Vendredi 28 août 2020
*** Alekseï ***
Hier, j'ai reconnu une petite voix que j'aimais tant, me fixer un ultimatum, si je n'arrivais pas à me réveiller. J'ai eu peur ! Lol. My baby, j'ai cru ne jamais te revoir.
Depuis quelques jours, j'essayais en vain d'ouvrir les yeux, mais une force invisible me tirait vers un sommeil profond dont je n'arrivais pas à m'échapper.
Je ne savais pas exactement ce qui m'avait mené à l'hôpital et depuis combien de temps, j'y étais, mais vu les larmes de mon Ange et celle de mes parents, mon état avait l'air de les préoccuper sérieusement. Je me suis aussi vite rendu compte que mon corps était endolori et que j'étais groggy comme si on m'avait boxé violemment.
Sacha, je me vengerai de ce que tu as essayé de faire dans mon dos. N'oublie pas que c'est toi ma princesse et que si tu veux qu'on échange les rôles, c'est avec mon consentement. Petit pervers que j'aime tant !
Maintenant, que j'avais repris conscience, les infirmières m'ont enlevé le tube que j'avais dans la bouche et le masque. J'allais enfin pouvoir l'embrasser à sa prochaine visite. Elles m'ont dit que j'avais été plongé dans un coma artificiel suite à l'opération de mon œdème à la tête et j'ai constaté que mon bras et ma jambe avaient été plâtrés quand elles m'ont relevé pour faire ma toilette. J'espérais que j'allais vite me remettre de tout cela pour partager de bons moments avec mon Baby.
Mon amour, tu paraissais tellement inquiet pour moi. Revoir ton petit visage et sentir tes lèvres sur mon corps immobile m'a revivifié. Tu es mon miracle, autant dans ma vie que dans mon âme. Je ne pourrais plus jamais me passer de toi. Tu es à moi « ma vie ».
Lorsque j'ai ouvert les yeux, je l'ai découvert endormi dans un fauteuil en face de moi. Il n'avait fait aucun bruit en arrivant. Je n'ai pas réussi à me résoudre à le réveiller immédiatement, préférant l'admirer à son insu.
J'ai tout de suite constaté qu'il avait perdu de poids. Son sommeil agité rendait sa respiration bruyante. J'aurais tant aimé pouvoir me lever pour le sortir de son cauchemar avec des baisers seulement, j'étais encore branché de partout.
— Baby ! Mon amour ! ai-je tenté de crier sans y parvenir. J'étais juste capable d'émettre un son rauque et inaudible.
J'ai alors cherché à ma gauche, ce que je pouvais bien lui jeter pour attirer son attention. Il fallait que ce soit assez lourd pour parcourir les trois mètres qui nous séparaient, mais il ne fallait pas que ça le blesse.
Sur la table de nuit, j'ai aperçu un petit sachet en papier provenant d'une boulangerie. Je n'aimais pas particulièrement gâcher la nourriture, cependant, je n'avais pas vraiment d'autres choix sous la main. Du bout des doigts, j'ai fait rouler la table vers moi. Il contenait, comme par miracle, des petites pâtisseries soufflées en pâte à choux, avec de grosses perles de sucre. C'était parfaitement adéquat.
La première a à peine dépassé le lit, la deuxième a volé un peu trop à droite et la troisième a juste effleuré sa basket. Bon, je n'étais pas au meilleur de ma forme, vous en conviendrez !
Je n'étais pas du tout ambidextre, ce qui rendait la tâche encore plus difficile. Fort heureusement, j'étais tenace et il me restait pas mal de munitions. Je me suis concentré et j'ai mis dans le mille. Un peu plus, elle atterrissait dans sa petite bouche entrouverte. Sacha chassa de la main le perturbateur invisible et ouvrit les yeux. Je parvins à lever le bras une fois de plus, pour lui faire signe que j'étais cet être malfaisant qui l'avait extirpé de son sommeil.
***
— Mon cœur ! a-t-il crié en bondissant de son inconfortable couche. Tu es enfin réveillé ma princesse ! Je peux enfin t'embrasser sans enlever ton masque. C'est bon de te voir Alekseï. Tu m'as atrocement manqué.
Mes larmes se mirent à couler. Combien de litres contenons-nous, car ma source est intarissable !
Je l'ai enlacé et embrassé doucement.
— I love you, Baby. Chut ! me chuchota-t-il avant de me faire signe qu'il n'avait pas retrouvé sa voix, en passant sa main sur son cou et en tirant la langue.
