Samedi 11 juillet 2020
Salut journal !
J'avais à peine franchi le seuil de ma porte hier soir, que je reçus un SMS d'Alekseï pour savoir si j'avais quelque chose de prévu le week-end. Il me demandait de le rejoindre vers 10 heures. J'allais bien voir ce qu'il avait à me proposer. Bien sûr que non ! De toute façon, j'aurais tout annulé pour être avec lui.
Il m'a accueilli avec son somptueux sourire et m'a fait entrer dans sa maison. Il était sexy, avec sa chemisette rose pâle entrouverte et son pantalon blanc à pince. J'étais ébahi par lui, mais également par son intérieur si moderne que je n'avais pas pris le temps d'observer la veille. Il était parfaitement l'opposé de l'extérieur qui datait des années cinquante. Tout avait été rénové récemment. C'était très design et très spacieux. Le style était épuré. De grands tableaux d'art contemporain et des statues de métal réalisées par un assemblage de boulons, de vis et autres pièces soudées entre elles, décoraient les pièces que j'apercevais.
Je connaissais les bâtiments qui composaient le domaine, mais je n'avais pas eu l'occasion d'y pénétrer.
Il avait dû remarquer que j'examinais avec indiscrétion le moindre recoin de la pièce qui s'ouvrait devant moi.
— Tu veux visiter ?
Il tendit le bras vers l'intérieur pour m'inciter à le suivre.
— Voici ma cuisine.
La cuisine était moderne, noire et bois couleur merisier. Un îlot avec des plaques de cuisson trônait au centre de la pièce. En guise de séparation, il y avait un passe-plat/bar avec des tabourets, illuminé par de grosses ampoules suspendues à un mètre au-dessus de celui-ci. Suite à la cuisine, il y avait une grande table blanche où l'on pouvait facilement s'asseoir à dix, avec des chaises en cuir noir et blanc.
Dans le salon que j'avais déjà un peu examiné, il y avait un somptueux canapé d'angle en tissu gris clair avec une table basse réalisée avec un touret de chantier, juste vernis. En face, un immense écran de trois mètres de long était suspendu au mur.
Ensuite, il me dirigea vers les toilettes. Des toilettes quoi !? Classique ! Décorées de quelques photos, en noir et blanc, de stars décédées. Marilyne Monroe, James Dean, Elvis Presley, Franck Sinatra, nous mâtaient sur le trône !
Après les WC, nous avons vite passé la salle de bain accolée, munie d'une cabine de douche. La déco était du style zen, noire et grise, avec des motifs de roseaux et de petits galets, rien de très transcendant.
J'attendais impatiemment la visite de sa chambre. J'imaginais la décoration, s'il l'avait arrangée à son goût.
Il a soudain ouvert « The » porte, donnant sur une immense chambre de plus de 30 m². Il s'est assis sur le lit, me laissant libre de visiter le lieu seul. Les murs étaient noirs avec des motifs floraux argentés.
Dans un coin, il y avait un magnifique lit double avec des LED bleues dessous. Dans le second coin, il y avait une bibliothèque avec un bureau ancien rénové et repeint en noir laqué. En face, dans le 3e angle, il y avait un énorme dressing où étaient rangés ses beaux costumes et ses vêtements de tous les jours. Dans le dernier angle, je distinguais un coin lecture, pourvu d'un divan et d'un fauteuil beige clair. Un halogène design retombait au-dessus d'une petite table basse avec un plateau en verre, dont le pied était un moteur d'Harley-Davidson.
Et... Prépare-toi journal !!
En plein milieu de la pièce, trônait une grandiose douche à l'italienne, au carrelage noir, mesurant au moins 4 m². Elle était complètement entourée de parois translucides, allant jusqu'au plafond. On aurait dit un présentoir de musée. Elle illuminait toute la pièce avec son éclairage d'un blanc éclatant. J'étais estomaqué.
Ça doit être trop sexy de baiser là-dedans ! J'espère qu'il y a de la musique. Sally serait folle de voir ça !
*** Alekseï ***
Je ne sais pas à quoi il songeait, mais il avait l'air absolument béat devant la douche.
Ne t'inquiète pas mon ange ! Donne-moi juste une occasion de te faire une visite privée et tu vas voir ce qu'il t'attend là-dedans ! Tu vas faire du lèche-vitrine.
***
— Tu veux essayer le lit, la douche, ou continuer la visite ?
Il m'adressa un sourire vicieux en me posant la question. J'ai aussitôt ressenti des picotements dans mon bas-ventre et j'ai piqué un fard.
Je constatais, encore une fois, que je ne le laissais pas du tout indifférent.
— Grrr, ça va aller pour aujourd'hui ! Ne prends pas tes rêves pour des réalités.
