Chapitre 15

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Maintenant que le duc vivait chez elles, le salon ne désemplissait pas. Les mères, accompagnées de leurs filles venaient d'un coup saluer soit Lady Standford soit Gabrielle. Celle-ci se découvrit des amies inconnues jusqu'alors. Gabrielle s'amusait beaucoup de ce manège. Louis, lui, paraissait blasé et désintéressé devant ce déballage de chair fraîche jusqu'à ce que Sophie Sinclair fasse son apparition. A priori, la mère de celle-ci ne disposait d'aucun scrupule et espérait sans doute garantir, en l'absence de demande du Marquis de Northampton, une haute alliance pour sa progéniture. Sophie, elle, lui emboîtait le pas, nourrit par une curiosité dévorante. Louis possédait un faible pour les blondes aux yeux bleus et la jeune femme s'avérait plus qu'à son goût. Il s'approcha de Gabrielle.

- Comment se nomme la jeune fille blonde qui vient d'arriver ?

- Sophie Sinclair, la fille du Vicomte de Woodville et la fiancée de Lord Compton.

- Oh ! N'avez-vous pas dit presque fiancée ?

- C'est exact.

- Presque me convient.

Il s'approcha de Sophie et sa mère et entama la conversation. Sophie tourna la tête vers Gabrielle et lui lança un regard froid, hautain et victorieux.

Le lendemain, le duc décida de faire un tour à cheval dans Hyde Parc. Gabrielle l'accompagna. Le destin faisant bien les choses, ou la manipulation féminine, ils y rencontrèrent Sophie et sa mère. Ils se promenèrent donc tous les quatre. Sophie et Louis semblaient s'entendre.
Le fait n'échappa pas à Ashton qui se promenait avec Vanessa et Mathilda. Gabrielle et maintenant Sophie, ce duc français commençait sérieusement à prendre trop de place. Non pas qu'il jalousait les prétendant de Sophie, mais il semblait que le duc de Laval jetât son dévolu sur tout ce qui le concernait. Mathilda repéra Gabrielle et l'appela de grands signes de la main. Vanessa la rabroua.

- Mathilda Compton, voulez-vous bien vous comporter en adulte ?

- Pardon maman, je voulais juste que Gabrielle nous voie.

- Et bien, je crois que c'est réussit.

Gabrielle avançait vers eux. Ashton sourit de la voir monter comme il l'avait déjà vu faire, comme un homme.

- Lord Compton, Lady Compton, Mathilda. Je suis heureuse de vous voir.

- Je voulais savoir si vous étiez invitée au bal masqué de Lady Mac Cabe ?

- Oui, nous avons reçu l'invitation.

Le duc s'approcha de la petite troupe.

- Votre Grâce. Dirent-ils en cœur.

- Lord Compton, lady Compton.

- Vous ne connaissez pas ma fille, je crois. dit Vanessa.

- Je n'ai pas ce plaisir. dit-il en regardant la jeune fille en face de lui. Un petit bout de femme à peine sortie de l'enfance, pensa-t-il.

- Mathilda, le duc de Laval.

- Enchantée. répondit Mathilda.

- Tout le plaisir est pour moi Lady Mathilda.

Lady Sinclair postée derrière le duc avec Sophie s'adressa à Ashton.

- Lord Compton, j'espère que votre projet de loi sur le divorce reçoit un bon accueil du parlement.
Gabrielle tourna la tête vers Ashton, le regard intéressé.

- Malheureusement Lady Sinclair, beaucoup de mes pairs semblent ne pas vouloir octroyer à leur moitié ne serait-ce qu'un brin de liberté en ce qui concerne le divorce.

Ashton était donc engagé pour le droit des femmes, pensa Gabrielle. Voilà qui la surprenait et l'intriguait à la fois. Ashton se dévoilait être davantage complexe qu'il n'y paraissait. Derrière ses airs d'aristocrate imbu de lui-même et coureur de jupon, se cachait le petit Ashton blessé, qui déployait des trésors de protection pour sa famille et ne craignait pas de s'attaquer, envers et contre tous, à un sujet plus que tabou dans cette société hypocrite.

