Chapitre 7

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- Et voici donc le petit Louis Mathieu, dit Lady Wimbourne. Et bien vous ne pouvez pas le renier mon neveu.

- Vous trouvez ?

- Assurément.

- Sa grâce est au courant de votre venue ?

- Non, Mathieu réclamait trop sa mère. Je ne pouvais faire autrement que venir et puis, dans une semaine c'est Noël.

Rebecca entra dans le salon et stoppa net. Elle mit quelques temps à réagir, Louis son beau frère, le duc de Laval était accoudé à la cheminée. Lady Wimbourne assise face à lui tenait sur ses genoux le petit Louis Mathieu. Aussi blond que ses parents, le regard bleu nuit de son père, il était le portrait de son géniteur. Le coeur de Rebecca se contracta devant son neveu qu'elle voyait pour la première fois. Elle plongea dans une courte révérence.

- Votre grâce, quelle surprise !

Louis ne sembla pas la reconnaître.

- Je suis Rebecca.

Louis étira un sourire et s'approcha de Rebecca, lui faisant un baise main en bonne et due forme.

- Vous voilà grandie ! Je ne vous aurais pas reconnu.

Il se tourna vers son fils.

- Venez Mathieu dire bonjour à votre tante.

Le petit garçon obéit et pencha son buste en avant pour saluer Rebecca dans un geste un peu surfait. Elle s'agenouilla pour se mettre à son niveau et l'embrassa sur la joue.

- Bonjour, Mathieu. Je suis tellement contente de faire ta connaissance.

Elle se releva le prenant dans ses bras et le serrant contre sa poitrine.

- Mathilda ne nous avait pas dit que vous veniez ?

- Je m'en doute, elle n'est pas au courant.

- Ah...

Rebecca trouva la situation étrange. Pourquoi n'avait-il pas informé Mathilda de sa venue ? Pour la surprendre ? Cela ne ressemblait pas à ce qu'elle connaissait du duc de Laval. En tout cas, elle se réjouit d'avoir pu enfin rencontrer son neveu. Les fêtes de Noël verraient donc la famille Compton réunie au complet.

- Ma tante m'a dit que vous partiez demain pour Ashby ? Nous ferons donc le chemin ensemble.

- C'est une bonne idée.

Personne n'attendait le duc de Laval et surtout pas Mathilda. Quand elle vit son mari, elle resta prostrée comme devant un fantôme, une sensation froide lui irisa les poils du bras.

- Maman.

Le petit garçon blond courut vers elle, elle s'accroupit pour le cueillir dans le creux de ses bras, les larmes au bord des cils. Maintenant qu'elle le tenait contre elle, elle se dit qu'elle avait été folle. Elle n'aurait plus le courage de le quitter. Elle leva les yeux vers son mari qui la regardait avec gravité, les mains derrière le dos. Il s'approcha et lui tendit une main pour l'aider à se relever. Elle considéra la main tendue quelques instants avant de poser la sienne sur sa paume pour se soutenir.

- Madame, lui dit-il.

Elle ne répondit pas, se contentant de l'observer entre ses cils, attendant la remarque acerbe qui ne vint pas. Vanessa apparut dans le hall d'Ashby.

- Votre grâce, nous sommes heureux de vous accueillir à Ashby. Vous auriez dû nous prévenir. Et voilà, mon petit Mathieu, dit-elle en caressant la joue de l'enfant qui se lovait contre sa mère. Il vous ressemble votre grâce.

- Il paraît oui.

- Si cela ne vous dérange pas, pour cette nuit, vous partagerez la chambre de votre épouse. Lady Wimbourne, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous.

- Le plaisir est pour moi Lady Compton.

- Rebecca n'est pas avec vous ?

- Elle a fait un détour par les écuries.

Gabrielle arriva à son tour.

- Louis, mais quelle surprise !

Elle jeta un oeil à Mathilda qui gardait une mine contrite.

- Et voilà mon cher neveu, dit elle en s'avançant vers Mathilda.

