REGROUPEMENT (suite)

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On accueillit confortablement les nouveaux arrivants au sein de la communauté des souterrains. On trouva un modeste appartement, pour y loger les époux Leriche. Simplement creusé dans la roche, mais pas du tout humide, le couple pourrait l’aménager à son goût. Les deux sœurs se feraient une joie de transformer ce logis en un vrai petit palais. Félix et Mireille accoururent à l’annonce de l’arrivée de Sélène. Ils avaient beaucoup aimé leur belle-fille et brûlaient de la revoir.

Les jumelles passaient beaucoup de temps ensemble. Elles avaient tellement à se raconter… Il leur fallait du temps. Deux vies entières ne se résument pas en quelques heures. Les événements et les péripéties de leurs existences leur venaient petit à petit. Il fallait commencer par le début, l’accident du puits, la séparation, le rejet de Sélène par sa mère Jeanne-Marie, Gaspard… Et tout le reste. Et pour Luna aussi, ce fut compliqué à verbaliser. Une vie entière dans les souterrains, l’errance à la recherche de son père, ce n’était pas facile à décrire… Sa relation particulière avec Gaspard… Comment tout dire à cette sœur qu'elle ne connaissait pas encore vraiment ?

Elles en arrivèrent à l’épineux sujet de leur rapport à Gaspard. Luna avait bien souligné le fait qu’elle vivait une solide liaison avec lui, comme pour bien faire comprendre à sa sœur qu’elle devait passer à autre chose. Par exemple, en renforçant son histoire avec Adrien qui, après tout, était toujours son mari. Elle insista bien sur ce dernier point.

Luna était une fille plus douce et surtout plus généreuse que sa jumelle, par contre, sa détermination n’avait rien à lui envier.

— Sélène…

— Oui Luna.

— Tu tiens encore à ton ex ? Excuse-moi de te demander ça, mais comme je te l’ai dit, je vis quelque chose de fort avec Gaspard… Je voudrais savoir si… Je dois m’attendre à le perdre ?

— J’aime toujours beaucoup mon « petit prince » mais… Je suis descendue avec mon mari… Je crois qu’Adrien tient à moi… Enfin, j’espère… Même si entre nous, c’était pas une folle passion, on s’est habitués l’un à l’autre. Vaut mieux que ça reste comme ça. Par contre si Gaspard fait un pas vers moi… Je garantis rien.

— Ça a le mérite de la franchise…

— Tu sais, j’ai pas été toujours très cool avec lui…

— Ah ?

— En fait, il voulait qu’on ait des enfants, moi, j’ai jamais voulu en avoir. Je crois pas l’avoir rendu heureux. Mais bon… Il l’a jamais montré.

— De toutes façons, ici ce problème est réglé ! On se reproduit pas. Par contre, on a parfois des gamins qui arrivent seuls. Ils sont perdus, leurs parents ne les ayant pas suivis dans le trépas... J’aurais bien voulu que tu nous aides à les gérer… Les pauvres choux… Si tu es d’accord ?

— Mais oui ! Là-haut, j’aidais les maîtresses à s’occuper des petits ! Je voulais même passer le BAFA ! Je vais être une mono de colo en quelque sorte ?

— Tout à fait sélène. Je vais te présenter à la responsable des mineurs isolés.

— Super ! À peine arrivée, j’ai déjà dégotté un job ! Et Adrien, qu’est-ce qu’il va faire ? Interrogea Sélène.

— J’ai cru l’entendre dire qu’il voulait créer une cellule du parti… Ici… J’en vois pas l’intérêt.

— Surtout, il faut pas le laisser faire ! Répliqua Sélène. Vous allez être parasités par les idées des Méchulonistes ! C’est comme Bernard-Marie Vesly, continua-t-elle, il projette de propager ses visions ultra-libérales chez Méchulon ! Ahah ! Comment ils vont nous le renvoyer !

— Il nous a bien été utile quand même… Tempéra Luna. On lui trouvera bien un petit boulot adapté à ses compétences.

— Et toi Luna ? Tu fais quoi au juste ici ?

— Un peu tout, avec papa, on veille au fonctionnement de la communauté. C’est pas difficile, ici les gens sont très paisibles.

— À propos de papa… Il faut que j’aie une discussion avec lui… Il m’a beaucoup manqué, quand il s’est détourné de moi… Il a cru que je t’avais tuée… Il m’en a tellement voulu, tellement voulu…

— Oui, il en a pris conscience. Il regrette beaucoup. Vous vous parlerez, bien sûr Sélène…

Les deux sœurs s’embrassèrent affectueusement, conscientes de l’importance de leurs propos.

***

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