Dimanche 10 janvier 2021

7 minutes de lecture

Retour à la case départ, journal !

Avec le froid, je me suis endormi à même le sol, en écrivant.

Lorsque je me suis réveillé, il faisait déjà jour. Je me suis levé avec beaucoup de mal, mon corps était complètement engourdi. J’ai pris un café avec les quelques Leva qu’Irina m’avait filé la veille et je suis allé vérifier le panneau d’affichage. Je n'avais que quinze minutes à attendre avant d’embarquer sur mon vol.

Sally et Irina, qui étaient sorties manger au restaurant la veille au soir, n’avaient pas vu Sacha revenir et repartir. Elles se préparèrent et allèrent rejoindre leur ami dans sa chambre. Après avoir toqué plusieurs fois sans entendre de réponse, Sally clicha la porte et constata que celle-ci était ouverte.

— Mon cœur, t’es où ?

— Je vais voir dans la salle de bain.

— Irina ! Son sac à dos et sa valise ont disparu.

— Il n’y a plus rien dans la salle de bain non plus.

— Tu crois qu’il est parti sans nous prévenir ?

— Tu connais Sacha mieux que moi. Il est tellement perturbé qu’il est imprévisible. S’il s’est passé un truc hier, ça ne m’étonne pas qu’il se soit fait la malle.

— Mais il n’a pas pu partir sans nous le dire ! Tu crois qu’il a pu être encore enlevé ?

— Chérie, s’ils l’avaient enlevé, ils n’auraient pas pris la peine de prendre sa valise et ses affaires de toilettes.

— Oui, mais regarde le bordel sur le lit !

— Ça ne veut rien dire. Il est juste parti à la hâte, me semble-t-il. Essayons de lui téléphoner !

— Je tombe sur sa messagerie directe.

— Moi aussi. Ça craint !

— Qu’est-ce qu’on fait, Irina ? Où est-ce qu’il peut bien être ?

— J’appelle Alekseï. Toi, vas voir devant chez lui, si Sacha n’est pas mort de froid sur le trottoir à l’attendre.

— Ce n’est pas drôle Irina ! Imagine, qu’il soit encore arrivé un truc grave à mon bébé ! Je ne le supporterai pas !

Espérant le retour de Sacha, Irina resta à l’hôtel et tenta de contacter Alekseï sur son portable.

Arrivé à l’endroit où Sacha était censé se trouver, Sally fut choquée par ce qu’elle vit.

— Allô, ma douce ? Viens me rejoindre tout de suite devant chez Alekseï !

— Je n’arrive pas à joindre ce grand con. Dis-moi, Sacha est là ?

— Irina, viens tout de suite, j’te dis !

— Ok ! J’arrive, Chérie !

En s’approchant de Sally, elle constata que celle-ci avait le regard perdu en direction de la chaussée. Irina parcourut la rue blanchie par le gel et comprit l’inquiétude de Sally.

La glace s’était durcie pendant la nuit, emprisonnant les traces de sang.

*** Sally ***

— Oh nooon Sacha ! J’peux pas y croire ! Mon bébé a eu un accident !

— Calme-toi chérie. Nous allons voir à l’hôpital le plus proche !

Nous sommes montées dans un taxi qui nous conduisit à l’hôpital le plus proche.

En entrant, Irina s’est précipitée à l’accueil et a questionné les infirmières en bulgare. En attendant qu’elle me traduise leurs réponses, je parcourais du regard le hall de l’hôpital. Lorsque j’aperçus Alekseï assis sur un banc dans le couloir des urgences.

— Irina ! Il y a Alekseï assis là-bas, vient.

Elles se précipitèrent vers lui.

— Où est Sacha ? Il a eu un accident ?

Reconnaissant nos voix, il releva la tête en notre direction, mais demeura muet. Il était débraillé et avait les yeux rouges et gonflés comme s’il avait pleuré toute la nuit.

— Réponds bordel ! Où est Sacha ?

— Je ne sais pas Irina. Après l’accident, il est parti en courant.

— Quel accident ? Vas-y accouche ! Quel accident ! Où est mon bébé ?

— Ma mère a voulu le faire déguerpir de devant chez nous et elle s’est fait renverser par une voiture en traversant ! Elle ne fera plus jamais de mal à mon Baby !

Alekseï éclata en sanglots.

Malgré notre colère envers lui, nous n’avons pas supporté de le voir si affligé. Cette femme était cruelle, mais elle restait sa mère. Nous nous sommes assises de chaque côté de lui et nous l’avons pris dans nos bras.

— Toutes nos condoléances Alekseï. Nous sommes désolées pour ta mère. Irina se montra compatissante pour nous deux.

— Je suis encore plus désolé pour Sacha, je me suis comporté comme un imbécile hier soir. Je lui ai dit que tout était sa faute et je l’ai insulté... Il est parti en courant.

Je suis désolé, je n’aurai pas dû être aussi injuste avec lui. Il a assez souffert à cause d’elle. Mon pauvre baby !

— En attendant, nous ne savons pas où le chercher. Il est loin de chez nous et il est injoignable.

Bébé ne fait pas de bêtises, s’il te plaît !