- Sans doute ont-ils trop peur que leurs dames quittent le foyer dès lors la loi promulguée. dit-elle d'un air moqueur.

Ashton rit à son trait d'esprit. Ils se regardaient comme s'ils se trouvaient seuls, enfermés dans une bulle d'intimité. La voix nasillarde de Lady Sinclair les tira de leur état égaré.

- Mon époux saura vous aidez en temps voulu.

- Oui, mon père, et vous le savez, vous soutiendra et fera jouer ses connaissances dès lors que nous serons fiancé. surenchérit Sophie.

Ashton serra les mâchoires, mais ne répondit pas. Il ne pouvait acquiescer à la tirade de Sophie sans que cela n'apparaisse comme une demande.

- J'espère que votre père saura soutenir une cause juste sans en arriver à un insultant et indigne chantage.

Sophie ravala son sourire, comme Gabrielle qui détourna la tête pour cacher son rictus contenu. Lady Sinclair hoqueta, mais resta muette. Ashton fit un signe de tête de remerciement au duc de Laval qui osait professer tout haut ce qu'il pensait tout bas. Le petit groupe, se sépara sans plus rien ajouter.

Lorsqu'ils rentrèrent en fin d'après-midi, Adrian Pelham attendait dans le salon avec la Vicomtesse.

Louis et Gabrielle se joignirent à eux pour prendre le thé. Adrian impatient, prit la parole.

- Gabrielle, j'ai demandé la permission à la Vicomtesse de pouvoir vous parler seul à seul.

Gabrielle se doutait de quoi il s'agissait et fut tenté de refuser, mais elle n'en eut pas le temps.

- Et de quoi je vous pris ? demanda Louis.

- Et bien...

- Et bien ?

- Disons que je préférerais en discuter d'abord avec Gabrielle.

- Avec Mademoiselle Standford vous voulez dire ?

- Oui bien sûr, avec Mademoiselle Standford. répondit Adrian penaud.

Gabrielle bloqua le fou rire qui risquait de sortir en faisant un drôle de bruit de gorge.

- Pensez-vous que votre petite baronnie soit suffisante pour Mademoiselle Standford ?

Adrian avait les yeux injectés de sang. Il était furieux, mais tentait de faire bonne figure.

- Il me semble compte tenu...

- Compte tenu ?

- Des circon... Circonstances, je veux dire.

- Vous voulez dire ?

Gabrielle trouva que son frère allait trop loin.

- Il suffit, s'interposa-t-elle.

Les deux hommes tournèrent leurs regards vers elle.

- Adrian, dit-elle, je crois savoir ce qui vous amène. J'en suis très honorée, mais je me vois dans l'obligation de vous refuser.

Adrian ne dit rien, mais les éclairs que lançaient ses yeux en parlaient d'eux-mêmes. Louis ne put s'empêcher de sur-enchérir.

- Sachez Lord Adrian que jamais Gabrielle ne sera l'épouse d'un petit baronnet. Elle peut prétendre à bien plus haut. Le marquis...

Adrian se leva d'un bond, le visage tordu de rage.

- Croyez-vous que le Marquis de Northampton se contentera de vos restes ?

- Comment ? répondit le duc en avançant dangereusement sur Adrian. Sortez !

Adrian ne semblait pas vouloir bouger. Il regardait la Vicomtesse et Gabrielle cherchant un soutien même infime.

- Je vois tout à fait quel genre d'homme vous êtes Pelham. Un vermisseau, un parasite, je ne veux plus vous voir tourner autour de mademoiselle Standford, sinon vous aurez affaire à moi.

- Duc ou pas duc, vous me paierez cet affront Laval.

Il sortit de la pièce en deux enjambées. Un silence pesant s'abattit. Lady Standford prit la parole en premier.

- Vous êtes sûr de ce que vous faites mon neveu ?

- Oh oui ! Ma tante.

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