Chapitre 8

4 minutes de lecture

Philippe arriva la veille de Noël, accompagné de Caroline sa fille. Gabrielle prit la petite fille, l'emmena dans le salon et l'installa entre Georgiana et Mathieu, laissant son époux et son ami se retrouver dans le bureau d'Ashton. Rebecca assise sur le sofa, un carnet à la main, peaufinant son article qu'elle devait présenter après les fêtes, regarda l'enfant avec surprise. Elle releva la tête vers sa belle-sœur.

- Voici Caroline, la fille de Philippe Tremaine.

Le ventre de Rebecca se serra de contrariété. Ainsi, ce mufle était marié et il s'accordait des libertés avec la première fille qu'il croisait lors d'un bal. Les hommes demeuraient d'incorrigibles pécheurs. Elle lui toucherait deux mots de ce qu'elle pensait de son comportement. Et sa femme ? Serait-elle là, elle aussi ? Elle se leva, remit son carnet dans la poche de sa robe et sortit de la pièce.

Dans le couloir, elle croisa l'homme qui agitait ses cellules grises. Lorsqu'il la vit, il lui sourit. Il possédait un sourire à se damner, pensa-t-elle. Elle s'ébroua mentalement pour retrouver ses esprits. Il n'était pas question qu'elle fonde et devienne niaiseuse, surtout pas devant ce débauché. Elle le toisa et dans un reniflement de nez lui tourna le dos pour s'éloigner. Elle prit à gauche et remonta la longue aile Sud. Elle entendait ses pas derrière elle, accélérer. Elle en fit de même. Elle courait presque. Son poursuivant plus rapide, réussit à lui attraper le bras et à la ramener vers lui.

- Pourquoi fuyez-vous ainsi ?

Des éclairs dorés zébraient son regard qu'elle planta dans le sien.

- Lâchez-moi !

- Pas avant de savoir ce qu'il vous prend !

- Ce qu'il me prend, ce qu'il me prend... Eh bien, peut-être devrais-je en discuter avec votre femme !
Il desserra son étreinte dans un mouvement de surprise.

- Ma femme ?

- Exactement.

- Je ne comprends pas...

- Vraiment ?

- Écoutez, je n'aime pas vraiment jouer aux devinettes...

- J'ai pu rencontrer votre fille, Caroline. Elle est très jolie, tout comme doit l'être sa mère.

Les bras croisés sous sa poitrine, Rebecca attendait. Le regard de Philippe s'assombrit.

- Sa mère est morte.

La phrase resta suspendue dans l'air plusieurs secondes, interminables. Rebecca se maudit intérieurement. Encore une fois, sa faculté à s'inventer des histoires lui jouait des tours. Dans le cas présent, elle avait tout de même une excuse, comment aurait-elle pu l'imaginer veuf. Elle voyait son chagrin, sincère. Elle s'approcha, la main en avant, près à le toucher, mais arrêta son geste qui termina sa course sur son jupon.

- Je suis désolée, Philippe, est tout ce qu'elle trouva à dire. J'ai pensé...

- Vous pensiez ?

- Enfin, vous savez bien...

Il s'approcha prudent, jusqu'à se retrouver si près qu'elle sentait son souffle sur sa nuque. Elle n'osait le regarder.

- Ah ma chère petite souris, la jalousie vous aurait-elle égarée ?

Son sourire amusé et son arrogance, la provoquait, elle brûlait d'envie de hurler, mais ce serait reconnaître qu'il avait raison. Elle ne voulait pour rien au monde lui donner satisfaction. Elle releva les yeux sur lui. L'intensité de son regard affola son cœur qui se mit à battre plus fort au rythme de l'impatience. L'impatience qu'il la touche, l'impatience qu'il pose ses lèvres sur sa peau, l'impatience de vibrer sous ses mains. Si elle osait, elle ferait le premier pas. Elle sentit son désir mêlé de réticence comme un témoin du combat qu'il se livrait à lui-même. Cette fois, elle n'imaginait pas, elle savait la passion qui les animait. Une joie pure la traversa de la tête aux pieds. Elle ne bougea pas, se contenta de l'observer au travers de ses cils. Il attendait toujours.

- Absolument pas ! Finit-elle par répondre avec un tout petit peu moins de conviction.

Il remit une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Elle frissonna. Le rustre, il la taquinait de façon délibérée.

- Alors pourquoi cette colère ?

- Je... Je n'embrasse jamais les hommes mariés.

Elle avait dit ça sans réfléchir. Elle le vit reculer et la fouiller du regard comme s'il sondait la véracité de ses paroles.

- Dois-je en conclure que les autres si ?

Il semblait s'amuser à vouloir la mettre mal à laisse et bien, elle aussi savait tourmenter son prochain.

- Cela vous choque ?

Il paraissait plus contrarié de sa répartie que choqué.

- Au vu de votre participation l'autre soir, je dirais, ma chère petite souris, que je m'en étais aperçu.

C'est elle qui passa à l'état de choquée. Philippe laissa filtrer un rire moqueur avant de lui tourner le dos, la plantant au milieu du couloir, la rage au ventre.

Une autre surprise attendait Rebecca. Dans le salon, Bastien, son frère, enlaçait Vanessa qui souriait aux anges. Il venait d'intégrer Oxford et ressemblait à un homme maintenant. Encore un peu trop élancé peut-être pensa-t-elle.

- Bastien !

Elle courut vers lui et passa sa main dans ses cheveux pour ébouriffer sa chevelure blonde comme elle avait l'habitude de le faire lorsqu'ils étaient enfants. Bastien lâcha sa mère et attrapa sa sœur aînée, la fit décoller du sol en la serrant de toutes ses forces.

- Beckie !

Rebecca était folle de joie, pour une fois depuis longtemps, la famille Compton serait au grand complet pour fêter noël.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Vanecia ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0