Jeudi 03 septembre 2020
Bonjour mon ami !
Ce matin, je me suis levé super tôt, pour lui faire des pancakes et lui préparer un bon chocolat chaud. J'avais envie de prendre encore plus soin de lui, alors j'ai décidé de petit-déjeuner au lit.
Apparemment, mon absence ne l'avait pas dérangé, il dormait en étoile de mer en plein milieu du lit. Je me suis penché sur lui et je l'ai embrassé sur le front. Il a sursauté, ne sachant plus très bien où il était.
Après s'être frotté les yeux, il m'a regardé et m'a souri.
— My Baby, tu es là ? Ce n'est pas un rêve ? m'a-t-il dit en me pinçant les joues et en me secouant la tête.
— Non, tu ne rêves pas, mon gros bébé. Je suis bien là ! Essuie ton filet de bave et assieds-toi pour p'tit déj'.
Nous avons déjeuné en nous faisant des câlins et en planifiant notre journée. Ce seul moment effaça provisoirement de ma mémoire toutes mes craintes et mes doutes.
Pour commencer cette belle journée, je l'ai emmené avec le fauteuil jusqu'à sa douche italienne, car il avait encore cette odeur d'hôpital sur la peau. Même si celle-ci se situait au milieu de la chambre, je n'avais pas la force de le porter et il avait encore beaucoup de difficultés à se déplacer seul.
Je l'ai aidé à enlever son boxer. J'ai emballé le plâtre de son bras et celui de sa jambe dans des sacs-poubelle pour les protéger de l'eau. Ensuite, je l'ai saisi sous les bras pour le transférer du fauteuil à la chaise que j'avais positionnée en plein milieu.
J'ai enlevé mon T-shirt et le short que j'avais enfilé par-dessus mon boxer et je me suis placé devant lui. J'ai commencé par lui mouiller les cheveux et j'ai ajouté du shampooing parfumé au melon, le fruit qu'il aime tant. Pendant que je le frictionnais, en prenant soin de ne pas raccrocher les fils de sa cicatrice, il me tripotait à travers mon boxer. L'effet fut immédiat.
— Ça t'amuse ? Espèce de pervers !
— J'ai tellement envie de toi, Baby ! S'il te plaît, laisse-moi te toucher.
J'ai rougi et je lui ai fait un smack.
Il a baissé mon boxer pour dégager mon sexe et l'a happé entre ses lèvres pulpeuses. J'étais si excité que j'ai joui quasiment aussitôt.
En baissant les yeux vers lui, j'ai vu que je n'étais pas le seul à être stimulé.
— Ouh ! Tu es en forme, toi !
— Grimpe, mon amour. Je ne vais pas pouvoir me retenir longtemps. Je veux venir en toi.
Je ne me suis pas fait prier et je me suis assis à cheval sur lui, m'empalant sans préliminaire. Mon pauvre petit cul a eu un peu mal durant quelques secondes, mais a vite été lubrifié par le foutre royal de mon Prince.
Mes mains arpentaient son cou et ses épaules pendant qu'il me dévorait la poitrine, en me malaxant et en me griffant sauvagement le dos et les fesses de sa main libre. C'était un truc de malade de baiser dans cette position, en échangeant de fougueux baisers. Je le sentais en moi jusqu'à la moitié de ma colonne vertébrale. On se calme les chaudasses ! C'était juste une métaphore !
Quelque chose ou plutôt quelqu'un derrière la baie vitrée a attiré mon attention. Cette personne était debout face à moi et nous regardait faire l'amour.
À travers la buée, j'ai fini par reconnaître la petite silhouette ronde, aux cheveux noirs et frisés, de la reine. Elle avait sûrement hélé le prénom de son fils, mais n'ayant obtenu aucune réponse de sa part, elle est venue inspecter sa chambre. Je n'ai pas bronché. J'espère qu'elle a aimé le spectacle, cette salope !
Tout en me branlant, j'ai continué à prendre mon pied en lui faisant l'amour avec mon regard et ma bouche.
Alekseï me faisait rebondir si fort sur ses cuisses que je contrôlais de moins en moins mon orgasme. Ma vue s'est alors troublée. J'ai basculé la tête vers l'arrière, afin de lui indiquer que j'allais venir.
En symbiose, nous avons tous les deux poussé de longs gémissements rauques et bruyants. J'aimais ressentir cette chaleur qui montait dans le bas de mes reins.
Elle a tourné les talons et est partie promptement. Elle devait se sentir dégoûtée de nous voir baiser. Je n'ai rien dit à Alekseï et j'ai continué à le laver avec tendresse, tout en le caressant. Il était à moi, rien qu'à moi !
Je nous ai essuyés, puis habillés. Cela nous a pris un temps fou, car nous n'arrivions pas à nous arrêter de nous bécoter. Je ne voulais plus lâcher cette bouche envoûtante.
