Vendredi 17 juillet 2020
Salut cher journal !
Alekseï, mon nouveau réveil. J'aurais bien dormi encore peu, Monsieur le Prince !
— Bonjour Alekseï !
— Hi Sacha, this afternoon, I'm free ! Cette après-midi, je suis libre ! Mes parents seront absents. Je vais t'apprendre à ne pas avoir peur de l'eau et à nager un peu. It's good for you ? (C'est bon pour toi ?)
— I'm afraid ! (J'ai peur !)
— Fais-moi confiance, on se connaît bien maintenant.
J'avais eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. À chaque fois que nous nous voyions, il devenait de plus en tactile et je ne parvenais plus à contenir mon envie de le sentir encore contre ma peau.
Pour moi, petit puceau, échanger des baisers était chose aisée, comme avec une fille, bien que sa façon d'embrasser fût plus vorace. Mais de là, à m'imaginer caresser son corps et ses parties intimes me faisait encore pâlir et me mettait mal à l'aise. En avais-je vraiment le désir ? Allais-je encore partir en courant ?
Et après, serais-je dessus ? Dessous ? Actif, passif ? Top, bottom ? Des années que je faisais des recherches sur le sujet, mais que j'avais trop honte de m'aventurer à avoir une vraie expérience pour me positionner sur le rôle que je tiendrais. Serait-il doux pour me dépuceler dans tous les sens du terme ? Allais-je avoir mal ? Très mal ? Je ressentais des sentiments mitigés entre une réelle envie ou juste de la curiosité. J'étais excité et anxieux en y imaginant notre première fois.
Je n'avais pas trop confiance en moi, mais je me suis quand même rendu à la piscine où Alekseï m'attendait. Hésitant quelques instants à rentrer dans l'eau, j'ai craqué quand j'ai vu son magnifique sourire. Comment je pouvais résister en voyant ses muscles luisants au soleil, son doux visage et sa belle bouche aux dents étincelantes ?
Il me fit signe de la main et me lança :
— Come on, dear friend ! (Viens cher ami !)
*** Alekseï ***
J'ai saisi fermement la main de Sacha et je l'ai attiré à moi avec douceur. J'étais conscient qu'il avait peur et que le moindre geste inapproprié pouvait pétrifier mon crush et le faire fuir.
J'avais rêvé à ce moment où je pourrais de nouveau serrer son corps fragile contre le mien sans qu'il ne se braque. Je désirais vraiment qu'il soit en confiance auprès de moi en toute situation et que son amitié se métamorphose enfin en amour.
***
Une fois près d'Alekseï, je n'avais pas d'autre choix que de me cramponner à lui. J'osais à peine le saisir par les épaules et toucher sa peau. Sentir nos corps se frôler me provoquait des frissons. Il fallait que j'arrête, car ces pensées m'obsédaient et faisaient monter en moi un « être incontrôlable » que seule l'eau pouvait occulter. Oh non pas ça ! Je dois me ressaisir. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Il faut que je pense à ma vieille prof de français qui était laide et qui puait de la gueule.
Si Alekseï s'apercevait que je bandais encore, je n'oserais plus le regarder en face. Mais la délicatesse de ses gestes pour m'apprendre à nager et ses mains sur ma peau ne m'aidaient pas du tout à me ressaisir et je ne pensais qu'à lui plutôt que de me concentrer sur la natation. Au moins, j'avais omis ma phobie de l'eau !
À un moment, complètement déconcentré, j'ai glissé et je me suis retrouvé accroché à son cou. Dans la précipitation, nos bouches se sont frôlées. Doucement, Alekseï s'est écarté en continuant à me fixer. J'avais l'impression qu'il allait me rendre mon baiser volé. Il a approché sa bouche de la mienne au ralenti. J'ai pris peur et je suis sorti direct de la piscine. Expressément, il s'est excusé avec un regard triste :
— Sorry Sacha ! Ne pars pas, please !
Je l'ai regardé et j'ai choisi de m'installer sur un transat en lui disant des paroles apaisantes :
— Mais non, ne t'inquiète pas. Je fais juste une petite pause.
*** Alekseï ***
J'étais rassuré. Chaque minute passée avec Sacha était pour moi comme un moyen de survivre à cette vie, tellement il me faisait tout oublier.
Je suis sorti de la piscine, je me suis allongé sur un transat, près de lui et j'en ai profité pour le questionner sur sa phobie de l'eau.