Je suis passé derrière lui et je suis sorti. J'avais chaud. Super chaud.
Pour finir, il m'a montré la deuxième chambre de 20 m2, avec le même style de déco que la sienne, mais juste avec un lit double, un petit bureau gris et un dressing.
— Je t'offre un coca ? Sit down here !
Il pointa du doigt les tabourets. Je me suis installé, et pendant qu'il me tournait le dos, j'observais ses fesses. La toile de son pantalon épousait parfaitement ses formes généreuses et musclées qui m'hypnotisaient.
— Tu voulais qu'on fasse quoi aujourd'hui ?
— Je voulais que tu m'accompagnes au bord de la mer, tout le week-end ! On m'a suggéré de visiter Le Touquet et ses casinos. Ça peut être sympa, non ?
Je suis resté un moment sans voix.
— Euh ! Oui, pourquoi pas, avec plaisir, je n'y suis jamais allé non plus. Je rentre préparer mes affaires et prévenir Enara et Gabriel.
Durant le trajet, j'ai roulé ma veste en boule et je l'ai posée contre la vitre pour en faire un oreiller. J'ai clos les paupières, juste pour lui faire croire que je dormais, profitant de ce léger interstice pour admirer son attitude pendant qu'il conduisait. De temps à autre, il fronçait les sourcils, il souriait ou sifflotait en tapotant son volant. En un mot, il s'ennuyait. Je l'ai usé à le dévorer des yeux aussi intensément.
*** Alekseï ***
Mon petit gars, je sais que tu fais semblant de dormir. Je te vois dans mon champ de vision, en train de te mordiller les lèvres en m'observant. Tu m'énerves tellement que je commence à être serré dans mon pantalon. Je vais te faire le coup de la panne, tu vas voir si tu trouves encore l'envie de roupiller.
— Hé la marmotte ! Tiens-moi compagnie, je ne suis pas juste un chauffeur ! Please... Parle-moi de toi !
Sacha fit semblant d'immerger de son sommeil.
— Humm ! Il est presque midi, on pourra faire une halte ? J'ai la dalle !
— Tu ne penses qu'à manger ? Je vais te nourrir, tu vas voir. J'ai mis immédiatement mon clignotant, feignant que j'allais m'arrêter sur le bas-côté.
— Qu'est-ce que tu fous. On n'va pas s'arrêter là ?
— Je voulais juste te faire le coup de la panne, mais tu n'as pas envie de jouer à ce que je vois !
— Je vais te coller une patate dans la poire, tu pourras faire des frites et une salade de fruits, avec ce qu'il te restera de dents !
Même si sa blague était plus que puérile, j'ai explosé de rire.
— N'importe quoi ! Il mordrait le petit pitbull qui bave sur ma vitre !
***
Il a roulé jusqu'à midi, puis nous avons fait une halte dans une station-service sur une aire de repos de l'autoroute.
En proie à un moment de galanterie, Alekseï m'a ouvert la porte et me l'a tenue.
— Si ma belle endormie veut bien se donner la peine.
En fronçant les sourcils, je lui ai adressé un rictus qui en disait long sur mes pensées.
Une fois à l'intérieur, nous nous sommes dirigés vers le self-service. C'était marrant de constater que nous nous jetions sur les mêmes plats. Avocat macédoine en mayonnaise, coca, couscous et mousse au chocolat.
— Sacha ! Tu n'es pas obligé de choisir les mêmes plats que moi.
— Désolé, mais je ne vous copie pas, Votre Altesse ! Je ne choisis que ce que j'aime.
— Right ?
Son sourire et ses yeux brillants illuminaient son visage. Je lui fis un sourire en guise d'aveu. Il posa sa main sur ma nuque et m'attira à lui pour déposer un baiser dans mes cheveux. Je sentis mon corps frémir de nouveau.
J'étais à deux doigts de le repousser lorsque j'ai entraperçu un couple qui nous dévisageait avec insistance. J'ai alors placé ma main sur sa fesse et je lui ai adressé un « on est un parfait petit couple, mon chéri ! », en serrant un peu plus fort. Surpris de mon geste, Alekseï m'a interrogé du regard. Outrés, les deux autres se sont barrés en fronçant les sourcils, sans même prendre une boisson ou un dessert. Dégoûté, monsieur, dame ?
— What ? La princesse se permet des familiarités ?
— Tu te plains ? C'est toi qui me cherches et ça t'étonne que je riposte ?
— Non, au contraire, j'ai apprécié ! More, more !
Ne trouvant pas les mots adéquats, je lui ai mis un petit coup de poing sur le bras.
