qu’elle tombe enceinte. Je commence à douter de ma capacité à élever un gosse. La seule chose que je connaisse est le modèle familial de Marco. De plus, il naîtra sous le nom de famille « Anderson ». Je me plaque une main sur le front, l’autre sur la hanche. Et dire que j’ai menacé un gamin avec une arme blanche sous la gorge. Confus, je croise les bras, pose ma tête sur le carreau, parsemé de cristaux de glace. Je n’ai pas eu de modèle d’éducation stable, subissant depuis tout petit la violence de mon père. Je n’ai rien ressenti en tenant le couteau sur la gorge de ce garçon. Suis-je devenu insensible face à de tels actes ? Je me prends la tête entre les mains. Où se situe la limite à ne pas franchir ? Linda m’a épargné cette question en élevant seule Lisa. Là, je vais devoir m’occuper de mon enfant, aux côtés de Kate, mais sous l’identité de Marc Anderson. L’élever, l’éduquer, en enfouissant tout ce que je connais de la Camorra, du code d’honneur, sans reproduire les gestes de Marco. Je soupire. Kate me rejoint. Bras croisés, je fixe son ventre d’un regard sombre, lèvres serrées.

— Marc ?

— Hum…

— Marc ? Tu m’entends ?

— Oui, pardon, je réfléchissais.

— Ça y est, j’ai annoncé la nouvelle à mes parents.

— Comment ont-ils réagi ?

— Et bien… Leur réaction est plutôt mitigée. Ils sont heureux de devenir grands-parents, mais aussi honteux que leur fille soit enceinte avant le mariage…

Ses parents voient d’un mauvais œil qu’une jeune femme se trouve enceinte sans être mariée. En bons protestants, ils veulent organiser les noces avant la naissance de notre enfant, pour cacher à tout prix que leur fille soit une de ces traînées tombant enceinte hors mariage.

— Et toi, qu’est-ce que t’en penses ? demandé-je.

— J’avoue que… ça me gêne aussi de ne pas être mariée avant la naissance de notre enfant.

Je pose mes mains sur ses épaules.

— Veux-tu m’épouser ?

Elle devient rouge comme une tomate, puis reste quelques secondes bouche bée.

— Que… Quoi ?

Je me baisse à la hauteur de ses yeux, la regarde, charmeur.

— Alors ?

— Oui ! Oui !!

Elle me saute au cou, me serre fortement. Je la soulève dans mes bras, puis la repose. Nous nous embrassons. Je prends conscience que je ne peux plus faire marche arrière. Je ne peux plus lui dévoiler la vérité. Kate se met à énumérer plein d’idées. Elle fait des allées et venues dans le salon. Je fourre les mains dans les poches, m’adosse à la fenêtre, souris en l’admirant dans sa robe verte foncée aux fleurs rouge.

— Il faut organiser les noces ! Prendre rendez-vous avec le pasteur, réserver un restaurant, acheter la robe, choisir des fleurs, inviter tes parents, tes frères et sœurs si tu en as, appeler mes cousins, rassembler mes oncles, mes tantes, trouver un traiteur, loger ta famille, et…

— Stop ! m’écrié-je en levant les mains.

— Pourquoi ?

— Tu vas trop vite ! Écoute, je suis parti de San Francisco, car je ne m’entendais plus avec mes parents.

Je marque une pause pour réfléchir à la tournure de mes arguments. Ça craint. Alors j’invente une nouvelle histoire, prétextant que mes parents sont des ouvriers peu éduqués. Ils sont contents que je sois avocat, certes, mais ils ne me comprennent pas. Nous discutons rarement ensemble. J’ajoute que je n’ai plus de nouvelles d’eux depuis mon arrivée ici et qu’ils ne sont pas croyants. Kate baisse la tête, les larmes lui montent aux yeux.

— Je ne dis pas que je ne veux pas me marier avec toi, je te dis juste que ce n’est pas possible de nous unir dans une église et de réunir nos deux familles.

— Qu’est-ce qu’on va faire alors, Marc ?

— Nous allons nous marier civilement tous les deux. Tes parents seront présents s’ils le souhaitent.

Elle acquiesce avec un hochement de tête, renifle et s’essuie les yeux.

— D’accord, je vais essayer de leur proposer. Même si ce n'est qu'une bénédiction, je pense que mes parents auraient apprécié la présence du pasteur...

Pendant que Kate rappelle ses parents, je cherche à m’occuper. Cette histoire me rend nerveux. Je prépare le dîner : des spaghettis, cuisson al dente à l’huile d’olive avec une touche de pesto alla genovese, de quelques copeaux de parmigiano, accompagnées de tranches de Coppa. Des ingrédients achetés à l’épicerie « Roma » au quartier Little Italy. Je dresse la table. Kate me rejoint au moment où je pose les assiettes de pâtes. Elle s’arrête, bras ballants, la bouche entrouverte, yeux grands ouverts. Je lève un sourcil en la voyant, mets les mains sur les hanches.

— Qu’est-ce qui t’arrive ? Assieds-toi.

Elle s’exécute, alterne son regard entre le plat et moi.

— T’as fait la cuisine ?

— Oui, ça t’étonne ?

— T’as fait la cuisine et t’as mis la table.

