Jeudi 1er octobre 2020
Salut mon poto !
Ce matin, j'ai repris le chemin de l'université. Je ne connaissais personne à part le trouple et Nathan, le mec de la rouquine, mais j'ai fait la connaissance de trois étudiants dans ma classe. Il y a Jade, l'Asiate intello, avec ses petites lunettes, Axel, le beau gosse, et la troisième personne, c'est une fille, Lorye, une petite brune un peu ronde qui a un humour de dingue. Question caractère, elle s'entendrait bien avec Sally.
En rentrant à midi, j'ai appris par Mamie que mon ennemi numéro un et le roi étaient revenus en France. Je suis toujours sur le qui-vive et je m'attends à des remontrances. Qu'avait-elle mijoté comme coup foireux pendant son séjour en Bulgarie ?
Mon prince m'a envoyé un SMS pour me dire qu'il mangeait avec eux à midi. Je verrais bien ce qu'il me dirait ce soir.
*** Alekseï ***
Ce midi, j'ai mangé avec mes parents qui venaient de rentrer de leur séjour chez nous en Bulgarie. Je ne suis pas retourné au bureau l'après-midi, j'avais des dossiers à vérifier et des recherches à faire au château.
Je n'ai même pas eu le temps de croiser mon "baby-fiancé" et lui faire un câlin. J'espérais qu'il ne m'en veuille pas de trop.
Pendant que je bossais dans la bibliothèque, ma mère est venue me rejoindre.
— My dear son, il faut que nous parlions !
Je savais que ça sentait mauvais pour nous. Ma mère avait dû avoir une idée que j'allais encore détester et mes doutes se sont vite avérés.
— Tu auras 27 ans bientôt et il va falloir passer aux choses sérieuses ! On vous a assez laissé vous amuser, mais là, c'en est trop. Tu savais depuis le début que ton avenir serait un bon mariage, des enfants, la gestion de la société et un jour devenir roi. Donc pour cela, vu que tu n'as choisi aucune prétendante, nous l'avons fait pour toi !
Nous te marierons à la fille du Duc Georgiev, Irina. Elle est un très bon parti et c'est une très belle jeune femme. Nous avons prévu un dîner dans quinze jours. Elle et sa famille séjourneront en France quelques jours pour leurs affaires familiales.
Notre temps de répit avait été de courte durée. Elle avait profité de rentrer au pays pour nous concocter une vengeance terrible. Je ne savais pas comment j'allais pouvoir l'annoncer à Sacha. Il allait péter un plomb encore une fois.
— Maman, avec tout le respect et l'amour que j'ai pour toi, je ne veux pas me marier avec une inconnue et encore moins avec une femme. Je n'ai jamais été attiré par la gent féminine, tu le sais ! De plus, j'aime sincèrement Sacha et nous nous entendons à merveille. Il est ma moitié, si tu nous sépares, tu me perds ! Je te le dis, je n'hésiterai pas à m'enfuir avec lui et tu n'entendras plus jamais parler de moi !
La vie que vous avez écrite pour moi, j'en ai rien à foutre ! Je suis prêt à tout abandonner pour lui. Il a assez souffert de tes agressions et tu es consciente qu'il se laissait mourir après mon accident !
Il est ma vie, maman. Ne me demande pas de choisir ! Je t'en supplie, ne fais pas ça !...
Papa est d'accord avec tes agissements ou c'est encore une de tes folies ?
— Je suis la « Reine » et j'ai bien évidemment mon mot à dire, tu ne crois pas ? Tu pensais que j'allais vraiment accepter ce petit morveux gay et que j'allais te laisser détruire ta vie et ton avenir ? Si tu ne te reprends pas en mains, je te ferai retourner chez nous et je te confisquerai ton passeport !
— Restons en-là, je vais aller en discuter avec papa !
Je suis sorti de la bibliothèque en claquant la porte, ne lui laissant pas le temps de sortir.
Arrivé devant le bureau de mon père, j'ai pris une grande inspiration et je suis entré de façon irrespectueuse sans toquer et en ouvrant violemment la porte pour lui montrer ma colère.
— Papa ! Maman vient de m'apprendre que vous aviez décidé de m'organiser un mariage avec une Duchesse que je ne connais de nulle part ? Elle me menace de me faire rentrer au pays, si je refuse ? Tu vas vraiment la laisser faire ? Toi aussi, tu hais mon homme à ce point ? Tu me détestes ?
Dis-moi, avoir failli me perdre ne vous a pas suffi ? Tu as vu dans quel état était Sacha, il était à deux doigts de perdre la vie de me voir dans le coma. Et ça ne vous fait rien ?
