Chapitre 2

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Ashton avait repris les affaires en main. Il avait fait le tour de ses terres pour s'apercevoir du travail exemplaire de Vanessa. Le domaine était bien géré. Elle l'avait aidé avec les livres de comptes. L'avenir des ses frères et soeurs était une autre histoire. Le cas de Bastien ne posa pas de difficulté particulière, il fut inscrit pour la rentrée de septembre, à Eton comme l'ensemble des membres masculins de cette famille depuis des décennies. La question de Mathilda restait plus épineuse, sa soeur lui avait fait les yeux doux pour qu'il insiste auprès de leur mère pour qu'elle puisse enfin cette année avoir sa première saison. Ashton pensait qu'elle avait l'âge requis mais Vanessa ne voyait pas d'urgence et préférait attendre une année supplémentaire. Mais Ashton avait promis à Mathilda alors il argumentait.

- Il n'y a pas d'urgence Ash, elle n'a que dix-huit ans.

- Je n'ai pas dis qu'elle devait se trouver un mari dès sa première saison, pour ça, je lui accorde le temps qu'il faudra. Soyez sans crainte maman, je ne compte pas la pousser dans les bras d'un vieux barbon.

- Quand bien même, je ne suis pas d'accord.

- Allons, depuis la mort de père, elle vit en recluse dans ce château. Ne croyez-vous pas qu'à son âge elle ait envie de s'amuser.

Vanessa soupira.

- Si, probablement. dit-elle en mettant sa tasse de thè à la bouche. Très bien, si vous m'assurez ne pas la forcer à se marier, je suppose que nous pouvons préparer son entrée dans le monde.

Sur ces paroles, elle se leva et sortit de la pièce en lançant :

- Vous pouvez sortir de votre cachette maintenant.

Une fois sa mère sortie, Mathilda qui avait entendu toute la conversation cachée dans l'alcôve, s'eclipsa de l'ombre et se jeta au cou de son frère pour l'embrasser sur la joue.

- Merci Ash d'avoir convaincu maman. Je vais avoir ma première saison ! cria-t-elle.

Il la prit par les épaules, la positionnant face à lui, l'oeil faussement sévère.

- On écoute aux portes jeune-fille ?

Elle releva les épaules.

- Il n'y a pas de portes à cette alcôve.

- Et impertinente qui plus est !

Il rit de bon coeur. L'espieglerie de Mathilda lui avait manqué. Cette petite avait toujours eut l'esprit vif et acéré. Il adorait ça.

- Je plains tes futurs prétendants.

- Ash ?

- Quoi ?

- M'emmeneras-tu à la partie de chasse ?

- Je ne crois pas que maman le permettra.

- S'il te plaît.

Elle le regardait de ses grands yeux bleus suppliant auxquels il ne pouvait résister.

- Je verrais ce que je peux faire. dit-il en lui tirant une des boucles qui encadrait son doux visage.

La partie de chasse se déroulait le samedi suivant sur le domaine d'Ashby. Mathilda avait eut le droit de se joindre à eux. Toute la meilleure société du Northampton était réunie. Le défilé de chevaux plus majestueux les uns que les autres était un régal pour les yeux. Tout comme les dames qui rivalisaient d'élégances dans des tenues aux couleurs chatoyantes.

Sophie élégament vêtue d'une tenue Amazone bleue nuit s'approcha d'Ashton. Par pur hasard, il se trouvait que cette couleur était une des préférées d'Ashton.

- Lord Compton. dit-elle en un signe de tête révérencieux.

- Mademoiselle Sinclair. répondit-il. Vous êtes très en beauté.

- Vous trouvez ? dit-elle en passant une main sur les boucles qui encadraient son visage.

Ashton ne sut que répondre à cette inepte question. Il la regarda s'éloigner, satisfaite. Il se demandait comment il était possible de n'avoir que sa seule personne comme centre d'intérêt. Il avait quelque fois tenté d'entamer une conversation mais elle arrivait toujours à tout tourner autour de son nombril. Ses chapeaux, ses robes et ses états âmes le rendait malade.

La chasse battait son plein et Ashton prit, de façon délibérée, un peu de distance. Il aimait ce sentiment de solitude, le vent lui fouettant les tympans, l'enfermant dans une bulle qui l'isolait du monde. Il aimait pousser sa monture au galop, toujours plus vite. Ce goût de la vitesse avait failli lui coûter cher une fois. Il en gardait des douleurs à l'épaule, un miracle pour le médecin, mais cela ne l'avait pas arrêté. Ce sentiment de liberté qui l'habitait était grisant. A ce moment-là, il échappait aux contrôles des conventions. Il bifurqua vers la rivière et ralentit le pas.