Notre premier projet de la journée était de déjeuner avec mes grands-parents, étant donné que les parents d'Alekseï étaient invités chez des amis.
Je ne sais pas ce que sa mère entreprenait de faire pour se venger, mais j'avais l'affreux pressentiment que ça n'allait pas en rester là.
Avant d'aller chez Gabriel et Enara, nous avons fait un petit tour dans les jardins du château. Je trouvais ça cool et romantique de pousser son fauteuil. Être à l'extérieur, entendre les oiseaux chanter, sentir l'odeur de la nature et des fleurs, nous a fait du bien. Tout était si paisible autour de nous.
Papy et Mamie nous ont accueillis à bras ouverts et ils nous ont enlacés et embrassés tendrement comme si notre couple était « normal ». Nous évitions tout de même toute forme d'effusion devant eux. En revanche, nos regards et nos fous rires complices en disaient long sur ce qui se passait sous la table.
Pas une seule fois pendant le repas, ils nous ont fait nous sentir mal à l'aise. Ils nous ont carrément demandé si nous avions bien dormi alors qu'ils savaient avec certitude que nous avions passé la nuit ensemble.
Ma grand-mère m'a gentiment proposé de m'aider à cuisiner chez « nous » et mon grand-père s'adressait à lui de la même façon qu'il s'adressait à moi. Il l'appelait mon gamin, fiston. Il a même demandé à Alekseï de prendre soin de moi et de surveiller que je mangeais correctement.
Ils devaient prendre sur eux afin d'accepter notre homosexualité, mais ils ne nous l'ont pas fait ressentir. Ils étaient tout aussi naturels que la première fois où nous avions mangé chez eux, en amis.
Nous nous sentions si sereins et détendus, qu'après le dessert, nous sommes restés avec eux et ils nous apprirent à jouer la belote. Mamie me rallia très vite à elle, afin que nous mettions une branlée à Papy et Alekseï. Mon pauvre petit Prince avait tellement de mal avec les règles et à tenir ses cartes, ou le faisait-il exprès, qu'il jouait le mec déstabilisé lorsque je lui montrais une des huit cartes de cœur.
Je ne vous raconterai pas en détail le moment où Papy a simulé un pétage de plomb contre mon homme. Digne d'un acteur professionnel. N'empêche que moi, si je perdais neuf parties d'affilée à cause d'un prince stupide, je serais en droit de le déclarer en tant que motif de séparation. (Humour noir).
Alekseï blaguait et riait à s'en rompre les zygomatiques, cependant, je m'étais aperçu de son état de fatigue.
— Votre Altesse chérie devrait prendre congé et regagner ses pénates, car elle me semble exténuée.
— Il est vrai, fiston, que tu es un peu pâlot.
— Papy, Mamy, nous allons rentrer. Ne vous préoccupez pas de nous ce soir, il nous reste encore des petits plats.
— En-avant, cocher !
Un Prince stupide, doublé d'un piètre comique !
Je l'ai aidé à s'allonger, j'ai fermé les volets et baissé la clim pour qu'il n'attrape pas froid et je me suis allongé près de lui. Cinq heures que nous ne nous étions pas enlacés, nous ne tenions plus. Emmêlés dans les bras et dans les jambes de l'un de l'autre, nous nous sommes dévorés un certain temps avant de nous endormir.
Ce soir, tel un vieux couple, nous avons diné sans trop nous parler. Seul, Dieu tout-puissant savait à quel point j'avais envie de crever ce silence harpocratique, seulement, j'en étais incapable. Je ne pouvais pas me résoudre à lui avouer mes fautes et à risquer de mettre fin à cette belle journée, mais également à son amour.
À un moment ou un autre, j'allais certainement être contraint, par une personne malintentionnée, à dévoiler la carte de cette bavure. Elle sera fatalement la plus à même à lui donner la motivation de m'oublier.
*** Alekseï ***
J'étais heureux d'être de retour à la maison et surtout d'avoir mon petit ange blond près de moi. Nous n'avions toujours pas abordé les sujets qui l'attristaient tant et je ne me résolvais pas à entamer la conversation de peur de saboter nos retrouvailles.
Sacha ne devait pas se rendre compte du nombre de fois où il se renfermait dans sa bulle. Même pendant les parties de belote, où je m'évertuais à jouer les benêts pour les faire rire, il avait eu des blancs. Il baissait la tête ou fixait un point imaginaire durant quelques minutes. Gabriel s'en est aperçu et il a joué les mauvais joueurs pour voir sa réaction.
My Baby se mit à me dévisager tout en donnant l'impression d'avoir les yeux dans le vide. Soudain, il nous surprit avec une phrase, tout droit sorti d'un livre d'antan et j'ai joué dans son jeu. Il me connaissait si bien. Je n'ai pas pu lui dissimuler que j'étais exténué par cette journée et tout le cœur que j'avais mis à jouer la comédie.
