Vendredi 24 juillet 2020

7 minutes de lecture

Salut journal !

Je viens te donner des nouvelles de mon court séjour chez Sally et pleurer dans tes pages, parce qu'Alekseï me manque.

Hier, quand mon prince m'a déposé chez elle, elle était déjà rentrée et avait une tonne de question à me poser. Tu penses bien que ma curieuse bête rousse n'allait pas me louper.

Je suis donc passé à l'interrogatoire et j'ai tenté de tout lui raconter en détail, ou du moins assez pour la rendre verte de jalousie. Facile, en même temps, elle n'avait plus de mec depuis et entre la fac et son petit boulot, elle ne fréquentait que des lesbiennes et des gays, maintenant. De plus, je ne crois pas qu'un de ses gars l'ait fait grimper aux rideaux de la même manière que mon Dieu Bulgare. Rien qu'à y songer, j'ai une réaction physique qui se forme dans le pantalon.

Ainsi, hier soir, nous avons dîné avec Rachel, la mère de Sally et son compagnon, Simon. Ses parents avaient divorcé cinq ans auparavant et cela ne faisait que deux ans que Rachel sortait avec lui.

Tout à l'image de sa petite sœur Sophia, elle était une très belle femme d'une quarantaine d'années. Grande, élancée avec des cheveux roux très frisés.

Vous avez compris duquel de ses parents, Sally tenait. Sauf pour la taille, pour cela, elle avait pris les gènes de son père qui était de taille moyenne, comme moi.

Elle devait aimer les hommes robustes et plus petits qu'elle, car il était, pour autant dire, le sosie de Brice, son ex-mari. En tant que père, celui-ci avait été souvent absent de la vie de sa fille et pas très démonstratif au niveau des relations, paternelles et maritales, contrairement à cet homme qui débordait de petits mots doux et de gestes tendres.

Rachel semblait heureuse de me revoir. Elle me trouvait mûri et moins boutonneux. C'était la même que sa fille, celle-là ! La bouche qui s'exprime en se foutant royalement des sentiments de son interlocuteur. Je me suis retenu de parler des pattes d'oie qu'elle avait chopées aux coins des yeux avec les années. Points positifs : elle m'a complimenté sur mon physique, m'a dit que j'étais devenu un très beau jeune homme et qu'elle était fière que je sois un si bon élève, concentré sur son avenir.

Lors du repas, ma peste d'amie ne trouva rien de plus drôle que de se remémorer nos bêtises d'enfance. J'avoue que c'était relativement comique, surtout quand elle se mettait debout afin de mimer les bagarres. J'ai pu oublier un bref instant, mon royal amour.

Les bisous et les câlins de Rachel et Simon assis dans la balancelle en face de moi me filèrent le blues. Il a fallu que je m'éclipse pour verser une larme, alors je me suis rendu dans la salle de bain quelques minutes.

Lorsque, je suis sorti de ma cachette, j'ai entendu la sonnerie de mon portable à l'extérieur.

Ma puce, il y a ton téléphone qui sonne !

Non, chéri ! Ce n'est pas le téléphone de ma fille, c'est celui de Sacha !

Ah ? C'est écrit « Mon Prince Charmant », j'ai cru que c'était le petit ami de...

Simon s'interrompit en me voyant surgir.

Désolée, mon cœur ! Ta couverture est grillée !

Je suis devenu blême en sentant les regards interrogateurs de Rachel et Simon. Sally me tapota le dos pour m'exprimer son soutien. Je me suis mordu les lèvres nerveusement tout en réfléchissant à la meilleure façon de leur annoncer. Il fallait que je m'imagine, l'avouer à mes grands-parents avec douceur et tact...

Maman, il sort avec le Prince qui occupe la petite dépendance du château de Papou et Mamou !

Tu veux dire quoi par « sort avec » ?

Voyons Rachel ! Arrête de faire l'idiote ! Le prince s'est trouvé une princesse !

J'ai fixé Sally avec un mépris bien affiché sur le visage. Mais quelle conasse de balancer mon plus grand secret comme si c'était anodin !

Décidément, tu ne peux pas la fermer !

Les larmes jaillirent de mes yeux, au moment où je me levais pour fuir leurs réactions.

Hep, hep, hep ! Pas si vite, mon garçon ! Reviens poser ton postérieur ici !

Maman, laisse-le tranquille ! Il n'a pas besoin que tu en remettes une couche !

Sally, Sacha fait quasiment partie de notre famille, je suis en droit de le questionner ! Non ?

Non, maman ! Tu n'as le droit de rien, c'est sa vie privée !

Ma vie privée ? Tu te fous de ma gueule ? Tu viens de leur cracher ma putain de vie privée aux visages ! Tu te dis ma meilleure amie, ma sœur et tu me plantes un couteau dans le dos ! T'es qu'une salope ! Tu me débectes ! Tu crois que je ne souffre pas assez, hein ?

