Mardi 09 février 2021

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À mon réveil, j’ai eu un coup de panique en découvrant Alekseï, nu, près de moi.

J’avais l’impression d’avoir été violé. Pas physiquement, mais psychologiquement cette fois. Il n’avait pas le droit de me faire ça ! Je le détestais encore plus….

En larmes, Sacha se recroquevilla dans un coin du lit. Le sentant bouger, Alekseï ouvrit les yeux.

Lorsque j’ai vu ses yeux s’ouvrir, je lui ai bondi dessus et sans réfléchir, je me suis mis à le boxer avec le peu de force qu’il me restait. Il m’a alors saisi les poignets et m’a plaqué sur le dos.

— Calme-toi ! Je ne t’ai rien fait mon Ange !

Sacha continua de se débattre.

— Lâche-moi, enfoiré ! Sors de mon lit ! Tu n’as pas le droit de me toucher !

Lorsque Sally et Irina entendirent les cris, elles accoururent à la porte.

— Tout va bien là-dedans ? demanda Irina.

Il appliqua sa main sur ma bouche afin que je cesse de crier.

— Oui, mais ne rentrez pas, je suis à poil !

— Quoi ? Mais t’es pas bien d’avoir fait ça ! T’es dingue ! Habille-toi et sors immédiatement, repris Sally.

— Non, je finis de parler à monsieur.

Les filles décidèrent de patienter et écoutèrent à travers la porte.

— Sacha calme-toi, je t’en prie, me murmura-t-il. Je sais que c’était indécent de ma part de faire ça, mais les médecins le disent que la chaleur du corps est le plus efficace pour vite se réchauffer.

Alors arrête de crier ! Tu sais que je te respecterai toute ma vie. Laisse-moi juste le temps de t’expliquer.

Hier, nous t’avons trouvé inanimé sur la terrasse. Nous avons cru que tu étais mort. Tu étais en T-shirt et en caleçon, dehors et tu avais bu du whisky. Après avoir raccroché, j’ai cru que tu étais passé par-dessus la balustrade. Imagine dans l’état que j’étais !

— Et alors ? Tu crois que c’est une raison ? Et si j’étais mort, tu aurais fait quoi ? Tu n’étais pas là, toutes les fois où j’étais à deux doigts de crever. Tu m’as abandonné. J’étais tout seul. Toujours tout seul…

Tout est fini maintenant. Je ne te quitterai plus jamais, mon amour. Pardonne-moi…

— Jamais de la vie ! J’en ai rien à foutre de toi et de tes explications ! C’est fini entre nous !

Alekseï ne me répondit pas. Il baissa la tête et relâcha mes poignets. Profitant de l’occasion, je me suis relevé en l’éjectant. Il se mit en position de fœtus et étouffa ses larmes dans ma couette.

Je l’ai regardé quelques instants et je suis sorti de la chambre, l’abandonnant à mon tour.

À peine la porte refermée que déjà, je le regrettais. Je ne pouvais pas céder si facilement à ses larmes. Il fallait que je lui montre ce que j’avais ressenti moi-même.

Après une dizaine de minutes, il sortit de la chambre. Sally fonça vers lui.

— Non, mais tu es un grand malade toi !

— Ça suffit, les filles, on a réglé le problème ! On va déjeuner tant que c’est chaud. Laissez-le !

Il prit place à mes côtés sans nous regarder.

Durant le repas, elles parlaient pour quatre afin de détendre l’atmosphère.

— Bébé, c’est ménage après ! Cette fois, tu ne vas pas nous foutre dehors, je te le dis !

— Ouais, t’inquiètes. Je suis d’accord. J’avoue, c’est vraiment le bordel.

Nous avons rangé l’appartement, fait la vaisselle et rempli quatre sacs poubelles de détritus. Lorsque les mains d’Alekseï frôlaient les miennes, je les retirais brutalement. Nous ne nous sommes pas adressés pas la parole de tout l’après-midi.

Ayant envie de m’isoler, je me suis rendu dans ma chambre prétextant devoir la ranger. J’ai commencé à ramasser un tas de vêtements qui étaient empilés et je suis tombé sur le fameux carton dans lequel j’avais retrouvé mon journal. Je me suis assis en tailleur sur le sol et j’ai commencé à fouiller à l’intérieur. Après avoir écarté quelques dessins que j’avais faits, je suis tombé sur une photo d’Alekseï et moi, prise près de la piscine par Aroon. Mes yeux s'embuèrent aussitôt. J’avais perdu tant de choses pour ce gars. Mon temps, ma dignité, ma réussite scolaire… Ma vie.

Alekseï, qui l’épiait par l’entrebâillement de la porte, le rejoint dans la chambre.

Du coin de l’œil, je l’ai vu venir vers moi. Il s’est assis et a posé sa main sur mon épaule. Je l’ai aussitôt rejeté.

— Ne me touche pas ! Tu piges ? Regarde ça ! lui ai-je dis en arrachant notre photo. Regarde ce que je fais de ton « nous » ! En me redressant, je lui ai balancé les morceaux au visage. Il me saisit le poignet pour me retenir.

— Tu as souffert ? J'en suis conscient et j’en suis navré. J’ai souffert aussi de t’abandonner, mon gars ! Je t’aimais et je t’aime toujours comme un fou !

Ma mère m’a fait aller Bulgarie en me mentant sur la santé de mon père. Elle m’a séquestré chez eux. Elle m’a drogué et elle m’a fait signer un acte de mariage. Je ne captais rien avec les drogues qu’elle faisait mettre dans tout ce que je consommais. Ça a duré presque deux mois.

Irina peut te le dire, elle m’a parlé avant que je ne retourne en Bulgarie. Elle a vu mon état.

Si ma nourrice ne m’avait pas aidée, je serais encore là-bas.

Aujourd’hui, ma mère et morte, elle ne nous fera plus de mal. Mon père, lui, il nous a donné sa bénédiction. Il t’aime comme son propre fils.

Baby, je suis désolé pour ce que ces gars t’ont fait... Je comprends que tu veuilles passer à autre chose.

Alekseï se leva et quitta l’appart sans dire au revoir aux filles qui étaient assises à table à écouter.

Sacha se laissa tomber sur le lit et éclata en sanglots.

Le sachant seul, elles vinrent s’allonger sur le lit. Chacune d’un côté de Sacha, elles l’enlacèrent.

— Sacha ! Je sais que c’est dur, pourtant, nous aimerions que tu lui donnes une chance.

— Il t’aime, mon cœur ! Nous avons beaucoup discuté avec lui, après ton départ de la Bulgarie. Il était aussi mal que toi de savoir à quel point tu souffrais.

— On le sait que tu tiens encore à lui, sinon tu ne te mettrais pas dans des états pareils…

— Et tu n’aurais pas jeté Jules et pris un billet pour la Sibérie !

— Bulgarie, Sally ! Bulgarie !

— Oui, pour la Bulgarie ! Merci ma femme.

— Je ne vous l’ai pas dit, mais quand je suis sorti de l’hosto et que je suis allé chez lui, il y avait un drôle de message sur son répondeur. Une femme avec un fort accent russe disait « Alekseï love man… Castel jal… No phone».

Je n’ai pas tout compris, mais le « Love man » m’a suffi à comprendre qu’il m’aimait au point qu’il l’avait révélé à quelqu’un pour nous deux. Néanmoins, lorsqu’il m’a hurlé de sortir de sa vie que j’avais tué sa mère, je me suis ravisé en croyant avoir mal interprété ces paroles.

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