Chapitre 13

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Le lendemain, Vanessa entra dans le cabinet d'Ashton.

- Ashton ? Puis-je vous parler ?

- Bien sûr maman, venez vous assoir.

Elle prit place sur le fauteuil en face de lui.

- Je ne voudrais pas m'immiscer dans vos affaires, mais que se passe-t-il avec Mademoiselle Standford ?

Il releva la tête.

- Que...

- Ashton, je vous ai élevé comme mon fils, vous êtes mon fils. Je vous connais par cœur. Croyez-vous que j'ai manqué la façon dont vous la regardez ? Et Sophie est très contrariée.

- Peut-être, mais... Je ne sais pas. Perdre le soutien de Sinclair risque de me faire perdre la main à la chambre des Lords. J'ai terriblement besoin de son aide pour entériner cette loi. Pourtant, Sophie est loin d'être celle que je croyais. Je ne sais plus quoi penser.

- Si votre père était là, il vous dirait que vous vous trompez. Vos parents ont été mariés contre leur gré et cela ne leur a apporté que du malheur. Votre père car il ne pouvait la rendre heureuse et elle parce qu'elle avait donné son cœur à un autre.

- Ce n'est pas tout à fait pareil, eux n'ont pas eu leurs mots à dire. Sophie, elle, n'attend que ça.

- Et ne croyez-vous pas qu'un jour, elle se réveillera de ses illusions ? Que pensez-vous qu'il restera à ce moment-là ? L'amertume Ashton, l'amertume et le dégoût. Et vous Ashton, vous trouverez du réconfort dans les bras d'une maîtresse ? C'est ce genre de mariage que vous souhaitez ? C'est l'exemple que vous voulez donner à vos futurs enfants.

Ashton se tut. Ses paroles diffusaient l'accent cruel de la vérité. Mais s'il n'épousait pas Sophie, il ne pouvait pas non plus être question de Gabrielle. Il la désirait, mais il ne s'agissait que de concupiscence. Non, s'il se montrait un peu honnête avec lui, son obsession s'ancrait bien plus profonde qu'il ne voulait se l'avouer.

Vanessa le regardait avec tendresse laissant ses paroles s'infuser dans son esprit.

- Il faut que je réfléchisse à ce qu'il y aura de mieux pour le marquisat.

Les boucles blondes de Vanessa s'agitèrent autour de sa tête en signe de contestation.

- Ce qui sera le mieux pour vous sera le mieux pour le marquisat.

Elle se leva sans insister plus et ne revint pas sur la question de Gabrielle.

Les invités s'apprêtaient à partir, la valse des malles qui se croisaient en témoignait. Ashton discutait avec Henry, le valet de Lady Standford, qui bridait Zoé, la jument de Gabrielle. Lord Sinclair s'approcha.

- Compton ! Une belle bête dites-moi, un magnifique camarguais.

- Je ne vous savais pas connaisseur Lord Sinclair.

- Une de mes passions de jeunesse. C'est un point commun avec ma fille.

Ashton ne répondit pas.

- Il ne faudra plus tarder Compton. Ma fille a été suffisamment patiente.

Il frappa du plat de la main l'épaule d'Ashton à deux reprises.

- N'oubliez pas non plus que mon soutien vous sera acquis. Votre projet de loi n'aboutira que si je vous appuie.

Ashton détesta le sous-entendu. Il étudia l'homme qui s'éloignait et remontait les escaliers de l'entrée d'Ashby pour y rejoindre sa femme et sa fille. Sophie croisa son regard et lui sourit. Elle possédait l'étoffe d'une marquise, mais le cœur sec d'une statue de marbre. Sa mère avait vécu le cœur asséché, et ils avaient caché sa déchéance au monde pour ne pas attiser le scandale. Il ne pouvait pas se permettre de revivre un tel drame. Bien sûr, Sophie ne ressemblait pas à sa mère, elle s'aimait bien trop pour nuire à sa propre vie, de cela, il ne doutait pas. Mais la vie qu'il se rappelait, entourée de Vanessa et ses frères et sœurs, lui avait appris que l'amour cimentait la famille. Avec Sophie, il devinait que les pierres de sa maison ne reposeraient sur aucun liant et pourrait s'écrouler au moindre vent. Il ne savait plus quoi penser, mais il prophétisa qu'il n'épouserait pas Sophie Sinclair peu importe les conséquences. Il repéra Beckie, un crayon dans les cheveux et des livres plein les bras, qui avançait sur lui. Lady Standford et Gabrielle arrivèrent à sa droite.
- Lord Compton, salua Lady Standford. Nous vous remercions de votre hospitalité. Nous avons passé un agréable week-end ma nièce et moi.

Ashton s'inclina alors que Gabrielle se précipitait vers Beckie qui manquait perdre son fardeau en chemin.

- Le plaisir était pour moi Lady Standford. dit-il en se tourna vers les deux jeunes-filles.

Gabrielle s'était chargée de livres.

- Ashton, peux-tu débarrasser Mademoiselle Standford s'il te plaît. dit Beckie.

Ashton prit les ouvrages des mains de Gabrielle qu'il caressa sans le vouloir au passage. Ce simple contact les électrisa. Après un furtif regard échangé, ils tournèrent tous les deux leurs yeux dans une direction opposée.

Beckie les observait avec acuité.

Lady Standford monta dans sa berline alors que Gabrielle enfourchait Zoé. Elles prirent congé et avancèrent dans la grande allée d'Ashby. Ashton resta les yeux rivés dans le dos de Gabrielle, admirant le rebond de ses fesses sur la selle.

- Voilà qui est intéressant. dit Beckie.

Ashton détacha son regard de la silhouette qui s'éloignait, pour porter son attention sur sa jeune sœur.

- Quoi donc ?

- Toi et Mademoiselle Standford.

Comme il ne répondait rien, elle continua.

- Vous formeriez un bien joli couple si tu veux mon avis. Bien mieux assorti que celui que tu formerais avec Sophie Sinclair.

Il sourit à l'analyse de sa sœur qui contre toute attente se montrait plus que perspicace. Cette petite l'étonnerait toujours.

- Et d'où te vient cette certitude.

- Oh ! Il suffit souvent d'observer Ashton.

- Si tu veux mon avis, tu es bien trop jeune pour observer de telles choses.

Elle n'eut pas le temps de répliquer. Philippe Tremaine se présenta dans un nuage de poussière sur son étalon alezan.

- Tu viens faire un tour Ashton.

Il s'inclina devant Beckie et lui rendit ses ouvrages.

- Tu m'excuseras, mais nous devons remettre cette conversation à plus tard. Attends-moi là Philippe.

Une fois Ashton en direction des écuries, Philippe sauta de son cheval.

- Je vous aide petite souris. dit-il en lui prenant ses ouvrages des mains.

- J'aurais très bien pu me débrouiller toute seule.

Elle attrapa la bride du cheval pour le promener avec eux.

- Excusez-moi d'être un gentleman, mais j'adore aider les petites souris.

- Arrêter donc, je ne suis pas une petite souris. Et rendez-moi mes livres. dit-elle en tentant de tirer les manuscrits des mains de Philippe.

Fâchée de ne pas y arriver, elle pesta des insultes entre ses dents.

- Comment ? Je n'ai pas bien compris ? dit Philippe en se moquant.

Cette fois, elle partit au pas de charge, le plantant au milieu de la cours. Quand elle entra dans la maison, elle entendait encore le rire de Philippe Tremaine.

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