— Il serait bien temps que tu t’inquiètes pour ton pauvre baby, Alekseï ! Ça ne sert à rien que tu restes là à pleurer pour elle. Il n’y a plus rien à faire de ce côté-là ! Cependant, nous pouvons encore sauver la vie de Sacha !

Sally suit moi, nous repartons à l’hôtel. On ne sait jamais, il est peut-être revenu.

Alekseï se leva précipitamment.

— Et s’il avait repris l’avion et qu’il était retourné en France ? Je vais téléphoner à l’aéroport voir si son nom a été enregistré.

Lorsque nous sommes sortis tous les trois de l’hôpital, il reçut un appel qui attira l’attention d’Irina, car il répondit en bulgare.

— Oui... Je suis occupé... J’ai des affaires urgentes à régler... Fous-moi la paix, tu me fais chier !

À peine eut-il raccroché qu’Irina l’attrapa au vol.

— C’était qui ? Pourquoi étais-tu si grossier ?

— Ce n’était personne d’important. Laisse tomber ! Je vous raconterai tout promis, mais là, nous n’avons pas de temps à perdre !

Alekseï appela l’aéroport.

— Les filles, c’est bon ! J’avais raison, il a pris l’avion pour la France, ce matin.

— Ouf ! Rassurés de ce côté-là ! Nous rentrons à l’hôtel faire nos valises et récupérer les affaires de mon bébé.

— Ne soyez pas fâchées contre moi. J’avais de bonnes raisons de faire ce que j’ai fait. J’avais peur pour la vie de mon homme. Je te l’ai dit Irina, je l’aimais et je l’aime encore plus que tout au monde. Je suis sincère. J’ai aussi énormément souffert de ne pas pouvoir entendre sa voix et voir son si beau visage. Je suis comme un zombie depuis plus de deux mois.

— Nous te croyons Alekseï !

Chérie, j’ai réservé un vol pour ce soir à 21 heures…

— Alekseï, nous déjeunons ensemble ? Tu pourras tout nous raconter, et même si c’est dur pour toi, nous voulons tout savoir. Fais-le pour ton baby !

Il accepta mon invitation et nous nous dirigeâmes vers un restaurant non loin de l’hôtel.

Il nous expliqua tout ce qu’il avait vécu durant ces deux mois. La fausse hospitalisation de son père, le vol de son portable, la séquestration à domicile, son mariage forcé, les menaces de sa mère et la drogue.

En fin d’après-midi, nous sommes allées récupérer nos valises à l’hôtel.

— Irina, Alekseï ! J’ai un SMS de Sacha. Il dit : All is finished with A. Bien rentré. Je dois réviser. XOXO.

Dépité, d’entendre ces mots, il s’assit sur le lit.

— All is finished ! C’est ce qu’il a dit ? Il ne me pardonnera pas cette fois. Tout est fini les filles, je l’ai vraiment perdu…

— Hé, reprends-toi ! Nous n’avons pas fait tout ce voyage pour rien ! Nous allons lui parler et nous arrangerons tout ce bordel. Sally saura trouver les bons arguments.

Pas complètement convaincu, il sécha ses larmes et nous proposa de nous conduire à l’aéroport.

— Les filles, s’il ne vous parle pas de ce qu’il s’est passé hier, faites comme si vous ne saviez rien. Je règle mes problèmes ici et je reviens en France. Occupez-vous bien de lui.

Promis ! Dépêche-toi de rentrer !

***

Après être descendu de l’avion, je suis rentré chez mes parents. Cette fois, mon aventure avec Alekseï avait vraiment eu son « The end ». Il me détestait plus que Jules, alors que je n’avais rien fait. La mort de sa mère, j’y étais pour rien moi !

Pourquoi ça finissait comme ça ? J’ai fait tout ça pour lui et il m’a jeté comme une merde sans même discuter avec moi.

Retour de Karma pour toi aussi cher Sacha ! Qui sème le vent, récolte la tempête.

J’ai envoyé un SMS à Sally en fin de journée pour leur dire que tout était définitivement terminé avec l’homme de ma vie, que j’étais bien arrivé et que j’allais réviser à fond. Ce qui était entièrement faux, ce n’était pas du tout mon intention première, mais je ne voulais pas que les filles s’inquiètent. De cette façon, elles arrêteraient de chercher Alekseï et ne découvriraient pas comment notre histoire bidon s’était achevée.

Sacha s’enferma plusieurs jours chez lui. II n’allait pas à l’université et ne faisait pas de courses pour se nourrir. Il descendait uniquement au tabac en bas de chez lui, car il s’était mis à fumer. Il passait ses journées à jouer à la console en grignotant quelques gâteaux rassis qu’il avalait avec l’alcool du bar de ses parents.

De temps à autre, il envoyait des messages rassurants aux filles et à ses grands-parents, leur disant qu’il était très pris par les révisions et le rattrapage de ses cours.

Alekseï tenta de l’appeler à plusieurs reprises pour s’excuser et lui raconter son histoire, mais il tombait constamment sur sa messagerie. Sacha ne prenait même plus la peine de recharger son téléphone.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Eline Kirlian ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0