— Y a rien d’anormal.

— Pour un homme, si.

— Je n’ai rien préparé d’exceptionnel tu sais.

— Eh ben, quand je vais raconter ça à Margaret et à ma mère, elles ne me croiront jamais !

— Mange avant que ça refroidisse, au lieu de dire des bêtises.

— Mais c’est super bon ! dit-elle en enfournant une bouchée. T’as appris ça quand ?

— C’est un plat que cuisinait régulièrement notre bonne. Je l’ai souvent vu faire, alors… voilà…

— Votre bonne ?

— Pardon… Je veux dire… ma mère…

— Ah oui ?

— Bon alors, et la discussion avec tes parents ? esquivé-je en me passant une main dans les cheveux. Comment ont-ils réagi ?

— Oui, mes parents… Alors ils sont d’accord.

— C’est une bonne nouvelle ! Nous pourrons nous marier à l’hôtel de ville de New-York.

— Ils ont accepté, même s’ils sont un peu déçus que nous ne nous unissons pas devant le pasteur…

Je ne dis rien, me contente de manger.

— Je veux tout de même une demoiselle d’honneur ! Je ne vois presque plus personne depuis que je vis avec toi. Laisse-moi inviter ma meilleure amie, Margaret. Elle sera mon témoin à notre mariage.

— D’accord, pas de problème.

— Et toi aussi, tu dois prendre un témoin.

— Euh… je n’ai personne de proche…

— Il faut que tu en aies un toi aussi !

— Toutes les personnes qui me sont proches, sont à San Francisco. Ici, je n’ai que toi.

— Et si tu invitais Steve ?

— Mon confrère ? C’est… bizarre, non ?

— Et Serafino ?

— Non plus, non.

— Tu ne peux pas te présenter sans témoin.

— Peut-être… Maggie ?

— Quoi ? La secrétaire ?

— Elle est sympa.

— C’est une fille, grommelle Kate, yeux plissés et nez retroussé.

— Et alors ?

— Tu lui plais bien. Je préférerais que tu choisisses un homme.

— S’il te plaît, épargne-moi ça…

— C’est pas vrai, ne me dis pas que tu ne connais que des filles dans ton entourage ?

— Kate ! Ne recommence pas à me faire une scène de jalousie. Je vais demander à Steve, d’accord ?

— D’accord…

Nous finissons nos assiettes, en silence.

Le lendemain, en rentrant du boulot, je trouve Kate, tête basse, en train de se balancer sur le rocking-chair en osier, châle rose aux petites fleurs violettes posé sur ses épaules. Je l’entends renifler. Je ne prends pas le temps de retirer mon manteau et mes chaussures, je m’accroupis directement devant elle, pose mes mains sur ses genoux. Des larmes argentées glissent sur ses joues. Je passe une main sur son visage pour l’essuyer.

— Chérie… Qu’est-ce qui ne va pas ?

— J’ai vu Margaret aujourd’hui…

— Et ?

— Je lui ai demandé d’être mon témoin à notre mariage.

— Elle a refusé, c’est ça ?

— Non, non, dit-elle en secouant la tête. Elle a accepté. Mais j’ai dû lui avouer que j’étais enceinte.

— Tu es triste pour ça ?

— Non. C’est ce qu’elle m’a dit qui me rend triste.

Elle me fixe droit dans les yeux. Je retire mes mains.

— De quoi s’agit-il ?

— Elle… hésite-t-elle. Elle a dit que je faisais une erreur, que je ne devrais pas t’épouser, car je ne connais rien de toi…

Je me relève.

— Que lui as-tu répondu ?

— Que je te connais très bien, puisque ça fait cinq ans que nous vivons ensemble. Mais…

— Mais ?

Kate serre ses poings sur ses genoux.

— Elle pense que tu es… un gars… enfin, un… tu vois…

— Non.

Ses hésitations commencent à m’agacer. Je vois très bien où elle veut en venir. Je dois me méfier de Margaret. Elle se mêle un peu trop de ce qui ne la regarde pas à mon goût. Je décide de faire diversion. Je n’ai aucune envie d’entrer dans ce genre de discussion.

— Au fait, j’ai demandé à Steve d’être mon témoin à notre mariage.

— Ah ?

— Il est ravi.

— D’accord…

— Tout va bien, alors ?

— Oui…

J’embrasse Kate sur le front, caresse sa joue. Je ne lui laisse pas le temps de répondre. Je file dans la chambre pour me mettre à l’aise. De son côté, elle se lève pour préparer le diner.

Quelques jours plus tard, Kate et moi, nous nous retrouvons dans un restaurant épuré situé en haut de l’Empire State Building. Installés autour d’une table ronde, dans un coin de la salle, avec lumière tamisée, nous attaquons le dessert. Le serveur apporte un cheese cake à Kate et une tarte aux pommes pour moi. Avant qu’elle n’entame son gâteau, je lui prends la main, fouille dans ma poche de veste avec l’autre main et en sors une bague. J’insère un solitaire assez sobre, un bijou en or jaune serti d’un diamant certifié de 0,75 carats, à son annulaire gauche. Elle se plaque une main devant la bouche en admirant la bague à son doigt. Elle pleure de joie, puis se lève pour m’embrasser.

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