Vendredi 12 mars 2021

6 minutes de lecture

Coucou mon ami le journal,

Désolé, dernièrement, je ne me suis pas trop confié à toi étant donné que j'ai pas mal bossé mes cours et que le reste du temps, je tchatte avec Alekseï sur Messenger.

Après notre nuit, ensemble, nous nous sommes peu revus. Il n’y a que le jeudi suivant que nous sommes allés boire un coup et que nous nous sommes promenés en ville. Ce soir-là, j’ai refusé de dormir chez lui. Ce n’était pas l’envie qui me manquait, mais je voulais éclaircir toute son histoire avant que nous ne nous remettions officiellement ensemble.

Le 05 mars, il m’a fait une surprise. Il s’est pointé chez moi pour m’inviter au restaurant. Il avait retiré son plâtre et avait pu venir avec son petit bolide. Il a été malin sur ce coup-là, car il me l’aurait demandé par message ou en appel, j’aurais essayé de me débiner.

Nous sommes montés à Paris. J’adore toutes ses lumières, ses rues bruyantes et engorgées de riverains, pressés de rentrer chez eux et la douce mélodie des klaxons qui nous défoncent les tympans… Paris, c’est joli, mais je ne pourrais pas y vivre.

Pendant la soirée, nous avons échangé quelques baisers. En ressortant du resto, il m’a serré dans ses bras, m’a embrassé dans le cou, puis main dans la main, nous avons regagné sa voiture. C’est moi qui ai conduit pour rentrer. C’était trop satisfaisant de mettre le pied au plancher sur l’autoroute.

J’étais heureux que nous retrouvions un peu de notre complicité d’antan.

Une fois de retour chez moi, il m’a dit de me garer. Je savais qu’il avait une idée derrière la tête et qu’il allait vouloir monter. J’y avais moi-même songé tout le long du repas.

Après avoir ouvert la porte de l’appartement, j’ai baissé la tête pour qu’il ne me voie pas rougir et je l’ai invité à entrer.

Il a fait trois pas à l’intérieur, à refermer derrière lui et il s’est posté devant moi. Je continuais de regarder ses pieds. Qu’allait-il faire ?

— Baby !, me dit-il en soulevant mon menton de son index. Ton visage est tout rouge ! Tu pleures ou tu penses que je vais te coincer dans un coin ?

N’importe quoi ! Tu n’as plutôt pas intérêt à jouer à ça.

Fuyant son sourire machiavélique, je me suis dirigé vers la cuisine. Je t’offre un café, une bière…

Une bière, mon cœur.

En m’attendant, Alekseï prit place sur le canapé.

J’ai sorti deux bières et un paquet de chips. La seule chose de comestible qui traînait dans mon placard.

Viens là, Baby ! Je sais que tu évites le sujet à chaque fois que je tente de discuter avec toi, mais il faut que je te dise ce qui m’a tenu éloigné tout ce temps.

J’ai feint de ne pas m’attendrir en l’écoutant, cependant les sanglots dans sa voix ont eu raison de mon petit cœur meurtri. Je me suis tourné vers lui et j’ai mis mes bras autour de son cou pour qu’il sèche ses larmes sur mon épaule. Les filles m’avaient résumé son histoire, mais d’entendre sa souffrance, avec ses mots, me déchira les entrailles.

Cette salope avait été jusqu’à droguer son propre fils, la chair de sa chair, juste parce qu’il était gay. En même, quand on voit qu’elle m’avait fait passer à tabac et violé. Même si elle n’avait pas ordonné ces actes barbares, cela n’en restait pas moins sa faute.

Le passage sur sa relation avec Viktoria ne m’a provoqué ni chagrin ni compassion. Il m’a avoué, timidement, qu’il l’avait aimé plus qu’il ne l’aurait cru et j’ai appris qu’ils avaient eu des relations sexuelles. Je ne pouvais pas lui en tenir rigueur, j’avais bien baisé avec Jules.

Baby, j’étais prêt à épouser n’importe quelle femme, juste pour être certain, que ma folle de mère, ne mette pas ses menaces à exécution.

Je ne savais pas ce que tu avais enduré par ma faute. Je ne me pardonnerai jamais de t’avoir embarqué dans ma vie.

La beauté de ses yeux de jais remplient de larmes et les tremblements de sa voix détruisirent les derniers remparts que j’avais érigés.

Tout est terminé, Alekseï !

Surpris et désappointé, il me fixa subitement.

