Chapitre 21

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Louis et Ashton chevauchaient côte à côte en silence. Ils se dirigeaient vers le port de Londres. Ashton savait où trouver sa sœur. La fugueuse pensait pratique de pouvoir s'enfuir avec Philippe Tremaine. Il espérait que son ami ne cède pas à son caprice. Mathilda pouvait être des plus persuasives. Louis réagissait avec un flegme étonnant à la sottise de sa sœur. Alors qu'il était en droit de rompre les fiançailles voir même d'annuler les siennes avec Gabrielle, il préférait retrouver sa promise et la traîner devant l'autel. Bien qu'il acceptait ce mariage comme la meilleure solution, Ashton n'estimait pas pouvoir se réjouir.

Si Mathilda n'apparaissait pas ce soir, le scandale risquait d'être retentissant. Et cette fois, sa réputation ne s'en remettrait pas. Tout à ses pensées, Ashton ne se rendit pas tout de suite compte qu'un cheval avançait vers eux au galop. Ashton et Louis ralentirent leur cadence comme le cavalier face à eux qui se révéla être Philippe Tremaine transportant Mathilda. Ashton crispa les mâchoires à la vue de sa sœur appuyée contre le torse de son ami.

- Nous allions justement à votre rencontre Lord Tremaine. Je vois que le destin fait bien les choses. dit le duc.

Philippe baissa les yeux sur Mathilda. Elle gardait le visage fermé et s'évertuait à ne regarder ni son frère ni le duc.

- Lady Mathilda, il me semble que vous me devez une explication. continua le duc.

Elle tourna d'abord ses yeux bleu céleste voilés d'une tristesse amère vers Ashton, évitant à dessein le regard glacé de l'homme qui devait devenir son mari et qui faisait vaciller son assurance.

- Mathilda ?

Le duc descendit de son cheval et se rapprocha de Mathilda. Il tendit sa main pour l'aider à descendre de l'étalon de Philippe Tremaine. Elle observa cette main tendue comme un dernier affront à sa rébellion ratée. Elle daigna enfin croiser le regard du duc. Il restait coupant, en homme habitué à être obéit, mais elle repéra une infime lueur de doute qui polissait la sévérité qu'il dégageait. Ce petit doute la poussa à tendre la main et à poser sa paume sur celle de Louis. Il lui sourit avec une sincérité craintive. Une fois Mathilda sur la terre ferme, il se tourna vers Ashton.

- Pouvez-vous nous laisser seuls ?

- Je ne crois pas...

- Il est important que je puisse parler à ma future fiancée. Vous pouvez partir devant, nous vous suivrons et ne resterons pas bien loin.

Ashton hésita avant de donner son accord. Philippe et lui partirent donc devant, laissant une Mathilda apeuré par cette soudaine intimité.

- Mathilda...

Elle le regarda avec de grands yeux.

- Je peux vous appeler Mathilda ?

Sans attendre sa réponse, il enchaîna.

- M'épouser vous semble un si grand supplice ?

- J'aurais voulu...

- Un mariage d'amour ?

- Oui.

-  Vous êtes bien innocente de croire que l'amour est le seul ciment du mariage. Rassurez-vous, même si le nôtre ne sera pas un mariage d'amour, je ne suis pas un monstre. Vous aurez mon respect.

- Tout dépend ce que vous entendez par respect. Est-ce que cela inclut la fidélité ?

Il la fixa un instant jugeant quelle pouvait être la meilleure réponse. Il n'arrondissait jamais les angles, mais cette fois s'avérait différente. Il restait un scandale à éviter.

- Je peux vous jurer que jamais vous ne serez humiliée par la présence d'une maîtresse.

Mathilda sembla surprise de sa réponse. Le duc, comptait-il tenir cette promesse ? Elle n'en savait rien, mais l'entendre paraissait être tout ce qu'elle pouvait espérer de mieux. Il lui prit le bras et l'attira vers son cheval.

- Je sais que je n'ai pas pris le temps de vous courtiser, mais un scandale devait être évité...

- Je sais...