T'as une idée de ce que je ressens au fond de moi ? Non, aucune ! Tu t'imagines seulement que je passe du bon temps avec lui et que tout est tout rose dans ma vie !

Désolée, Sacha...

Arrête avec tes "désolée" ! Je ne veux plus que tu m'adresses la parole ! Oublie-moi !

Sacha ! Excuse-moi de m'immiscer dans votre dispute, mais est-ce que tu pourrais simplement t'asseoir qu'on en discute ?

Simon, avec tout le respect que je vous dois, je ne vous connais pas et je n'ai pas à me justifier auprès de vous !

Je ne te demande pas de te justifier mon grand ! Tu es adulte et d'après ce que dit Sally, de toi, tu as la tête bien vissée sur les épaules. Je constate tout de même que tu as l'air d'avoir du mal à accepter et à parler de ta relation avec cet homme. C'est nouveau pour toi, ton homosexualité ?

Je continuais de pleurer silencieusement, mais ses paroles avaient eu un impact bénéfique pour moi. Peu à peu, je me suis radouci jusqu'à avoir envie de leur confier mes joies et mes craintes.

Hum !

Désolé Simon, il me faut un peu plus de temps pour te répondre.

Je ne vais pas parler pour ma femme, mais en ce qui me concerne, l'homosexualité n'est pas un sujet tabou et je n'ai pas d'a priori. Au contraire... Je n'en ai pas fait part à Rachel et encore moins à Sally, mais j'ai eu moi-même... Des hommes dans ma vie.

La mère et la fille se retrouvèrent comme des cruches à regarder Simon, bouches ouvertes.

Désolé, chérie, que tu l'apprennes de cette manière, mais tu l'aurais appris un jour ou un autre. Tu ne sais pas combien de fois, j'ai dû menacer de mort mes frères pour qu'ils ne te le disent pas !

Vaut mieux tard que jamais, mon chéri ! lui répondit-elle avec un sourire forcé.

Ne t'inquiète pas, je t'aime plus que je n'aie jamais aimé personne ! Il m'a fallu des années pour trouver mon âme sœur et je peux te certifier que tu es celle que j'ai toujours espérée.

Oh ! C'est trop mignon ! Hein, maman ? Il est trop chou, tu ne trouves pas !

J'étais ravi qu'ils m'aient un peu oublié. Cela m'avait permis de faire le point sur ce que j'allais leur répondre.

Allez, buvons un coup ! Je sens qu'il faut qu'on délie la langue de notre jeune ami, ici présent !

Lance-toi, mon cœur ! Fais leur confiance !

Mouais... Ce n'est pas évident !

Tout en balbutiant, je me suis lancé.

Alekseï est mon premier copain. Je n'avais pas eu de vraies relations... De couple avant. Même pas avec une fille !...

... J'ai eu beaucoup de mal à admettre qu'il me plaisait physiquement. Je ne voulais pas reconnaître que j'étais... Gay, alors que depuis que je suis ado, je suis conscient que je regarde mes collègues dans les douches, après le sport.

Ce que les autres en pensent ou en disent ne doit pas te perturber ! Tu es seul à savoir ce qui te rend heureux et si c'est ce fameux Alekseï soit, qu'il en soit ainsi. Seul ton bonheur compte mon grand ! Tu ne sais pas de quoi demain sera fait ! Il se peut très bien que dans quelques mois ou quelques années, tu changes d'otique et que tu te rediriges vers les femmes, comme je l'ai fait !...

... Où, c'est vraiment le genre qui t'attire et dans ce cas, je te souhaite de vivre ta vie à ta guise, mais surtout d'être heureux pour le reste de ta vie.

Merci Simon ! Je ne sais pas comment vous remercier pour vos paroles ! Cela m'a fait beaucoup de bien de me confier ! J'espère que ce sera aussi facile de faire mon coming out à mes grands-parents et à mes parents.

En attendant, les parents d'Alekseï, ou plutôt sa mère est devenue dingue quand elle nous a vus nous embrasser. Elle m'a ordonné de quitter le château et elle a menacé de foutre Papy et Mamie dehors !

Je ne sais pas quoi faire pour les protéger et éviter qu'Alekseï ne souffre par ma faute !

Par ta faute ? T'es fou ! C'est lui qui te court après depuis presque trois semaines. Pourquoi te blâmer d'avoir accepté ses avances ? Il doit assumer ses responsabilités !

Sacha, tu peux rester chez nous autant que tu veux, tu es comme mon fils !

Merci Rachel pour votre soutien et désolé ma rouquine de t'avoir mal parlé ! Mais apprends tout de même à fermer ta grande bouche ! Tu vas t'attirer des problèmes un jour !

Après toutes ces émotions, nous avons embrassé Rachel et Simon et nous sommes allés nous coucher dans le lit de Sally.

Je me suis endormi en inondant son tour de cou de mes larmes... Merci ma sœur, je t'aime...

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