Sur le chemin du retour et jusqu'à ce que l'on s'endorme, il est resté emmuré dans un silence anxiogène.
Il m'a soutenu et couché, puis il est venu se blottir contre moi. Malgré nos fougueux baisers et nos câlins, je ne pouvais faire abstraction des larmes que je devinais sur ses joues.
Après notre sieste, rien ne s'est réellement amélioré. Nous avons diné, mais nous sommes restés désespérément silencieux. Il m'a accompagné jusqu'au canapé et il est retourné débarrasser la table. Je n'en pouvais plus de cette ambiance délétère, il fallait que je crève l'abcès.
— Baby ! Arrête de faire la vaisselle et viens t'asseoir près de moi. Please, Baby !
— Non, je préfère finir ! J'en ai pour cinq minutes !
— Vas-tu vraiment m'obliger à me relever ?
J'ai tapoté l'assise du canapé.
Toujours tête basse, il a pris place à mes côtés.
— Tu vas me dire ce qui te tracasse ou non ? On a le temps maintenant et tu ne seras plus interrompu.
— Euh... Ce n'est rien. me dit-il à voix basse.
— Si ce n'était rien, tu ne te serais pas dans cet état !
Sacha ne put contenir ses larmes plus longtemps. Mais ce qui sortit de sa bouche, ne fut aucunement ce qui le tourmentait réellement.
— Je te dis que ce n'est rien. C'est juste que tout ce que j'ai ressenti, alors que je te croyais perdu, me revient en plein cœur. Je croyais t'avoir tué... J'avais tellement peur de t'avoir perdu que je voulais me laisser mourir.
— C'est pour cette raison que tu es allé consulter un psy ? Et, d'ailleurs, pourquoi m'as-tu menti la dernière fois, en me racontant que tu étais allé faire des courses avec Enara ?
— Parce que... C'est elle qui te l'a dit ?
— Oui ! Tu ne répondais ni à mes appels ni à mes messages, alors je me suis permis de lui téléphoner. Je m'inquiétais mon cœur ! La veille, tu n'as pas eu le temps de finir et je n'avais aucune nouvelle de toi.
— Ouais, j'ai pété un plomb et suite à ça, ils m'ont obligé à consulter. Je me suis aperçu que je tenais à toi plus que tout. Tu es le cœur qui bat dans ma poitrine. Si tu me quittes, la vie n'aura plus de sens, ni plus de raisons d'être vécue.
— Mon amour, je t'ai dit que je me battrai pour nous. Je sais que ça ne va pas être de tout repos, mais ne met jamais en doute l'amour que je te porte. J'ai eu le plus magique des coups de foudre en te voyant la première fois. Tu es tout ce dont j'ai besoin dans ce monde. Je l'ai serré contre moi. Je t'aime mon amour ! Aucun motif ne sera assez grave pour que je te quitte de mon plein gré.
— Hum ! Aucun ? T'en es sûr ?
— Certain Sacha ! Alors oubli tout ce qui s'est passé pendant mon absence, cela ne nous concerne pas ! Allons plutôt regarder la télé dans la chambre. Nous serons mieux installés, my Baby.
Au vu de son insistance, j'ai indubitablement deviné son secret. Il m'avait trompé ! Mon tendre amour s'était offert à un autre. J'ai eu un haut de cœur en imaginant sa bouche sur la bouche d'un autre gars, les mains de ce même type parcourir sa peau de velours et leur corps suintants s'enchevêtrer l'un dans l'autre. Ces images abjectes ont traversé mon esprit, laissant un sillon béant dans mon cœur.
Si tel était le secret qui lui pesait tant et qu'il avait peur de m'avouer, je ne voulais pas l'entendre à ce moment-là et certainement jamais. J'aimais Sacha. Cet être pur et fragile qui m'apportait tant de joie. Cet homme-enfant qui me comblait d'amour et que j'avais vu grandir en quelques mois. Mon homme, à moi. Mon bonheur, ma vie, ma moitié, rien ne pourrait lui être inexcusable. À partir de ce jour et à l'instar d'un aveu, je lui ai pardonné.
"L'amour ne se construit pas que de bons moments et de joies, il se façonne également en surmontant, à deux, les épreuves et les tourments que la vie dresse sur notre chemin."
Pourquoi lui en tenir rigueur pour cette incartade ? Il avait déjà tant souffert de ce qu'il m'était arrivé et m'avait cru mort. Il n'avait dû chercher qu'un peu de réconfort. Mon ange déchu par son propre chef s'auto-flagellerait en endurant cette affliction de m'avoir trompé, tant qu'il ne m'aurait pas révélé son méfait. Le silence était sa prison, la confession serait sa délivrance.
Pendant que je cogitais, le marchand de sable avait clos les yeux larmoyants de mon bel amour grâce à son sable magique. Ce petit mariole légendaire ne laissa sur ma poitrine que des traînées de sel en guise d'indice de temps.
***
Annotations
Versions