Comment ça ? Ne me fais pas ça, je t’en supplie ! Je t’aime plus que tout, bébé ! Je renierai tout pour toi, s’il le faut !

Je me suis mis à rire alors qu’il était prêt à fondre en larmes.

Tu trouves ça drôle de me faire du mal ? Ça ne t’a pas suffi de t’être tapé l’autre connard sous mes yeux ?

Honey ! Hé, oh ! Calme-toi mon amour ! Ce qui est terminé, c’est l’histoire avec ta mère, pas nous deux ! Je n’ai jamais cessé de t’aimer et de penser à toi, même quand j’étais au plus mal. J’aurais donné ma vie pour que tu me reviennes…

Alekseï saisit mon visage entre ses mains et m’embrassa.

Ne me fais plus jamais ça, baby !

Il se leva, alla fouiner dans la poche de son manteau, en sortit quelque chose qu’il dissimula et revint s’asseoir près de moi en tailleur. Il tendit le poing et l’ouvrit.

Regarde baby ! Ils sont toujours avec moi. Je les ai retrouvés dans le coffre de ma mère après sa mort. Elles me les avaient confisqués lorsque je suis arrivé en Bulgarie.

Notre bracelet en cuir, la chaîne avec la Harley et ton alliance…

Oui, mon ange ! Tu as toujours ton bracelet et l’alliance ou tu as tout jeté ? me demanda-t-il avec une moue triste.

J’ai tout conservé, mais dans un moment de colère, j’ai cassé le bracelet. Je suis désolé.

Je me suis levé et je suis allé fouiller dans le fameux carton où j’avais retrouvé mon journal et les photos que j’avais arrachées.

Reprenant place devant lui, je lui ai tendu l’alliance.

Reprends-la.

Mais non, baby ! Je ne veux pas ! Elle nous lie l’un à l’autre !

Alekseï ! Tu vas devenir roi un jour et ton peuple n’acceptera jamais d’avoir un souverain homo !

Baby, j’ai prévenu mon père que je refusais le trône. Je préfère perdre ce titre, que te perdre toi ! Ce n’est pas pour moi !

Bien sûr que ça l’est ! Tu as été élevé pour reprendre la suite de ton père. Qu’est-ce que tu fous ! Je ne veux pas que tu le regrettes un jour !

Mon plus grand regret a été de t’embringuer dans ma vie et d’avoir failli ne plus jamais te revoir.

De toute façon, j’ai déjà écrit le discours que je leur lirai le jour de la passation du titre et mon père a fait les démarches.

T’es complètement dingue ! N’importe quoi ! Tu n’as pas le droit de refuser pour moi ! De colère, je me suis barré dans ma chambre en pleurant.

*** Alekseï ***

Si près du but que tout s’arrange enfin entre nous, il cherchait encore une fois à me fuir.

Je l’ai suivi. Il s’était assis sur son lit et la tête entre les mains, il pleurait. De peur qu’il m’envoie sur les roses, je me suis approché tout doucement.

— Mon Ange ?… Baby ? J’ai choisi de le faire. Pas uniquement pour toi, mais pour nous. Écoute-moi s’il te plaît ! Je n'ai jamais voulu de tout ça. Ma vie, celle que j’ai choisie, elle est avec la personne que j’aime le plus au monde après mon père. Aujourd’hui, c’est toi, ma famille. Ne me rejette pas, je ne le supporterai plus !... Je t’aime tant mon cœur !

Il releva ses yeux remplis de larmes vers moi et enlaça mon cou.

Tu ne le regretteras pas ? T’es sûr ?

Certain, Baby !

Toujours accroché à mon cou, il nous bascula sur le lit. J’ai essuyé ses joues ruisselantes et nous nous sommes embrassés.

J’aimais inconsidérablement le goût de sa bouche et la chaleur de sa langue, dans la mienne. Personne ne m’avait jamais embrassé comme il le faisait. Nous nous sommes déshabillés et nous nous sommes lovés l’un contre l’autre.

Ce soir-là, il s’est endormi dans mes bras, pourtant le doute sur ses intentions de poursuivre notre aventure persista. Je n’étais pas convaincu qu’il me revienne aussi facilement en sachant que j’abandonnais mon trône pour lui. Il ne connaissait pas sa valeur dans mon cœur.

Je me suis rendu compte, les jours qui ont suivi, que je ne m’étais pas trompé. Il ne m’appelait jamais le premier, il me disait être débordé avec ses cours, lorsque je lui proposais qu’on se voit et les mots doux avaient de nouveau été échangés contre un Alekseï ou un moi aussi.

***

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