Elle lui tendit les bras et il enfouit la tête dans le cou de sa mère.

- Il est timide.

- Ce n'est pas grave. Et bien, au moins nous serons tous réunis pour Noël, c'est une très bonne nouvelle. Et Georgie va avoir un ami avec qui s'amuser.

Une fois dans l'intimité de leurs chambres, Mathieu remis à sa nourrice et à la nursery, Mathilda questionna son époux.

- Que faites-vous là ?

- Vous ne m'avez guère laissé le choix madame.

Mathilda s'assit à sa coiffeuse aussi tendu que la corde d'un arc, prête à craquer.

- Je ne reviendrais pas sur ma décision Monsieur.

Elle avait dit cela d'un seul souffle, le dernier mot coincé dans sa poitrine. Louis se tenait derrière elle. Il regardait le sol. Lorsqu'il leva la tête, il la contempla au travers du miroir. Elle avait les traits fermés, comme toujours. Il savait qu'elle n'avait jamais été heureuse à ses côtés. Il en était responsable, il n'avait rien fait pour qu'elle le soit. Ashby était le dernier endroit qui avait vu son visage s'illuminer. Depuis, elle errait dans sa propre vie.

- Vous ne m'avez pas laissé le temps de vous expliquer...

- Ce ne sera pas utile Louis.

La froideur de son ton ne l'engagea pas à poursuivre. Peut-être était il trop tôt ? Ou trop tard ? Ces semaines de séparation lui avaient permis de se rendre compte, contre toute attente, qu'elle lui manquait autant qu'à leur fils. Ce semblant de vie de couple gardait un intérêt à ses yeux. Il revenait aujourd'hui pour faire ce qu'il avait négligé il y cinq ans. A l'époque, son orgueil l'en avait empêché, ou peut-être était-ce sa peur ? Il était bien décidé à courtiser sa femme. Il devrait être patient, il le savait. Mais il voulait offrir à son fils un foyer aimant et non pas l'absence de chaleur, l'absence d'une mère. Ce genre de foyer déviant, il le connaissait pour l'avoir expérimenté dans son enfance. Pour le moment, il se plia à sa volonté, alors, il s'inclina et sortit de la chambre.

Une fois la porte refermée, elle posa sa tête contre ses paumes et laissa son chagrin se déverser. Des coups retentirent. Mathilda sécha ses larmes et Rebecca entra. Son visage semblait trop chiffonné pour que Beckie ne s'aperçoive de rien.

- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

- Rien.

- Je te connais trop Mathilda, alors ?

- Il se passe que... Que... Je le quitte...

Rebecca resta un instant interdite. Elle regarda les yeux ternes de sa soeur, sa bouche figée de contrariété. Elle ne respirait pas le bonheur. Mais quitter son mari et son fils, ne ressemblait pas à la femme qu'elle connaissait. Elle posa une main sur son épaule.

- Je ne comprends pas.

- Toi plus qu'une autre, tu devrais me comprendre. Je ne peux plus vivre comme ça, dans le mensonge.

Rebecca resta un instant à regarder sa soeur. Elle pouvait comprendre son désir de liberté. Elle même aspirait à une vie faite de ses propres désirs et envies. Mais elle n'avait pas d'enfant, Mathilda si. Une mère ne quittait pas ses enfants, enfin elle le croyait.

- Et ton fils ?

Mathilda tourna la tête pour se perdre dans la contemplation de son reflet comme pour se confronter à l'ignominie de sa culpabilité qui transpirait sur ses traits.

- Je ne peux l'arracher à son avenir. Il est le futur duc de Laval, il ne m'appartient pas vraiment.

Des larmes perlaient du coin de son oeil, sa voix se teintait d'un accent douloureux qui serra la poitrine de Rebecca.

- Mais le revoir aujourd'hui, m'enlève toute volonté. Je ne peux pas... Tu as raison, je ne peux pas faire ça.

Le chagrin qui secouait le corps de Mathilda laissa Rebecca paralysée, incapable de trouver les mots et cela n'était pas habituel pour elle.

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