À table, nous avons parlé de l'itinéraire qu'il nous restait à parcourir et de nos goûts culinaires. Je me suis aperçu que décidément tout nous rapprochait.
Pendant le repas, comme dans le remake d'un bon vieux Drama, il débordait de petites attentions à mon égard : il a transvidé mon coca dans un grand verre, il a essuyé la sauce aux commissures de ma bouche avec son pouce et se l'est léché. Je souriais intérieurement de le voir si prévisible.
Test ! De mon pied gauche, je défis le lacet de ma basket droite. S'il se baissait pour me la relacer, je ne savais pas ce que j'allais lui faire.
Prétextant me rendre aux toilettes, je me suis levé, j'ai lentement fait deux-trois pas pour qu'il remarque mon lacet qui traînait dangereusement. Ce qui devait arriver arriva et à ce moment-là, j'ai tilté que j'aurais dû prévoir d'exécuter mon plan à l'extérieur. Encore une fois, nous allions avoir des yeux qui nous dévisageraient.
Mon prince charmant m'empoigna rapidement le poignet pour me stopper et se mit à genoux devant moi pour refaire mon lacet. Comme je m'y attendais, tous les regards se sont braqués sur nous. Ils pensaient sûrement à une demande en mariage, ces abrutis.
J'ai posé ma main sur sa tête afin de lui tripoter les cheveux.
Avant qu'il ne se relève, j'ai joint mes deux mains sur ma bouche, faisant croire à nos spectateurs que je voulais m'empêcher de crier. Ils étaient médusés et nous fixaient en attendant ma réponse.
Lorsqu'il releva la tête pour me demander bêtement si ce n'était pas trop serré. J'ai répondu « oui » sans crier, mais en mimant ma réponse d'un hochement de tête pour que tout le monde le voie. Pauvre Alekseï, il est resté bouche ouverte et regardait tous les clients du restaurant, en se demandant ce qu'il se passait autour de nous. Il comprit lorsqu'il entendit les applaudissements et les « Oui, il a dit Oui » ! Mort de rire, il m'a de nouveau regardé.
— Ils ont cru que... ?
— Oui !
— Ça t'amuse ?
— Bien sûr, beaucoup !
— Et ça ?
Je n'ai rien vu venir. Il m'a chopé par la nuque, m'a fait basculer en arrière et m'a roulé, la pelle de ma vie. Je me suis retrouvé comme un con ne sachant comment réagir.
Rouge écarlate, je me suis enfui (une nouvelle fois), vers les toilettes, sous les applaudissements de la foule déchaînée et ravie.
Une fois caché de nos admirateurs, j'ai envoyé un SMS à Alekseï pour qu'il m'attende à l'extérieur. J'envisageais de traverser la distance WC-sortie en courant, non, plutôt en marchant vite, très vite, mais s'était sans compter que certains fans de BL me sauteraient dessus pour nous féliciter. Voilà comment j'ai dû serrer dix mains et faire autant d'accolades, avant de pouvoir franchir le seuil du resto, sous les yeux d'Alekseï, qui se pliait en deux de rire, derrière la vitrine.
Je n'avais pas envisagé que notre premier baiser ressemblerait à cette tragédie. Je suis vénère ! Putain de karma à la con !
— Tel est pris, qui croyait prendre ! C'est bien comme ça que vous dites en France ? No ?
— Ta gueule ! Ok, chéri !
Je rejoignis la voiture, suivi d'un prince stupide qui ricanait comme un con.
Oui, journal, je suis en colère de m'être fait prendre à mon propre jeu !
Le long de la route qu'il nous restait à parcourir jusqu'au Tréport, Alekseï a mis de la musique et chantonnait doucement. Il avait une voix très douce et très juste, mais subitement, je ne sais pas ce qu'il lui a pris, il s'est mis à chanter faux. Je n'ai pas mis longtemps à rire de lui et avec lui. J'ai moi aussi commencé à chanter comme une casserole, ce qui l'a encore plus amusé.
— Tu es incroyable ! Tu me rends fou, my baby !
Un deuxième « my baby » qui semblait sortir du cœur. Trop mignon.
À nouveau concentrés sur la route, nous avons discuté de l'université, de ma passion pour la boxe et de lui, vaguement. J'ai bien vu qu'il restait sur la retenue en ce qui concernait sa vie. Je n'ai rien osé lui demander, je me disais que j'aurais le week-end pour en apprendre plus. Ne trouvant plus trop de sujet de conversation intéressant à partager avec mon tout nouvel ami, j'ai recollé ma tête contre la vitre et j'ai repensé à la pelle qu'il m'avait roulée.