— J'ai compris, mon cœur. T'inquiète, je vais faire les questions et les réponses ! lui ai-je répondu en rigolant. Je vais te chercher à boire.
En contournant le lit, j'ai remarqué mon gouter éparpillé au sol.
— Tu te prends pour le petit Poucet en semant mes chouquettes ? Oh, quel gâchis !
Alekseï m'adressa une petite moue boudeuse, alors que ses beaux yeux noirs riaient. Il était toujours aussi craquant.
J'ai ramassé les gâteaux et j'ai soufflé dessus. Hors de question de les jeter, j'avais trop faim.
Après m'être rassasié et avoir abreuvé mon Prince charmant, je me suis allongé contre lui. Nous étions un peu à l'étroit, mais je n'avais qu'une envie, c'était de ne faire qu'un avec lui.
Quelques merveilleuses minutes s'étaient écoulées lorsque mon amie Laura entra dans la chambre.
— Salut mon charmant duo ! Heureuse de voir tous les deux enlacés. Vous êtes trop mignons, les amoureux.
Nous lui avons souri sans lâcher notre étreinte.
Alekseï, tout va bien ?
Il répéta son geste avec sa main devant son cou.
Je me doute, ne force pas. Chuchote, si vraiment, tu dois t'exprimer.
Sacha, je t'ai apporté ce que tu m'avais demandé. La bête va reprendre son apparence de Prince.
Je me suis levé pour prendre le sac qu'elle m'avait apporté. Alekseï nous dévisageait d'un regard interrogateur.
— Je te présente Laura, elle s'est bien occupée de toi lors de mes absences et continuera de le faire...
Je me suis tourné vers elle...
Sans faire usage de son humour à la Sally ! N'est-ce pas Laura !
— Oh, je vous taquine ! Tu as perdu ton humour !
— Non, mais laisse Alekseï te connaître un peu mieux, avant de lui sortir des trucs comme ça. Il ne s'est pas encore regardé dans un miroir. Tu vas lui faire peur !
Nous nous sommes mis à rire, laissant mon pauvre amour complètement désarçonné.
— Je vous laisse ! Je reviendrai voir si tout va bien dans une petite heure. Amusez-vous bien !
Sur un clin d'œil et un petit geste de la main, elle quitta la pièce.
— Mon cœur, regarde ce que j'ai pour toi. De la mousse à raser et un rasoir. Il est vrai que tu ressembles à vieil ermite avec ta barbe. Je n'ai pas pu le faire avant, parce que...
Il valait mieux que je n'en dise pas plus pour l'instant.
Alekseï mit la paume de sa main devant ses yeux.
— Tu veux te voir ?
— Hum ! Oui. murmura-t-il.
Je sortis un petit miroir du sac et je le lui tendis face vers le bas.
Tu ne veux pas attendre que je te rase pour te regarder ? S'il te plaît ! J'ai peur que tu aies un choc ! Il fronça les sourcils et grogna.
Tout doucement, j'ai relevé le miroir vers son visage. Il se mit à pleurer silencieusement en se découvrant. Il passa la main sous ses yeux pour toucher ses cernes, puis la passa sur ses cheveux qui avaient poussé de plusieurs centimètres. Il finit en se tenant la bouche et le menton, en pleurant de plus belle.
— Je suis vraiment vivant ?
Le voyant si déstabilisé, j'ai senti ma gorge se serrer. Il ne serait pas dans cet état si je n'avais pas fait le con en essayant de fuir.
— Oui, mon amour, tu l'es ! Je suis désolé ! (sanglots)
Il me fit signe de m'approcher.
— Mon amour, ce qui ne tue pas, rend plus fort. Ok ?
— Oui, mon cœur !... Je regrette tellement, tu sais !
Il se redressa un peu et me serra de toutes ses forces.
— Rase-moi ! Je suis trop laid. On dirait un vieux bucheron bulgare !
J'ai été obligé de sourire en l'entendant.
— Bouge pas, je vais chercher de l'eau tiède. Tu vas être le plus beau.
— Pour toi, Baby !
— À mes yeux, et même avec cette tête, tu es la plus belle chose que Dieu ait créée sur cette terre, mon cœur.
