Lundi 31 aout 2020

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Salut journal,

Sorry, mon pote, je n'avais pas la tête à écrire hier soir.

Alors que je me préparais à lui faire des confidences dans le parc, la sonnerie de son portable retentit. C'était hallucinant comme à chacune de mes tentatives quelqu'un nous interrompait.

Je n'avais pu lui parler que de l'accident. Cependant, j'avais tant de choses sur le cœur que je sentais celui-ci se transpercer de coups d'épée, à chaque fois que cela me revenait en mémoire. J'avais cette envie de crier qui me consumait de l'intérieur, mais Sa Grâce ne pouvait m'accorder que cinq ridicules, petites minutes.

Avoir couché avec Chadrack était la connerie que je regrettais le plus. J'affirmais pourtant l'aimer et je n'avais même pas été foutu d'attendre qu'il soit un pied dans la tombe pour écarter les cuisses. Je me détestais.

Il semblait m'aimer dix fois plus que je ne l'aimais. J'étais certain qu'en apprenant cette impardonnable histoire, il me quitterait sans sommation.

Combien de fois, j'allais me demander si je devais mettre fin à notre relation qui ne mènerait jamais à rien de toute façon ?

(Je sais, tu te dis que je suis pessimiste, mais tu n'as pas lu le début, ou je rêve ? Depuis que notre aventure a débuté, ils ne nous arrivent que des merdes. J'ai fait des choses qui me paraissaient irréelles, il y a encore deux mois.

Moi, gay, moi, embrasser et baiser avec un mec, non, deux. Me faire enfiler une bite dans le cul !

Purée, tu réalises à quel point je suis à bout ou je te fais un dessin ?)

Combien de raison devais-je cumuler avant de me rendre à l'évidence que tout était perdu d'avance pour nous. Impossible ! Je n'arrivais pas à m'y résoudre.

Je me serais bien passé de le raccompagner, en sachant que j'allais croiser sa mère, mais dans son état, je n'eus pas le choix.

Plus nos visites se croisaient plus, je sentais sa soupape sifflait. J'étais conscient que notre petit jeu du chat et de la souris allait finir par s'enflammer.

Afin de ne pas lui concéder le plaisir de me voir pleurer, j'ai salué le roi et j'ai fui vers la cage d'escalier. Personne ne penserait à venir me trouver à cet endroit.

La porte toujours entrebâillée, j'ai constaté que cette fois le roi ne m'avait pas suivi. Je suis ressorti tout doucement de ma cachette et je suis allé coller mon oreille à la porte. Je me doutais que Madame la reine allait trouver matière à s'en prendre à nouveau à moi et je voulais l'entendre.

Rien de ce qu'elle a dit au début ne m'a étonné. Indéniablement, elle me détestait au plus haut point et les arguments d'Alekseï et le roi apportèrent ne firent qu'accentuer son mépris.

D'après elle, notre relation était « inconcevable » et elle l'interdisait. Mais, ce qui me fit le plus peur fut le : « Vous mettez fin à cette répugnante comédie, ou je me charge de lui ! »

De quoi était-elle capable ? Comment comptait-elle se débarrasser de moi ?

Comme j'étais censé le faire un peu plus tôt, si je n'avais pas été curieux, j'ai descendu les marches trois par trois, je suis monté dans un bus et je suis rentré.

Cette aprèm, je ne suis pas allé voir Alekseï. J'étais tellement amorphe physiquement et mentalement quand je suis sorti de mon rendez-vous avec Antoine, mon psy, que je suis rentré et je me suis endormi jusqu'au milieu de la nuit. Ça me faisait du bien de me confier à ce mec.

Mes grands-parents l'avaient bien choisi, d'autant plus qu'il était gay et le mieux habilité à me comprendre. Ce petit brun d'une trentaine d'années, coiffé en arrière avec ses petites lunettes rondes, ses costumes cintrés aux coloris divers et ses petits nœuds papillon assortis, le portait sur lui.

Je ne lui cachais rien et il m'avait confié pressentir une mauvaise tournure à notre relation. Sans jamais me préconiser de rompre, il me conseillait et m'avertissait des dangers qui pouvaient surgir sur notre route.

Il savait qu'Alekseï était mon premier amour et que j'avais pris mon temps avant de craquer. C'est lui-même qui m'avait dit d'y aller mollo.

Se découvrir une attirance pour le même sexe était déjà compliqué à réaliser, mais passer à l'acte pouvait aussi s'avérer complexe. Certains considéraient cela dégradant et humiliant. Ne trouvant pas le sexe opposé désirable, ils tendaient vers la dépression, en éprouvant une baisse de l'estime d'eux-mêmes, qui les conduisait vers des idées noires, morbides, pouvant les mener au suicide.

Pour ma part, le passage à l'acte avec mon Prince avait été si révélateur que je ne doutais plus de mon homosexualité.

Antoine s'était également rendu compte de mon côté destructeur suite à l'accident d'Alekseï et n'hésitait pas à me téléphoner de temps à autre, afin de s'assurer que je conservais une part d'optimisme.

*** Alekseï ***

J'avais espéré, en vain, la venue de Sacha toute l'après-midi.

Pourquoi n'était-il pas venu ? M'en voulait-il de ne pas avoir eu le temps de se confier à moi autant qu'il le désirait ?

J'avais sincèrement envie de l'écouter, mais nous n'étions jamais en paix avec les vas-et-viens des infirmières et de mes parents.

Je tournais indéfiniment les questions dans ma tête.

Que pouvait-il avoir de si préoccupant à me dire pour qu'il se mette dans tous ses états. Il était au bord de l'inondation quand il a quitté ma chambre et je ne pouvais pas le consoler devant mes parents. Ma mère nous aurait trucidés sur place. Depuis, je n'ai pu oublier son doux visage et ses yeux rougis par le chagrin.

Lors d'une de ses visites, Sally avait laissé échapper qu'il culpabilisait de mon accident et qu'il était traumatisé par les agressions et les menaces de ma mère au point de perdre l'appétit et de se terrer dans son coin, mais nous avions déjà abordé ses sujets.

Pour la énième fois, je tombais sur son répondeur et mes messages restaient sans réponse. J'ai finis par envoyer un SMS à Enara qui me répondit qu'il s'était couché tôt, car sa séance chez le psy l'avait énormément fatigué.

Il consultait un psy ? Il avait raison, je ne mesurais pas la gravité de la situation.

***

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