— Alekseï, ça suffit, mon grand ! Je ne sais plus que faire avec ta mère. Votre relation la dégoûte au plus haut point, je n'arrive pas à lui faire entendre raison. Elle m'a dit que suite à quelque chose qu'elle a vu, sans me dire de quoi ça résultait exactement, qu'il fallait qu'on reprenne les rênes de ton avenir.
Sans me demander mon avis, elle a contacté des familles d'aristocrates pour te trouver une prétendante. Je ne sais pas jusqu'où elle est prête à aller.
Il baissa la tête. Il n'avait pas l'air d'accord avec ma mère, mais tel que moi, il se sentait impuissant.
Réfléchis Alekseï. Tu sais ce que ton rang représente et ce que ton peuple, encore plus que nous, attend de son Prince ! Comment crois-tu qu'ils réagiraient s'ils apprenaient que leur Prince bien-aimé est gay ? Tu imagines l'image pour notre royaume.
Entre nous, te marier et avoir un amant discret n'est pas une situation inconcevable. De tout temps, ça s'est fait ! Mais il faudra garder cela secret, bien sûr.
En tournant la tête vers la fenêtre, il a marmonné quelque chose d'inaudible.
— Papa, je ne sais que dire et encore moins, que faire. Vous faites abstraction du mal que vous nous faites à Sacha et à moi...
Comme j'ai dit à maman, si vous allez au bout de cette idée stupide, je m'enfuirai avec lui. Je te promets que ni l'un ni l'autre, vous n'aurez de mes nouvelles ! Vous perdrez votre fils à jamais ! C'est ça que vous voulez ? Hein, c'est ça ?
Je suis ressorti du bureau en trombe, claquant à nouveau la lourde porte et bousculant sur mon passage, ma mère restée dans le couloir à écouter notre échange.
Arrivé dans la salle à manger, j'ai retourné ma canne et de rage, j'ai fait voler en éclats tout ce qui se trouvait autour de moi. Vases, statues, authentiques ou reproductions, rien, à part mon Ange, n'avait de valeur à mes yeux.
La reine entendit la furie de son fils dans la pièce voisine et se précipita aussitôt dans le bureau de son mari.
— Tu entends ça ? Il casse tout ! Il faut que nous agissions et vite. Nous devons le mettre à l'abri de ce gamin en le renvoyant au pays !
— Svetlana, arrête ! Imagines-tu ce qu'il pourrait faire ? Je ne veux pas perdre mon unique héritier, mon enfant !
— Et tu crois quoi ? Qu'en les laissant agir en sodomite, ils seront accueillis à bras ouverts par notre peuple ? Tu te rends compte du déshonneur pour notre famille ! Un héritier qui ne pourra jamais avoir de progéniture. Je ne le laisserai pas faire, crois-moi !
En sortant côté jardin, je me suis dirigé vers la fontaine derrière le château. Je voulais me calmer avant de retrouver Sacha à la maison. La maison qui était devenue la nôtre depuis ma sortie de l'hôpital.
Désespéré par la situation, j'ai pleuré comme un enfant. Je m'abstenais de crier pour ne pas alerter les employés du château.
Inconsciemment, je m'étais retrouvé près de l'endroit où nous nous étions secrètement retrouvés, après notre danse. Je me suis remémoré nos baisers et nos caresses. Je revoyais l'expression de Sacha au moment où il a joui et la crainte dans ses yeux lorsque nous sommes sortis de notre cachette.
Mon amour, je t'aime tant.
J'ai dû rester, un long moment, adossé contre ce mur froid, car le soleil commençait déjà à se coucher. Je n'osais pas rentrer de peur qu'en voyant mon visage bouffi, il se doute que quelque chose se tramait. J'ai donc pris mon temps avant de me manifester. J'ai continué de ruminer à l'extérieur, en faisant les cent pas.
Par la baie vitrée, j'ai aperçu mon tendre amour assis devant la télé. Je suis entré et je l'ai rejoint sur le canapé.
Intérieurement, mon cœur continuait à se noyer dans mon chagrin. J'ai tenté de ne rien laisser paraître. J'ai posé ma tête sur ses cuisses et je me suis endormi dans la chaleur du corps de Sacha.
***
En arrivant derrière moi, Alekseï m'a enlacé et a déposé quelques baisers sur ma joue.
— Ça va, Honey ? Tu rentres enfin ? Tu as l'air crevé !
— Oui, je le suis, on a revu un peu la compta de la boîte avec mon père. J'ai une migraine d'enfer !
Il a contourné le canapé en fuyant mon regard.
Sans même m'embrasser, il s'est allongé et a posé la tête sur mes genoux. Je ne lui ai fait aucune remarque et j'ai commencé à lui papouiller les cheveux tout continuant à regarder ma série.