Sentir la langue chaude et humide de ce mec, caressant mes dents et forçant le passage pour pénétrer dans ma bouche, la sentir s'enrouler autour de la mienne comme si elle voulait l'attraper, m'obnubilait et m'excitait. Pour un Bulgare, il maîtrisait le « French Kiss » à la perfection. Il devait avoir beaucoup pratiqué pour embrasser aussi bien. J'aurais dû être dégoûté, écœuré, mais je me surpris à apprécier. J'en voulais encore ! Je sentis mes joues s'empourprer.
*** Alekseï ***
À quoi pensait-il pour rougir de la sorte ? À notre baiser ?
J'espérais qu'il lui avait plu, sinon, le reste du week-end allait être compromis, surtout avec ce que j'avais prévu à l'hôtel. S'il m'en voulait, ne serait-ce qu'un peu, cette fois, il me haïrait, pour de bon. Je n'aurais pas dû aller aussi loin dans ma petite vengeance. J'avais peut-être tout fait foirer.
J'ai posé ma main sur sa cuisse, ce qui l'a fait tressaillir, mais à mon grand étonnement, il ne l'a pas repoussé, ce qui me rassura.
— Ça va ? Tu es fatigué ? Plus qu'une vingtaine de kilomètres, Sacha. Tiens bon !
— Non, ça va ! J'admirais le paysage. répondit-il en tournant légèrement les yeux vers moi.
— Moi aussi, je trouve... La vue, magnifique ! rétorquais-je en le regardant. Il comprit que je parlais de lui et il rougit de nouveau. Il me rendait dingue. Je vais le bouffer !
J'avais certainement planifié ce week-end un peu rapidement sans compter sur une telle excitation. Je n'allais jamais pouvoir résister à sa gueule d'ange.
***
Enfin arrivé à destination, un panneau de luxe indiquait « Hôtel Barrière Le Westminster Le Touquet ». Devant nous se dressait un gigantesque hôtel avec sa façade Art déco qui alliait histoire et modernité.
Alekseï s'est garé sur le parking sur lequel se trouvaient stationnées plusieurs voitures de luxe, plus belles les unes que les autres. Un musée pour les bobos !
— Alekseï, je ne vais pas avoir les moyens de dormir ici !
— Ne t'inquiète pas, tu es mon invité ! Je n'allais pas visiter seul. Sacha, you are my only friend in France ! (Sacha, tu es mon seul ami en France !)
Nous sommes entrés et mon prince s'est dirigé vers l'accueil.
— Bonjour Madame, j'ai réservé une suite au nom d'Ivanov Alekseï.
— Une seule chambre ? Avec deux lits, j'espère ? ai-je demandé, décontenancé.
— Non, Monsieur. C'est une suite avec un lit king size, me rétorqua aussitôt la réceptionniste d'un ton agacé.
— Alekseï ? T'es sérieux ? On ne se connaît quasi pas !
Il me fit un clin d'œil en me montrant discrètement le bout de sa langue.
— On va apprendre à se connaître, mon ami !
Je me suis mis sur la pointe des pieds et je lui ai murmuré à l'oreille :
— Et mon poing sur la gueule, tu le veux avec ou sans élan !
On va dormir ensemble, my Goodness !
Le maître d'hôtel en smoking noir, très sobre, nous a conduits à notre suite. Un appart vu la taille ! Il était aux harmonies de teintes beiges et chocolat, avec une surface d'au moins 80 m². Face à l'entrée, se présentait le fameux lit king size. Il y avait également un coin salon avec son canapé et ses fauteuils en cuir clair, deux dressings et une luxueuse salle de bain, aux murs blanc parés de dorures avec baignoire, jacuzzi d'angle et douche italienne ouverte. Je croyais rêver éveillé !
Une fois nos valises posées dans un coin, nous sommes descendus dîner dans le restaurant de l'hôtel. Nous avons découvert une grandiose salle aux couleurs de notre chambre. Le mur à notre gauche était recouvert de petits cadres contenant des photos anciennes de l'hôtel, alignés en deux rangées horizontales sur toute la longueur. Une toile gigantesque représentant un guépard occupait tout un pan de mur au fond de la salle et des lustres démesurés, ornés de pampilles, surplombaient et éclairaient les tables. C'était féerique !
Après avoir détaillé le menu (et les prix exorbitants des yeux), j'ai choisi de faire confiance à mon Prince et nous avons dégusté du poisson. Irrésistible quand on est au bord de la mer. Feuilletés de haddock en entrée, Effilochés d'ailes de raie en plat de résistance et en dessert, des Millefeuilles traditionnels avec leur glace vanille de Madagascar. Tout cela accompagné d'un Dom Pérignon.
Oui, rien que ça ! Mon prince ne se refusait rien ! Sale snobinard, égocentrique !
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