Chapitre 5

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- Non !

- Allons Gabie, toutes les jeunes filles sont ravies de faire leur saison à Londres, essayait de la convaincre la Vicomtesse.

- Et de parader comme des bêtes de foire, je n'en crois rien...

- Gabie.

Elle s'assit sur la dernière marche de l'escalier, la tête entre ses poings, boudeuse.

- De toute façon, je n'ai rien à offrir sur le marché du mariage, alors...

Sa tante prit place à côté d'elle et lui caressa les cheveux.

- N'avez-vous pas envie de vous amuser avec des jeunes gens de votre âge ? Ici, vous n'êtes entourée que de vieux barbons.

- Eh bien, je ne sais pas comment je dois le prendre. Je viens juste d'avoir trente ans, je vous signale. dit Emma qui traversait le couloir.

Gabrielle éclata de rire et les deux femmes la suivirent dans sa joie communicative.

- Allez, Gabie, écoutez votre tantine, une saison peut-être amusante, surtout avec une meute de jeune loups affamé de chair fraîche.

- Emma ! s'insurgea la Vicomtesse.

Emma se figea, tout à coup, elle peina à respirer. Gabrielle se leva et lui positionna les mains dans le dos et sur la poitrine. Gabrielle l'avait déjà vu plusieurs fois entrer en transe médiumnique, mais rarement sans le contrôler comme aujourd'hui. La voix d'Emma changea de tonalité, se fit plus caverneuse.

- Fais attention au loup jaune, il est dangereux.

Elle toussa de nouveau et retrouva son état normal. Son regard redevint celui d'Emma Hardinge. Gabrielle frissonna, un courant d'air venait de traverser la pièce.

Chez les Compton, l'ambiance prenait des airs de tumulte. Mathilda se noyait dans l'amoncellement de tissus qui constitueraient sa garde-robe pour sa première saison.

- Mathilda Compton, cessez cette agitation, vous me donnez mal à la tête. disait Vanessa les doigts sur ses tempes.

- Oh, mais je suis trop excitée maman !

- Je ne vois pas ce qu'il y a d'excitant à trouver un mari. dit Rebecca.

- Tu n'as que quinze ans Beckie. Tu es trop jeune pour comprendre.

- Ou trop intelligente pour tomber dans le piège. dit-elle en lui tirant la langue.

- Rebecca, gronda sa mère, en voilà des manières.

Ashton et Bastien entrèrent à ce moment-là. Ashton jeta un regard circulaire dans la pièce où se juchaient, sur les fauteuils, des carrés de soie, de taffetas, de velours, des dentelles traînaient même sur le sol.

- Mais que s'est-il passé ici ?

Vanessa lui sourit.

- Votre sœur a visiblement besoin de plus de robes qu'elle ne pourra en porter.

Il leva un sourcil interrogateur sur sa sœur.

- Oh Ash ! Il faut bien que je vous fasse honneur, n'est-ce pas ?

Il lui prit la main et lui embrassa le bout des doigts.

- C'est déjà le cas, pas besoin de dilapider ma fortune pour ça.

Pour toute réponse, elle lui jeta un bout de tissu au visage.

Ashton et Bastien partirent l'après-midi même direction Eton où Bastien devait effectuer sa rentrée. Cela permettait à Ashton de rejoindre Londres un peu avant ces dames et de s'occuper de réintégrer son siège à la chambre des Lords. Sa place était héréditaire et il se devait de l'investir. Lorsqu'il pénétra dans le palais de Westminster, sous le dôme de l'entrée, Ashton fut submergé par un sentiment de grandeur qu'il ne pouvait effleurer, il se sentait la proie d'un vertige étourdissant. Ses pas résonnèrent sur le marbre jaune, il emprunta le couloir des pairs. Il salua ceux qui étaient assis là sous les peintures relatant l'histoire d'Angleterre. Il franchit le seuil de la porte ancestrale, traversée par tant de monde avant lui. Le hall des Lords vivait des allées et venues. Les voix retentissaient sur les parois de pierres blanches. Le Vicomte Woodville, Lord Sinclair, le salua et l'invita à se joindre à lui. Ils entrèrent côte à côte dans l'imposante salle de la chambre des Lords. Les hautes fenêtres laissaient entrer des rayons de lumière qui donnait au tableau quelque chose de fantastique. Ashton ne se montrait jamais impressionnable, mais il devait bien se l'avouer, il se sentait médusé. Il avait l'impression d'être un jeune garçon lors de sa première entrée à Eton. lI prit place sur le fauteuil de cuir rouge. Les discussions allaient bon train sur les tensions qui agitaient les Balkans. La Moldavie et la Valachie étaient occupées par les Russes depuis le début de l'été et cela déclenchait sur la scène internationale un vent de panique face à l'expansionnisme russe. Le Parlement anglais dans son ensemble se demandait quelle attitude tenir. Ashton prenait la mesure des responsabilités que représentait son rôle. La charge des enjeux, auxquels il devrait faire face, se déposa avec lourdeur sur ses épaules.

Il habitait depuis quinze jours à Londres et pourtant, c'était le premier soir où il décidait enfin de se rendre chez Léa Hewitt, une brune sulfureuse de dix ans son aînée dont il avait fait sa maîtresse trois ans plus tôt. Un peu avant de partir pour son tour d'Europe. Il lui envoya un mot pour lui annoncer sa visite. Depuis des semaines, il vivait rongé par le désir lancinant de la belle rousse de la rivière. Ce soir, il souhaitait se la sortir de la tête et Léa devrait être une distraction suffisante. Elle était une actrice sur le déclin rencontrée grâce à Philippe, qui fréquentait une de ses amies, à Vauxhall. Elle logeait dans une petite maison à Kensington. Il monta les marches et frappa à la porte. Elle l'accueillit dans le déshabillé bleu nuit qu'il lui avait fait envoyer d'Italie. Elle se jeta à son cou, l'embrassant langoureusement à pleine bouche.

- Ashton, tu m'as manqué ! J'ai bien cru me rendre chez toi ! Quinze jours que tu es à Londres et tu ne daignes venir que maintenant ?

Ashton s'installa, silencieux, sur un fauteuil, croisant ses pieds sur la table basse. Il savait bien ce qui l'avait retenu jusque-là, mais ne voulait pas s'épancher sur la question. Il espérait juste se prouver qu'il pouvait se défaire du désir qui hantait ses nuits depuis des semaines.

Léa vint se percher sur ses genoux lui tendant un verre de cognac.

- Tu es bien soucieux. Tu as des ennuis ?

- Non, dit-il en faisant remonter sa main sur sa poitrine.

Il but une gorgée de cognac tout en titillant le mamelon de Léa entre son pouce et son index. Elle ferma les yeux, gémissante et ouvrit le noeud de son déshabillé qui tomba sur ses hanches. Ses seins généreux s'offraient à Ashton sans pudeur. Il se réconforta de réagir à leur vue.

Il positionna Léa à califourchon sur ses cuisses, défit son pantalon et la pénétra avec force. Il ferma les yeux. Le visage de sa nymphe rousse s'y incrusta. Il redoubla d'ardeur, fantasmant sur ses jambes dorées, sa chute de reins qu'il rêvait d'appuyer contre lui, sur le goût de ses lèvres sucrées. Il trouva l'extase dans son image. Quand il eut fini, Léa souriait aux anges.

- Eh bien, il faut croire que moi aussi je t'ai manqué.

Il se releva, se rajusta, lui embrassa la joue et sortit sans autre cérémonie. La seule chose qu'il avait réussit à se prouver était son obsession.

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