Je contemplais son merveilleux visage, paisiblement endormi, tout en passant mon index sur ses sourcils, sur l'arête du nez et sur ses lèvres charnues et si bien dessinées.
Nous avions pris tant de petites habitudes de couple qu'un simple manquement au bisou de retrouvailles me laissa deviner qu'il n'allait pas fort. Le retour de ses parents et l'après-midi au château avec eux ne présageaient rien de bon.
Il était 19 heures passées. Je me suis levé furtivement, je l'ai recouvert du plaid pour qu'il ne prenne pas froid et je suis allé en cuisine préparer notre dîner.
Peu de temps après, il s'est réveillé et il est venu m'enlacer. Je sentais son souffle chaud dans ma nuque. Ce coquin passa délicatement sa main droite sous mon tablier et la fourra dans mon boxer.
Il m'a d'abord embrassé dans le cou puis est remonté pour me mordiller le lobe de l'oreille. Je me sentais fondre de plaisir. Mes jambes tremblaient tellement que je ne les contrôlais plus.
J'ai essayé de me libérer de son étreinte avant de jouir, mais il m'a attrapé par la taille. Il m'a fait pivoter vers lui et il m'a soulevé pour m'asseoir sur le plan de travail.
Tout en dévorant ma bouche, il s'est remis à me masturber pendant que je m'activais à le déboutonner. J'ai extrait sa verge et je l'ai masturbé à mon tour. Il a joui, le visage caché au creux de mon cou.
Je ne comprenais pas, pourquoi il pleurait silencieusement en me faisant l'amour. J'ai mis ça sur le dos de la fatigue et de sa migraine.
Après ce petit intermède, nous nous sommes lavé les mains et nous avons fini de cuisiner ensemble.
À table, j'ai vu qu'il évitait encore mon regard et qu'il jouait avec sa nourriture sans la porter à sa bouche.
— Mon cœur, tu comptes me dire ce qui ne va pas ou il faut qu'on s'engueule ?
— Sacha, je t'ai dit que j'étais fatigué et que j'avais mal au crâne !
— Sacha ? Ah ouais ? Waouh ! Tu m'as appelé par mon prénom ! J'hallucine. Tu n'as rien à me dire ?
Et tout à l'heure, tu vas me dire que tu ne pleurais pas quand on faisait l'amour ?
— Putain ! Je te dis que ça va et que je n'ai rien à te dire de grave.
— Grave ? Rien que le mot placé à la fin de phrase m'indique que tu me mens ! Laisse-moi douter de ta parole, mais tu as passé toute l'après-midi en compagnie de tes parents et tu rentres en te comportant bizarrement !
— Pourquoi, tu cherches à ce qu'on se dispute ? On a fait l'amour, on a cuisiné ensemble et là, tu me fais monter en pression. Désolé de ne pas être dans mon assiette, mon cœur et si je te fais douter, je vais me coucher. C'est la goutte qui fait déborder le vase, comme vous dites en français !
— Pour qu'un vase déborde, il faut déjà qu'il y ait quelque chose dedans ! Dis-moi ce qu'il y avait déjà dedans au lieu de te barrer !
— C'est bon, oubli ! Je n'ai rien dit !
Il est parti se coucher en me laissant là, sans réponse à mes questions. Je le déteste ! Non, c'est faux ! Je l'aime et je n'aime pas le voir comme ça.
J'ai rangé un peu en me questionnant sur le pourquoi de cette engueulade et je suis allé le rejoindre.
Il fallait qu'il arrête de mythonner, il avait des sanglots en dormant. Il me cachait à coup sûr des choses trop dures à m'avouer.
Je me suis allongé contre lui. D'une main, je caressais ses cheveux et de l'autre, la poitrine sous son t-shirt. Il s'est retourné et m'a pris dans ses bras en enfouissant sa tête dans mon cou.
— Mon cœur, je suis là, tu sais ! lui ai-je dit pour le rassurer.
*** Alekseï ***
Je sais que tu es là mon Baby !
Bien que j'ai agi comme un crétin, il me cajolait. C'est moi qui perdais pied avec les conneries de ma mère pour nous forcer à rompre. Depuis que nous nous connaissons, il passait son temps à pleurer et je ne le supportais plus. Il méritait une vie simple et belle auprès de quelqu'un qui, je l'espère, l'aimerai autant, ne serait-ce plus que moi.
Devais-je déclarer forfait et tout arrêter alors que je lui avais fait tant de promesses ? Je trouverais une solution au moment venu pour me débarrasser de cette comtesse.
Préférant faire semblant de dormir. J'ai tout de même posé ma main sur la sienne comme je le faisais tous les soirs.
***
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