Jeudi 27 août 2020
J + 1m + 4jrs :-(
Salut journal.
Ras-le-bol, j'avais tout essayé, alors aujourd'hui, j'étais déterminé à lui fixer un ultimatum.
— Là, mon gars, je te préviens. Si tu ne te réveilles pas, je te quitte pour un autre.
En arrivant dans sa chambre, j'ai remis le panneau, j'ai bloqué la porte avec la table roulante à l'envers et une chaise. Je me suis déshabillé, j'ai soulevé le bas de sa couverture pour qu'il ne prenne pas froid et je me suis glissé dessous.
Tout en nous masturbant, j'ai enfourné son sexe dans ma bouche. Même s'il n'y avait pas d'érection de sa part, je lui ai fait une fellation jusqu'à ce que je jouisse. Ensuite, je me suis allongé sur lui pour lui tenir chaud et là, j'ai eu une sale idée.
Je l'ai placé de profil pour pouvoir me glisser contre son dos et j'ai commencé par lui prodiguer des caresses, le long de ses bras, sur son torse et ses cuisses. J'ai placé mon sexe entre ses fesses et je me suis frotté contre lui.
Si aujourd'hui devait être notre dernière fois, il fallait que je tente le tout pour le tout.
Tout en continuant de le caresser, j'ai pénétré son intimité délicatement. Cependant, je suis resté sur le seuil d'entrée pour ne pas le violer, même si cela y ressemblait fortement.
J'ai perçu son corps se raidir. Putain, j'ai rêvé ou il a eu une réaction ! À part, à Sally qui allait sûrement me prendre la tête, je ne pouvais raconter ce moment qu'à toi, mon journal.
Je suis descendu du lit, j'ai remis de l'eau tiède dans la bassine et j'ai effacé les traces de mon passage, ensuite j'ai repris ma place, sur la chaise près du lit. Je lui ai de nouveau pris la main et j'ai posé mon front sur nos doigts enlacés.
Sortant de mes gonds et à bout de nerfs, je l'ai secoué.
— Bébé, j'ai tout essayé ! Ouvre les yeux, putain ! Tu attends quoi, que je me foute la gueule en l'air ? Alekseï, j'ai utilisé mes dernières forces cette semaine.
Mon amour, j'en peux plus, tu sais ! Sache que je t'aime plus que tout, mais là, je jette l'éponge. Réagis, bordel !
Je m'étais promis de ne pas pleurer, pourtant, encore une fois, ma tristesse avait pris le dessus.
« Il a bougé ! ? »
— Tu as remué tes doigts ? Recommence Honey. Je t'en prie fait le pour moi, recommence.
Et là, j'ai vu avec stupéfaction ses doigts me serrer. J'ai sauté de joie en hurlant comme un aliéné.
— Il se réveille ! Il se réveille ! Yes ! Yes !
Les infirmières qui avaient dû m'entendre jusque dans le couloir se sont précipitées. Elles ont d'abord trouvé le panneau sur la porte et ont compris, en essayant de l'ouvrir, que j'avais dû faire des trucs pas très catholiques.
— Attendez, j'arrive !
J'ai dégagé vite fait la porte et elles sont entrées.
— Mais qu'est-ce que vous avez ?
— Il a bougé ! Putain, il a bougé sa main, j'vous jure ! Une fois et quand je lui ai demandé, il a recommencé.
— Vous lui avez fait quoi ?
— Patricia, arrête de poser des questions stupides, dont tu n'es pas sûre de vouloir connaître les réponses. Appelle plutôt le médecin qu'il vienne l'examiner.
Après l'examen médical, le docteur a confirmé des réactions physiques de faibles intensités, suite à des stimuli auditifs.
Ne pouvant plus me contenir tellement j'étais heureux, je l'ai embrassé sur la bouche devant tout le monde.
À nouveau seul, je suis resté près de lui à lui parler. J'ai aussi envoyé un SMS à Mamie et à Sally pour leur annoncer la bonne nouvelle. Les infirmières étaient chargées de prévenir le roi et la reine.
À force de lui parler et de pleurer, je me suis assoupi, la tête sur son lit. Il était tard et je n'avais rien mangé. Mon corps épuisé avait brulé ses dernières ressources.
— Sacha... Sacha...
Une voix masculine m'a extirpé de mon rêve. J'ai d'abord cru que c'était le roi qui venait voir Alekseï, lorsque j'ai senti sa main se contracter deux fois pour serrer la mienne. J'ai levé les yeux vers lui... Il était bel et bien réveillé.
— Sa...cha ! Ba...by !
— Mon amour, enfin t'es avec moi ! Tu m'as manqué ! Je t'aime de ouf... Si tu savais combien je t'aime ! J'ai eu tellement peur que tu ne te réveilles jamais.
J'ai attrapé son petit visage et je lui ai fait un petit bisou au goût de mes larmes, puis je suis sorti de la chambre en hurlant.
— Mon Prince est réveillé ! Mon homme est réveillé !