*** Alekseï ***
Sacha me rasa avec délicatesse en me tenant le menton. Je me perdis dans ses sublimes yeux bleus. Il semblait fatigué. Son visage, habituellement si lumineux, s'était creusé. Après essuyé, il m'appliqua un anticerne. Lui-même devait l'avoir utilisé, car en y regardant de plus près, j'ai constaté une différence de teinte entre la peau de son visage et le dessous de ses yeux.
Je tendis les lèvres pour qu'il m'embrasse.
— Qu'est-ce que tu veux, toi ?
— Smac, smac. fis-je avec mes lèvres encore une fois.
— J'ai pas fini ! Arrête de me déconcentrer, tu ne veux pas que je te coupe ? Il m'embrassa sur le nez.
Une fois qu'il eut terminé, il me contempla.
— Te revoilà, mon Prince ! Je te trouve magnifique avec cette coupe, et bien rasé.
La petite moue triste, qu'il m'adressa, me fit de la peine. À quoi pouvait-il bien songer ? J'ai attrapé sa main et je l'ai fait asseoir près de moi.
— Hé, regarde-moi ! lui ai-je demandé en entourant ses joues de mes mains. Je suis là et je t'aime mon amour. Le reste n'a aucune importance.
Ses yeux se gorgèrent de larmes.
J'ai posé ma bouche sur la sienne et nous nous sommes embrassés langoureusement. Envahi d'un besoin vital de le toucher, j'ai glissé mes mains sous son T-shirt, son corps m'avait manqué.
Soudainement, il me repoussa.
— Ce qui s'est passé a beaucoup d'importance pour moi !
Il se leva et tout en fixant le sol, il se mit à piétiner.
J'ai failli te tuer !
— Sacha vient ! lui dis-je en tapotant le lit.
— Non, laisse-moi finir ! Ça fait un mois que je te vois dans cet état et que je rumine. Je deviens fou, j'ai besoin que ça sorte.
— Baby, on a le temps ! Je veux juste te serrer contre moi !
Sacha se résigna à reporter ses confidences à plus tard et se lova dans les bras d'Alekseï.
Le pressant contre moi, j'ai collé ma bouche sur son front, collant la sienne dans mon cou. Nous nous sommes endormis paisiblement.
Aujourd'hui, mes parents sont encore arrivés avant que mon baby ne s'en aille. Fort heureusement, nous avions été réveillés une petite demi-heure par Laura qui était venue m'apporter mon plateau-repas, en personne. Sacha serra ma main et partit discrètement, de la même façon que la veille.
Mon père le suivit à l'extérieur, tandis que ma mère s'installa près de moi.
— Alekseï, il n'a rien à faire ici !
— Maman, c'est mon ami ! Il s'inquiète pour moi ! Regardez, il m'a rasé. Ne suis-je pas beau comme ça ?
— Oui, tu es très beau, mon fils, mais il va falloir mettre un terme à cette amitié, bien trop envahissante à mon goût !
— Ils m'ont désintubé ce matin et vous m'obligez déjà à sortir de mes gonds !
— Non, calme-toi ! Je vais aller mettre les fleurs que je t'ai apportées dans l'eau.
***
Le roi rattrapa Sacha alors qu'il s'apprêtait à monter dans l'ascenseur.
— Sacha, puis-je m'entretenir avec toi quelques instants ?
— Bien sûr, Majesté !
— Descendons marcher un peu. Je n'ai pas pris le temps de saluer Alekseï, pourtant, j'ai constaté qu'il était radieux aujourd'hui. Ils l'ont rasé ?
— Non, c'est moi ! Laura, mon amie infirmière, m'avait apporté tout le nécessaire afin que je le rafraichisse un peu.
— Tu me sembles encore très abattu, Fiston. Il est revenu parmi nous, tu devrais t'en réjouir et te reposer.
— Je sais, Votre Majesté. Je suis épuisé physiquement et mentalement et cela ne s'arrangera pas tant que je n'aurais pas éclairci la situation avec lui. Je m'en veux tellement de ce qu'il s'est passé, vous savez. Quand je lui aurai tout raconté, je partirai chez ma tante comme j'avais prévu de le faire, mais cette fois, je l'en avertirai et préviendrai mes grands-parents.
— Vous êtes jeune, mon enfant, vous reconstruirez vos vies. Tu étais conscient que notre fils avait des responsabilités et cela ne t'a pas empêché de t'en amouracher.
— Votre Altesse, veuillez m'excuser, mais je n'ai pas dragué votre fils ! Ce serait plutôt le contraire ! Alekseï est le premier homme dans ma vie. Je ne suis jamais vraiment sorti avec qui que ce soit.
