Chapitre 21

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 Un arbitre place les deux duellistes l’un en face de l’autre de chaque côté de l’arène. Nime sort son fils rouge de sa poche, Erwin, tremblant, sort sa baguette. Il donne le signal et des rouages s’activent dans les tréfonds de l’arène. La poussière au sol se disperse, révélant une plaque d’acier sur laquelle un crâne couvert de glyphes est gravé. Sa bouche s’ouvre alors en un long râle qui fait trembler les gradins. Soudain, un flash blanc s’échappe des sous-sol, suivi d’un second. Deux monstrueux esprits à l'apparence de chiens squelettiques en sortent, aussi énormes l’un que l’autre. Erwin recule et lance directement un éclair pâle sur le premier fantôme. Frappé en pleine tête, la bête tourne son visage denté à cent quatre-vingt degrés vers le malheureux jeune homme et lui saute dessus. Erwin a juste le temps de créer une barrière pour se protéger de l'assaut.

 Alors que le second esprit s'apprête à bondir également sur Erwin, un clou se fiche dans sa patte, puis un autre dans son épaule, et encore quatre autres dans son crâne. Les fils rouges reliés aux clous s’animent, puis paralysent ses membres. Alors que Nime croit avoir gagné, le fantôme se met soudain à déchiqueter les liens avec ses crocs. Une fois libéré, il fonce sur Nime. Nime réalise qu’il est trop gros pour être neutralisé de cette façon et en plus sa capacité à interagir avec le monde physique est problématique. Changement de stratégie, Nime sort alors son canif et un jeu de talismans. Elle sprinte vers le fantôme pour les disposer autour de lui. Comme prévu, le monstre hésite à franchir la barrière. De plus, les clous encore fichés dans ses membres réduisent ses mouvements.

 Erwin, toujours recroquevillé derrière sa protection, encaisse les coups de son adversaire. La poussière vole autour de lui et le sol se creuse de longues griffures. Pourtant, le bouclier du jumeau tient bon. Le malheureux essaye de tracer d’une main tremblante, un sort d’attaque tout en maintenant sa bulle. La tâche est laborieuse, il s’y essaie plusieurs fois, sans succès.

 De son côté, Nime profite de la torpeur de son fantôme pour dessiner un énorme glyphe au sol à l’aide de clous autour desquels elle tend son fil écarlate. L’exorciste de Stiss enlève sa chaussure et l’attache avec. Elle fourre un talisman sous la semelle et jette l'ensemble au milieu du symbole pentaculaire. Le fantôme commence à prendre de l'assurance et brise la barrière de talismans. Il fonce vers Nime et pénètre dans le piège. Les fils se mettent alors à sécréter un étrange liquide noir qui fusionne avec le spectre, comme absorbé par capillarité. Brusquement, il se tord de souffrance et s’écroule en une énorme flaque sombre et visqueuse, aussitôt aspirée dans la chaussure orpheline.

 Quant à Erwin, il réussit enfin à lancer son sort d’attaque, son éclair, plus foncé que le premier, traverse le corps du spectre, lui créant un trou béant dans les côtés. Mais ce puissant sort fait également tomber le bouclier qui protégeait le jeune exorciste. Profitant de l'opportunité, le monstre blessé lui saute dessus. Le garçon tente de faire écran avec ses bras. L’arbitre, distrait par l’étrange technique de Nime, réagit trop lentement. La créature déploie ses griffes acérées vers Erwin qui tombe à terre, mais soudain… Elle se fige, gelée sur place.

 Nime ramasse sa chaussure et rejoint Erwin pour le relever. Le garçon, en état de choc, observe médusé, le petit hérisson aux piquants de givre qui vient de lui sauver la vie en congelant le spectre.

 Nime est immédiatement déclarée gagnante de ce duel et félicitée par le Grand Duc en personne.

- Bravo. Je pense qu’on peut vous accorder la victoire, jeune Demoiselle. Nous nous reverrons très bientôt, je pense. À présent, il est temps de libérer l’arène pour les autres participants.

 Nime part la tête haute tandis que les tests se poursuivent. En franchissant la grille, Nime se fait attraper le bras par Halvor.

- Joli combat. Comment t’as fait ça ?

- Comment quoi ?

- Où as-tu appris cette étrange technique de scellement ?

- Heu. À Stiss, dans ma ville natale.

- Oh ! Tu es donc originaire de cette cité industrielle. Et donc tes parents aussi ?

- Mais j’en sais rien, je suis orpheline. Et d’abord, ça ne te regarde pas, lâche moi !

 Nime se dégage et Caroline arrive juste à temps pour la sauver de cet interrogatoire intrusif. Halvor intimidé par la rouquine exubérante, rejoint son père, non sans un étrange regard en arrière.

- Que te voulait-il ?

- Il cherchait à en savoir plus sur moi et mes techniques, j’ai l’impression.

- Et lui as-tu révélé que c'était mon père qui te les avait enseignées ?

- Pfff, bien sûr que non. Pour qui tu me prends.

- Super ! Mais je le comprends un peu, c’est quand même bizarre, les glyphes de mon père ne donnaient pas le même résultat. Enfin, chacun son style.

- C’est pas faux. Bon rentrons, je suis quand même un peu lessivée. T’imagine, j’ai vaincu deux monstres après une nuit blanche. Mais le pire c’était le discours, j’ai jamais autant stressé de ma vie.

- Pourtant les cours d’Ethio t’ont bien profité. Aller, je te raccompagne. Mais il vaudrait mieux rester discret, car si ma mère me voit, je suis morte.

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