PROLOGUE
J’ai bien fait de sortir, j’avais vraiment trop chaud à l’intérieur de l’appartement de mes parents : je n’arrivais pas à fermer l’œil.
Dormir ! M’endormir et ne plus me réveiller. Je ne demande que cela, depuis qu’il est sorti précipitamment de ma vie.
Il fait super bon ce soir. Le ciel, parsemé d’étoiles, brille de mille feux et la lune est toute ronde comme une balle et d’un blanc étincelant. J’ai l’impression qu’elle me regarde en souriant et que les étoiles qui clignotent me font des clins d’œil. Je voudrais m’envoler pour les toucher.
J’ai le vertige, mais la vue de la terrasse me donne le sentiment de dominer le monde.
Je sens, venu de quelque part, un parfum fleuri qui vient me caresser le nez. Ma grand-mère me dit souvent que quand nous percevons une odeur de fleur, c’est qu’un être invisible est là pour nous réconforter.
Est-ce lui qui est avec moi ? Je ne le saurai jamais.
Devant moi, la ville éclairée de toutes ces lumières ressemble à ce ciel. Je me dis qu’il y a encore des gens qui travaillent, mangent dans des restos avec des amis ou en amoureux, sortent faire la fête.
En un mot, ils vivent heureux ou malheureux, mais ils continuent de vivre, contrairement à moi.
Comme ils ont l’air ridiculement petits, vu d’ici ! Je pourrais les saisir entre mes doigts et les manger tels des pions sur un échiquier, que l’on peut, d’un seul doigt, au bout d’un long bras, éliminer.
Mais je ne serai même plus ce pion... Je deviendrai le roi d’un royaume lointain où les gens vivraient libres et heureux...
Le sol se dérobe sous mes pieds, adieu…
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