Le soleil reignait haut dans le ciel bleu de l'été, parcemé de nuages contonneux. Sa lumière se reflétait sur les feuilles vertes des arbres qui longeaient le lit de rivière. Ils scintillaient. L'eau verte ruisselait entre les rochers. Un bout de bois suivait le courant et s'arrêta entre deux jambes dorées par le soleil. Le regard d'Ashton remonta sur un corps féminin tout en courbes voluptueuses. Une jeune fille rousse était assise là, sur un rocher au milieu du courant, les pieds dans l'eau. Les yeux fermés, sa bouche charnue remuait, abîmée dans une prière silencieuse. Le tableau dégageait une telle intensité qu'Ashton ne respirait presque plus. Des dizaines de papillons blancs virevoltaient autour de la nymphe. La scène avait quelque chose d'irréel, de féerique. Le soleil auréolait sa chevelure lui donnant l'aspect d'une divinité. Ashton se demanda s'il n'était pas victime d'une hallucination. Voilà qu'il voyait une Ondine se matérialiser sous ses yeux, ses longs cheveux roux chatouillant sa chute de rein. Un désir dévorant enflamma ses sens. Il avait parcourut l'Europe d'un bout à l'autre sans jamais trouver créature aussi délicieuse et sans jamais ressentir un désir si puissant.

Comme si elle avait sentit sa présence, elle ouvrit les yeux et les riva à ceux d'Ashton. De là où il était, il ne pouvait pas discerner leur couleur. Il en fut déçu. Elle se leva précipitemment et sautilla de caillou en caillou, sa jupe toujours relevée en un noeud, pour rejoindre la rive opposée. Avec un dernier regard dans sa direction, elle disparut dans les bois.

Ashton fut tiré de sa quasi paralysie par Philippe Tremaine.

- Que fais-tu mon vieux ?

Ashton continuait de fixer le bois, espérant que l'apparition dont il était captif resurgisse.

- Tu as vu quelque chose dans le bois ?

Ashton reprit contact avec la réalité et se tourna vers Philippe.

- Rien, rien du tout.

Ils rejoignirent les autres en silence. Ashton se trouvait chamboulé par cette rencontre fortuite. Il mourait d'envie de connaître le nom de la belle.

La fin de la partie de chasse sonnait le début du buffet en plein air, organisé par Vanessa. Les convives pouvaient se désaltérer de champagne ou de vins, manger du poulet, des roulés aux saucisses, des tourtes et des fruits.

Beckie avait réussi à se faufiler parmi les invités et observait avec attention Sophie et Ashton. Philippe Tremaine s'approcha d'elle et la bouscula doucement d'un coup d'épaule. Elle le regarda de son œil espiègle.

- Lady Sophie mériterait une bonne fessée, vous ne trouvez pas ? Peut-être se montrerait-elle plus aimable après.

Philippe Tremaine la regarda les yeux écarquillés, surpris par la verve de la jeune fille.

- Beckie, si jamais votre maman vous entends parler comme ça...

- Oui, je sais, mais cela n'en reste pas moins vrai.

Philippe pour toute réponse, laissa s'échapper un rire qui se communiqua à la petite sœur d'Ashton.

Ashton, lui, bien décidé à courtiser Sophie Sinclair, se tenait à ses côtés.

- Il fait si chaud, n'est-ce pas Lord Compton ? l'interpella Sophie en lui attrapant le bras. Il me faudrait une ombrelle, sans quoi ma peau risque de brunir.

Elle attendait visiblement une réaction de sa part mais il était bien en peine de savoir laquelle. Il la regarda indifférent, sa beauté lui paraissait soudain fade comparée à la jeune fille de la rivière.

Les mains sur les hanches, comme la petite fille capricieuse qu'elle était, elle commanda :

- Lord Compton, voudriez-vous bien me chercher une ombrelle ?

Ashton la regarda sourcils levés. Le prenait-elle pour son valet ? Il faillit répliquer mais se ravisa, ne voulant pas être impoli. Il s'éloigna pour demander à une domestique de récupérer une ombrelle. Une fois fait, il lui tendit l'objet et la laissa plantée au milieu de la cours enfin protégée du soleil.

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