103

2 minutes de lecture

Rome, 1939

Arrivé au port de Rome, je me dirige, comme tous les autres voyageurs, vers le hall de sortie. Je cherche du regard mon… père. Ça me fait une drôle d’impression.

J’aperçois un homme avec une pancarte au nom de « Jack », grand, cheveux noirs bouclés, long nez comme Marco, et yeux en amande. Ses traits sont plus fins. Je marque une pause, balaye du regard les autres personnes brandissant des feuilles avec d’autres noms, attendant les touristes concernés, mais aucun avec le même que moi. Je m’approche de lui. Nous nous regardons, lèvres tremblantes, bien droits face à face. Les cris de joie s’estompent, le temps semble s’arrêter. Giuseppe rompt cet instant et s’adresse à moi en italien.

— Enzo ? sanglote Giuseppe. Euh, je veux dire… Jack ?

— C’est bien moi, réponds-je, la gorge nouée.

C’est étrange, je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire. J’ai un inconnu en face de moi. Ma poitrine tambourine à cent à l’heure. Giuseppe prend l’initiative de récupérer ma valise et de la porter. Il me fait signe de le suivre.

— Tu ressembles à ta mère… exprime-t-il, larmes aux yeux.

J’esquisse un sourire, les mots ne sortent pas. Face à mon silence, Giuseppe fronce les sourcils, se prend l’arête du nez. Le même toc que Marco. Je soupire.

— Rassure-moi, tu comprends l’italien ?

— Euh, oui… Oui, évidemment.

— Ah, tu me rassures. J’ai eu peur, je croyais un instant que tu ne parlais qu’anglais.

— Je parle couramment les deux langues.

— Tant mieux.

Il me prend pour un étranger. Ce qui n’est pas tout à fait faux. L’Italie n’est pas mon pays. En vérité, je ne me sens chez moi nulle part. Quelle étrange sensation de ne pas être reconnu dans une identité, ni Américain, ni Italien, seulement un mélange des deux. Chaque inconnu me donnant une étiquette en fonction de ce qui l’arrange.

Je soupire, observe le port, les inconnus et les habitants de la région. Nous nous dirigeons vers le parking, puis Giuseppe s’arrête devant une Alfa Romeo Touring Berlinetta, bordeaux. Je siffle, belle voiture. Giuseppe sourit, met ma valise dans le coffre. Nous prenons place dans la voiture, direction le quartier Ostiense situé au sud de Rome pour une visite guidée de la ville. Il passe devant le Colisée, le forum romain et le capitole, se dirige ensuite vers la via constantino, et rejoins la grande route SS148 direction Sperlonga.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire LauraAnco ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0