Au milieu du couloir, je me suis écroulé à genoux, laissant sortir mes sanglots et mes cris... De joie cette fois. Les infirmières m'aidèrent à me relever.
— Vous êtes tout pâle, jeune homme. Retournez vous asseoir dans la chambre de votre chéri, je vous apporte un verre d'eau sucrée.
Je me suis assis sur le bord de son lit pour être au plus près de lui. J'ai pris sa main et j'ai posé ma tête sur son torse.
— Mon cœur, tu m'as fait peur. Je voulais mourir pour être avec toi. Tout est ma faute. Je m'en veux terriblement. Est-ce que tu me pardonneras un jour ?
*** Alekseï ***
My baby... My love... Je sentais ses larmes et sa bave imbiber ma blouse.
Ne pouvant lui répondre à cause du tube dans ma bouche, j'ai concentré toutes mes forces et je suis parvenue à lui serrer la main.
J'avais erré si longtemps dans un néant total que j'avais encore l'impression d'être en plein cauchemar. Le son de sa voix et ses pleurs étaient la seule chose que je percevais au fil des jours. Ils m'avaient guidé jusqu'à la porte des enfers pour que je m'en échappe. C'était tellement bon de le revoir et de sentir son odeur.
Sacha n'avait pas séché ses larmes que mes parents ont fait irruption dans la chambre. Il a embrassé ma main, s'est levé et m'a souri.
Je ne voulais pas qu'il me laisse avec eux. C'était de lui et de son amour dont j'avais le plus besoin. Moi aussi, j'avais cru le perdre.
Je suivis ses déplacements du regard en espérant pouvoir le supplier de rester s'il se tournait vers moi, mais il avança tête baissée pour ne pas croiser le regard de ma mère.
En passant à hauteur de mon père, il a juste adressé un « Bonjour Majesté » faisant complètement abstraction de la présence de son ennemie, indifférente, qui s'était assise sur mon lit.
— Mon fils, ma chair ! Je savais que tu allais être fort et que tu te réveillerais ! Nous avons tant prié pour toi.
— My son ! Fiston, tu es réveillé ? Tu nous as fait atrocement peur ! Je ne dormais plus de peur de t'avoir perdu pour toujours !
J'entendais leur voix sans les écouter. J'avais juste envie de crier à Sacha de ne pas partir...
***
Un mois que j'attendais impatiemment son réveil et je n'ai eu que quelques minutes avec lui pour me réjouir. Je ne pouvais pas refuser de les laisser seuls avec leurs fils. Le roi avait été bien sympa de tenir tête à sa femme et de me laisser le visiter tous les jours.
Papy m'a envoyé un message pour me dire qu'il venait me récupère. Je suis donc descendu l'attendre devant l'hôpital. J'avais un besoin vital de prendre l'air, tant la montée d'adrénaline avait été forte. Elle avait été provoquée, d'une part, par le réveil de l'homme de ma vie et d'autre part, par le fait d'avoir croisé mon bourreau. J'ai eu si peur qu'elle ne réagisse de façon violente que j'ai retenu ma respiration tant que la porte de sa chambre ne s'est pas refermée derrière moi.
Maintenant, qu'il était de nouveau parmi nous, j'allais pouvoir le cajoler et m'occuper de lui à ma guise. Du moins, je l'espérais.
Mon amour, tu m'as tellement manqué. Ma vie avait perdu tout son sens sans toi. Te voir allongé à l'article de la mort, m'a fait prendre conscience que le lien qui nous lie l'un à l'autre et devenu en quelques semaines plus solide qu'une corde en kevlar.
« La force de l'amour paraît dans la souffrance. »
Pierre Corneille
Dans la voiture, Papy était euphorique et ne cessait de parler.
— Tu vas retrouver l'appétit à présent ! Hein, mon chéri ? Mamie a fait des bouchées à la reine et des tiramisus, tu vas te régaler !
— Oui, Papy, j'avais la dalle jusqu'à ce que tu prononces le mot « Reine ».
— Oh ben non, tu ne vas pas nous faire ça ! Il faut que tu reprennes des forces. Alekseï va avoir besoin de faire de la rééducation, donc il faut que tu te remuscles un peu ! Regarde-moi ça, tu n'as plus que la peau sur les os !
— C'était une blague Papy ! Je suis prêt à dévorer tout ce que Mamie me cuisinera !
— Papy... J'ai eu affreusement peur qu'il ne sorte jamais de son coma.
La pression relâchée, je me mis à pleurer comme une madeleine.
— Tu as raison, mon grand, laisse sortir tout ce que tu as sur le cœur. Ton ami va aller mieux, ce n'est qu'une question de jours.
Sur le pas de la porte, Enara attendait impatiemment le retour de ses deux hommes.
Dès que je suis sorti de la voiture, Mamie s'est précipitée pour me serrer dans ses bras. Je pleurais de nouveau comme un gros bébé.
Ce soir-là, j'ai mangé à m'en écœurer et j'ai trouvé le sommeil aussitôt allongé dans mon lit.
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