Lundi 04 janvier 2021

5 minutes de lecture

Salut journal,

Aujourd’hui, Papy m’a déposé à l’hôpital afin qu’ils m’enlèvent mes plâtres. Ça va, j’arrivais à marcher même si je boitais un peu.

J’ai retrouvé Jules qui avait fini sa garde à 10 heures et qui poireautait dans la salle d’attente. Il avait les traits tirés par la fatigue, mais il affichait toujours son putain de sourire enjôleur. Il ne fallait pas que je craque, je devais en finir avec notre relation avant qu’il ne s’attache trop à moi.

Dans la voiture, je me faisais un monologue dans ma tête. J’essayais de trouver les mots les moins blessants possibles pour lui annoncer et j’imaginais ses arguments pour m’en dissuader.

Au détour d’un carrefour, j’ai aperçu un petit resto et je lui ai proposé d’y déjeuner. Il avait toujours été calme et affectueux, alors j’envisageais qu’il me comprenne et qu’il accepte la rupture calmement. Je ne lui avais jamais caché être toujours amoureux d’Alekseï, malgré notre séparation et je m’étais constamment montré peu démonstratif avec lui.

Comme un gros lâche que j’étais, je n’ai pas trouvé le courage de rompre. Il se faisait une telle joie que je puisse enfin marcher sans béquilles ou fauteuil qu’il projetait un tas d’activités en amoureux. Il nous imaginait au bord de la mer, nous promenant main dans la main ou faisant de la voile, bivouaquer en montagnes ou faire de la randonnée… Tout un tas de trucs qu’il avait toujours rêvé de réaliser lorsqu’il sera en couple. Malheureusement pour lui, je n’étais pas et je ne serais aucunement celui qui partagerait ses souvenirs avec lui.

À la fin du repas, il me suggéra une petite balade dans un parc non loin du restaurant. Cette fois, je ne devais plus reculer.

— Sacha, tu as l’air d’être fatigué, tu veux qu’on rentre ?

— Non, asseyons-nous sur un banc quelques minutes.

Réfléchissant encore comment commencer ma tirade, je ne me rendis pas compte que dix bonnes minutes s’étaient écoulées.

— Sacha ! Sacha ! Tu te sens bien ? Pourquoi tu ne dis rien ?

— Euh… Non, ça va ! Je réfléchissais.

— Il pèle ! Je préférerais que tu réfléchisses au chaud.

Je me suis tourné vers lui et j’ai saisi sa main.

— Jules, on ne va pas pouvoir continuer.

Il écarquilla les yeux.

— Continuer quoi ? De quoi tu parles, là ? Tu me fais quoi ?

— Jules, tu le sais que je n’ai jamais cessé d’espérer le retour d’Alekseï. Je l’aime profondément et j’ai toujours espoir de le retrouver.

Dès le début, j’ai mis des barrières entre nous afin d’éviter que tu ne tombes amoureux de moi, mais tu as su m’apprivoiser grâce à ta tendresse.

— Ben alors, pourquoi tu veux rompre ? C’est bien ce que tu essayes de me dire, hein ? Si c’est à cause de mes horaires, je t’ai dit qu’ils allaient changer, laisse-nous une chance !

Sacha, tu sais que je suis fou de toi. Tu es le premier homme de ma vie et je n’avais jamais aimé quelqu’un autant que je t’aime. Je ne désire personne d’autre que toi…

— Désolé Jules… Alekseï est aussi le premier homme de ma vie et je ne peux envisager personne d’autre dans ma vie pour l’instant. Si on continue, je vais finir par vraiment te blesser et je ne veux pas perdre ton amitié.

Yeobo, tu mérites un amour sincère et passionné, pas un mec, dénué de tout sentiment, qui te baise. Je t’apprécie énormément et je te remercie pour les bons moments que nous avons passés ensemble. Je te serais toujours redevable de m’avoir sorti la tête de l’eau quand j’étais au plus bas, mais… Je ne t’aime pas comme tu le voudrais.

Il a beaucoup pleuré en se serrant contre moi. Je suis resté de marbre et je n’ai rien fait pour le réconforter. J’en ai même remis une couche, comme un connard, et je lui ai dit que je n’avais jamais eu de réels sentiments pour lui.

Sentant que ça allait s’éterniser, j’ai discrètement envoyé un SMS à Sally pour qu’elle vienne me récupérer. Lorsqu’elle m’a répondu un « Je suis là ». Je me suis levé et je me suis dirigé vers la sortie.

Hésitant quelques minutes, Jules est arrivé en courant derrière moi et m’a enlacé pour m’empêcher de partir. J’entendais ses sanglots dans mon cou. Pauvre amour. J’ai enlevé ses petites mains si douces qui entouraient mes bras et je les ai violemment rejetées.

Malgré ses supplications, pour que je ne le quitte pas, je ne me suis pas retourné de peur de craquer en voyant ses larmes. Si mon regard avait croisé le sien, je n’aurais pas pu finir ce pour quoi j’avais mis tant de temps à me décider : rompre avec cet homme adorable pour un gars qui m’avait abandonné comme une merde depuis deux mois.

Il a continué à me suivre et a fini par me jeter son double des clefs de l’appartement dans le dos. Je les ai ramassés sans lever les yeux vers lui et j’ai continué mon chemin jusqu’à la voiture de Sally.

Elle avait suivi la scène sans entendre ce que nous nous disions, comme si elle regardait un vieux film muet. Elle était en larmes, tout comme moi, lorsque je pris place près d’elle.

Je suis un putain d’enfoiré Sally !... Tu sais que je suis un salop, hein ?

Pourquoi tu lui fais ça, alors ? Tu as des sentiments pour lui, tu le sais ! J’ai l’impression que tu te venges sur lui de ce qu’Alekseï t’a fait !

Je l’aime, mais pas autant que j’aime encore mon homme ! Sally, je ne pourrais sincèrement aimer personne tant que je n’aurais pas le fin mot de mon histoire. Je vivrai toujours dans ce passé inachevé.

Je vais aller moi-même en Bulgarie. Quitte à mourir de froid sur son trottoir, il faut que je sache coûte que coûte pourquoi il ne m’a plus donné de news.

Aidez-moi, s’il vous plaît les filles !

Arrête de dire des conneries, putain ! Tu m’énerves encore plus ! Tu ne vas pas te foutre en l’air pour un mec !

Elle m’a déposé chez moi, m’a pris dans ses bras en me promettant qu’elles m’aideraient et est repartie sans avoir séché ses larmes.

Ne perdant pas espoir que je change d’avis, Jules m’a assailli de messages tout le reste de la journée. Un coup, il me disait combien il tenait à moi, un coup, il m’insultait. Je n’ai répondu à aucun. Le temps atténuerait sa douleur, et même s’il n’était jamais parvenu à atténuer la mienne.

Rongé par les remords, j’ai mis la musique à fond et j’ai plongé le nez dans le bar.

Alekseï, j’espère pour toi que je n’ai pas dégagé Jules pour rien ! Tu vas le regretter si tel est le cas.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Eline Kirlian ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0