— Ben voilà, tout est dit ! Tu as encore beaucoup de choses à découvrir dans la vie. Trouves-toi une jolie jeune fille de ton âge et tu verras que tu n'en seras que plus heureux. Tu fonderas une belle famille, avec beaucoup d'enfants.
— Et vous croyez que parce que je vais mettre fin à la relation avec votre fils, il va devenir hétéro ! Vous croyez réellement que l'amour à un âge, un rang, ou bien même un sexe ?
— Ce que je crois n'a aucune importance, jeune homme. Sa mère et moi ne pensons qu'à son avenir !
— Tu parles d'un avenir... dis-je à voix basse.
— Comment ?
— Son avenir ? Vous vous en fichez qu'il soit malheureux toute sa vie du moment qu'il vous fasse plaisir ! Je préfère sincèrement être pauvre et vivre ma vie comme je l'entends que de faire semblant d'être heureux pour les autres. Laissez-moi un peu de temps et je vous promets que je n'interférais plus dans son « royal avenir ». Maintenant, si vous le permettez, mon amour pervers et moi, on rentre à la maison.
— Sacha, je n'ai jamais tenu de tel propos ! Je t'interdis de penser une seconde que je suis homophobe.
— Vous, peut-être pas, bien que j'en doute, mais votre épouse me tuerait si elle le pouvait. Vous n'avez aucune idée de ce qu'il s'est passé au bal.
— Au bal ? Tu y étais ? Je ne t'y ai pas vu !
— C'est une longue histoire. Sachez juste que votre femme m'a passé à tabac quand elle a découvert que j'étais présent, car elle m'avait demandé de quitter le domaine.
Suite à mes ultimes propos, il baissa la tête et caressa sa barbe. Ce grand brun grisonnant, à l'allure d'une star américaine, semblait choqué par ma déclaration. Je ne savais pas si je devais partir ou attendre une éventuelle réaction de sa part.
— Votre Altesse, tout va bien ?... Votre Altesse ?
— Excuse-moi Sacha, tu m'as parlé ?
— Je vous ai demandé si vous alliez bien.
— Hum, oui, oui. Elle a vraiment levé la main sur toi ?
— Oui, et ce n'était pas la première fois que j'avais une altercation avec Madame. De plus, elle m'a tenu des propos plus qu'homophobes en me traitant de pervers, de déchets et également de bâtard ! Votre fils n'est pas au courant et j'aimerais que cela reste entre nous. Je sais que vous êtes contre le fait qu'il soit gay, cependant, je n'y suis absolument pour rien. Il n'a pas attendu après moi.
J'ai mis tout en œuvre pour le réveiller en passant toutes mes après-midi à son chevet. Je n'ai pas pensé une seule seconde à ma santé qui déclinait à cause de ma culpabilité. Votre Altesse, je ne pense pas mériter un tel châtiment de la part de la reine.
— Écoute Sacha, pour le moment ne fait rien. Je m'occupe de contenir ma femme et j'essayerai de la garder loin de vous le temps qu'Alekseï et toi repreniez des forces. Je te suis infiniment reconnaissant de ce que tu fais pour notre fils. Rentre bien et salue tes grands-parents de ma part.
Je suis rentré encore une fois complètement dépité. J'ai salué Papy et Mamie, je me suis fait réchauffer une assiette du repas que Mamie avait préparé et je suis monté manger dans ma chambre.
— Hé toi ! Ça va, gamin ?
— Oui, papy ! Je suis épuisé !
— Je le conçois, mais tu devrais être heureux qu'Alekseï soit réveillé, alors pourquoi tu affiches encore cette mine de déterré.
— Papy, je suis nase ! On peut en discuter demain.
— D'accord ! N'oublie pas notre conversation en gardant tout pour toi !
— Non ! Je vous aime, bonne nuit.
Je n'avais pas faim, j'ai posé l'assiette sur mon bureau et je me suis couché sans même me déshabiller. J'ai avalé trois somnifères et j'ai repensé à ma conversation avec le roi.
Le négatif, toujours ce foutu négatif. Il m'obnubilait alors que j'avais passé de si bons instants avec mon homme. Il avait beau être de nouveau avec moi que je continuais à m'autodétruire.
Est-ce que notre histoire allait vraiment se terminer ainsi ? Putain, je refuse ! Il aurait pu crever, mais il est là ! On s'aime et je ne peux pas me résoudre à rompre !
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