— Quand j'avais sept ou huit, je suis allé me baigner avec mes cousins dans une rivière pas très loin d'ici. Mon cousin avait eu la bonne idée de gonfler des chambres à air de camion pour nous faire des bouées. Ne sachant pas nager, je me suis assis dessus et je me suis laissé porter par le courant tranquillement près du bord. Sauf qu'à un moment, j'ai été pris contre des ronces et ma bouée a éclaté. J'ai coulé aussitôt. J'ai essayé de remonter à plusieurs reprises, mais mon corps était happé vers le fond. Sous l'eau, je luttais contre les ronces qui touchaient mes pieds pour ne pas m'emmêler dedans. J'ai fait ça deux trois fois avant qu'un inconnu ne m'entende crier au loin et vienne me sauver. Je suis traumatisé depuis ce jour-là. Je revois sans cesse les images et je me vois mourir.
Sans dire un mot, Alekseï contemplait le doux visage enfantin de son bel et tendre amour.
Tout en l'écoutant attentivement, je scrutais la moindre de ses expressions de visage et sa gestuelle. J'aurais voulu être ces gouttes d'eau qui perlaient de ses cheveux dorés, glissaient doucement sur son visage jusque dans son cou et qui finissaient leurs courses effrénées sur son torse aux formes délicieuses.
Au bord des larmes et la gorge serrée, je luttais pour ne pas le prendre dans mes bras et l'embrasser avec tendresse.
Je ne savais toujours pas comment agir. Je n'étais pas convaincu que Sacha soit gay, malgré certains incidents, et je risquais qu'il me rejette vraiment. Je lui tendis tout de même la main en signe de compassion. Il la saisit en glissant ses doigts entre les miens et serra. Cette réaction ne mentait pas, il ressentait aussi un attachement plus qu'amical envers moi, mais se refusait à l'admettre ouvertement.
***
Voilà les souvenirs d'enfance, que j'ai confiés à Alekseï, ce jour-là, et qui me traumatisent encore.
Ému et gêné, j'ai lâché sa main. Je me suis levé pour rentrer chez moi et j'ai croisé son regard aussi larmoyant que le mien. Ce regard intense et compatissant avec lequel il me regardait à chaque fois que j'étais triste. Mais là, comme un abruti, dans la rapidité de l'action, je me suis pris les pieds dans ma serviette et j'ai basculé sur Alekseï qui était allongé sur son transat.
Mon nez contre le sien, je me suis perdu dans ses yeux et sans hésitation (Ce fut plus fort que moi !), je l'ai embrassé sans pudeur, tout en parcourant de mes mains, son torse et ses épaules. La grande bouche, aux lèvres charnues d'Alekseï, englobait ma petite bouche. Je sentais sa langue venir caresser la mienne et frotter contre mes dents. Un baiser bien plus ardent que celui du restaurant sur l'aire de repos, rempli de passion et de rage. J'avais l'impression qu'il allait me dévorer tout cru. Ses mains, si douces, malaxaient mon dos en exerçant de petites pressions.
Le premier était déjà complètement différent de ceux que j'avais pu échanger avec les filles, mais celui-là m'annonçait la couleur d'une relation plus intime avec mon ténébreux Prince.
J'avais l'impression que des heures s'étaient écoulées, comme si la terre s'était arrêtée de tourner.
Je n'avais plus de doute, nous étions attirés l'un par l'autre et à travers ce baiser, je sus que c'était réciproque.
À deux doigts de cracher la purée dans mon caleçon de bain, je me suis relevé, dissimulant mon érection avec ma serviette et je lui ai balancé un truc du style :
— Je ne regrette rien, Alekseï. J'espère que toi non plus ? À demain. Bye my friend.
Et j'ai couru jusqu'à la maison.
Oui, je passe mon temps à fuir comme un lâche !
Alekseï était au paradis. Lui aussi était en érection, mais loin de lui l'idée de vouloir la dissimuler. Il ne pensait même pas à le faire. Il se mordait la lèvre inférieure de désir en se caressant à travers son caleçon de bain.
— Couchez ma belle, il est parti !
Non loin de là, cachée derrière un arbre, la reine qui comptait venir se baigner avec son fils et son ami avait vu toute la scène du baiser. Elle eut envie de vomir. Elle hurlait intérieurement en rebroussant chemin. Elle ressentit un tel dégoût et accabla Sacha d'être un dévergondé, qui entraînait son enfant dans la luxure.
— C'est inacceptable, il faut que j'agisse et vite !
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