Elle dégagea son bras de son emprise, avança sur le chemin, le devançant de quelques pas. Il la regarda s'éloigner dans son grand manteau de laine, les épaules voûtées par le chagrin. Les bords de sa robe blanche virevoltaient sous ses pas rageurs, tâchés de boue. Il savait qu'il ne la rendrait pas heureuse, il n'était pas doué pour ça. Il devinait qu'elle possédait la trempe de devenir la duchesse de Laval, la trempe de supporter la tiédeur d'une union sans sentiments. Il la ferait mère, il l'épousait dans ce but, elle devrait se contenter des enfants. Il se découvrit le cœur lourd de l'égoïsme qui compressait sa poitrine. Sans réfléchir, il attrapa son poignet et la retourna vers lui, l'écrasant contre son torse. Il l'embrassa, d'un baiser trop brutal pour cette bouche innocente. Il la sentit se raidir contre lui. Il plaqua sa paume sur sa nuque réduisant encore l'espace entre eux. Elle attaqua son thorax de coup-de-poings frénétiques. Il lui bloqua ses membres remuant d'une main derrière son dos. Elle marmonna contre ses lèvres d'arrêter, ouvrant suffisamment la bouche pour qu'il la pénètre de sa langue. Il tira sur ses cheveux pour l'obliger à pencher la tête en arrière, lui offrant ainsi un accès profond pour percer les saveurs de cette bouche inexplorée. Un frisson étrange et capiteux la parcourrait. Sans s'en apercevoir, elle se détendit et céda à la tentation de coopérer à la danse indécente de leurs langues. Louis s'arracha à regret des lèvres de sa fiancée.

- Ce mariage ne devrait pas être si désagréable après tout.

Elle rougit jusqu'à la racine de ses cheveux, se retourna pour cacher son embarras. Un malaise qui venait du plaisir partagé avec lui. Une caresse trop intime, balayant la défiance construite contre cet homme. Finalement, il l'aida à monter sur le dos de son étalon et l'enserra de ses deux bras pour tenir les rênes. Ainsi enlacés, ils rejoignirent Ashton et Philippe.

Vanessa accueillit sa fille dans un mélange de soulagement et d'irritation pincée.

- Regarde-toi ! Les invités seront là dans moins d'une demi-heure, il faut au moins te recoiffer.

Elle attrapa la main de sa fille et la tira dans les escaliers, laissant les autres dans le hall d'entrée. Ashton n'avait d'yeux que pour Gabrielle, plus belle que jamais dans sa robe vanille aux volants verts canard. Il embrassa sa joue caressant ses bras dénudés avec tendresse. Dans trois semaines, elle deviendrait sa femme et il pourrait sans avoir à se cacher, lover son corps contre le sien.

- De toutes les fiancées que j'ai vues, vous êtes de loin la plus jolie.

Gabrielle sourit à son compliment.

- Il est vrai que la mienne est complètement échevelée. dit Louis.

Philippe partit d'un grand rire, coupé net par la petite voix corrosive de Rebecca.

- Et vous trouvez ça drôle ? Le triste destin de ma sœur ne peut être un sujet de plaisanterie ! Ne voyez-vous pas qu'elle ne veut pas se marier, en tout cas pas avec cet homme-là.

Tous la regardaient les yeux écarquillés devant l'effronterie dont elle témoignait.

- Compton, vos sœurs, se montrent féroces derrière leur visage d'ange. réagit le duc.

- Beckie, si maman t'entendait t'adresser au duc de cette façon...

Le bruit de roue et le claquement des fers sur le parvis stoppèrent la discussion.

- Vos invités arrivent. dit Philippe. Je dois vraiment partir. Cette histoire m'a mis très en retard. Tous mes vœux de bonheur aux heureux fiancés.

Son regard se baissa sur Rebecca qui reniflait de mépris à ses félicitations, les bras croisés sur sa poitrine.

- Je plains celui qui vous donnera son cœur. dit-il en tapotant l'épaule de la jeune-fille.

Sans autres mots, il prit congé laissant ses amis réceptionner leurs invités.

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