Chapitre 12

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En entrant, Antoine regarde la carte.
Les prix y sont exorbitants, mais comme tout le monde est affamé, ils consentent à prendre une table. Après une longue attente, les assiettes arrivent enfin. Nime savoure chaque bouchée de son repas, même s’il lui semble avoir vu des choses douteuses flotter dans sa soupe. Caroline n’ose carrément pas y goûter. Marvin, ayant demandé à déguster la cuvée du patron, déchante rapidement lui aussi. Le breuvage, coupé à l’eau, n’échappe pas à ses papilles sur-entraînées. Marvin, totalement outragé, s’engage à tailler une réputation d’escroc au tenancier dans sa prochaine critique.

Malgré ces mésaventures, ils décident de passer la nuit sur place. Marvin paye pour tout le monde : une chambre individuelle pour lui, le dortoir commun pour Antoine et Ethio et une chambre double pour Nime et Caroline. Elles commencent donc à s’installer dans la pièce à l’étage qui ne comporte qu’un lit double ronger par les mites. Caroline hésite.

- Heu, si tu veux, je peux aller au dortoir commun et te laisser la place.
- T’es allée jeter un œil aux couchages là-bas ?
- Non.
- Franchement, même à toi je ne souhaite pas ça, j’ai vu deux rats en moins de cinq minutes. J'espère que Marvin fera fermer cette auberge.

Soudain, une explosion retentit à l'étage inférieur. Antoine débarque en trombe ouvrant brusquement la porte.

- Pardonnez-moi mesdemoiselles, mais Ethio a accidentellement vexé un guerrier venu des terres nomades.

Tous les trois descendent au dortoir commun pour tomber sur une scène de dévastation : Lits retournés, tables renversées, armoires dégondées et au milieu, un gigantesque guerrier des terre nomade en train d’essayer de casser en deux tout ce qui lui tombe sous la main. Pendant ce temps, Ethio s'est réfugié derrière le comptoir. Ils le rejoignent en essayant de ne pas se faire repérer.

- Mais qu’est ce que tu as bien pu lui dire pour le mettre dans un état pareil !

- Je lui ai simplement expliqué que les exorcistes de notre pays sont de loin beaucoup plus compétents que n’importe quelle brute de ses plaines glacées.
Antoine intervient alors.

- Et ce ne serait pas plutôt parce que ce guerrier s’est vanté d’avoir vaincu un certain Lun Casiepe au bras de fer ?

- Donc tu l’as provoqué ?

- Je n’ai fait que rétablir la vérité ! Mais ce mécréant veut à présent m’affronter au bras de fer, sans quoi il me coupera les deux bras...

- Marvin, vous ne pouvez pas intervenir ?

- Pas vraiment. Les terres nomades forment un pays indépendant au nord du continent. Que ce soit en été ou en hiver, il est complètement givré et les habitants de cet empire sont tous de redoutables guerriers dotés d’un sens aigu de l’honneur. C’est d’ailleurs pour cela qu’on les recrute comme garde du corps.

Caroline jette un oeil par-dessus le comptoir pour prendre la température.

- Ouais… Il vaudrait mieux trouver rapidement une solution parce qu’il s'apprête à lancer sa hache dans notre direction.

Nime se lève alors brusquement et fait face au colosse.

- Que veux tu gamine ! C’est une histoire entre moi et l’autre petit manchot. Ne me dis pas qu’il a peur au point de t’envoyer m’affronter à sa place ?

- Non, Ethio a désigné un autre champion pour concourir contre vous. Il s’agit de ce noble rongeur !

Nime arrache le lapin vert de la tête d’Ethio et le brandit fièrement par les oreilles.

- C’est une blague ?

- Absolument pas ! Je te parie que même ce jouet peut te battre au bras de fer. S’il gagne, tu nous emmènes jusqu’à Paldorion gratuitement avec tes poulets bizarroïdes.

- Et s’il perd ? Je vous coupe un bras chacun !

Dans une atmosphère fébrile, les deux concurrents se positionnent sur une table à peu près stable. D’un côté, la brute épaisse au bras tatoué plus gros qu’un tonneau et de l’autre le petit lapin vert que Nime place sur la table en position assise. Comme les bras de l’animal sont trop petits, il est convenu que ses oreilles feront office de bras. Elle les fait tenir ensemble avec l’un de ses fils rouges et en attache l’autre extrémité à sa ceinture. Marvin se pose en arbitre et le duel commence, bras contre oreilles.

Le guerrier commence à pousser faisant gonfler toutes les veines de son bras. Étrangement la peluche résiste plutôt bien à la poussée. Mais l’homme redouble d’efforts et doucement, mais sûrement, les oreilles du petit lapin ploient vers la table. Tous les regards se tournent alors vers Nime qui paraît pourtant toujours sûre d’elle. D’un mouvement léger, elle fait vibrer le fil tendu et soudain le lapin frétille des moustaches. En une seconde la vapeur est renversée et le bras du barbare se fracasse contre la table qui se fend en deux.

Massant son poignet douloureux, le barbare déshonoré accepte sa défaite et leur promet de les emmener à la capitale gratuitement le lendemain. Tout le monde retourne se coucher.

Après un voyage plutôt calme à dos de poulettouargue, les murs dorés de Paldorion se découpent dans les lueurs du matin. À cette heure, une population hétéroclite se presse pour franchir les portes de la capitale. Ethio leur explique que pour trouver leur chemin à travers les rues tortueuses de la ville, il suffit de suivre la lumière. En effet, dans cette ville, l’astre le plus lumineux n’est pas le soleil, mais bien le palais royal aux hautes tours fines comme des aiguilles qui escaladent les nuages. Sans surprise, plus on s’en rapproche, plus le nombre de frou-frous et de paillettes au mètre carré augmente. C’est dans ce même quartier que se trouve la demeure des Trimera.

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