Mercredi 19 août 2020
Salut journal !
Enchanté, mon futur confident, de coucher sur tes pages vierges ma petite vie de jeune adulte qui commence si mal.
J’ai fait une grosse dépression, il n’y a pas longtemps et mon psy m’a conseillé d’écrire pour évacuer un peu la pression. Je suis un peu dans les vapes avec les médocs et je me sens stupide de tenir un journal intime, comme le font la plupart du temps, les filles.
Alors, je vais débuter par une brève présentation : je m’appelle Sacha Lacroix, j’ai 22 ans. Je suis blond, mes cheveux sont longs, style coupe au carré et dégradés. J’ai un beau nez fin (je trouve !), et de grands yeux bleus. Je mesure 1,73 pour 65 kg. Je ne suis pas hyper musclé, mais bien dessiné grâce à la boxe.
Je vivais depuis mes huit ans à Philadelphie, aux États-Unis, avec mes parents, qui ont été mutés là-bas pour le boulot. Mon père est dans le commerce international pour la marque « EKLYPSO », fabricant de produits de beauté et maquillage, et ma mère est professeure de français.
Notre maison était toujours remplie par nos amis. Les miens étaient bagarreurs, rieurs et très bruyants. On faisait énormément de bêtises, on jouait au foot, on construisait des cabanes, des bateaux de pirates et on faisait la guerre avec nos pistolets à billes. Chacun de nos bobos était soigné par maman qui gueulait beaucoup de peur qu’un jour, nous revenions vraiment blessés.
Il y avait aussi les filles. Elles représentaient des challenges pour ma bande de potes et moi. On faisait des paris stupides pour savoir lequel de nous en aurait pécho le plus. En grandissant, mon petit corps d’athlète faisait des ravages, auprès de la gent féminine. Merci la boxe et les heures d’entraînement. Je n’avais plus besoin de personne pour affronter les durs à cuire.
Mes premiers baisers et mes premières caresses, j’avoue, je n’étais pas superdoué et je préférais qu’elles s’occupent de moi. Les embrasser ne me dérangeait pas, mais elles ne m’attiraient pas physiquement.
Mes potes passaient leur temps à leur attribuer des notes concernant leurs tours de poitrine, la taille de leurs fesses, celle qui avait la plus belle ou la plus grande bouche. Ils pâmaient sur les cheerleaders et les pom-pom girls, pendant que moi, je ne me sentais ébranlé que par la sueur dégoulinant sur le visage et le torse, durcis par l’effort, de mes coéquipiers. Sûrement l’amour du sport et de la compétition…
J’étais heureux, malgré le sentiment que quelque chose manquait dans ma vie en grandissant ; il ne fit qu’accroître avec la puberté. Je comblais cet incompréhensible manque avec la boxe et ma relation fraternelle avec mes amis d’enfance.
L’année de mes 14 ans, en pleine crise d’adolescence, j’ai commencé à me rebeller et mes notes ont suivi ma chute.
J’étais un bon élève, mais quelque chose au plus profond de moi me rendait aigri. J’ai foiré deux ans, ce qui a créé un retard dans mon parcours scolaire.
Après mon équivalence de seconde en France, j’ai changé de cercle d’amis, je me suis mis au sport et j’ai repris ma vie en main grâce au soutien de mes parents.
Suite à ma licence en architecture, j’ai décidé de revenir, au pays de mon enfance, pour réaliser un Master pendant deux ans à l’Université de Chavernay. L’histoire de l’architecture française à travers les siècles me passionne énormément et devrait m’apporter plus de connaissances et de diversités que les monuments américains.
Je suis revenu le 2 juillet et je vis maintenant chez mes grands-parents, Gabriel et Enara Morison, à Chavernay. Ils sont concierges dans un château qui appartient à un couple de vieux bourgeois. Ils le louent occasionnellement à des familles très riches, royales, VIP, etc.
Tous les deux ans, je reviens passer les vacances chez eux. Chavernay est une petite ville de plus de cent quatre-vingt mille habitants, à 30 kilomètres au nord de Paris. Il y a tout ce qu’il faut : universités, grosses entreprises (qui ont préféré établir leurs sièges ici plutôt que sur Paris même à cause de la circulation) parcs, centres commerciaux, salles de concerts, etc. J’ai quelques amis ici, mais je ne vous parlerai que de ma meilleure amie, la petite-fille des proprios.
Elle se prénomme Sally. C’est une petite rouquine, d’1, 60 m avec de longs cheveux ondulés, des yeux verts pétillants et des taches de rousseur. Elle est bien roulée ma rouquine ! Elle adore organiser des fiestas, car sa famille lui cède tout et la laisse faire tout ce qu’elle veut.
Je l'ai rencontré pour la première fois en maternelle. Nous résidions dans un immeuble à quelques pâtés de maisons du château.
Étant donné que nos parents travaillaient, nous étions gardés par nos grands-parents. Nous passions nos mercredis et nos vacances scolaires à jouer et à arpenter les jardins fleuris.
Maggie Andersen, une Anglaise de 17 ans, embauchée comme fille au pair par ses parents, nous surveillait et nous inventait des jeux. C’était une petite blonde pas très jolie et rondelette. Je me souviens qu’elle avait toujours ses grosses joues toutes rouges comme si elle avait couru un cent mètres. En même temps, nous lui menions la vie dure à la faire tourner en bourrique.
Petite, Sally était un vrai garçon manqué. Elle grimpait partout et toujours plus haut. Plus nous grandissions et plus, elle inventait des jeux dangereux.
Une anecdote me revient à l’esprit : lorsque les travaux de rénovation de la maison attenante au château ont débuté, j’avais environ six ans et demi. Alors que nous jouions à cache-cache, cette chipie a échappé à la vigilance de Maggie et est allée se planquer dans la maison. On ne sait pas très bien ce qu’il s’est passé à l’intérieur, mais Sally est ressortie en larmes et recouverte de peinture blanche de la tête aux pieds. Constatant qu’elle n’était pas blessée, nous avons éclaté de rire. Je revois encore Maggie pliée en deux se tenant le ventre.
De peur de perdre sa place, la nounou est allée trouver ma grand-mère afin qu’elle lui fasse prendre une douche.
Rachitique en primaire, Sally me protégeait sans arrêt des plus âgés. Ils trouvaient drôle de me bousculer ou de me faire des croche-pieds dans les couloirs. Je revenais souvent de l’école avec le nez en sang ou égratigné au visage. À l’époque, je faisais croire à mes parents que je me battais pour la protéger, alors que c’était le contraire.
Je pourrais écrire un roman avec toutes les bêtises de mon amie d’enfance, ma sœur de cœur ; sans elle, aujourd’hui, je serais perdu. Vous comprendrez, tout au long de mon récit, qu’elle est essentielle dans ma vie.
Bon allez, on passe au vif du sujet ! Je vous raconte cette partie de ma vie qui m’a complètement bouleversé et métamorphosé. Ma vie avant tout cela n’était que la vie tranquille d’un jeune garçon sans histoire.
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